Merci à Françoise pour la correction
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La maison vivante
« Pour ceux qui aiment le jardinage »
Environs dix minutes après avoir quitté la clairière, nous arrivâmes dans une autre beaucoup plus grande. Le jardin que j’y vis était aux antipodes de tout ce que j’avais vu jusqu’à présent dans ce domaine. Décidément, c’était le jour des découvertes. Même si j’étais bien loin d’imaginer toutes les merveilles que je découvrirais tout au cours ma vie au contact de ma sorcière bien aimée.
Devant moi s’étendait un potager immense, un savant mélange de plantes en tous genres, s’étendant d’un bout à l’autre de la clairière et dans les trois dimensions. On pouvait deviner un petit chemin en pointillé qui lézardait jusqu’au milieu du jardin où se trouvait une sorte de tumulus assez imposant, tant en hauteur qu’en largeur et en longueur.
Tout autour de nous quelques poules gambadaient en picorant çà et là insectes, vers, grains et légumes du jardin. À ma grande surprise, Sarah ne cherchait aucunement à les empêcher de se régaler de sa propre nourriture.
— L’enchevêtrement des végétaux, m’expliqua-t-elle est savamment calculé. Il s’y trouve également quelques champignons. Il y a des plantes qui aiment être ensemble, certaines se protègent les unes les autres.
« D’autres plantes ne peuvent pas se côtoyer parce qu’elles consomment les mêmes ressources, sont sensibles aux mêmes maladies, se font de l’ombre, etc. Beaucoup de villageois utilisent ces techniques, mais pas de manière aussi poussée. Ils appellent ceci la permaculture.
« Toutes ces mesures confondues assurent un rendement largement supérieur à tout ce que vous pouvez faire dans les jardins traditionnels, même avec des engrais.
« Quant aux poules, elles font ce qu’elles veulent. Elles sont partie intégrante de l’écosystème en ce sens qu’elles fertilisent le jardin, mangent certains nuisibles, et me donnent des œufs. En échange, il est juste qu’elles puissent se nourrir comme elles le souhaitent. Les œufs en sont meilleurs et l’animal en a une santé améliorée.
Je remarquai une grosse souche d’arbre à la périphérie, d’où affluaient et refluaient des insectes de manière incessante.
— Et là-bas, qu’est-ce que c’est ? Des abeilles ?
— Tout juste. Elles fertilisent les fleurs et me donnent du miel. Tu t’imagines bien que je ne leur prends que le strict nécessaire.
Je laissai mon regard s’imprégner de tout ce qui nous entourait.
— C’est magnifique ! Il y a au village quelques paysans qui utilisent une partie de ces techniques, certains se contentent de recouvrir leur sol de paillis, mais c’est mieux que rien.
— Le paillage fait partie de la permaculture. Le principe premier étant que le sol soit toujours couvert pour éviter que les nutriments soient lavés par la pluie. Ici je n’en ai pas besoin, car il y a des plantes partout et tout le temps. Suis-moi !
Elle s’engagea dans le petit chemin qui conduisait au milieu de la clairière. Il fallait une certaine agilité pour y parvenir, mais je fus à la hauteur de la difficulté. Je compris alors qu’il menait à une porte dissimulée au centre de la végétation. Le tumulus que j’avais observé était sa maison, entièrement recouverte de plantes.
Nous y pénétrâmes. Sous l’épaisse couche de végétaux, une structure faite d’arbustes vivants constituait le squelette de la maison. Entre les branches, plusieurs couches de toile épaisse recouverte d’une sorte de torchis devaient assurer l’étanchéité et l’isolation de l’habitat. Enfin, de nombreuses ouvertures aménagées sur les côtés constituaient autant de puits de lumière.
Ce qui m’étonna le plus était la beauté de cette maison vivante. Non seulement l’intérieur était plus vaste et spacieux que ne l’aurait laissé paraître l’extérieur, mais de surcroît la pièce unique était très lumineuse.
