Enshesis Partie 1: Chute et connaissance Chapitre 6: Une génie dans la lampe

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On se dirigea hors du village. La barrière était comme oubliée ainsi que notre aventure rocambolesque. L’était-elle réellement pour moi ? Pour les autres, c’était sûr. C’était comme si un épais brouillard s’était posé sur cette période dans leur esprit. Quant à moi, j’avais les souvenirs plus nettes et surtout celui d’un nouvel ami. Je le présentais en disant qu’il s’appelait Naro Black. Celui-ci me dit qu’il pouvait bien se débrouiller pour faire le reste des présentations. C’était bien, il commençait progressivement à s’ouvrir. Nous allions bientôt sortir de la contrée des Mystères. Il n’y eut pas plus de surprises pendant le reste du trajet dans ce territoire où tout pouvait arriver. Cela allait être facile, c’était ce que je croyais mais à la frontière entre cette contrée et Sevesta se dressait un immense mur haut de plusieurs mètres et dont on n’en voyait pas la fin vu que cela séparait deux pays. Je doutais même que ce fut une muraille, j’avais plutôt l’impression que c’était une chaîne de montagnes.

– Nous voilà en face du mur d’Étrienne. Tout l’enjeu maintenant est de trouver une entrée, informa Rem.

Il nous expliqua que les issues dans ce mur ne se laissaient dévoiler que si on les trouvait. La condition pour ça était d’avoir l’esprit dénué de mauvaises intentions envers le pays qu’on allait traverser. Les habitants avaient installé ce mur d’enceint tout autour

du territoire pour se protéger et se prévenir de la guerre. Cela aidait à filtrer la plupart du bon grain de l’ivraie mais certains réussissaient à passer grâce à de nouvelles techniques comme les limiteurs d’esprit. Des objets aidant à préserver ses pensées d’artefacts magiques quelconques, quelque soit leur puissance. De plus, cela ne préservait pas des guerres civiles. Quand il eut fini sa phrase, une espèce de haute porte fermée se dessina sur la muraille. Il cogna du poing sur la porte comme pour prévenir quelqu’un de l’autre côté qu’on était là.

– Ce geste paraît anodin cependant en touchant la matière, on m’a scanné et les insulaires savent maintenant toutes mes caractéristiques. Si je suis déjà venu dans ce pays, mon type de magie, mon espèce, ma taille, mon poids et cetera. Tu devras le faire aussi. L’issue se refermera à chaque fois que quelqu’un la franchira, nous expliqua-t-il en le faisant.

Tout le monde suivit son exemple même Naro dont le portail s’ouvrit après un court instant de flottement. Ce fut mon tour. J’effleurai l’étrange matière de cette barrière. Cela prit encore plus de temps qu’avec les autres. Au bout d’un moment, je crus que ça n’allait jamais s’ouvrir pourtant la voie s’éclaircit. Dans la matière de la muraille, un trou se forma me laissant passer. Ce que j’observai de l’autre côté. Une étendue de sable à perte de vue. Impressionnant.

On n’eut pas le temps d’admirer le paysage. De suite une armée de soldats se pressaient au loin armés lourdement, des sabres et autres. Rem me houspilla:

– Qu’est-ce que tu as encore fait, petit chenapan ?

– Ce n’est pas sûr que c’est à cause de moi après tout.

– Tu mets une plombe à traverser le passage et peu de temps après une troupe d’hommes surarmés se dirigent vers nous. Tu ne trouves pas qu’il y ait trop de coïncidences là-dedans, s’enflamma-t-il.

– Attendez là pour l’instant. Je vais en éclaireur. Cela ne doit être rien de grave. Ils se dirigent peut-être autre part, le calma Pounce tout en courant vers la troupe armée jusqu’aux dents.

Quand il revint, il eut l’air palot comme si il avait vu un spectre ce qui était possible avec son pouvoir.

– Fuyons. Ne dis rien Rem ! Nous devons nous presser de partir. Il y a un eternano dans le groupe armé.

En effet, le blondinet eut l’air moins inexpressif tout à coup. Un éclair de surprise indicible dans ses yeux.

Une fois hors d’atteinte, nous soufflâmes et nous nous reposâmes un instant pour reprendre nos esprits.

– Excusez-moi d’être curieux cependant c’est quoi un eternano ? interrogea Shrin l’air ingénu.

– Disons que c’est une force répressive qui régule notre monde depuis la Chute du Paradysium. En fait il y a deux forces qui se partagent cette régulation: les Eternanos et les Infinitas, relata Pounce.

– Nous devons les craindre ? me mis-je à douter.

– Nous ne savons pas grand-chose sur eux. Ils sont venus juste après la Chute mais l’une de leurs actions a fait grandement débat à l’époque. Ils ont éradiqué tout une cité qui menaçait la paix et l’équilibre de notre monde. Juste parce qu’ils avaient inventé une arme destructrice surpuissante.

– Je trouve ça horrible et illogique ce que tu dis, argua Jenny. Faire ça alors qu’il n’y avait pas de réelle menace de guerre de la part de cette cité.

– Je sais mais ils ont argué que la paix et nous humains devaient être bien protégés quel qu’en soit le

sacrifice. Il n’y aurait plus de pertes humaines.

– Sauf si nécessaire. C’est ce qu’ils ont fait après tout. Un génocide d’une race qui vivait depuis des millénaires dans cette cité, s’essouffla Rem. Il ont éradiqué purement et simplement la ville comme si c’était un insecte. Il n’y eut pas de survivant. Pour moi, ce n’est qu’un fac-similé de paix qu’ils ont instauré ! Il y aura toujours des conflits !

Je ne l’avais pas vu aussi touché et émotif qu’à cet instant. C’était étonnant. Je me fis la réflexion qu’il n’était pas sans cœur tout compte fait.

– Rem est très affecté car une amie très chère vivait dans cette cité. C’était il y a longtemps. Les gens ont oublié mais pas lui. Ça va ? réconforta Pounce.

– C’est bon! Cessons de faire dans la sensiblerie. Nous devons continuer notre périple, s’énervant brusquement et se levant énergiquement. On avait retrouvé le Rem qu’on connaissait. Un bagarreur.

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Le chemin fut très long dans le désert hostile jusqu’à Alicarna. Elle nous avait dit que c’était là où son maître l’attendait. Il n’y avait des dunes immenses, du sable et encore du sable. Il faisait une chaleur torride. Une fournaise qui me fit suer sang et eau. Jenny marchait normalement comme si il faisait un temps agréable, la chaleur ne l’infectait pas :

– Je suis né dans ce pays. Pour moi, c’est juste un peu

plus chaud que d’habitude, raconta la belle du désert.

– Tu es bien courageuse de vivre dans ce pays, marmottais je la bouche desséchée.

– Il faut ne pas être une petite nature. C’est tout toi, ça.

Après son moment d’émotivité, Rem avait apparemment repris du poil de la bête. Shrin me défendit en disant que lui aussi avait drôlement chaud et pourtant il était un grand malabar. Ce moment de discussion fut vite fini, la chaleur du désert ne nous permettait pas de nous dépenser en vaines énergies ou en paroles futiles. On avait juste assez d’eau pour faire la traversée du désert jusqu’à notre but final. Heureusement que la cité était assez proche de la frontière que nous avions traversé. Ainsi, ce fut tout un périple harassant et assoiffant en une petite distance. Nous vîmes finalement au loin les remparts de la ville fortifiée dans les vagues d’air chaud.

– Faites attention aux mirages et aux faux-semblants. Le désert peut-être trompeur parfois, prévint Jenny.

En effet, on mit plus d’une heure à le traverser. La distance avait été plus longue que prévu.

Nous étions en face d’un immense portique gardé par deux hommes très grands et musculeux aux yeux noirs intenses et à la chevelure brune et dense sous leur chèche couleur grès. Ils nous demandèrent pour chacun de nous de passer tour à tour entre eux et quand chacun de nous le fit. Ils tendirent une de leurs mains vers nous sans vraiment nous toucher lors de notre passage. Rem m’apprit qu’ils utilisaient une magie de détection, pareille à celle de la muraille.

Décidément, il y avait beaucoup de mesures de sécurité dans ce pays, je me demandais pourquoi. Pour éviter la guerre ? Était ce vraiment la cause de tout ce remue-ménage? Les gens se précipitaient de toute part. On aurait dit qu’ils étaient tous pressés. J’arrêtai l’un d’entre eux qui courait comme un lapin. Il me fonça presque dessus. Il m’évita au dernier instant sinon il y aurait eu carambolage entre nous:

– Quelle est la raison de toute cette effervescence ? Il se passe quelque chose d’important?

