Chapitre 6
La trappe
Barreau après barreau, on descend. Axel ne dit rien. D’où je suis, je ne le vois pas. Pourtant, je le sais préoccuper. Il n’est plus si craintif qu’il l’était tout à l’heure. Il a envie de se battre pour son frère. Ça se ressent. Un mélange de doute et de courage l’anime. Une fois de plus, Jerem cherche à faire redescendre la pression.
« Putain les gars, c’est moi où ça sent le caca ?
— C’est toi, que je lui dis.
— Non, vraiment ça sent grave la merde.
— C’est peut-être cette foutue trappe qui empeste comme ça.
— Peut-être… »
Ce con avait la tête, pas si loin de mon cul. Il était juste en dessous de moi sur cette échelle. Apparemment, j’étais le seul à m’être chié dessus. La honte…
Cette interminable descente trouva une fin. On arrive dans une espèce de local de maintenance. Une pièce carrée de taille moyenne orné de multiples gaines et tuyaux. C’est d’ici que se gérait autrefois la plomberie apparemment. Y’avait des vannes, des évacuations… bref, pleins de trucs dont je n’avais pas les termes mais qui avaient un rapport évident à la tuyauterie. En suivant ces tubes et ces durites on constate que ça mène à une porte au bout de la pièce. Ouverte. On s’y faufile prudemment. En Bloc, Axel devant. Par prudence, je pointe mon gun, accompagné de ma lampe torche. On continu d’avancer. C’est un long couloir, qui mène à une grille. Défoncée. Comment on défonce une grille en fer forgé de la sorte ? Quoiqu’il en soit, on passe par là. Cette grille nous mène droit au canal des égouts de la ville. C’est d’ailleurs étonnant que de tels égouts aient été construit dans ce genre de ville. On n’est pas à Paris ni dans une grande bourgade…
Une odeur chargée me prend le nez. Du genre nauséabonde.
« Tu vois frérot, la voilà ton odeur de merde. C’est les égouts. » Cette puanteur me donne l’excuse parfaite pour dissimuler la mienne. Mais en vrai, ça ne sent pas la merde. C’est différent. Plus fort et acide… une odeur d’œuf pourris, mais en pire.
En longeant un moment ce canal, on tombe sur un interstice. Il mène à un escalier en colimaçon vraiment très étroit. Cet escalier était encore plus bizarre que cet égout bien trop profond et sortit de nulle part. Du bruit semble provenir du bas. On dirait des bruits de choc répétés. Comme si quelqu’un martelait quelque chose. Ça ne pouvait être que Yann.
Chaque marche que l’on empruntait de cet escalier, nous enfonçait un plus dans les entrailles de la terre. Et bordel, ça sentait comme dans un trou de balle ici. Il y faisait d’ailleurs, tout aussi chaud. La chaleur devenait plus pesante à chaque pas. L’odeur quant à elle, était plus persistante. C’est là que je me suis rappelé avoir déjà sentis ça. Lors d’un voyage à Naples, en Italie. Non loin de la ville et du Vésuve, il y’a un autre volcan nommé Solfatare. Ce volcan dégage d’énormes nuages bouillant de souffre. Ça sentait comme ici. Ce que je sens, c’est donc du souffre. Putain, on est descendu si bas ? J’ai aucune idée d’à combien de mètre de profondeur nous nous trouvons, mais j’ai un mauvais pressentiment…
On ne dit rien. On est trop concentré. En mode automatique. On marche, on avance sans se consulter. Comme si nous n’étions qu’une seule et même entité. Une étrange symbiose s’est installée entre nous. En ce moment, on a tout d’une unité spéciale surentrainé. Après 5 bonnes minutes de descente, une immense porte de métal à double battant se dresse devant nous. Elle doit bien mesurer 3 mètres de haut. Elle semble fermée. Mais les bruits proviennent de derrière. On se met tous les trois en appui sur elle. Paume contre la massive porte, position du corps identique à celle que l’on a lorsque l’on pousse une voiture.
« UN », « DEUX », « TROIS !!! »
On pousse. De toute nos forces. La porte s’entre-ouvre à peine. Mais, c’est suffisant pour se faufiler.
Heureusement que je n’avais plus rien à lâcher dans mon froc. Car, ce que je vis ensuite me marqua à jamais.