Deux fauteuils en osier dans lesquels se reposaient des coussins étaient installés autour d’une petite table. Mon hôtesse ne dédaignait donc certainement pas un peu de confort.
— J’ai un deuxième fauteuil, c’est utile lorsque j’ai de la visite, me dit-elle en les désignant, pose ton sac et assieds-toi !
Je restai encore un instant debout à contempler le décor. De nombreuses plantes séchaient la tête en bas, dans le fond de la pièce se trouvait un lit, avec une armoire attenante. Sur la droite, une petite étagère supportait la présence de sa vaisselle et de ses instruments de cuisine.
D’autres étagères servaient de stockage pour les différentes préparations en tous genres enfermées, conservées dans des pots en terre dont le contenu était indiqué par des étiquettes scrupuleusement rédigées. À l’opposé un poêle permettait de cuire des aliments et de réchauffer la pièce en hiver. Le feu était allumé, mais faible. À la droite du poêle, un petit tas de bûchettes était entreposé.
Les meubles ne comportaient pas de planches. Le mobilier était fait à partir de branches bien droites et de rondins ou semi-rondins, le tout relié par de la cordelette bien tressée.
Elle alla chercher une théière en terre qu’elle remplit d’eau et la déposa sur le poêle. Elle rajouta ensuite quelques bûchettes dans le feu.
— Ça ne fait pas très longtemps que je l’ai, ce sont les gens du temple de la mère Universelle qui me l’ont offert. Même si cela est une infraction à ma déontologie qui me commande de ne pas utiliser d’objets technologiques, il faut dire que c’est bien pratique tout de même. J’ai aussi quelques outils m’assurant un confort minimum : une scie, une hache.
« Je nous prépare une tisane !
Je n’osai pas dire non, dans mon idée, les tisanes étaient faites pour les vieux. Mais je ne voulais pas contrarier ma si charmante hôtesse qui n’avait à priori rien d’une vieille femme.
Je posai mon sac contre l’un des fauteuils et m’y assis.
— Oh ! On est bien ici !
J’en appréciai le confort ainsi que la chaleur des coussins de plumes.
Ma remarque déclencha chez elle un sourire satisfait. Elle était contente de faire plaisir à son invitée. Elle vint ensuite me rejoindre dans le second fauteuil.
— Les plumes, je les ramasse quand mes poules ou d’autres oiseaux en perdent ou meurent. Encore une raison pour les laisser grignoter tout ce qu’elles veulent, elles me donnent tant !
« Alors, Margaux, pose tes questions. Je ne te promets pas de répondre à tout, mais je ferai de mon mieux pour t’apporter des explications.
— Si on commençait par ce petit problème du regard ? Cela nous faciliterait la communication !
— Oui, c’est gênant, allons-y, approche un peu ton siège. Cherche quelque chose à me dire, penses-y bien, plonge ton regard dans le mien et dis-le-moi. Pour revenir à toi-même, il faudra que tu te rappelles qui tu es. En cas de besoin, répète ton prénom à haute voix.
Tout en rapprochant mon siège, je cherchai quelque chose de très simple à lui dire, par exemple « Bonjour Sarah ». Je cristallisais ces mots dans mon cerveau et entamais la plongée dans ses yeux verts lorsque je fus surprise de m’entendre dire :
— Tu es si jolie, Sarah !
Je l’avais pensé si fort que les mots jaillirent sans le vouloir de ma bouche. Je me repris :
— Bonjour Sarah.
Puis je parvins à rassembler les bribes de ma conscience sans avoir eu besoin de prononcer mon prénom à voix haute. J’émergeai de cet océan vert, mon regard continuant à nager à sa surface et je répétai plusieurs fois l’exercice jusqu’à y parvenir sans effort. Sarah était très patiente.
C’est seulement à ce moment que je réalisai ce que je lui avais dit et je sentis le rouge monter à mes joues.
