Enshesis Partie1: Chute et connaissance Chapitre 3: Allons à l’Enventure

33 mins

C1

On était bien amochés tous les trois. On mit plusieurs jours à être guéris et être en état de courir. Le premier fut Pounce, qui se rétablit le plus rapidement. C’était étonnant. C’était lui le plus atteint. C’est vrai que c’était deux gaillards costauds mais comme même. Je pris plus de temps à panser mes blessures. Je mis au moins deux semaines à sortir et à faire une petite promenade dans les rues avoisinantes. Cela n’avait pas changé. Toujours le même souk avec les échoppes côte à côte dominé par de hauts immeubles. Montant graduellement en s’éloignant de plus en plus des commerçants puis redescendant après à plusieurs mètres, formant des labyrinthes de casbahs. Je marchais au hasard des chemins, flânant doucement et tranquillement lorsque je vis Pounce négociait discrètement et âprement, presque chuchotant avec un marchand. L’objet était une simple statue en terre en forme d’ourson ou de soldat. Les formes étaient trop indécises pour savoir et je devais rester discret, caché derrière un très haut panier. Je pense qu’il n’aurait pas apprécié de me voir là. J’étais surpris de constater la vivacité de l’échange pour ce simple objet. Cet instant fut court. Après il alla chez un autre négociant, il prit des cordes, des chapeaux… Tout un attirail plus normal pour l’exploration. C’est vrai qu’on allait au pays des aventures, on aurait besoin de ce matériel. Une ficelle filiforme ondulait au dessus de moi ? C’était un serpent sorti de ce soi-disant panier. Je fuis avec célérité avant qu’il ne me mordit. Je me pris un colosse à la chevelure d’azur en pleine face. Je m’excusa en continuant ma course. Plus tard, je me remémora la sensation électrique et anormale qui avait parcouru tout mon corps lors du choc. Je repris mon chemin tout en ayant l’esprit turlupiné par la transaction de la statue et l’atmosphère de mystère qui se dégageait de celle-ci. Je ne me rendis même pas compte que j’étais arrivé aux portes du palais.

Le début de notre départ s’annonça. Nous avions pris tout le matériel nécessaire.

– Alors t’es prêt Shrin ? Es tu certain de vouloir venir avec nous dans ce périple ? questionna Pounce. Il y aura des dangers plus ou moins importants qu’on devra affronter.

– Oui, je suis motivé. Les dangers ne me font pas peur. Cela fait trop longtemps que je suis resté dans ce palais. Comme devin, je veux devenir meilleur et surtout je veux aider les gens à choisir leur destin sans contraintes. Pas comme c’était le cas ici. Ce lieu ne m’apporte plus que de mauvais souvenirs.

Le royaume était en sécurité. Le roi Maxim était emprisonné dans les cachots et attendait sa sentence. Un cousin d’une ville proche, qui avait échappé à la soif sanglante de pouvoir du despote, allait pouvoir lui succéder au trône. Il était juste et bienveillant. Tout le monde pouvait en assurer. Il était reconnu dans le pays pour ces actes de générosité. C’est ce que nous dit Shrin alors que nous étions encore dans le palais.

– Le pays ira beaucoup mieux grâce à cela, s’enthousiasma Shrin. Si ce n’est ces Ayennes, tout au dessus de notre pays, qui lorgnent sur nos richesses, raconta-t-il d’un ton méfiant, mais le nouveau monarque s’en sortira. J’en suis sûr. Euh, les gars, j’ai quelque chose à vous demander, est-ce que je peux vous rejoindre dans votre voyage ?

Rem et Pounce furent un peu étonnés de cette question. Moi pas du tout. J’en était sûr.

– Bien évidemment que oui. T’es déjà notre ami.

Les deux autres furent déconcertés mais un sourire lumineux de ma part les convainquit. Nous partions à l’aventure. Maintenant, nous étions quatre. Une silhouette bien mystérieuse les suivait en arrière.

C2

Une cascade immense, c’est ce que je vis de loin. D’une eau de la même couleur du ciel. C’était comme si la pluie se déversait des cieux. Puis, en me rapprochant un peu plus, je vis de hauts plateaux, comme des montagnes au sommet plat, faits de rocs et de végétation et séparés les uns des autres par des précipices de largeur différente. Ces territoires étaient plus ou moins vastes. Une cascade plus ou moins petite se déversait de chaque plateau et se rejoignait en un lac géant. Vu la hauteur, je me demandais comment on irait en haut.

– Enfin, nous sommes à Enventure. L’aventure nous tend les bras, s’excita Pounce.

– Il faut nous rendre au portail sud numéro quatre. Nous avons à trouver l’arche de romance, pointa Rem.

Une véritable jungle se formait brusquement à la proximité de la cascade. On était entouré par des arbres robustes et géants. On allait se perdre tellement cette verdure prenait de place. Je me mettais à être claustrophobe. Je me fis une frayeur. Je me pris dans une liane que je croyais être un serpent. Je fus bien moqué. Surtout par Rem qui en profita.

– Alors t’as peur de la végétation ? Une simple liane te fait frémir, minus de froussard.

Il se prit les pieds dans une racine qui dépassait du sol. Il tomba la face contre terre. Ce qui n’arrangerait pas son nez, qui avait l’air un chouia de travers. Il y avait au moins une justice dans ce monde.

– Fais plutôt attention où tu mets les pieds. Je croyais que le grand aventurier Rem savait ce qu’il faisait, narguais je, drôlement amusé.

La végétation se dissipa un peu. Je respirais mieux.

On le suivit vers un petit canyon qui se formait dans la végétation luxuriante. Comme un vide entre deux. Au milieu se trouvait un nuage vaporeux en forme de boule avec un peu d’électricité qui s’y échappait. Cela dégageait beaucoup d’énergie.

-Nous allons traverser un passage que des kelan ont fait il y a longtemps. C’est pour qu’on puisse aller aux plateaux. Il faut juste foncer dedans sans se poser de question. Si tu hésites, tu pourras te faire couper en deux, constata Pounce.

Je fus carrément flippé. Je ne voulais pas me faire couper en deux. Je tenais trop à ce que mon corps reste entier, sans un bout manquant.

– Non, je veux rire. Rien de cela est arrivé.

– Quoiqu’il paraît, une fois quelque chose comme ça est arrivé, ce n’était pas joli à voir, plaisanta Rem.

C’était totalement faux. Enfin, je le pensais. Je ne trouvais pas ça drôle. C’était une blague morbide et de mauvais goût surtout.

J’avançais par petit pas vers ce portail que je ne trouvais pas rassurant du tout avec ses tentacules qui allaient me happer. L’ambiance était électrisante. Comme si quelque chose de bizarre était là depuis longtemps. C’était le portail, idiot !pensais je. Je ne voulais pas. Non, je ne voulais pas. Ah! Quelqu’un me poussa par derrière. J’avais senti une main dans mon dos. J’avais traversé le portail. Je me retourna vivement après. C’était Shrin qui l’avait fait. Tout en étant soulagé, je le réprimanda fortement:

– Shrin ! Et tu trouves ça marrant ! m’énervai je.

– Excuse moi. C’était trop tentant. Quelque chose m’y a poussé. Je ne pouvais pas résister. Comme si…

– Ce n’est comme même pas une force invisible qui t’y a aidé. La bonne excuse !