– En effet, la succession au trône va se faire et le nouveau roi va être couronné demain.

A peine avait-il dit sa phrase qu’il s’était tout de suite volatilisé allant vers ses occupations.

– C’est vrai qu’avec tout ça, j’avais oublié. Farouk, notre roi va céder son trône à son fils Éden.

Pendant que Jenny essayait de chercher l’homme qui possédait sa lampe, Pounce nota en aparté :

– Je commence à trouver cet enchaînement d’événements trop parfait. C’est très intriguant.

Il y avait un monde sur la place où on était. Une foule de personnes , particulièrement, se dirigeait vers un gigantesque bâtiment rectangulaire qui montait de toute sa longueur jusqu’aux cieux. L’édifice était constitué de plusieurs étages de formes hybrides, entre celui d’un cube et d’une pyramide et était chapeauté par un temple avec de hautes colonnes.

Drôle d’idée comme dernier étage si c’était un palais cependant ce devait l’être. Des tonnes d’étoffes, de meubles et d’objets précieux étaient portés sur les épaules et dans les bras d’ hommes qui, pour la plupart, étaient rustres et costauds, vêtus de simples pagnes en coton. Pendant que d’autres, qui se tenaient mieux, avec une tunique et étaient rasés de près, les surveillaient. Ils devaient être les dirigeants de la main d’œuvre. Des femmes cette fois présentes et quelques hommes encore se promenaient derrière et avaient l’air richement vêtus de précieux tissus et bijoux qui chatoyaient dans le soleil du matin. Ils devaient être leurs maîtres à tous ou les plus riches. Cette étalage de richesses me fascinait et me dérangeait. On voyait clairement l’écart de classe.

Enfin, nous trouvâmes celui qui avait invoqué Jenny la génie grâce à sa lampe. Elle nous présenta puis, d’un pas nonchalant, il vint vers nous:

– Enchanté de faire votre connaissance. Je m’appelle Moussoul N’ Dour. Merci d’avoir accompagné ma petite Jenny pendant son périlleux voyage, nous remercia-t-il avec bienveillance et bonté. Venez !

Il la félicita pour sa réussite d’un ton paternaliste. Il dit qu’il aurait pu faire autrement que faire un vœu pour apporter la paix dans le monde mais il y tenait vraiment. Par chance, Jenny lui avait conté cette histoire de couronne. Il pourrait délivrer Jenny qui avait été tant gentil avec lui par rapport à d’autres génies qui faussaient les vœux pour avoir la peau de leur maître. Elle pourrait enfin être une humaine libre. Il en était content et avait la conscience soulagée. Il raconta avec un sourire de joie qui rayonnait de son visage. Il avait l’air vraiment gentil. Je ne fis plus trop attention à la conversation. J’étais plutôt en train de déguster le thé à la menthe et les petits gâteaux secs. Une farandole à vrai dire avec des fruits secs et plein de choses comme ça. Il nous les avait proposé humblement en rentrant dans son vaste et somptueux salon. J’avais dit oui, volontiers. Sans gêne. Sous le regard éberlué des autres. C’était délicieux. Cela m’avait comblé les papilles. Mes yeux l’étaient aussi. Les murs étaient magnifiquement décorés de tapis aux mille motifs et de belles gravures faites de pierres précieuses. Même le canapé avait l’air luxueux avec ses étincelants coussins brodés d’or et d’argent.

Un silence s’installa entre le papy et nous. Il commençait à devenir pesant. Pour m’occuper, je me mis à scruter le vieil homme. En fait, je m’étais trompé. Il ne devait avoir que la quarantaine. C’était ces yeux noisette profonds et les cheveux noirs poivre et sel sur sa peau imberbe et distendu qui paraissait le rendre plus âgé que ce qu’il était réellement.

– Bon ! On va y aller. On doit encore faire une longue route, décida Rem tout seul comme si c’était le chef.

– Non. On n’a pas fini ici. On doit encore visiter la ville. Il y a certainement des tas de trésors à trouver dans le coin en plus, le contrais je avec malice.

Cela le mit en rogne et nous signifia de nous mettre à l’écart pour discuter tranquillement.

– Excusez-moi monsieur. Nous avons à nous concerter en privé. En aparté, il rouspéta : Ne dis rien. On part !

Shrin et Naro n’osaient rien dire. Ils restaient neutres. Je cherchai du soutien du regard en me faisant la réflexion que Pounce serait possiblement d’accord avec moi. Il m’avait toujours soutenu.

– Rem a raison. Nous devons y aller. Ne discute pas !

Et sa Jenny d’amour, il allait l’oublier dans ce pays. Je m’étais donc fait un film sur leur possible amour. J’étais battu. Je rendais les armes et me tus.

Les au revoir furent dures surtout pour moi. J’avais la larmichette à l’œil. Pounce donna la couronne du roi des djinns à Jenny. Une fois parti, il y eut comme même un mystère que je voulus élucider. Ce que le manieur d’âmes avait chuchoté à l’oreille de la jeune génie. Celle-ci avait eu une réaction indicible.

– Qu’as tu susurré à l’oreille de Jenny en partant ?

– Rien de mal. Seulement. Nous te sauverons.

Je ne compris rien à ce qu’il avait dit. Cela sentait le mystère. Cela sentait l’aventure. Cela m’étonnerait qu’on parte de ce pays pour l’instant.

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Rem et Pounce étaient tous les deux aux aguets devant la maison de ce Moussoul pendant que Shrin, Naro et le Beau Gosse étaient partis surveiller les préparatifs du couronnement du nouveau roi du pays.

– Tu penses qui se passe quoi là ? Je te connais. Quand tu prends une expression d’aigle à l’affût, il y a quelque chose d’anormal qui se trame, questionna Rem qui était plus que dubitatif.

– Ce n’est rien de concret pour l’instant. Juste des pressentiments sur ce Moussoul. Il m’a l’air bien trop parfait. Je ne peux pas t’en dire plus maintenant.

– Tu penses qu’il est impliqué dans une sale affaire ?

– Je ne suis sûr de rien. Il peut être gentil et sans histoires. Nous allons vérifié ça justement.

L’homme imberbe sortit de son domicile. Il tenait à la main un objet qu’il cacha prestement dans une sacoche mise sur son épaule par dessus son kamis. Les observateurs n’eurent pas le temps de bien voir mais ce devait être la couronne. Ils le suivirent. Le quarantenaire jetait des coups d’œil partout et en arrière, il semblait nerveux et pressa le pas. Plusieurs fois, il changea brusquement de direction ce qui ne sema pas nos poursuiveurs. D’un coup, il s’arrêta dans une ruelle sombre et désertique. Un grand homme basané, les cheveux noirs et les yeux vert foncé, sorti de nulle part, alla à sa rencontre. Ils échangèrent des mots incompréhensibles dans un dialecte local, ce qui laissa Rem et Pounce perplexes. Leur échange se termina lorsque le Moussoul donna un bout de papier à l’autre. Ils se séparèrent, ce que Pounce et Rem firent également poursuivant chacun quelqu’un.

Pounce était concentré. Il poursuivait l’homme aux yeux verts quelques mètres derrière. Étant aussi discret que possible, se cachant quand il le fallait. Il se

prépara à l’intercepter avant qu’il aille plus loin. Diverti par un bruit, il détourna son regard un instant. Quand il remit son attention sur lui, il n’y avait plus personne. Il n’aurait pas dû être repéré si rapidement. Il avait à peine cillé des yeux que l’homme s’était volatilisé, laissant par chance un indice derrière lui. Il se baissa au sol et se rendit compte que c’était le petit bout de papier échangé lors de la rencontre. Sur le chemin du retour, il croisa quelqu’un de bien mystérieux. On aurait dit qu’il était vieux comme Hérode vu le nombre de rides sur son visage mais Pounce reconnut tout de suite sa nature.

– Qu’est-ce tu fais encore là, noble vieillard ?

– Ce que fait tout le monde, j’attends quelqu’un et c’est comme par hasard toi que j’attendais.

– Pourquoi tu me dis cela ? s’étonna Pounce.

– Trêve de bavardages. Fais ce que tu sais faire de mieux. Je t’expliquerais ensuite ce qu’il en retourne.

La discussion se termina sur cette phrase énigmatique. Par instinct, il allait donc le faire et rejoindre Rem.

– Alors tu l’as laissé s’échapper ? critiqua Rem.

– Je te signale qu’il s’est évanoui comme par magie et toi également, tu as paumé l’autre homme, remarqua-t-il les yeux dans le vague.