— Merci, me répondit-elle. Toi aussi tu es jolie.
Je ne fus plus rouge mais écarlate.
— Désolée, je… c’est l’émotion.
Elle se mit à rire franchement et je l’imitai, un peu pour évacuer ma honte. Redevenant sérieuse, elle me dit :
— Je sens que tu viens d’énoncer quelque chose que tu pensais au plus profond de toi, et aussi ce que cela sous-entend. Ce que je t’ai répondu était également sincère. Mais il ne faut pas confondre désir et amour.
Nous nous sourîmes un peu gênées. Je repensai à une phrase pratiquement similaire que m’avait dite mon grand-père à propos de Romane.
Elle reprit :
— Nous venons juste de nous rencontrer, apprenons à nous connaître. Je te donne déjà mon amitié, si d’autres choses doivent en émerger, elles viendront plus tard.
Je refis une plongée dans l’immensité de ses yeux et y trouvai son amitié indéfectible. À mon tour je lui donnai la mienne.
— Maintenant que nous sommes de vraies amies, je peux te confier un secret à mon propos. Je ne m’appelle pas Sarah, mais Eorelle. Je t’expliquerai un jour pourquoi j’utilise ce pseudonyme, mais pas aujourd’hui, il faut qu’il te reste des choses à découvrir sur moi !
Elle me fit un clin d’œil.
— Eorelle.
Je prononçai son nom avec délectation, comme une friandise qu’il convenait de savourer avec lenteur pour en sentir les arômes délicats. Ce nom étrange lui allait beaucoup mieux. C’est comme s’il la définissait, comme s’il faisait partie intégrante d’elle-même.
— Si tu parles de moi à quelqu’un, ne te trompe pas de prénom : pour toi je suis Eorelle. Quelques rares personnes sont au courant. Pour le reste du monde, je suis Sarah Hildoras. C’est mon nom déclaré à l’état civil de la mairie d’Amalfay.
Son regard se perdit dans les brumes du temps et une mélancolie profonde apparut à la surface de ses yeux sous forme de larmes
— J’ai eu un amour dans ma vie.
— On t’a abandonnée ?
J’utilisai le pronom indéfini ne sachant pas bien où je m’aventurais.
— Elle est décédée. Elle ne m’aurait jamais abandonnée.
Ce fut pour moi une douche froide. Comme elle avait dû souffrir de cette perte !
— Oh je suis désolée !
— Ne le sois pas, ce qui est passé est passé. Mais elle est toujours là dans mon cœur et y sera toujours. Je porterai son deuil toute ma vie. Il faut que tu saches que personne ne pourra la remplacer. Cela ne veut pas dire que je ne pourrai plus aimer, mais elle aura toujours sa place…
Elle revint dans le présent et ajouta :
— Du temps sera nécessaire pour que je puisse accepter quelqu’un d’autre dans ma vie. Si tu veux un jour la partager, ce sera peut-être possible, mais il te faudra être patiente, très patiente. Si tu veux bien. Tu comprendras d’autant mieux quand tu en sauras davantage sur moi.
— Et ça fait longtemps que… ?
— C’est comme si c’était hier, éluda-t-elle.
— Je t’attendrai, Eorelle, autant qu’il le faudra. On vient de se rencontrer comme tu l’as dit, mais je sens en moi que tu en vaux la peine.
— Merci. Toi aussi tu en vaux la peine. Je le sais.
Nous nous regardâmes longuement, le sourire aux lèvres, mais la larme à l’œil. Le silence n’était plus gênant entre nous, il était devenu un instrument de communication.
Au bout d’un instant l’eau bouillante était prête, et elle nous servit l’eau chaude dans laquelle elle plongea des herbes d’un mélange extrait de son incroyable phytothèque. Puis elle prit un pot dans lequel était plongé une cuiller, qui quand elle l’en retira était recouverte de miel. Elle en ajouta une petite quantité dans chaque tasse.