– Quoi ? Tu ne le sens pas. Cette énergie. Ces esprits qui sont tout autour de nous, m’effraya-t-il avec sa face fantomatique et mystérieuse. Encore plus avec ses yeux noirs intenses clairement vides qui avaient l’air d’un trou noir. Aussi foncé que ces cheveux étaient clairs. D’un châtain très clair.

– Il y en a bien. Beaucoup de gens sont morts sur ces terres là. En voulant explorer et quérir plein de richesses. Il y a des esprits qui hantent ces hauts plateaux, dit l’homme aux yeux aquilins. Il était d’accord avec Shrin ? Il avait la mine sérieuse et intriguée en tout cas.

– Enfin il paraît, assura-t-il à moitié avec un grand sourire et deux mains ouvertes comme on tient un livre devant soi.

Je suais encore plus de peur si c’était possible.

Je me détournai du portail et ce que je vis devant moi gomma en partie ma peur et m’époustoufla. Des monuments à perte de vue. Des temples. Des pyramides. Je n’arrivais pas à compter. C’était à perte de vue. Rapprochés ou disséminés quelques kilomètres dans l’horizon sur d’autres plateaux. On pouvait presque toucher les nuages, tellement on était bien au dessus de l’horizon. J’étais en extase.

– Nous allons vers un chemin de tous les dangers. Prépare toi ! Et même si tu n’es pas prêt, on y va, trépigna le blond aux yeux bleus.

Toujours aussi encourageant, ce Rem.

C3

– Attends ! Ne vas pas par là pour l’instant, dit Pounce.

Je me demandais pourquoi il ne voulait pas que je me dirige vers l’endroit où je voulais aller. Ça avait l’air tranquille et sans dangers. A moins qu’ils ne soient cachés. C’était un chemin végétale parsemé de petites fleurs. Il y avait de nombreuses pierres posées aléatoirement sur le sol. Je les trouvais difformes et partiellement érodées avec quelques arbres chétifs le long, à moitié brûlés comme exposés à un coup de soleil. Mais bon. Rien de terriblement mortel. Il lança un caillou sur l’une des pierres. Quand il la toucha, un éclair jaillit du ciel et fendit presque la pierre. De gros éclats du rocher partirent dans l‘air. J’étais terrifié.

– Cet endroit s’appelle le chemin des coups de foudre. Au contraire de ce que peut signifier le nom, ce n’est pas l’amour qui t’y attends, c’est la mort. Ces pierres sont composées d’une sorte de magnétite et attirent la foudre. Il suffit que tu en frôles une pour qu’elle se déclenche et que tu sois foudroyé sur place.

– Je ne savais pas. Désolé. Je serais plus prudent.

– Les dangers ne sont pas forcément visibles. Ce pays en recueille. Les gens qui ont créé tous ces monuments où ils ont entassé leurs trésors ne voulaient pas qu’on les vole. C’est pour ça que tu dois faire attention à chacun des pas que tu fais.

– T’as compris crétin ! Alors pas de faux pas, ponctua l’imbécile aux yeux bleus. Il était agaçant au bout d’un moment.

– J’ai compris. Je ne suis pas le dernier des abrutis. Je ne me tords pas bêtement le nez contre le sol, piquais je. Ce qui le toucha, il l’avait remarqué.

Je l’avais bien mouché, question de parler. Il se tut pour un instant. Ça nous ferait des vacances.

J’avançais derrière eux prudemment. Regardant à gauche, à droite, en l’air. Je devenais paranoïaque avec ce qu’il m’avait annoncé. Je soupçonnais chaque arbre de me tomber dessus ou d’entraîner quelque chose dans sa chute ou chaque petite portion du sol d’être un déclencheur pour un piège mortel. Un gros rocher qui me roulerait dessus ou des flèches qui m’empaleraient. J’étais constamment sur mes gardes. La tête dirigé dans tous sens mais pas où il le fallait. Je ne regardais pas assez devant moi et je me pris un mur en pleine face. Évidemment ce n’était pas un mur, c’était Shrin. Il était différemment massif par rapport aux deux autres. Un colosse énorme. Par conséquent, cela fit mal de le percuter de plein fouet. Nous étions tous les deux surpris et, surtout moi, groggy par cette rencontre brutale de nos deux corps.

Il me fallut un temps pour me remettre bien de ce choc. Lui, il se demandait, interloqué, pourquoi je lui avais rentré dedans. Je ne pris pas la peine de lui répondre et je n’en eus pas le temps. Déjà un nouveau péril se profilait qui ne me disait rien qui vaille. L’eau.

– Pour rejoindre le site où nous devons faire notre recherche du trésor, nous sommes dans l’obligation de traverser ce long cours d’eau qui se jette, en aval, en cascade. Cela ira vite. Il n’est pas très large.

Sur ce, l’homme aux yeux d’aigle s’élança de pierre en pierre en aplomb de la rivière. Il y avait comme un chemin de hauts rochers qui coupait celle-ci. On pouvait atteindre le premier en sautant dessus. Je le fis avec peu d’assurance. Pas très stable. L’eau grouillait en bas. Je me dis de ne pas cogiter. Assez difficile car le fait de réfléchir m’y fit penser. L’action, il n’y avait que ça. Allez ! Le deuxième. Ensuite, le chemin se fit plus facilement. Je pris le rythme. Un rocher puis deux puis trois… J’avais l’impression que le chemin se rallongeait. Quelque chose bougeait en bas. Était ce seulement de l’eau ? Un effet de la peur. Enfin, je vis le dernier et l’autre rive. Je me dis que c’était fini pour ce parcours mais, comme d’habitude, par maladresse, je glissa sur le dernier. J’allais boire la tasse. Noyé ou broyé en bas par la chute d’eau. Une main. Pas encore cette main ? Ah, non ! Elle était bien réelle. Je la voyais. C’était celle de Shrin qui m’avait sauvé la vie.

Je n’embrassai pas le sol mais c’était tout comme. Terre chérie. De nouveau, tu étais sous mes pieds.

Pounce me raconta calmement comme si tout était normal et qu’il n’avait pas peur :

– Si tu étais tombé dans l’eau, tu n’aurais pas souffert. Tu aurais été dévoré rapidement par des croque-touts, des poissons carnivores qui aiment la chair humaine.

J’étais terrifié. Pounce voulait me rassurer avec ça ? J’étais encore plus accroché à cette terre salvatrice. Oh doux sol qui était stable et douillet !

– Qu’est-ce que tu fais ? Arrête de t’agenouiller comme un moine. Viens avec moi, petit katmandou. Nous allons les perdre là-bas dans le chemin de la destinée, celui que nous devons suivre, me pressa follement le colosse à la voix rauque.

Ils étaient à une certaine distance et nous dûmes courir pour les rattraper. Nous marchâmes quelques minutes dans un brouillard épais qui s’était levé tout d’un coup. Nous devions nous suivre assez collés serrés les uns des autres pour ne pas nous perdre dans la brume. Graduellement elle fit place à un immense monument que je croyais monter jusqu’au ciel, le sommet invisible à l’œil nu à cause du temps. La carrure de l’homme aux yeux noirs me fit de l’ombre et ne m’aidait pas. J’eus du mal à voir en détail l’édifice.

– Nous sommes finalement arrivés à Kataloum pour quérir l’arche de romance.

Ses paroles furent coupées par des bruits qu’on entendait plus loin.

– Nous ne pouvons pas les voir mais ce sont certainement des concurrents ou bien pire.

Cela fut dit sombrement et assez laconiquement.