– Oui. Ne me le rappelle pas. En tout cas, ils semblent être les maillons d’une vaste machination. Si tu vois ce que je veux dire.

– C’est de plus en plus certain. ‘’Zebalit’’, le mot marqué sur le bout de papier. C’est bien un sort antique pour amplifier n’importe quel pouvoir ?

– Oui. Il est lié à de nombreux évènements tragiques.

– Ce qui ne laisse présager rien de bon.

Ils étaient tous les deux inquiets sur l’issue à venir.

Il y avait toujours autant de monde sur la place près du palais. Je me demandais ce qu’on allait bien pouvoir observer. Dans cette foule compacte et monotone, à peu de choses près, les femmes et les hommes se ressemblaient tous dans leur djellaba ou tunique féminine ou pagne pour les esclaves et contremaîtres. Peu de gens étaient habillés de couleurs bigarrées même les plus riches. A croire que la tendance était bien au monochrome fade et commun.

La marche des marchandises semblait aller bon train et était d’une régularité de métronome, ponctué par les bruits de coups de fouet de ceux qui dirigeaient ce convoi. Ployant sous le poids de tapis et objets, les hommes réagissaient à peine aux coups. Certainement trop habitués pour avoir quelque réaction. C’était juste de la violence gratuite, cela me révoltait. Naro m’avait expliqué qu’il avait entendu que c’était le nouveau roi, avant même d’être couronné, qui avait décidé de changer l’intérieur de son palais. Son père avait accepté comme toujours son caprice.

– Tout ce spectacle juste parce qu’il y a un changement de roi et donc de décoration. Je trouve ça inconvenant. Traiter des hommes comme ça, exprimais je mon émotion vers les apatrides.

– Qu’est-ce que tu veux ? L’esclavage a toujours existé quelque soit l’époque. Parce que les esclaves ne font pas partie de la patrie, ils n’ont aucun droit. Ce sont en effet pour la plupart des étrangers. Prises de guerre ou non. Ils sont considérés comme des objets.

Au même instant, un esclave s’affala au sol de fatigue, laissant tomber une grosse amphore qui se brisa nette au sol. Le contremaître lui cria après. Un homme corpulent à l’apparence assez riche vint vers eux et demanda à l’homme de lui prêter son fouet. C’est certain, il allait le fouetter. Je ne pouvais pas le laisser faire ça. Je courus pour m’interposer entre eux.

Je ne compris pas ce qui se passa. J’allais bientôt arriver pour me mettre entre eux. Je fus stoppé pile poil avant par un coup de poing qui me cueillit en pleine face. Cela me mit pour un instant dans les vapes. Comme un moment suspendu où je n’avais pas conscience de ce qui se passait autour de moi. Cela me fit une drôle de sensation. Ce n’était pas qu‘un coup de poing ordinaire. C’était bien plus. Quand je me remis debout, je ne vis plus la scène que j’avais vu avant. La foule avait repris sa marche habituelle. A peine, je me souvins d’une vague forme humaine à la chevelure azure qui s’était tenu au dessus de moi.

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– Qu’est-ce que tu t’es pris pour avoir un coquard pareil ? T’as voulu boxer un mur ? se moqua Rem.

– Je ne suis pas d’humeur à ce qu’on plaisante sur moi Rem ! Je n’ai rien compris moi aussi, me plaignis je.

– Eh oh ! Calme toi. C’était juste pour rire.

Il était presque désolé vu le regard acéré que je lui lançai. Il n’avait pas intérêt à me chercher sinon il y aurait un nouveau combat de boxe dont l’issue serait autrement plus défavorable pour lui. Pounce eut l’air désappointé et dans ses pensées, Shrin signifia :

– C’est vrai. On l’as trouvé comme ça quand il est revenu. Il n’a pas voulu nous expliquer. Une trop longue histoire, compliquée à décrire d’après lui.

– En effet, il voulait s’interposer entre un esclave et son maître qui allait le fouetter. C’est peut-être le maître ou un de ses hommes qui l’a cogné, dit Naro.

Je détournai la tête. Je ne voulais rien raconter. Moi-même, je n’avais compris pas ce qui s’était passé.

– Revenons à l’affaire qui nous occupe, trancha Pounce à vif dans la discussion.

– C’est vrai, ponctua Rem d’un air sombre et sérieux.

L’atmosphère s’alourdit tout d’un coup. On allait parler de choses graves. Pas de place à la plaisanterie.

– Alors nous avons filer l’autre Moussoul qui nous a conduit à un mystérieux homme aux yeux verts. Il a discuté un instant avec lui puis ils se sont séparés. J’ai suivi l’homme mystère, je l’ai perdu mais il a lâché un bout de papier dans sa fuite. ‘’Zebalit’’.

Il dit un mot incompréhensible par nous. Cebenvit ? Vu notre air interloqué, il nous expliqua ce que c’était.

– ‘’Zebalit’’. C’est un sort surpuissant qui a provoqué de nombreux drames. La guerre lockéienne, les Pleurs de la princesse Gwendolina et bien d’autres. Tout ça parce qu’on a voulu amplifier un pouvoir.

– Tous ces malheurs se sont produits à cause d’un simple sort d’amplification, remit Shrin en question.

– Ce n’est pas une simple magie d’ amplification. Elle peut faire de grandes choses : interrompre un déluge,

inverser le cours du temps et j’en passe.

Nous fûmes incrédules face à ces miracles supposés.

– Cela s’est bien passé, nous affirma-t-il. Tous ces évènements ont fini mal. Il y a un pendant négatif à ce sortilège. Tout vient à se compenser.

– C’est à dire ? questionnais je.

– Comment t’expliquer ? Si tu appliques cet enchantement sur une magie qui te permet de te rendre beau. La contrepartie est que les personnes autour de toi s’enlaidiront de jour en jour. Si tu veux amplifier un sort de chance, les autres seront malchanceux et n’auront plus que des problèmes.

– C’est horrible ce que tu me racontes là.

– Et le plus pire. Imagine un instant une chose plus grave. Si quelqu’un veut être immortel par exemple.

Nous prîmes toute la gravité de la situation en pleine face. Chacun était parfaitement calme et silencieux.

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Je vais enfin être libérée aujourd’hui de ma condition de génie, se dit Jenny tout en essayant une paire de boucles d’oreille. Moussoul, mon maître, me l’a promis. Il enfilerait la couronne, aurait milles vœux en plus et demanderait à ce que je redevienne humaine. Elle en était là dans ses pensées, se mirant dans une psyché, quand quelqu’un vint par derrière, lui tenant les épaules. Surprise, elle eut un petit haussement comme pour chasser ses mains :

– Alors, Jenny, tu regardes comme tu es belle ?

C’était Harko Marita. Ce grand dadais aux cheveux châtains et aux yeux noirs ébène était le serviteur attitré de son maître. Pour elle, c’était un obsédé notoire. Elle ne se sentait pas à l’aise à côté de lui.

– C’est vrai qu’avec de si jolis yeux marrons, tu dois en faire craquer plus d’un, dit-il avec un sourire pervers qui la fit frissonner. Tu as froid ma belle?

Non, c’est toi qui me dégoûte, pensa-t-elle sans l’exprimer à haute voix. Il allait continuer à déblatérer des âneries mais il fut interrompu par l’arrivée soudaine de son maître.

– Ma chère Jenny, es tu prête pour le grand jour ?

– Vous êtes toujours d’accord pour le faire, douta-t-elle car elle avait eu de nombreuses fausses promesses dans toute sa vie de génie ou quand elle était humaine.

– Bien sûr. Je tiens toujours mes promesses, mon enfant, signa-t-il cela d’une main tendue vers elle.

Elle se fit la réflexion que peut-être pour une fois tout allait bien se passer. Comme elle l’espérait depuis longtemps. Comme dans ses rêves d’antan.

On était tous en attente d’un signal de Pounce. Il s’était introduit dans la demeure du quarantenaire. Il devait nous faire un signe de main pour savoir si la voie était libre. Il nous le fit à l’instant. On pouvait s’introduire dans la maison. Il n’y avait personne. Il nous ouvrit la porte donnant sur le grand vestibule blanc nuancé de bleu. Il nous dit de chercher n’importe quoi pouvant servir d’indice précis sur ce qui se tramait pour savoir les réelles intentions de ce Moussoul. Il avait l’air trop gentil pour être honnête.

On se sépara. Chacun allant dans une pièce. Cette demeure était vaste. On aurait dit un palais miniature. Plein d’endroits comme une salle avec des murs ajourés montant vers le plafond et avec un tapis au centre ou encore une salle avec un immense bassin. J’avais traversé ces pièces et, indiciblement, je m’étais trouvé dans le salon où on avait pris le thé. Pounce et toute la bande me retrouvèrent dans le salon par diverses portes. Il devait y avoir plusieurs chemins. Un vrai labyrinthe dont le salon était le centre apparemment.