— Une petite touche de douceur.
Elle reprit :
— Ça t’intéresserait d’apprendre à connaître les plantes ?
— Avec toi ?
— Oui, veux-tu bénéficier de mon enseignement ? Je suis experte en botanique, je connais les propriétés de chaque plante de la région.
« Je sais comment elles poussent, de la petite graine que l’on fait germer jusqu’au fruit qui permettra d’avoir d’autres petites graines.
« La forme de leurs racines, ce dont elles ont besoin pour s’alimenter et ce qu’elles apportent à la terre. Leurs maladies et leurs prédateurs ainsi que leurs alliés…
« Je connais également toutes leurs propriétés médicinales ou plus particulières.
— Comme ?
— C’est bien d’avoir une élève qui pose des questions ! Dit-elle en riant.
« Par exemple, les violettes qui sont dans la petite clairière que tu connais. Inhaler leur parfum permet d’avoir de doux rêves. Sache que leur nom est Violetta Oniris elles sont pratiquement identiques à celles qui poussent dans les jardins, mais elles sont plutôt rares. Seul leur parfum permet de les différencier.
Je repensai à mon expérience dans la clairière où j’avais rêvé de Romane. Elle s’interrompit :
— La tisane a fini d’infuser, tu peux boire.
Puis elle continua :
— La mandragore, associée à d’autres plantes comme le millepertuis peut conduire au monde des esprits. Je peux t’enseigner tout cela et la préparation des décoctions, si tu veux.
— C’est d’accord, ça m’intéresse vivement ! Surtout avec toi !
— Cela nous permettra de faire plus ample connaissance.
Je portai la tasse à mes lèvres, c’était encore très chaud, mais le liquide était absolument délicieux.
— Quelles sont les horaires qui te conviennent ? Le week-end ou le mercredi après-midi, lorsque tu n’es pas au lycée ?
— Je peux venir tous les jours, je n’irai plus au lycée. De toute manière, ma vie est liée à cette forêt et l’apprentissage que tu me proposes me conviendra mieux. De plus, mon père veut que j’arrête mes études.
— Ce n’est pas ce que je te conseillerais, mais si c’est ton choix je l’accepte. Tu vas quand même vouloir des moments de liberté. Je te libère le week-end et tous les après-midi, ma jeune apprentie sorcière ! Dit-elle avec un clin d’œil. Mais cela ne t’empêche pas de venir me voir quand tu veux. Tu es la bienvenue. Tu avais encore beaucoup de questions à me poser je crois…
— Elles attendront, je vais découvrir tout cela en temps et en heure avec toi.
Nous restâmes encore un moment sans parler. Nous finîmes tranquillement nos tasses, moi en l’aspirant bruyamment comme j’en avais l’habitude. Elle me regardait d’un air amusé. Pas comme ma mère qui prenait une mine sévère et agacée dans ces moments-là. Ici, pas de contraintes inutiles.
Après cette tisane, je ne pourrais plus jamais dire qu’il s’agit d’un breuvage pour personnes âgées.
Lorsque nos tasses furent vides elle me rappela à la réalité :
— Nous devons désormais nous atteler à la tâche. Tout d’abord nous devons occuper du jardin, puis préparer le repas, et comme tu m’as retardée, ajouta-t-elle avec un sourire en coin, nous préparerons les tisanes pour Bernard en début d’après-midi seulement.
Nous nous rendîmes alors dans le jardin. Nous commençâmes par observer l’ensemble. Elle réfléchit à ce qu’il fallait faire ce matin tout en m’en expliquant les raisons et en m’enseignant ensuite la manière.
Elle travaillait sans outils, avec les mains. Cette façon de faire était tout à fait nouvelle pour moi, mais j’appréciai immédiatement. Le contact physique avec la terre, avec les plantes, avait quelque chose de puissant et vivifiant.