Encore une coupure. Un énorme éclair descendit du ciel. Celui-ci nous avait raté de peu mais nous avait séparés dans la brume.

– Il y a quelqu’un ? hurlai je dans cette purée de pois.

Une main rude et poilue m’ agrippa et me mit la main à la bouche pour me faire taire. Je la reconnus.

– Tais toi, espèce de naze ! Tu vas nous faire repérer. Apparemment, on est tous seuls. Pas de chance.

Je me dégageai de son emprise et remarquai :

– Franchement, tu devrais penser à t’épiler les mains. Elles sont velues. On dirait celles d’un gorille.

– Ah ! Ah ! Voilà l’as de la plaisanterie qui fait une blague. Essaye de trouver Pounce et l’autre lourdaud de Shrin plutôt, lança-t-il comme un couteau.

On ne les voyait nulle part. Trop de brouillard.

– Hou hou… Où êtes-vous ? essayai je de les appeler.

– Ce n’est pas comme ça que tu y arriveras.

– Tu as une meilleure solution, toi ? m’impatientai je.

– Calme toi ! Ne sors pas tes griffes ! Nous allons tout simplement nous diriger vers le monument. On les retrouvera certainement à l’entrée, excité.

Rem et Beau Gosse, où ils étaient ? On les avaient perdus. Dans cette nappe brumeuse, on n’y voyait que dalle. Shrin me fit la même constatation. On allait devoir se débrouiller tout seul. L’orientation n’était pas facile, on apercevait vaguement le contour de l’édifice. Le trajet était approximatif, on naviguait à vue, si on pouvait dire. Le temps était propice aux fantasmes et à la divagation. Tout à coup, je crus voir des ombres du passé. Un moment éphémère de bonheur me revint à l’esprit. Des paroles échangées.

Une nuit au coin du feu, des gens discutaient:

– Encore un trésor acquis à notre compte, Poun’.

– Tu as fait tout le travail, grand frère.

– Non au contraire. Tu es un as des as. Sans toi, je n’aurais pas pu déjouer tous les pièges, surtout les plus ingénieux. Tu es mon atout. Le cerveau de la bande. Tout le monde le dit.

– Si tu insistes, c’est la vérité après tout.

– Tu ne me traiterais pas de con ? Viens là petit voyou que je te savonnes la caboche.

– Non, ce n’est pas ça. Tu te méprends sur mes intentions. Tu es aussi intelligent que moi, grand frère.

– Je plaisantais mon petit avorton chéri.

– Arrête de dire que je suis petit, je ne le suis pas !

– Petit, petit… Tout ce qui est petit est mignon.

– Je ne suis ni petit ni mignon. Enfin mignon peut-être. Je suis un grand aventurier, valeureux et sans peur qui parcourt ce dangereux territoire comme toi, grand dadais qui est sensé être mon frère.

– Ah ! Tu m’as touché en plein cœur. Ça fait mal.

Un rire de chacun se fit entendre un certain temps. Rem et Maxim étaient aussi là, je m’en souviens. Peut-être d’autres mais je n’en ai pas le souvenir.

On était toute une troupe d’aventuriers et d’amis en ce temps-là, plus copains qu’ennemis. Nous rêvions.

– Sérieusement, nous avons de multiples trésors à découvrir encore, cette zone est vaste et nous pouvons également en trouver dans d’autres pays…

– Un champ de possibilités infini à ce que tu me dis.

– Il veut parler surtout du légendaire Eldorado, intervint Rem pour la première fois.

– Oui évidemment j’en rêve depuis tout petit.

– C’est quoi l’eldorado ? s’interrogea le petit Maxim.

– C’est un merveilleux trésor. Il paraît que c’était une cité antique faite uniquement d’or. Les gens, à l’époque, disaient qu’il s’y passait des événements extraordinaires et magiques. Ce qui n’est pas étonnant maintenant que nous savons que la magie existe.

Rem continua, toujours avec un ton sceptique :

– Je trouve que c’est des balivernes après tout. Une cité faite d’or quelle fantaisie incongrue !

– Non, moi, cela me paraît intrigant et probable. Tu ne trouves pas ça enthousiasmant grand frère ?

– Oui, tout à fait fascinant. C’est pour cela qu’un jour je la découvrirais… Il fut coupé par Pounce.

– Je t’y aiderais grand frère. C’est devenu mon rêve également. Je veux la découvrir avec toi.

– Bien sûr… et je prouverais au monde qu’elle existe réellement. Même pour les plus sceptiques.

– Tu sais ce que te dit le sceptique…

– Qu’il est en plus susceptible, se moqua-t-il.

C’était le bon temps. L’époque des chamailleries et de l’enfance. Le brouillard se dissipa légèrement, laissant filtrer des bruits de pas. Peut-être Rem et Beau Gosse.

C4

On aurait dit un croisement entre une pyramide et un temple de plus près. Ou peut-être que c’était les deux. Cela n’était pas de forme pyramidale mais de forme cubique principalement, avec des angles droits qui cassaient cette disposition. Cela rappelait de vagues figures triangulaires avec les faces qui s’élargissaient plus on descendait vers le sol. C’était juste gigantesque. Chaque côté faisait des milliers de mètres de long. On mit un temps infini à trouver l’entrée. On supposait que c’en était bien une car elle se confondait dans la paroi. Seuls des symboles particuliers, que Rem avait remarqué en passant, nous indiquait son emplacement. J’en doutais car je ne vis ni Pounce ni Shrin. Il me rassura :

– Ne fais pas l’inquiet. Ils sont probablement déjà rentrés dans cette étrange édifice. On les retrouvera à l’intérieur.

Comment on allait entrer dedans ? Je ne voyais pas de poignée ou de serrure. A peine une porte se dessiner. Il y avait au-dessus neuf symboles. Je ne comprenais pas ce qu’il signifiait , il ressemblait à peu de chose près à des formes géométriques (triangulaire, rond, carré…). Rem m’expliqua comme si j’étais un enfant :

– De gauche à droite, le premier symbole est une goutte d’eau, le deuxième une flamme, le troisième un souffle d’air, le quatrième une fleur, le cinquième un carré, le sixième une flèche qui s’enroule formant un cercle, le septième un cœur, le huitième trois traits parallèles et le dernier une espèce de sabre.

J’eus comme un éclair de génie :

– Ce ne serait pas les différentes magies dont tu m’as parlé précédemment ? Il faudrait faire quelque chose avec les symboles pour accéder à la pyramide.

– Wha ! Je ne savais pas que tu étais aussi intelligent, tu m’impressionnes, constata-t-il avec ironie.

– Oui, je sais, je suis trop intelligent et toi, tu es un abruti complet.

Il avait bien mérité. Il me menaça de son poing. Cela ne me fit pas peur. On avait besoin l’un de l’autre.

S’il m’assommait. Il ne s’en sortirait pas tout seul.

– Non, sérieusement. Je pense qu’il faut les classer par ordre. Celui qui bat l’un qui bat l’autre…

– Ah oui, bien joué, je dois le reconnaître, s’écorcha-t-il la langue avec ses mots difficiles à dire.

– Je pense que le premier de la série est le temps. Celui-ci peut battre l’espace car il y a même eu un temps où l’espace a été créé. Ce dernier est le carré ? Je ne vois pas autre chose le signifiant. Certainement que la flèche en rond, c’est le temps, on dirait que cela dessine une montre.

– Tout est relatif mais si on se sert de la généralité, oui.