– Nous ne trouverons pas un indice pour l’incriminer dans cet immensité, remarqua Naro avec détresse.

– Ne t‘en fais pas. Cela doit être tellement évident qu’on ne le trouve pas du premier coup, rassura Pounce. Qu’est-ce que ça pourrait être ?

Il prit l’air pensif, cherchant des yeux l’introuvable. Quant à moi, j’étais un peu fourbu et aurait eu besoin d’un petit réconfort. Je vis justement sur la majestueuse table qui trônait près du canapé une énorme boîte de loukoums, me sembla-t-il. Je pourrais me requinquer en avalant pléthore de ses succulentes sucreries. J’allais pour l’ouvrir quand Rem intervint :

– Attends ! Je ne le sens pas. C’est un appât.

– C’est surtout des gourmandises, le calmais je.

– Non, ingénu. Je veux dire que cela pourrait être un piège. Enlève ta main délicatement de cet objet.

Mais il n’eut pas le temps d’en dire plus. Une vague de lumière s’apprêtait à déferler sur nous et nous aveugla. Bientôt, celle-ci emplirait toute la pièce.

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Autre part dans le royaume, près du désert de rocailles, à l’ouest de la ville, l’instigateur de toute cette machination déambulait tranquillement, emmenant là où il le voulait sa proie qui ne doutait de rien. Il s’assit sur un rocher creux près d’un grand cristal qui faisait trois fois sa taille.

– Je ne comprends pas. Vous m’avez demandé de vous suivre sans discuter. Vous auriez pu mettre la couronne sur votre tête à la maison même si l’énergie magique autour n’était pas mirobolante.

– Toutes les conditions devaient être bonnes pour mon plan. On ne sait jamais ce qui pourrait se passer.

– Qu’est-ce qui pourrait se passer ? C’est quoi ce grand cristal à côté de vous ? Il ne devrait pas être présent dans cet endroit désertique.

En effet, le lieu était plutôt propice aux cheminées de fées, aux amas pierreux ou aux gros rochers de trois mètres ou plus. Certains étaient même en équilibre.

– En fait, tu m’as servi plus que je ne le pensais. Je ne savais pas précisément où était la couronne. Quelqu’un m’avait appris son existence et son pouvoir. Quand on pense qu’un objet pareil existe…

– Quoi ? Vous saviez tout ? dit-elle trahi et stupéfié.

– Tu as été bien naïf de me faire confiance. Je vais pouvoir maintenant être tout puissant, immortel et régner sur ce pays. Ils seront tous à genoux et me demanderont de leur épargner la vie.

– Vous ne pouvez pas faire ça. La couronne n’a pas ce pouvoir. Elle peut uniquement donner mille vœux supplémentaires qui doivent être réalisables. Demander la vie éternelle ou la toute puissance, c’est tout simplement impossible.

– Pas si on a ceci, argumenta-t-il en montrant le cristal.

Elle était dans le flou. On lui avait menti encore une fois. Pourquoi ce devait être toujours le même destin ?

– Je l’ai implanté en même temps que quatre autres cristaux disséminés autour et dans la ville. Ces pierres spéciales vont pouvoir activer le sort Zebalit qui va amplifier le pouvoir de la couronne. Je vais demander à être un djinn. Cet être tout puissant et immortel. Bien mieux qu’un simple génie qui n’en es qu’un substrat de bas étage, la nargua-t-il méchamment. Il avait des yeux de fou et d’infinie veulerie. Le masque du gentil homme tombait finalement.

– Le seul petit hic, ce sont les quelques pertes humaines engendrées par ce sort. Mais bon, ce n’est que broutille face au destin glorieux qui m’attend.

– Non ! Je ne vous laisserais pas faire ça ! Vous êtes de loin le plus cruel des maîtres que j’ai eu, cria-t-elle.

Toute la fougue et la rage transpirait de ses pores. Elle ne se laisserait plus faire. Surtout pas par cet escroc qui lui avait fait croire en tant de rêves, devenus ainsi illusoires. Il ne l’emporterait pas en enfer.

– Tu as beau t’égosiller. Cela ne sert à rien. Bonne nuit. Fais de beau rêves mon enfant, ironisa-t-il cruellement avant de ne plus faire attention à elle.

Qu’est-ce qu’il voulait dire ? Elle ne capta pas le mouvement vague et brusque qu’il fit. Il s’approcha d’elle vivement. Elle ressentit une drôle de piqûre. A peine elle avait constaté cela qu’une langueur s’empara de son corps. Elle essaya d’avancer, de faire quelques pas cependant elle s’écroula sur le sol sans pouvoir le toucher. Inanimé. Proche du traître.

Ça y est. Nous sommes morts. Je n’y voyais plus rien. Que du noir. Oh non, c’est vrai, ce n’était que l’éblouissement. J’ouvrais en grand le regard. Ma vision se fit plus net. Je m’accommodais. Il n’y avait plus de lumière. Tout était revenu à la normale. Que s’était il passé lors de notre absence?

– Je n’ai pas rêvé. C’était bien une espèce de bombe qui allait nous réduire en poussière, bredouilla Shrin.

– Oui, c’est bien ça. Elle était cachée dans cette boîte.

Pounce eut l’air dubitatif en énonçant ce fait.

– Et cette espèce de gros glouton l’a ouvert, dit Rem tout en me désignant clairement comme le coupable.

– Tu sais ce que te dit le gros glouton, me révoltais je.

On allait bientôt en revenir aux mains si il m’asticotait toujours de cette manière hautaine dont il a le secret.

– Calmez vous c’est moi qui ait fait disparaître l’objet et qui vous ait sauvé de l’explosion, marmonna Naro.

Tout le monde était perdu. Qu’est-ce qu’il avait fait ?

– Enfin. C’est plutôt mon pouvoir. Ne me demandez pas d’explication. La partie de ma magie que je ne connais pas m’a protégé en même temps que vous, se tripota-t-il les doigts en exposant ce constat.

– L’important, c’est que tout le monde soit sain et sauf, conclut Pounce dans l’incompréhension générale. Soudain, celui-ci eut comme une intuition . Se pourrait-il que… Il s’approcha de la table et trouva ce qu’il cherchait depuis un certain temps. C’était une sorte de manuscrit relié avec de la ficelle. Il l’ouvrit et le lut quelques instants sous nos yeux interrogateurs. Il le jeta sur la table puis s’exprima en deux phrases :

– Venez et suivez moi, je vous expliquerais lors du trajet. Nous devons faire vite pour tous les sauver.

En effet, il nous transmit son sentiment d’urgence.

F7

– Je t’attendais justement. Tu vas assister à mon triomphe, s’égaya-t-il en tournant le dos à Pounce, le regard dirigé vers le gros cristal.

– Alors c’est ceci, le déclencheur du sort. J’avoue être déçu. Je m’attendais à plus grandiose, railla Pounce.

– Ce n’est pas la taille qui compte, c’est comment on s’en sert, jeune homme, le recadra-t-il sèchement. Avec ceci, je vais pouvoir devenir un djinn.

– Cela m’étonnerait car je t’arrêterais avant, sale raclure. Se servir de quelqu’un comme tu l’as fait…

Je trouve ça horrible. Pauvre Jenny ! pensa-t-il. Ou elle était d’ailleurs. Il la cherchait du regard.

– Si tu cherches ta petite amie, elle est là, il la dégagea de derrière un rocher et la balança en l’air. Pounce la rattrapa avant qu’elle ne touche terre. Elle était juste endormie, elle allait bien. Avec un pouls régulier.

– Si tu traites tous tes compagnons comme ça, tu ne mérites pas de vivre… D’ailleurs, ce n’est pas ma petite amie, tu te fourres le doigt dans l’œil, rougit il.

– Arrête de me faire avaler des couleuvres. Ça se remarque facilement, petite vermine. Assez bavasser !

Je vais t’en faire avaler, moi, des couleuvres.

Il attaqua furtivement. Pounce l’évita de justesse.

Il avait déjà dégainer son poignard et invoqua Séphyra. Des lames de vent visèrent l’homme imberbe qui se mouvait étrangement et les évitait assez facilement. On aurait dit un serpent ondulant sans cesse. Il essaya de nouveau de l’atteindre. Il n’arriva à rien. A peine réussit-il à l’effleurer.