Je ressentais, en travaillant avec mes mains la réalité de la vie que je manipulais : les racines, les tiges, les fleurs. Tandis qu’avec des outils on se contente d’arranger les choses grossièrement, avec les doigts on travaille avec délicatesse et précision.
Elle m’expliquait chaque opération, et nous nous mîmes conjointement au travail, discutant et riant beaucoup. Ma place était bien plus ici à ses côtés que sur les bancs de l’école.
Nous fîmes ensuite quelques récoltes pour le repas de midi, et nous rendîmes en cuisine où je travaillai sous sa direction bienveillante.
En attendant que le plat cuise, nous reprîmes nos places dans les fauteuils en osier.
— Tu vois, je ne me fatigue pas trop, j’ai tout le temps pour faire les choses. Ce n’est pas comme les citadins qui n’ont jamais de temps pour rien ! Ici on fait les choses au rythme de la nature.
— Puis-je te parler du traumatisme que tu as aperçu lorsque tu m’as sondée ?
— Bien sûr ! Je suis là pour toi.
Elle me regardait avec une tendresse non feinte.
— Merci. C’est à cause de mon père. Il souhaite tout diriger, tout régenter. Alors hier, il a annoncé qu’il voulait me faire arrêter le lycée, m’obliger à travailler comme caissière dans un supermarché… Ensuite, il veut me marier pour se débarrasser de moi et avoir de meilleures relations avec des gens dont je ne sais rien.
— Oh ! Je vois. On nage en plein Moyen Âge.
— Ensuite je me suis énervée, je lui ai rétorqué que s’il mettait son plan à exécution, j’irais voir la police. Puis il a voulu me frapper. Ma mère s’est interposée et c’est elle qui a reçu le coup.
— Cet homme est un monstre !
— Ensuite ma mère a parlé de divorcer pour nous protéger toutes les trois, avec ma sœur Lydia. Elle a bien raison.
— Je suis d’accord avec toi. Je ne vous laisserai pas tomber : ni l’une, ni l’autre, ni ta petite sœur. Si la situation devait empirer, vous pourrez venir chez moi. On fera de la place.
— Tu es une personne adorable.
— Tu sais, je connais ta mère, Hélène. Elle a été l’apprentie d’Elizabeth, elle venait le mercredi après-midi. Elle aimait bien travailler ici, mais ton père lui a interdit de venir. Il disait que ça ne lui rapporterait pas d’argent ou que cette sorcière allait la pervertir. Qu’allais-je donc lui faire ?
— Tu connais presque toute la famille alors ! Connais-tu ma grand-mère paternelle ?
— Ton grand-père m’en a parlé un jour. Ils ne s’entendaient pas du tout. Il n’y avait pas eu de violence, mais elle avait des vues productivistes que lui n’avait pas. Ils n’avaient pas de points communs. C’est la raison pour laquelle ils n’ont eu qu’un enfant.
« C’est elle qui a contaminé ton père avec ses idées nauséabondes. Peut-être aurait-il été ainsi de toute manière. Puis quand son fils a atteint une vingtaine d’années elle a disparu du jour au lendemain. Personne n’en a jamais retrouvé la trace. La gendarmerie s’est occupée des recherches, Bernard a même été accusé de meurtre, mais en l’absence de preuves ils ont fini par le relâcher.
— J’ignorais ces faits, merci de me l’avoir raconté. Mon grand-père n’a pas trouvé la force de m’en parler. Je suis sûre qu’il ne ferait pas de mal à une mouche…ni même à une vipère !
Elle se leva pour aller chercher le repas qui devait être prêt. De mon côté je pris des ustensiles pour mettre la table. Tout était en bois, même les lames des couteaux qui étaient semble-t-il taillées dans un bois très dur et sculptées de petites dents.
Ce repas en tête à tête fut des plus agréables. Le plat était délicieux et mon vis-à-vis était la personne la plus adorable que j’aurais pu imaginer. Rien à voir avec les sorcières dont parlait internet ou encore moins celles de mon rêve !