– L’air est en troisième car il peut battre l’eau en la dispersant, le feu en l’étouffant, la terre en la disséminant, le métal et le bois ne peuvent pas faire face à un vent très violent si il n’y a pas trop de poids.

– La goutte, l’eau est donc en quatrième position car elle peut éteindre le feu, liquéfier la terre, trancher le métal et le bois en augmentant sa vitesse.

– Tu te débrouilles bien. Je ne croyais pas que tu y arriverais.

– Je ne me sers pas que de ma cervelle pour te critiquer, petit oiseau.

Pour une fois, c’était presque gentil, ce diminutif.

– Récapitulons. Le temps, l’espace, l’air, l’eau… Puis la flamme, c’est le feu en cinquième, il peut incinérer la terre et le bois et faire fondre le métal.

– On est à la fin. Donc la terre peut engloutir le métal et le bois ainsi elle est en sixième. Le trait tordu, le métal peut trancher le bois (les trois traits). Alors le métal en septième et le bois en dernier.

– Oui, tu as tout à fait raison. C’est parfait.

– Mais qu’est-ce que ce cœur fait là ?

Nous étions en pleine réflexion. Perdus dans une nappe de brouillard, comme la météo autour de nous. Puis j’eus un éclair de génie.

– Le cœur, c’est l’amour et la magie de l’amour bat tout. Pourquoi je n’y avais pas pensé avant ?

– Je suis interloqué par le nombre de fadaises qui sortent de ta bouche des fois.

Je ne tenais pas compte de lui et continua :

– Oui, c’est évident. L’amour surpasse tous les éléments. Il dure dans l’espace et le temps. Et cette quête est bien appelée l’arche de romance. C’est tout à fait dans le thème.

– Pourquoi pas, après tout ? Je ne connais pas la magie de l’amour. Et puis je n’ai vraiment aucune autre idée.

– C’est que tu n’as pas goûté à cette magie.

– Ah ah ! Et toi, tu t’en souviens ?

Sale coup en traître. Je détournai l’attention en disant :

– Alors, par ordre décroissant, ce serait le plus logique.

L’amour, le temps, l’espace, l’air, l’eau, le feu, la terre, le métal et le bois.

Je touchais la dernière pierre du mur le symbolisant. Soudain, quelque chose se déclencha à l’intérieur du mur. On aurait dit comme un mécanisme de rouages.

C5

Je m’attendais à ce qu’on se fasse écraser ou bien pire. Il ne se passa rien. La porte dérobée bougea et s’effaça tout d’un coup, sans crier garde. Je faillis faire une crise cardiaque.

– Fais pas ta statue. On n’est pas au musée. On va à l’aventure, plaisanta Rem dans un élan de joie.

Il partait déjà vers l’avant, passant cet accès promptement et allant dans les ténèbres que je voyais au devant. Je pris mon courage à deux mains. Je dépassa la porte pour entrer dans l’inconnu. Une flamme jaillit de l’obscurité. Je fus surpris mais c’était Rem qui avait allumé une torche. On allait avancer progressivement dans la nuit noire, peu éclairés.

Avec le noir, je devenais claustrophobe. J’avais la sensation que les parois se refermaient sur nous tellement le passage était étroit pour l’instant. De longs mètres durant. Je comptais les secondes. Après, comme par miracle, cela s’élargit. Je pus enfin souffler. Je continuais vers l’avant avec plus de légèreté. Un bras me barra la route :

– Il y a quelque chose de bizarre. C’est trop normal. Il devrait y avoir dès lors un piège pour nous arrêter. Tu vois ces encoches de chaque côté du mur.

Je hochais la tête en signe d’affirmatif.

– Ce doit être des flèches empoisonnées qui nous embrocheront une fois qu’on aura mis le pied sur un déclencheur au sol.

Il tata du pied les pierres en ne s’avançant pas trop. Aussi vite que la lumière, des flèches se décochèrent. Il nous avait sauvé la vie.

Tout du long, ça avait été le cas. Avec les haches qui se balancent de part en part et la pierre qui roule et qui n’amasse pas nous. On l’avait évité pour un temps mais elle était revenu derrière nous je ne sais trop comment. En cet instant décisif, on essayait d’échapper à cette grosse boule derrière nous qui allait nous aplatir. Les mètres défilèrent, courant toujours et ne trouvant aucune solution. Quand quelque chose s’esquissa dans l’horizon. Un pont suspendu au dessus d’un vide abyssale et qui avait l’air branlant. J’appréhendais mais c’était notre seule solution, on allait devoir le traverser. Et vite. Le roc était tout près.

Un gros rocher qui dévalait quelques centaines de mètres derrière nous ou un pont pas très rassurant tout proche à nos pieds. Le choix était cornélien mais le pont était de loin la meilleure solution si on voulait survivre. Je pris la folle décision d’avancer en premier. Apparemment, j’avais mal vu le vide tout noir qu’il y avait sous nos pieds et la distance à parcourir sur ce pont. Je fis un à un les pas tout en me pressant. Allez ! Je devais courir sinon le pont céderait à cause de la chute du rocher. Mes sens étaient alertes. Le roulis de la grosse pierre, les battements de mon cœur et l’écoulement de gouttes d’eau, cela s‘écoulait d’un plafond. Si il y avait un plafond ou un fond, je ne le voyais pas. Trop haut, trop bas, perdus dans le noir. En tout cas, cela faisait Ploc ! Ploc ! J’entendais Ploc ! Ploc ! Ploc ! Boum ! Boum ! Mon cœur faisait. Une vraie symphonie. Crac ! Crac ! Mauvais signe ! Le bois des planches craquerait il, trop pourri pour nous supporter. Je n’eus pas le temps d’aller plus en avant dans ma réflexion. Il fallait fuir. Déjà j’apercevais la sortie de secours au bout du pont. Un gémissement, comme un craquement. C’était le pont. Je scrutais de tout côté puis je vis ce qui avait fait ce bruit. Oh non ! La sortie, elle se refermait. Une dalle s’immisçait par la gauche pour l’obstruer. On devait accélérer. Rem le voyait aussi bien. On n’y arriverait jamais. Il n’y avait plus qu’un interstice, plus la place pour qu’une personne passe. Tombés de si haut. On allait finir en

crêpe ou en viande hachée. C’est délicieux. Pas pour nous qui étions encore si jeunes. Surtout moi !

Ploc ! Ploc ! C’était embêtant ce bruit. Ploc! Ploc ! Ploc ! Et ça continuait alors qu’on allait mourir. Ploc ! Ploc ! Je me rendis alors compte que tout avait un sens : le gros rocher, le pont, la sortie bloquée…

– Allez ! On saute de ce pont. C’est notre dernière chance de nous en sortir vivants.

– T’es fou ou quoi ?!! Je ne veux pas mourir maintenant et de cette façon.

– Ma solution ou c’est la mort dans quelques instants. On n’a plus rien à perdre.

– Non, je ne peux pas…

Le rocher était sur le point de faire s’effondrer le pont. Pris par le temps, je sautais sur lui et l’entraînais dans le vide avec moi. La chute ne fut pas longue, quelques secondes tout au plus, comme je l’avais prévu. D’un coup d’œil à la ronde, je vus une autre sortie quand nous fûmes tout en bas. Je le pressai vers celle-ci avant que le rocher ne nous écrase.

Reprenant nos respirations à l’abri, nous étions sains et saufs. Pour l’instant car nous avions encore de nombreux pièges à déceler.