– Très surprenant. Tu fais partie du très rare peuple des Ovidiens. Ceux qui idolâtrent les serpents et qui, à force de contact avec eux, ont mêlé leur essence vitale, leur magie avec ces animaux.

– Tout à fait. Cela nous donne toutes les qualités de ces reptiles et aussi un peu leur apparence.

– J’ai bien eu raison de penser que tu étais un vrai serpent, tête d’aspic.

– Je ne sais pas si je dois le prendre comme un compliment. De toute façon, tu vas mourir sous ma main, lança-t-il ce mot avec un regard assassin.

Il se rua sur Pounce qui l’esquiva de justesse puis un coup de poing l’envoya très loin. C’était plus la force d’un crocodile que d’un simple serpent. Ce n’était pas une simple légende. Ce peuple avait acquis une rapidité et une force phénoménale grâce à leur lien ophidien. Pounce se remit du coup. L’homme-serpent se rapprocha de l’énorme cristal qu’il avait installé.

– Je vais tout compte fait réaliser mon sort. Il suffit juste que je verse le sang d’un être pur pour l’activer. Ainsi j’ai prélevé un peu de sang de ta chère Jenny dans une fiole. Il accomplit ce geste en même temps.

Émis du cristal, un rayon de lumière perça le ciel.

Autour et dans la ville, quatre autres lignes se dessinèrent, dispersant les nuages sur leur passage. Moussoul enfila la couronne qui brilla de milles feux sous l’effet du sort d’amplification et souhaita:

– Toute puissante couronne, je veux être un djinn…

Il n’avait plus le choix. Il devait l’arrêter. Le manieur d’âmes devait appeler Frost à la place de Séphyra. Un regard enfantin puis un souffle glacial emplit les alentours. Peu de temps après, le sol fut glacé à cause de la température extrêmement basse que générait l’esprit des glaces. Pounce regardait aux alentours. Il avait congelé tout sur place. L’homme-serpent également. C’était devenu une statue de glace.

Shrin se trouvait dans une véritable oasis de verdure au nord d’Alicarna. C’était surprenant vu la sécheresse et le paysage désertique tout autour, se dit-il. Il devait trouver l’un des cinq cristaux activateurs du sort Zebalit, disposés aux quatre coins de la ville, pour l’annihiler, avait dit Pounce. Il traversa une jungle de dattiers, de palmiers et de petits champs éparses. Où se trouvait ce cristal de grande dimension ? Le temps de sa question, il avait trouvé la réponse. En face. Il était en effet énorme et était gardé par un gars tout aussi grand aux yeux noirs ébène et à la chevelure brune.

– Tiens donc. Qui voilà ? Tu viens détruire le cristal ?

Il lui avait parlé comme à un enfant et ricana.

– Oui et ce n’est pas toi qui m’en empêchera, grande girafe, se défendit-il sur un ton tranchant comme son ombre qu’il projeta violemment vers le géant basané.

Il se déplaça vivement pour y échapper. Lui aussi était rapide malgré sa corpulence. Il vint vers Shrin à la vitesse de l’éclair et lui assena un coup de poing dans l’estomac. Cela l’envoya quelques mètres plus loin, crachant du sang. Cela l’avait un peu pris de court mais l’avait à peine ébranlé dans son corps massif.

– Tu devrais faire mieux si tu veux me battre, dit-il en s’essuyant la bouche du rebord de la main.

– Tu es bien prétentieux. Je vais te mettre la branlée de ta vie. Voyons comment tu te défends face à ça.

Sur ce mot, il lança plusieurs volées de poings, ratant des fois sa cible et partant dans le vide. Shrin donnait coup pour coup . Il l’avait évité facilement le dernier et le trancha avec son ombre. Celle-ci le toucha, lui laissant une grande entaille sur le coté.

– Pas mal. Voyons ce que tu vaux face à ma magie.

Une onde de chaleur se dégagea de son grand corps, fanant les plantes autour. Voyant l’effet que ce pouvoir avait sur la végétation, Shrin s’éloigna le plus loin possible de cette vague de chaleur.

– Où tu crois pouvoir t’en aller ? Je t’aurais à un moment ou à un autre. Tu ne peux pas t’échapper.

En effet, il avait raison. Tôt ou tard, elle le rattraperait. La vague atteignit Shrin de plein fouet. Il crut être desséché sur place comme une datte qu’il voyait là.

Heureusement, il avait eu la présence d’esprit de s’ envelopper de son ombre qui l’avait protégé à moitié, lui laissant la bouche et la peau sèches. Il ne pourrait pas faire face à une seconde attaque de cette nature là.

– Tu es donc encore vivant à ce que je vois. Bravo, petit! Peu de mes adversaires ont pu y échapper.

– Désolé de te dire que les astres sont avec moi. Ils ne permettraient que je perdes. Pour moi, c’était tout au plus une légère brise qui m’a un peu déshydraté.

– Je ne vois pas de quoi tu parles avec tes astres mais ils vont finir incendiés par ma magie de chaleur tout comme toi, tonna-t-il d’un air sombre.

Une chaleur encore plus intense se dégagea de lui.

– Qu’est-ce que tu fais ? Tu vas provoquer un énorme incendie avec toute cette végétation. Tu es fou !

– Non, tu vas finir en braises et moi, je serais sain et sauf grâce à mon type de magie de feu.

– Tu ne penses pas aux gens qui sont tout autour.

– Ils seront de menus dégâts collatéraux qui alimenteront en plus le sort Zebalit. Ah, justement…

Quand on parle du loup, on en voit la grosse queue.

Une lumière intense émis du cristal derrière eux se propagea jusqu’au ciel telle une colonne lumineuse.

– Je vais en finir avec toi et enfin j’aurais la belle Jenny à moi tout seul, s’excita-t-il, jouissif.

Les flammes gagnaient déjà la végétation. Il ne pourrait pas survivre longtemps dans cette fournaise, pensa Shrin. Il devait en finir maintenant. Shrin sourit.

– Qu’est-ce qui te fait sourire, jeune branleur ?! s’énerva l’homme pervers, l’air dubitatif.

– Tu viens de te piéger toi-même, gros dégueulasse.

– Je ne fais pas attention à ce que tu viens de dire. Ce sont les derniers mots d’un condamné à mort fou.

– Ce que tu crois. Regarde un peu les ombres au sol.

D’immenses ombres s’étaient étendus tout autour de lui. Il paniqua tout à coup. Il comprit tout de suite.

– Ne fais pas ça. On peut s’arranger si tu veux.

– Je veux rien. Les gros dégueulasses comme toi qui se servent des gens pour leur plaisir, je les découpe en rondelle avec l’arcane des ombres. Le cristal explosant sous la chaleur. Toutes les ombres autour fondirent sur la grande girafe qui fut embrochée de toute part. Fini pour lui. Shrin devait s’échapper vite fait et prévenir les gens de l’incendie à éteindre.

Bon dieu ! Dans quelle galère il s’était fourré ? Avec Pounce complètement dingue de l’autre. Évidemment, il ne disait pas non à la bataille cependant on pouvait éviter certaines. Ce saleté de cristal était facilement repérable de loin parmi le sol nu et sablonneux au sud. Juste en face, à quelques mètres. Il allait arriver vers lui pour le détruire quand quelqu’un s’interposa d’un coup de sabre. Il l’esquiva facilement. Il dégaina son épée en pensant : Tiens, c’est l’homme mystérieux aux yeux verts foncé d’hier.

– T’es un vrai malade, mon cher ! Tu aurais pu me crever un œil avec ta rapière, l’engueula Rem.

– D’abord, on ne dit pas ‘’T’es un vrai malade’’. On dit ‘’Tu es totalement fou’’ et ensuite, je vais faire bien mieux que cela. Je vais te battre et te tuer sans verser une goutte de sang, moi le grand Arkir Bijaz.

Ce type était vraiment barjo. Il voulait lui apprendre les bonnes manières. Il voulait le tuer. Est-ce une

 bonne manière ça ? Dans quel monde on vivait ?

Il eut à peine le temps de faire ce constat qu’il manqua d’air. Ah, il avait cette magie. Il la contra d’un coup.

– La magie de l’air ne fonctionne pas sur moi. J’ai une magie d’espace, plus puissante que l’air, nargua-t-il.

– Fanfaron. Tu vas voir si ma magie est aussi faible que ça. Je ne voulais pas te faire souffrir mais c’est toi qui l’as cherché. Je vais te cisailler, rétorqua-t-il.

Le mot dit, il envoya une déferlante de vent. Cela fit tout juste balbutié Rem, protégé dans sa zone magique. L’opposant allait attaquer de nouveau en envoyant une tranchante d’air avec ses sabres. Il prit les devants et s’attaqua à lui au corps à corps. Il allait le trancher sur place. Son coup fut dévié par un coup de vent qui l’envoya bouler le nez dans le sable.