Le début de l’après-midi se passa dans la préparation des tisanes destinées à Grand-Papa. Elle avait la plupart des ingrédients sous la main, mais nous dûmes parcourir quelques centaines de mètres pour aller cueillir de la valériane. En fait de remède, il y en avait trois différents. Un pour le matin, bien vivifiant, un pour le déjeuner auquel elle ajoutait un peu de verveine et de menthe pour la digestion, et un troisième pour le dîner avec une touche de valériane pour bien dormir.
— La valériane doit être dosée avec précision, car en grande quantité, elle constituerait un poison mortel.
Lorsque tout fut prêt, nous dûmes nous séparer. J’allai chercher mon sac et y fourrai les diverses décoctions. Quand j’en sortis la tête, je vis qu’elle me tendait une petite fiole où il était indiqué : Essence de Violetta Oniris. Je la glissai bien précautionneusement avec le reste.
— Pour avoir de doux rêves me rappela-t-elle, comme si j’avais pu oublier.
— Merci.
— Accepterais-tu une bise amicale ?
Je m’approchai d’elle, lui tendis ma joue et nous nous fîmes la bise avec application et délicatesse. Sa peau était d’une douceur incroyable, comme le vent caressant les blés. Je tentai de garder la sensation de son baiser, mais comme le vent, elle s’était déjà envolée. Je conservai néanmoins ancrée en moi son odeur, rappelant celle d’un matin de printemps.
Je commençai à prendre le chemin du retour, mes tisanes dans mon sac et de nombreux conseils d’experte dans la tête.
— Demain sept heures, ça te va Margaux ?
Je me retournai pour lui répondre avec un large sourire :
— Parfaitement ! Bonne journée Eorelle, à demain !
Après un dernier geste de la main, je repris mon chemin. En m’éloignant, je commençai à réaliser tout ce qui s’était passé aujourd’hui. En plus des tisanes qui soulageraient Grand-Papa, j’avais trouvé une amie, peut-être l’amour, et j’avais aussi appris un grand nombre de choses sur ma famille. Je ne savais pas laquelle de ces informations me bouleversait le plus.
Mais j’avais également vu et entendu des choses dont je n’aurais pas soupçonné l’existence réelle : sorcières, fantômes, esprits.
Et la journée n’était pas encore finie !
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Chers lecteurs : Désolé mais j’ai dû faire une republication. Je vous explique pourquoi.
Je suis au lit avec le COVID, et comme j’ai un peu mal à la gorge cette nuit je me suis pris à penser au miel, grogs, infusions au miel… Et qui dit miel, dit : abeilles…. Evidemment !
Et que vaudrait une permaculture sans abeilles ?
J’ai hâte de lire la suite, toujours aussi bien écrit.
Merci Claudia
De rien et bon rétablissement.
Bravo Haldur d’Hystrial, tu as un don incroyable pour la description, et la faculté de nous plonger en deux secondes au milieu de ta forêt enchantée, en compagnie de la jolie Sarah-Eorelle, j’adore !!!
Bon, soigne-toi bien quand même (avec du miel et de délicieuses décoctions !) et donne-nous vite la suite !
C’est toujours agréable de te lire, ton texte est fluide et j’adore les descriptions que tu fais. Je sens que tes personnages évoluent et j’ai hâte de connaitre l’évolution de la relation entre Eorelle et Margaux!
Ca va venir, je viens d’écrire le premier jet du chapitre 11 et je peux affirmer qu’il y a du changement. Mais il faudra attendre que tout soit bien fixé et que les fautes disparaissent.
Thomas: on attend ta suite !
De ce lieu enchanteur, toutes les senteurs des plantes bienfaitrices nous parviennent et nous enivrent de la plus belle des manières. Un délicieux chapitre de belles promesses…
Merci