– Comment as-tu su que le fond n’était pas si loin de nos pieds ?

– Les gouttes de pluie qui s’écoulaient du plafond tout simplement.

Il ne me comprit pas ce que je voulais dire.

– Elles prenaient bizarrement peu de temps pour tomber au fond et je me suis dit que celui-ci était tout proche. Avec l’obscurité, cela faisait comme une illusion d’optique, comme si c’était sans fond ou très profond. Mais non, je pensais l’inverse, que c’était tout le contraire. Il était à un ou deux mètres.

– Pour tout dire, tu as parié nos vies sur un coup de chance ? s’offensa-t-il.

– Oui et ça a fonctionné comme je le voulais.

– Heureusement pour toi parce que je t’aurais mis une violente dérouillée même dans la mort, s’enragea-t-il.

J’eus des sueurs froides quand je vis son expression. Il ne plaisantait pas du tout en ce moment.

– Mais bon, l’important, c’est qu’on s’en soit sorti vivant, se rasséréna-t-il.

C6

Nous marchions prudemment, les sens aux aguets. Se demandant quel nouveau danger nous allions affronter. Des scorpions venimeux, des tortues vociférantes, du plafond qui nous tombe sur la tête… J’avais presque raison mais c’était le sol qui se dérobait sous mes pieds. Pourtant je faisais attention à tout, un peu trop peut-être. J’avais oublié les dalles piégés et j’avais marché sur l’une d’entre elles. Rem me tenait par le bras, le corps à moitié dans le vide qui se profilait devant moi.

– Pour cette fois, c’est moi qui te sauve.

– Je le sais et je t’en remercie. Malgré cela, tu ne pourrais pas me remonter plus rapidement avant que tu ne viennes à me lâcher.

Il fit mine de cela mais me remonta sain et sauf.

– Il fallait bien que je te fasse ressentir un soupçon de peur. Comme c’était toi qui m’avais effrayé le premier en me projetant d’un pont suspendu.

Il n’avait pas tort. Je l’excusa tout de suite de ce geste.

– Regarde, de chaque côté, il y a comme un passage où on peut se faufiler de profil.

Il y alla tout de suite sans hésitation. Moi aussi. Après ce que j’avais fait. Ce n’était pas grand chose par rapport au saut dans le vide pas si vide. Je n’étais pas de là masochiste. Je ne regardais pas en bas. Je ne voulais pas y tomber. Même pas une partie de mon corps ne voulait y retourner. Cela grouillait apparemment de serpents et de petites bêbêtes pas très affriolantes.

Il me stoppa dans ma course. Je n’allais pas encore chuter tête la première dans un trou sans fond. Je devais rester avec lui. Assez rapproché.

– Tu commences à m’apprécier, à ce que je vois.

– Pas du tout. C’est juste que c’est plus prudent.

Ce n’était pas l’exacte vérité vu son air débonnaire.

C’était un véritable labyrinthe avec plein d’escaliers, de montées et parfois de descentes. C’est vrai qu’on ne devait pas trop s’éloigner l’un de l’autre sinon on

serait perdu à jamais ou on mettrait un temps infini à trouver le bon chemin.

– Nous devons être tout proches de l’arche de romance, l’objet qu’on cherche. Je vois au mur les mêmes symboles qu’à l’entrée.

En effet, parmi d’autres, ils y étaient. Faisant des fresques incompréhensibles.

– Ces fresques racontent probablement l’histoire de Kataloum, la cité qui voulait rendre aux habitants leur bonheur. En effet, une grande période de tristesse perdurait encore et encore. Certains disaient que c’était dû aux guerres et au chagrin provoqué par la perte des gens aimés. D’autres disaient que c’était dû à la famine et à la maladie qui fauchaient un à un les bons sentiments et les personnes. Mais même après cela, cette tristesse était toujours présente dans le cœur des citoyens qui n’avaient plus goût à rien et se traîner dans la ville comme une âme en peine. Ce sentiment fut nommé la maladicta. Le gouvernement eut une idée pour éradiquer ce mal : l’arche de romance.

Il prit plusieurs gorgées d’eau de la grosse flasque qu’il avait emporté. Il me proposa d’en boire un coup. Je dis oui volontiers. J’avais la gorge desséchée. Je doutais de la nature de cette eau mais je la bus.

– Alors où en étais-je ? Ah, oui ! L’arche de romance. Leur plan était de catalyser tous les sentiments heureux en un point dont l’amour, l’émotion la puissante d’après ce que tu dis.

Je hochais de la tête et répondis par l’affirmatif.

Il y eut un silence qui fut interminable. Il était dans ses pensées ou quoi ? Il avait les yeux dans le vide. J’étais impatient de découvrir la suite.

– Et donc qu’est-ce qui s’est passé après ?

– Comme toutes les inventions qu’on produit l’homme. Ça été un désastre. Toutes les bonnes émotions se sont concentrés à Kataloum. Les gens étaient de nouveau heureux dans cette cité mais cela ne dura qu’un temps. Autour, il n’y avait que haine et mauvaises émotions. Des batailles à perte de vue. Et puis quelques seigneurs se sont concertés et par jalousie, par convoitise de cette arche ont voulu s’en accaparer. Cela a fini en guerre sanglante dans toute la ville, engendrant bien plus de chagrin qu’avant. Dans la précipitation, les dirigeants de la ville ont caché et scellé l’arche de romance dans un de leurs monuments. Celui qui prévoyait pour enterrer le prochain roi quand il serait mort. Au plus profond de cet édifice plein de pièges, personne ne viendrait l’y chercher et au moins, l’amour et les bons sentiments revenaient sur terre par conséquent. Il devrait n’y avoir personne pour s’en emparer. C’est trop risqué.

– Sauf qu’on est venu la chercher. Pourquoi ?

– Parce que quelqu’un de bien plus malveillant a prévu de réactiver l’arche de romance.

C7

On était devant un tombeau, somptueux et entouré de

richesses. Des perles, des diamants, des monceaux de pièces d’or. Des coffrets en argent finement ciselés, des chandeliers incrustés de joyaux et autres objets divers. Le sarcophage était fait en or massif et incrusté de pierres précieuses lui aussi. Cela aurait dû être la dernière demeure d’un roi mais c’était là où était l’arche. A l’intérieur de ce magnifique cercueil.

– Nous devons faire très attention. C’est souvent au dernier moment, tout proche du trésor, alors qu’on croit avoir vécu le pire qu’il y a le piège le plus dangereux, m’avertissait il dramatiquement.

Rem regardait attentivement les alentours pour deviner quels étaient les dangers à encourir.

– Je ne vois rien de spécial en haut ou sur les côtés, c’est donc qu’il doit y avoir un piège sur le sol. Un

déclencheur ou quelque soit la nature de cette chose.

Il lança un caillou au loin. Il m’avait dit de toujours avoir une breloque à lancer pour pouvoir déclencher le piège si tu sentais qu’il était trop dangereux. Il ne se passa rien. Nous fîmes quelques pas. Il se posa quelques instants, comme pour réfléchir.

– Ce n’est pas parce qu’il y a rien, qu’il y a absolument rien. Une phrase bien mystérieuse. Il lança de nouveau un caillou. Une petite explosion se produisit.

– Ah ! Des dalles explosives ! Cela faisait longtemps que je n’avais observé autant d’ingéniosité. Si tu mets le pied, elle explose et tu n’as plus qu’un moignon à la place. Il y a possiblement des dalles jointes l’une à l’autre qui feraient encore plus de dégâts. Nonobstant, pas assez pour endommager l’édifice et le détruire. Cependant, assez pour nous tuer et nous faire souffrir avant.