– Ce n’est pas si facile de m’atteindre, jeune blanc-bec. Où est passé le guerrier prétentieux dans tout ça ?

Rem reprit de l’allant. Il l’avait cherché, se dit-il. Il allait le réduire en charpies. Il lança de nombreux coups d’épées mais l’autre fut toujours protégé par une bourrasque de vent. Encore un coup dans l’eau. Il avait quand même son coup à jouer. Dans sa chute, il l’avait touché par derrière avec sa main.

– Pas de chance pour toi. C’est toi qui va finir cisaillé.

– Il n’y a pas de chance pour toi. Je te l’ai déjà dit. C’est cela qui est grammaticalement correct.

Une torsion de l’air autour du prof de français le fit taire, tranché sur place par le vent. Fini les leçons de grammaire à la mords le nœud, se dit Rem avec joie.

Il se retourna vivement pour détruire le cristal nonobstant il ressentit une douleur aiguë sur le côté droit. Le flanc en sang, il chercha du regard. Une lame de vent était venue d’il ne savait où. Il dirigea de nouveau son regard vers l’adversaire. Il n’était plus affalé sur le sol. Il était dans les airs. Flottant.

– Impressionnant ! Il vole comme un piaf maintenant.

– Ne fais pas le malin. Tu ne peux plus m’atteindre. Encore une ou deux blessures comme celle-ci et tu seras hors d’état de nuire, se félicita-t-il.

– Tu crois. Ce n’est pas parce que je ne peux pas t’atteindre, que je ne peux pas t’attaquer et te tuer.

Il évita plusieurs lames de vent qui venaient vers lui et se plaça juste en dessous de l’homme aux yeux verts.

Il déposa sa marque sur le sol et une tornade miniature se forma autour de l’homme volant. Rem attendit quelques instants et vérifia que son adversaire était bien achevé. C’était bon. Il alla détruire le cristal avec sa magie. Depuis un certain temps, il produisait un rayon de lumière montant dans le ciel. Il espérait que ce n’était pas trop tard et que rien ne s’était passé.

F8

– Non, non et non ! Ce trône ne va pas du tout. Il n’est pas assez clinquant par rapport au volume, Bilzsen.

Le jeune garnement capricieux aux cheveux bruns et aux yeux marrons clair n’était autre que le futur roi.

Il criait après un homme blond aux yeux verts émeraude. Son serviteur de toujours, Bilzsen Blist.

– Tu ne peux pas dire ça, mon enfant. Nous avons fait intervenir les meilleurs artisans pour faire ce trône.

Le roi, son père essayait le calmer. Son regard gris sombre, comme ses cheveux, semblait chagriné.

– Papa ! Je ne peux pas être intronisé sur ce simple siège qui conviendrait à peine à un gueux, bouda-t-il.

Alors que ce simple siège était incrusté de pierreries.

– D’accord comme tu veux. Je dirais aux artisans de le changer et de faire un trône ’’plus clinquant’’.

Il avait peine à croire que c’était son fils. Cet homme si capricieux et enfantin. Ou avait-il pêché dans son éducation? Sa mère était morte quand il était gamin et il s’était débrouillé tout seul. Il avait l’impression que son fils lui en voulait pour ça. De ne pas avoir de mère. Ce n’était pas sa faute. C’était le destin qui avait voulu qu’Elmera soit emporté par la maladie.

– Oh, ma douce Elmera ! Que ferais-tu maintenant ?

– Que dites vous, père ? demanda-t-il car il n’avait pas entendu ce que son paternel avait chuchoté.

– Rien, rien. Alors tu es prêt pour ton couronnement ?

– Bien sûr. Il ne manque plus qu’un trône convenable.

Quant au roi, il n’était pas rassuré par cette réponse. C’était encore trop tôt mais il fallait un dirigeant au royaume, il se faisait vieillissant, sans certitudes du lendemain. Il n’y avait pas d’autre solution.

– Il se passe quelque chose dans la pièce du fond messire. Venez vite. C’est urgent ! intervint Blist.

– Qu’est-ce que c’est ? désigna du doigt le Roi un gros cristal au milieu de la pièce des apparats. Brillant de milles feux et allant jusqu’au plafond. Celui-ci trônait parmi d’autres magnificences d’or, d’acajou et de rubis. Des meubles de verre, des bijoux et autres.

– C’est la fin pour vous, monseigneur. Enfin, je n’ai plus à supporter votre sale rejeton.

– Bilzsen ! Qu’est-ce que c’est que cette impertinence ?! Je vous ferais fouetter pour ça.

Le jeune Éden était enflammé. Il perdit bien vite de sa fougue et de sa prestance quand son serviteur pointa une épée vers lui. Il prit peur. Il se serra contre son père, lui-même surpris par la situation et par le geste d’affection de son fils qu’il n’avait pas eu depuis longtemps. Avant la mort de sa mère justement.

– Nous n’avons plus besoin de vous messeigneurs. Je vais, si on peut dire, vous passer par dessus bord.

Il allait les trancher en deux. C’était la fin. Cependant, une vague de lumière traversa la pièce et expédia l’épéiste de l’autre côté de la pièce. Ils étaient sauvés.

– Il me semble que je suis arrivé à temps.

– Oui. Vous nous avez sauvé de ce cinglé de serviteur.

– Tant mieux, expira-t-il à moitié essoufflé.

J’avais juste eu le temps de reprendre son souffle que le serviteur m’attaquait de son épée.

– Saleté d’étrangers ! Moussoul m’avait bien expliqué qu’ils avaient accompagné cette Jenny. C’était la poisse dans notre plan si bien huilé. Il m’avait donc dit de continuer mon infiltration ici en attendant qu’on détrône cette pourriture de gamin. Quelle plaie !

Il l’énonça avec un regard de dégoût vers le prince.

– Quel plan ? Vous aviez prévu ça depuis longtemps ?

Le roi en fut à la fois choqué et curieux.

– Bien sûr, espèce d’idiot. Ton règne a depuis trop longtemps duré et vu comme est ton gamin, on n’attendait pas la suite. Notre plan était simple. On allait utiliser un sort surpuissant et un artefact magique pour pouvoir faire le coup d’état. Eh oui, m’adressa-t-il un regard, on avait entendu par un ouï-dire qu’un grand aventurier nommé Pounce Cy pouvait tout trouver. On a manipulé la Jenny pour qu’elle fasse ce qu’on veut. Elle est allé chercher la couronne du roi des djinns. Elle croyait qu’on ne savait pas qu’elle existait. Quelle sotte celle-là ! Ça était si facile pour la diriger vers le pays des aventures pour trouver le bon gars. On a maintenant la couronne et le sort. Tout est réuni. Enfin, mon maître va pouvoir être djinn et dominer ce pays.

Quel enfoiré celui-là. Ils étaient si vicieux et retors.

Quand je pense que je trouvais sympa ce Moussoul.

– Malheureusement, je vais devoir éliminer tous les témoins : le prince, le Roi et toi, s’excusa-il faussement en lançant l‘offensive sur moi.

Il lançait des coups amples d’épées que j’évitai. Je lui retournai le compliment en donnant un coup de griffes. Les rayons de lumière allaient l’atteindre mais ils furent déviés au dernier moment par ses épées.

– Intéressant ! C’est une magie rare. Celle de la lumière. Il paraît que seuls les anges la maîtrisent. Es-tu un ange ? Une personne au destin extraordinaire ?

– Je ne sais pas si je suis un ange ou un démon mais je vais t’en faire baver, mon vieux après ce que tu as fait.

Je lançai de nouveau des rayons de lumière.

– Laisse tomber ! Cela ne fonctionne pas sur moi.

Les rayons furent encore mis hors de la trajectoire. Comment allais je faire? Il modifiait toutes mes attaques avec ses épées. Très vite, un plan se profila dans mon esprit. Cela pourrait marcher.

Je lançai des jets de lumière partout dans la pièce. Ils se réfléchirent dans la pièce et aveuglèrent mon ennemi. J’avais fermé les yeux avant que la salle s’emplisse de lumière. Je profitai qu’il ne voyait plus rien pour lui porter un coup fatal qui le projeta violemment au mur. Il retomba mollement.

– Voilà je l’ai battu, cette espèce de crapule! Vous allez bien ? Pas trop aveuglés ? questionnais-je le Roi et son fils qui me semblèrent bien agités.

– Ah, ah, ah ! Magnifique ! Quelle puissance ! Cela ne suffira pas à me battre mais c’est très vivifiant !