– Il n’y aucune solution pour qu’on arrive au sarcophage. On ne peut pas léviter.

– Pas exactement mais c’est tout à fait possible.

J’étais dans l’interrogatif. Je me demandais ce qu’il allait faire pour atteindre la sépulture.

Il volait au dessus des dalles littéralement et arriva facilement et précautionneusement au sarcophage en à peine quelques minutes.

 -Avec ma magie d’enveloppement, je peux créer des poches d’air pressurisés, marcher sur ces poches c’est comme marcher sur un sol solide. La magie que je possède permet de maîtriser l’air. Comme celui qui contrôle cet élément à quelques détails près. La grande différence est qu’elle ne se limite pas qu’à ça, sa nature est liée à l’espace.

J’étais tout simplement stupéfié par la puissance de sa magie. Je marchais sur des nuages d’air. C’était incroyable. Je le rejoignais doucement.

Il était en pleine interrogation.

– Je me demandais si la tombe était piégée. On ne peut faire autrement. On doit l’ouvrir. Tiens toi prêt.

Il avait en partie raison. Il y avait une entourloupe. On put ouvrir et retirer l’arche de la sépulture même si elle me semblait très lourde. Une fois fait, le sol se déroba sous nos jambes. Un trou se forma et cela nous aspira dans une gueule sombre et profonde.

J’avais les mains liés et étais encore à moitié assommé. Je distinguais mal mon environnement. Je cligna des yeux plusieurs fois pour me remettre du choc. Je ne savais pas ce qui s’était passé. Un trou noir complet, littéralement. Quand ma vision fut plus claire, je tournai la tête plusieurs fois pour voir ce qui se passait. Rem. Il était lui aussi attaché non loin de moi et je vus également Pounce et Shrin. Nous étions tous sous bonne garde. Des gens armés, à la ceinture, de gourdins ou d’épées nous surveillait de près. Soudainement, un homme brun et d’importante corpulence s’amena vers nous.

– Je vous ai bien piégé. Je vous ai fait faire tout le travail à ma place et j’ai pu éviter les nombreux dangers que recouvraient l’édifice. Vous m’avez porté l’arche de romance sur un plateau sans le savoir. Quand je dis que j’ai du génie, c’est la vérité.

Les hommes de main hochèrent tous de la tête pour confirmer la parole de leur chef. Moi, je trouvais ce gugusse laid et prétentieux.

– Je vais pouvoir la vendre une fortune à qui veut l’acheter. Je vais être riche ! Riche à milliards ! s’égaya-t-il avec une pointe de cupidité dans la voix.

– Et vous pensez aux gens qui vont l’acheter et pourront l’utiliser avec des mauvaises intentions au moins, espèce d’idiot tellement cupide ?

– Comment ? Éructa-t-il. Clairement agacé.

Il se demandait qui avait dit ça. Qui ? Personne dans son équipée n’oserait le critiquer. Ça, il en était sûr. Ce n’était qu’une bande de pleutres, tous étant qu’ils étaient. Il ne devait s’agir que d’une des quatre personnes qu’il avait capturé mais laquelle ?

J’ indiquai que c’était moi en me remuant.

– Par là ou tu es sourd en plus d’être abruti et cupide.

Mes trois compagnons de voyage en furent médusés. Cette parole que j’avais dit, ça les impressionnait drôlement. Tout le monde pensait ça de lui, personne ne l’avait clamé avant.

– Je vois jeune homme que tu es bien vaillant pour oser t’attaquer à Jack la Foudre.

– On ne dirait pas que vous avez souvent des éclairs de génie vu votre nom.

Un rire général s’étouffa dans l’assemblée.

– Salut, moi, c’est Jack la Fourme, l’aventurier le plus débile de tous les temps, disais je bêtement.

Je ne savais pas ce que j’avais. J’étais possédé par un esprit malin ? J’osais débiter des sornettes qui allaient me retomber dessus à un moment ou un autre.

Tout le monde s’esclaffa et ne put se retenir.

– Arrêtez tout de suite ! Arrêtez, c’est votre commandant Jack la Fourme qui l’exige.

Il s’était trompé de nom. Oh non ! Le volume sonore doubla. On entendait plus qu’un rire tonitruant. Puis un éclair zébra le ciel et s’en fut fini de la joie dans cette équipée.

– Je suis le grand Jack la Foudre et pour m’avoir ridiculiser, je vais vous tuer au lieu de vous laisser ligotés et vivants, s’enragea-t-il follement.

Le ciel se déchaîna. Des éclairs tombaient du ciel tout au loin. Non, je venais de comprendre, ce n’était pas qu’un stupide surnom. Il maîtrisait vraiment la foudre et allait nous électrocuter sur place. La lumière et le bruit se rapprochèrent et l’équipée de Jack la Fronde s’éloigna. Il ne voulait pas se la prendre comme nous. Nous non plus mais on ne pouvait plus bouger. J’essayais désespérément de me dégager de mes entraves. Non, je n’y arriverais pas, je resserrais la corde en bougeant autant. Rem et Pounce paraissaient calmes comme si ils attendaient la mort. C’était bizarre. Malgré son gabarit, Shrin avait également tenté de délier la corde et n’avait pas réussi. Déjà je sentais l’éclair tombait tout au dessus de nous. Les yeux fermés, je serrais les fesses comme jamais. J’attendais une douleur indicible, au lieu de quoi, rien ne se produisit. Nous étions saufs.

C8

Je me demandais par quel miracle. Quand je rouvris les yeux, je vus comme un ange au dessus de ma tête. C’était Pounce ? Non et oui. Je flippa :

– C’est quoi cette chose au dessus de toi ?

– Ah, lui, c’est mon ami Ratoon Lucky.

Un espèce de croisement entre un ourson, un wallaby et un raton laveur flottait au dessus de lui comme un nuage.

– Voilà, mon pouvoir c’est d’invoquer des âmes.

Des spectres ! Il invoquait des fantômes. Cela me foutait carrément la trouille. L’âme avait une tête trop mignonne mais cela m’horrifiait. Je ne comprenais rien à ce qui se passait.

– Je sais que cela peut paraître effrayant mais toutes les âmes n’ont pas de mauvaises intentions. Au lieu d’ apeurer les gens, certaines se lient d’amitié à quelqu’un comme moi et on partage plein de bons moments et d’aventures. Est-ce que tu veux les connaître mieux sans préjugés ? me demanda-t-il, craignant ma réponse qui semblait importante à ces yeux.

J’étais dans l’indécision, entre la peur et la curiosité, et puis je dis avec enthousiasme :

– Oui, j’aimerais bien. Cet âme était quoi avant ? Il a une forme étrange. Je n’arrive pas à deviner.

– Lui-même ne s’en souvient pas, cela arrive parfois lors des morts violentes.

– Qu’est-ce qui vient de se passer à l’instant ? L’éclair n’est pas tombé sur nous alors qui le devait.

– Une âme peut avoir un pouvoir particulier et plus ou moins grand selon sa puissance spirituelle. Pour le cas de Ratoon Lucky. Il peut influer sur la chance. C’est pour cela qu’on n’a pas été foudroyé. On était des chanceux à qui rien arrive de mal. Cependant, trêve de parlottes, on doit rattraper ce bandit de Jack.