Blist le serviteur n’était pas encore battu. Il était debout dans une armure cristalline.

– Tu n’as plus aucune chance. J’ai invoqué mon armure qui est de la matière que mes épées. Une matière hybride de cristal et de métal que j’ai forgé moi-même pour me venger du prince, raconta-t-il en se tournant vers ce dernier. A l’époque, tu as pris comme serviteur un esclave. Tu t’en souviens. C’était moi ! Je croyais que ma condition serait meilleure mais non ! Chaque jour, ça a été l’humiliation. Me traitant de tous les noms. Me giflant. Je supportais. Je me disais. Un jour, je me vengerais et ce jour est venu. Le sale garnement capricieux va périr sous ma main. Le père aussi, cette lavette qui n’ose même pas remettre à sa place son fils. Oh, le malheureux ! C’est vrai qu’il a perdu son épouse ! Quand je vois comment l’enfant est, j’imagine comment était la mère ! Une vieille pétasse qui régentait tout. Quelle horrible famille vous faites. Je vais vous éradiquer.

Le Roi réagit vivement à cette remarque. Il ne pouvait pas le laisser dire ça. Au contraire, elle était d’une douceur extrême. Un ange venu sur terre pour le soulager de sa tristesse. Il se propulsa vers lui. Cela ne servit à rien. Blist l’esquiva et lui trancha la couenne. Il tomba lourdement par terre.

– Papa ! hurla Éden en s’approchant de son père.

– Je n’ai même pas pu défendre l’honneur de ta mère ! Quel piètre père je fais ! larmoya-t-il piteusement.

– Non, je ne peux pas te laisser dire ça ! C’est moi le fils indigne. Je n’aurais dû t’en vouloir. La mort de mère n’était pas ta faute, s’excusa-t-il en pleurant.

– C’est bien beau ce moment d’émotion mais je dois dire que cela ne m’émeut pas du tout.

Il allait les exterminer mais je m’interposai, prenant une sorte d’épée en or dans l’attirail de la pièce.

– Tu es encore là toi ? Tu penses pouvoir te défendre avec cette ridicule épée, conta-t-il en m’attaquant.

Je bloquai quelques coups de ses épées. Je perdis l’équilibre. Repartis à l’offensive. Évitant plusieurs coups d’épée. Soudain, il fit une drôle de parade d’épéiste et mon épée fut propulsé loin de moi. Je reculai pour me défendre plus facilement.

– Maintenant que tu es sans défenses, tu es vraiment ridicule, tu sais. Comme tout le monde ici. Avec tes cheveux bizarres, tu me fais presque pitié. Va chez un bon coiffeur si tu veux une coiffure potable.

Il n’aurait pas dû dire ça. C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. C’était une ordure inhumaine. En plus il critiquait mes cheveux. C’en était trop ! Il allait le payer à cent pou cent. Garantie sans erreurs.

Je créai plusieurs lames de lumière de mes doigts. Un véritable duel à l’épée s’effectua, entre parades, esquives et feintes. Je propulsai de ces lames plusieurs rayons de lumière qui furent détournés encore une fois. Le combat ne pouvait pas s’éterniser ainsi. Je devais mettre toute ma puissance à cet instant pour essayer de passer outre l’armure. Je réunissais tout ce que j’ avais au bout de mes griffes, mes doigts en vibraient en même temps de mon corps. Je lâchai de mes deux mains un tsunami luminescent qui déferla vers mon adversaire. Celui-ci n’eut pas le temps de réagir et son armure fut atomisé comme la pierre d’amplification. Pas possible, mon armure s’est déformée, fut la dernière pensée de Blist. Tous les deux s’effondrèrent au sol. Inconscients.

F9

Pounce s’apprêtait à détruire le dernier cristal et cette mauvaise histoire serait finie. Il n’en eut pas le temps.

La glace craquait autour de la statue. Le serpent sortait de sa prison. Le manieur d’âmes hallucinait ou il augmentait dangereusement en taille. Non, c’était bien ça. Il atteignit bientôt les nuages.

– Vraiment, quel imbécile, tu crois vraiment que ton petit pouvoir aurait eu des effets sur le sort. Tu rêvais!

La voix de Moussoul était tonitruante vu sa taille.

– Je vais t’écraser comme un moucheron que tu es.

Un pied géant allait l’écrabouiller. Au dernier moment, une véritable montagne humaine percuta de plein fouet le dit djinn. Un étrange individu l’avait sauvé même si il ne savait pas son identité.

– Je suis arrivé à temps. Une seconde de plus et tu aurais été en miettes. Heureusement que j’ai battu l’autre gars à l’est rapidement grâce à mon pouvoir : la modification corporelle, révéla-t-il.

– Aïe, ça fait mal ! dit l’imberbe géant. Qu’est-ce que cette montagne de muscles fait là ? Elle fait partie de tes amis. Super! Encore un que je vais devoir éliminer.

Il se remettait debout après avoir chuté les quatre fers en l’air. Il l’avait senti passer. L’autre géant allait le payer chèrement de sa vie. Il avait osé l’attaquer par surprise. C’était à son tour. Il envoya son poing dans la face de l’autre qui le bloqua avant. Naro détourna son poing et partit à l’offensive, le touchant de pleine face. Il envoya ensuite un pied dans ses côtes qui fit tressaillir Moussoul. Sa bouche était en sang. Cet orgueilleux n’abandonna pas. Il devait toujours avoir ses pouvoirs de serpent même dans cette forme. Il ondula vivement pour éviter les prochains coups. Il n’allait plus l’atteindre si facilement, pensa-t-il. Il percuta violemment Naro d’un coup de coude dans l’estomac.

Ce dernier ressentit une vive douleur et cracha du sang. Il avait toujours cette force reptilienne qui lui garantissait des coups très impactants. Celui-ci projeta une salve de coups de poing qui cueillirent l’autre au passage. La suite fut tout autre. Il attaquait carrément le vide. Il n’avait plus rien de solide devant lui et pourtant il voyait son opposant. Naro avait dématérialisé son corps, ce n’était pas une illusion. Il passa très vite à travers l’autre pour le surprendre par derrière. Il se matérialisa de nouveau pour pouvoir l’attaquer. Un coup de genou dans le dos le fit fléchir, les genoux à terre. La honte pour lui.

– Espèce de sacripant ! Je vais me venger de cet affront. Tu m’as frappé en traître dans le dos. A mon tour de te faire un sale coup très piquant !

A terre, il balaya les jambes de l’autre d’un revers de la main et le fit chuter. Les incisives de l’Ovidien se firent plus pointues. Il sauta sur l’autre géant au sol d’un coup. Il allait lui injecter son venin mortel quand il glissa sur quelque chose. Du verglas que Frost, l’esprit de Pounce avait créé. Son attaque avait manqué, il avait fait un vol plané et il s’était projeté quelques mètres en avant. Moussoul se dit qu’il devait faire attention également à l’autre. Il était toujours là. Ce n’était pas possible de se faire mettre une raclée pareille. Il était devenu un djinn. Il eut comme un éclair de génie. Un éclair de djinn plutôt.

– J’en ai marre ! De simples cancrelats ne peuvent pas me battre. Justement, je peux faire ce que je veux. Ici

et maintenant, je suis un djinn tout puissant.

Il allait les transformer en ces petites bêtes immondes. Il sentait le pouvoir en lui. Il pouvait tout faire.

– Je souhaiterais que ces deux impudents soient transformés en cancrelats, éructa-t-il vigoureusement.

Rien ne se passa. Il sentait la puissance au bout de ses mains. Pourquoi cela ne fonctionnait pas ? Son regard tomba tout d’un coup sur la solution. Il se baissa pour la tenir sous les attaques de glace impuissantes de Pounce qui avait lui aussi compris, à moité désespéré.

– Naro ! Empêche le d’accomplir son plan ! Sauve Jenny ! hurla-t-il pour se faire entendre de son allié.

Celui-ci avait compris l’urgence de la situation. Il se précipitait vers l’autre colosse mais ce dernier l’esquiva. Naro se retourna et se prit un jet pareil à de l’acide dans ses yeux. Le serpent avait craché son venin pour l’aveugler et être tranquille un instant.

– Réveille toi petite chose. J’ai encore besoin de toi.

Jenny s’éveilla. Elle se demandait qui la secouait comme ça. Elle écarquilla les yeux de surprise puis de terreur quand elle vit que l’impossible s’était produit.

– Non ! Ordure ! Qu’as-tu fait ? s’enragea-t-elle.