Ce dernier en fait n’était pas si loin. Même avec la dizaine de gars qu’il avait avec lui, il était grandement ralenti par l’arche qui pesait une tonne. Je savais, je l’avais soulevé. Il ne voulait pas la lâcher pour ne pas qu’on la vole ? Il était cupide à ce point ? Eh oui. Cela allait causer sa perte. On fut tout de suite sur lui. Ses gardes du corps cherchaient à nous barrer la route. Rem et Pounce les pourfendirent de leurs armes, dégageant un large chemin où je pus m’immiscer. Un colosse se mit sur ma route et allait me couper en morceaux avec sa hallebarde. Heureusement, Shrin étendit son ombre et l’enroula autour du gros gaillard pour l’immobiliser et me dégager le passage. Cela allait se jouer chacun de son côté.

C9

Shrin avait eu chaud, il avait failli se faire embrocher par la hallebarde. En effet, le colosse en face avait une magie du métal et avait allongé son arme pour l’atteindre. Il s’était écarté à temps et n’avait perdu qu’une mèche de cheveux. L’arme avait repris son aspect originel et donc, il maîtrisait la structure du métal. Un pouvoir qui pourrait s’avérer dangereux. Shrin avait évidemment relâché son emprise et le gars avait profité pour l’attaquer au corps. Très mauvaise décision. Shrin était agile comme une panthère et l’esquiva avec une vitesse folle. Sur le côté de son adversaire, il eut le temps de lui trancher la couenne avec son ombre qu’il avait modelé, aiguisé comme un couperet. L’adversaire eut la jambe gravement esquinté. Nonobstant cela ne le découragea, il repartit à l’attaque. Il lança des coups de hallebarde plus ou moins aléatoires en allongeant le manche de métal de son arme. Ses compagnons, qui étaient entre deux tirs, se firent trancher en deux. Shrin put facilement éviter tous les coups les plus dangereux mais il s’en tira avec de légères coupures partout sur le corps. Celles-ci ne mettaient pas sa vie en danger mais le faisaient souffrir. Il n’était plus temps de plaisanter. Il étendit son ombre le plus possible vers son adversaire et fit comme une zone d’ombre autour de celui-ci. Ce dernier se douta de son plan et ne le laissa pas faire, il mit encore plus de coups de sa hallebarde allongée. C’était difficile pour

Shrin d’éviter tous ces coups tranchants et mettre au point son champ d’ombre. L’adversaire ne lui laissait aucun répit jusqu’ à trancher dans la terre tellement il attaquait comme un bourrin. La lame de sa hallebarde se ficha malencontreusement dans le sol. Voilà une ouverture que Shrin attendait. Il mit un point final à son sort et des pics d’ombre acérés embrochèrent son adversaire de part en part. Shrin l’avait enfin battu.

Cette armure était très solide, se dit Pounce. Il n’arriverait pas à l’entamer avec son simple poignard. De son arme se dégagea une légère lumière. Il devait faire appel à une de ses âmes jumelles comme il les appelait. Le mieux pour cette situation était Séphyra, la maîtresse du vent. Elle allait trancher l’armure de cet adversaire chétif rapidement. Il allait lui demander de lancer une lame d’air pour le finir quand quelqu’un lui rentra dedans. C’était Rem.

– Qu’est-ce que tu fous là ? On est en plein combat !

– Si tu crois que j’ai choisi de te bousculer, non. Mon adversaire maîtrise l’air d’une façon différente de moi. Il m’a envoyé un coup de vent qui m’a propulsé vers toi. Trop surpris. Je n’ai pas eu le temps de t’esquiver.

S’appuyant au sol, Rem se remit debout en même temps que Pounce. Tout en se relevant, ils furent vigilants aux attaques adversaires. Profitant de l’occasion, déjà d’autres assaillants les attaquaient et furent accueillis et cueillis par des coups de lames et

des lames d’air tranchantes à souhait. Cela avait donné le temps aux principaux opposants de Rem et de Pounce de s’organiser. Des écailles de métal fendaient l’air et effleurèrent les deux malheureux qui venaient de se relever. Ils avaient échappé de justesse à la blessure en évitant les dernières tuiles. Qu’est-ce qui s’était passé ? se demanda le manieur d’âmes. Quand il s’y intéressa, il vit que les deux ennemis avaient combiné leurs pouvoirs, cela serait plus difficile de les battre maintenant. Le premier ennemi lançait des lames de l’armure épaisse de l’autre et les propulsait avec des coups de vent dans leur direction. De nouvelles voliges arrivaient. Cela fut plus difficile d’en réchapper, ils avaient amélioré leur précision de tir. Pounce n’eut pas le temps et la possibilité de faire appel à Séphyra. Une lame d’acier lui frôla et esquinta la main qui tenait son poignard, tombant au sol dans un bruit métallique. La main en sang, il récupéra sa lame avec une petite grimace de douleur tandis que Rem fit barrage de son corps et essayait de dévier tous les projectiles avec sa lourde épée. Ils reculaient de plus en plus et, avançant, leurs ennemis prenaient l’ascendant. Les lames les taillaient. Pour ce compte, les deux eurent des petites blessures sur tout le corps.

– Cela ne peut pas continuer comme ça, s’impatienta Rem. On ne doit pas perdre contre ces deux bouffons.

– Oui, tu as raison. Il va falloir en finir avec ces deux branquignoles, dit Pounce avec assentiment.

– Je te signale qu’on vous a entendu. Les deux bouffons vont vous mettre la misère. Sinon on ne pourra plus s’appeler Shick et Shack, le duo d’or. On a …

– Votre gueule ! On va vous éclater, dit-il avec une expression terrible sur son visage qui fit trembler et flipper les deux rongeurs. C’est tout ce que mérite la menue friture. Têtes de raton !

Puis il demanda calmement au manieur :

– Tu peux me couvrir. J’ai une idée…

– Oui, bien sûr. Je ne savais pas que tu pouvais avoir parfois des idées, le charria-t-il.

– Ce n’est pas le moment de plaisanter Pounce. On est en plein champ de bataille ! le rabroua-t-il.

– Alors on se dispute dans l’autre camp. Ce n’est pas bon pour la cohésion d’équipe, railla Shick ou Shack. On ne savait qui était qui. Il se ressemblait tellement.

– Taisez-vous ou je vais vous réduire en poussière ! ragea-t-il avec fureur, effrayant les deux zigotos de nouveau avec son expression de visage.

Pounce était là entre eux et personne ne l’écoutait.

– C’était pour détendre l’atmosphère mais bon…

Il était très déçu que sa blague n’eut pas fonctionné. Il se remonta le moral en faisant appel à Séphyra, elle au moins le comprenait. Shick et Shack n’eurent plus aucune chance d’atteindre leurs cibles, un mur de vent se dressait pour détourner la majeure partie de leurs projectiles. Rem fendit l’air et se dirigea vers ses adversaires. C’était prévu au programme ça ? Pounce le couvrit en lançant des lames d’air constamment sur leurs adversaires qui n’avaient d’autre choix que d’éviter. Le manieur d’âmes sentit une fatigue l’envahir. Il ne devait pas utiliser si intensément son pouvoir en une seule fois. Ses attaques cessèrent pendant un instant. C’était juste le bon timing pour Rem qui empoigna les deux opposants par surprise.

– Vous êtes foutu maintenant. Je vous ai touchés. Ma magie d’enveloppement est sur vous. Vas-y Pounce, tu peux les finir, prévint Rem en s’écartant très loin.