– Pas la peine d’être grossière jeune fille ! Je n’ai encore rien fait. Je n’avais pris en compte que l’effet de mon sort et pas le côté génie et souhait. Tu dois donc m’accorder le souhait que je veux et je serais devenu totalement un djinn, sourit il méchamment.

– Il n’en ai pas question ! Après tout ce que tu as fait !

– Tu n’as pas le choix ! Je suis encore ton maître.

L’air agacé et impatient, il tapota la poche de sa tunique, là où était encore la lampe de Jenny.

– Génie ! J’aimerais être le djinn le plus puissant du monde, ordonna-t-il sèchement avec cupidité.

Il avait raison. L’obéissance aveugle du génie était là.

– D’accord, maître. Que votre souhait soit …, énonça-t-elle la gorge serrée et le cœur lourd. Il n’ y avait plus aucun espoir dans sa nuit éternelle. Tout était silencieux. Alors c’était son destin :une longue suite de trahisons et d’asservissements pour elle. Elle ne méritait que ça ! Soudain, une voix éclata et brisa en éclats son cauchemar. Une lumière dans le noir.

– Non ! Ce n’est pas fini ! Tu ne peux pas abandonner Jenny ! Où est passé la jeune fille forte et déterminée à trouver la couronne du roi des djinns ?!

– Elle est partie depuis longtemps. Abandonne, jeune avorton ! s’exclama le géant en essayant de l’écraser.

Pounce évita le coup de pied fatal de justesse.

– Il y a toujours un espoir quelque part ! Dis-moi juste si tu veux que je te sauve Jenny ! Tu veux vivre ou mourir ? C’est à toi de décider. Personne t’y aidera ! Personne ne peut te forcer à faire quelque chose. Tout le monde est libre de faire ses choix même toi.

Même moi, se dit-elle. Elle se le répétait. Et oui :

– Je veux vivre! Sauve moi Pounce! Sauve moi! cria-t-elle tout en sanglotant comme libéré d’un poids.

Il avait eu sa réponse. Il invoqua l’esprit vieux comme Hérode. La solution à tout ce problème.

– Voilà soit disant djinn! C’est ta fin ! Ton Pygmalion !

– Crois-tu que ce simple esprit pourrait me battre ? Je sens déjà des tas de vies de la ville se convertir en ma puissance, celle d’un djinn. Tu me fais bien rire !

La ville brilla en rouge autant que le cristal restant.

– Sauf que cette âme n’est pas une simple âme. C’est celle de l’ancien maître de la lampe de Jenny.

– Et alors ? Tu crois que ça m’impressionne ?

– Il n’a pas fait l’un de ses trois vœux. Il est mort avant d’accomplir son dernier souhait, sourit-il.

Moussoul eut une expression de rage et de peur.

– Tu sais également ce que ça signifie. Il peut encore faire un vœu et quand ce sera fait tout ce que tu as souhaité s’annulera. Plus de richesse, plus rien.

– Je ne te laisserais pas faire ça, sale raclure !

– Trop tard ! Azouz, quel est ton souhait ?

– Je veux revenir au moment où Moussoul N’Dour a trouvé la lampe de Jenny et je souhaiterais qu’il ne trouve pas cette lampe et jamais plus d’objets magiques, parla-t-il précipitamment, un poing géant au dessus d’eux allait les aplatir sous peu.

– Que votre volonté soit faite, maître, dit Jenny.

F10

On était dans le désert après avoir traversé un immense mur marquant la frontière entre le pays des mystères et Sevesta. Il nous faudrait beaucoup d’eau pour survivre. Une étendue de sable infinie et de dunes géantes se profilait devant nous. Merveilleux !

Un spectacle magnifique à perte de vue. C’était époustouflant ! Je n’eus pas plus le temps de m’extasier. De suite une armée de soldats se pressaient au loin. Rem me houspilla:

– Qu’est-ce que tu as encore fait, petit chenapan ?

– Ce n’est pas sûr que c’est à cause de moi après tout.

– Tu mets une plombe à traverser le passage et peu de temps après une troupe d’hommes surarmés se dirigent vers nous. Tu ne trouves pas qu’il y ait trop de coïncidences là-dedans, s’enflamma-t-il.

– Attendez là pour l’instant. Je vais en éclaireur. Cela ne doit être rien de grave. Ils se dirigent peut-être autre part, le calma Pounce tout en courant vers la troupe armée jusqu’aux dents. Dans sa foulée, il trébucha sur un objet. Il le ramassa rapidement, comme intrigué. C’était une lampe. Un simple objet comme ça, cela ne l’intéressait pas. Il allait le lâcher mais au dernier moment, il eut comme un sentiment de déjà-vu, une drôle de sensation. Une voix à l’intérieur de lui cria :’’Garde-le !’’. Il lui obéit et le mis dans sa besace. Il verrait cet objet en détail plus tard. Il devait maintenant poursuivre son exploration pour savoir ce qu’était cette grande armée.

Il revint vers son groupe, l’air palot comme si il avait vu un spectre ce qui était possible avec son pouvoir.

– Fuyons. Ne dis rien Rem ! Nous devons nous presser de partir. Il y a un eternano dans le groupe armé.

En effet, le blondinet eut l’air moins inexpressif tout à coup. Un éclair de surprise indicible dans ses yeux.

Une fois hors d’atteinte, ils soufflèrent et ils se reposèrent un instant pour reprendre leurs esprits. Rem et Pounce expliquèrent ensuite ce qu’était un eternano et ce qui était arrivé dans le passé. Ils commencèrent après, la traversée du désert. Plusieurs mètres derrière les autres, Pounce sortit l’objet sur lequel il avait trébuché. C’était une simple lampe un peu poussiéreuse. Il astiqua l’objet et la fit briller de milles éclats quand celle-ci tressauta lui faisant lâcher l’objet. Un nuage de fumée en sortit. Il recula, sur ses gardes. Le nuage prit la forme d’une belle jeune fille. Une beauté du désert, s’extasia-t-il à moitié méfiant à moitié sous le charme.

– Qui es tu ? Une sorte d’esprit ? Si c’est ça, j’en connais plusieurs comme ça, j’ai l’habitude.

– Non. Tu ne le sais pas encore mais je suis ton génie, s’exprima-t-elle nonchalamment.

– Un génie ? Ce n’est pas possible même dans ce monde. Ce n’est qu’un personnage de contes de fées !

– Je vais te prouver le contraire. Est-ce qu’un simple personnage de contes de fées pourrait faire ça, s’exclama-t-elle en faisant apparaître une longue table remplie de délices en plein désert. Ou ça. Des danseuses du ventre apparurent tout d’un coup dans le vide.

Il n’en croyait pas ses yeux. L’air abasourdi.

– Tu es convaincu maintenant ?

Il hocha la tête encore sous le coup de la surprise.

– Alors j’attends tes trois vœux, lança-t-elle mi figue mi raisin, un peu dans l’impatience. Nerveuse.

– Qu’est-ce que tu veux dire ? fut il interloqué.

– Tu sais. Tu fais appel au génie et il te réalise trois vœux. Attention, ils doivent être réalisables.

– Je pourrais souhaiter plein de jolies filles.

– Oui, tout à fait, dit-elle un peu désappointé.

– Mais elles ne seraient pas aussi belles que toi, rougit il tout en faisant ce compliment sorti de nulle part.

– Vil charmeur. Je suis un génie. Juste là pour réaliser tes vœux. Pas d’autre chose… maître, rétorqua-t-elle.

– Alors nous pouvons attendre longtemps. Je n’ai rien à souhaiter. Sauf peut-être ta liberté et te rendre ton âme que tu as perdu, je le vois clairement.

– Comment tu es au courant de ça ? S’insurgea-t-elle.

– Je peux voir les âmes. Je suis un manieur d’âmes.

– Alors, manieur, nous sommes dans le pétrin car tu peux me libérer mais pas me redonner mon âme. Et pourquoi tu me libérerais d’ailleurs ?!

– Parce que c’est évident et dans la juste mesure des choses. Tout le monde doit être libre. Alors chaque chose à son instant. Je te redonnerais ton âme. Ne t’en fais pas pour ça, affirma-t-il la mine certaine.

– Tu as un peu trop confiance en toi, dis donc.

– Tu verras. En attendant. Génie. Je souhaite que tu ne sois plus un génie. Tu es libre.

Elle eut l’air très ému et surpris mais réalisa son vœu. Le souhait dissolvant la lampe, elle n’avait plus aucune chaîne, aucun lien. Elle n’était plus un génie. Elle ne pouvait pas le croire nonobstant une personne l’avait souhaité et avait pensé à elle. Incroyable.

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