Shick et Shack ne purent plus bouger, contraints par la magie de Rem. Le manieur d’âmes eut un sursaut d’énergie et en profita pour lancer une énorme tempête d’air, cisaillant les deux ennemis qui retombèrent de très haut sur le sol. Ceux-ci étaient plus qu’assommés, peut-être assoupis à jamais.

C10

J’étais à la poursuite de Jack la Forme, me demandant à l’instant ce que j’allais faire pour m’en sortir. Même si je l’arrêtais, est-ce que je pourrais vraiment le vaincre ? Il maîtrisait la foudre et moi, une magie que je ne comprenais pas. Ce bon vieux Jackie se retournait déjà, déclenchant une zébrure dans le ciel. – – Il ne faut pas s’énerver comme ça. Je suis juste venu vous échanger l’arche contre une magnifique relique bien plus puissante. Je lui montra la torche que j’avais gardé d’Umbria. Ce sceptre peut déclencher des tempêtes de lumière qui balayeront tout sur leur passage.

– Je ne suis pas convaincu par ton objet. Je demande à voir de mes propres yeux.

Il avait tout de suite dévoilé au grand jour mon plan.

– Tu crois qu’un vieux briscard comme moi se ferait avoir par une stupide manigance ? Je suis bien malin que ça. Et très puissant, tu vas voir.

– Non, non, c’est la vérité. Ce sceptre peut tout éradiquer sur son passage, Monsieur la Fourme.

J’étais paniqué. J’avais gaffé. Oh non ! Vu son expression de rage quand il entendit ce surnom, il n’était pas d’humeur à discuter. Tout de suite je sentis les brûlures et l’électrocution produit par l’éclair qui allait s’abattre sur moi. Je mis une main vers le haut comme pour me protéger. Cela ne servirait à rien, c’est possible. J’entendis le premier coup de foudre. Il n’y eut rien. Pas de douleur. Jackie était autant étonné que moi voir plus. Je me demandais ce qu’il avait vu. Ce flibustier ne se découragea pas et lança une deuxième salve électrisante, se disant que c’était probablement un coup de chance. Il n’avait pas vu ce qu’il avait vu. La même chose se produisit. La main du gamin à tête d’artichaut avait comme avaler la foudre.

– C’est donc ça ta magie, sale canaille. Je dois dire que je suis très impressionné. Je ne comprends pas comment ça marche, mais bon, observa Jack.

Moi non plus. Je ne comprenais pas ma magie et pourtant j’avais la sensation que celle-ci me protégeait. Encore ces griffes de verre au bout de mes doigts. Je me transformais ? Aucune idée. Un nouvel éclair zébra le ciel, j’avais oublié pour un instant mon adversaire et il se rappelait ici à mon bon souvenir. Je me protégeais avec ma main. Je courais. J’essayais de progresser entre les descentes approximatives d’électricité qui pourraient me faire l’afro facilement mais bon, je ne voulais pas ça. Non plus de mourir. J’étais électrisé pour une fois. Je sentais comme un sentiment de joie. J’étais euphorique. Je me demandais quelle en était la cause, vu la situation, et je dus me l’avouer, j’adorais ça. Le danger et l’adrénaline qui allait avec. Le combat et les risques, ne sachant qui allait l’emporter. Je devenais fou ou courageux. Les deux mots s’entremêlaient dans mon esprit. Je dois le dire. Ce combat m’exaltait beaucoup et j’allais tout donner.

L’ambiance était électrique. On se faisait face à face. Attendant le premier qui allait démarrer. Tout d’un coup, un éclair véloce fendit l’atmosphère. Il me frôla. Il me grilla les poils des sourcils et me fit la coupe afro. Ce que je ne voulais pas par dessus tout. Il faut dire que c’est une coiffure qui ne me va pas du tout. Mes cheveux étaient étalés n’importe comment autour de mon visage. J’étais énervé comme jamais. Pourquoi une telle infamie ? Il allait le payer à cent pour cent. Pour tout et tout ce qu’il n’avait pas fait encore :

– Je trouve ça honteux que tu ne penses qu’à toi. Tu vas vendre cette arche alors qu’elle a produit tant de malheurs déjà. Une guerre sanglante n’a pas suffit pour toi. Que te dit ta conscience de chasseur ?

– Elle me dit que je vais remporter gros.

– Tu ne penses pas à toutes ces vies qui ont été sacrifiés avant et aux autres que tu pourrais épargner en ne vendant pas cet objet à ceux qui pourrait en faire mauvais usage ! m’emportais je.

– Non pas du tout. Arrête de parler. Battons nous !

– Tu n’as aucun cœur ? Aucune réponse à ma rage.

 Il ne comprenait pas apparemment. Tout ce qui comptait pour lui était de me battre et de se faire plein d’argent pour pouvoir le dépenser ensuite.

Je sentais au bout de doigts une douce chaleur les inondait comme l’autre fois et je donnais instamment un coup de griffe vers lui. Plusieurs jets de lumière le touchèrent en pleine poitrine mais il tint debout. Il en fallait plus pour le faire faiblir. Celui-ci propulsa un éclair tel un javelot, pris alors qu’il descendait du ciel. Il toucha au pied le gamin aux cheveux bizarres. Celui-ci réagit à peine. Il avait bien fait de mettre des chaussures en caoutchouc. Jack fulminait. Aucune des ces attaques ne fonctionnait sur lui à croire que ce morveux avait une chance phénoménale. De rage et d’impatience, il déchaîna une véritable tempête électrique. On la sentait tout autour. L’atmosphère était survoltée. Soudainement des branches d’éclair se rejoignirent en un tronc, là où se trouvait le beau gosse aux yeux translucides. Juste avant que la foudre n’atteigne sa cible à quelques centimètres près, il sauta et leva la main, une chose extraordinaire se produisit. Le beau gosse avait smatché la foudre comme il aurait frappé un ballon. Toute l’attaque de la Foudre se retourna contre lui en plus d’une énorme vague de lumière. L’éclair ultime s’était apparemment déformée et avait obéi au mioche ? Comment avait-il fait ça ? C’était impossible, fut la dernière pensée de Jack avant qu’il ne tombe dans les vapes. Foudroyé.

Nous avions enfin récupéré l’arche de romance. En miettes. L’attaque que j’avais lancé n’avait pas atteint que Jack. Elle avait été assez puissante pour presque tout atomiser de l’arche.

– Ce n’est pas grave. De toute façon, les inventeurs de cet objet voulaient apporter le bonheur, cela n’ a apporté que du malheur sur eux. Tu as bien fait de le détruire même si tu n’as pas fait exprès.

Cette parole de Pounce me remonta un peu le moral.

– Et tu sais, les morts dans l’ancienne guerre pour cette arche c’est-à-dire les âmes des défunts m’ont parlé. Ils sont contents que tu l’aies fait et ils peuvent partir en paix maintenant, me faisait remarquer Shrin.

Par contre, cela me faisait vraiment flipper ce qu’il venait de dire à cet instant. Pounce n’eut pas l’air choqué, c’est vrai qu’il parlait aux âmes, j’avais oublié. J’étais bien entouré en plus de l’autre grognon qui aimait me donner des surnoms peu reluisants.

– Et je peux même deviner ce que tu penses. Il faut dire que tu es un livre ouvert. Je t’apprendrais un jour à protéger tes pensées, rigola Pounce.

Je ne pouvais plus avoir d’intimité en plus !

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