Sombre Altéré (l’aventure surnaturel)

17 mins

Prologue

Les rues d’Acajolia étaient bondées en cette soirée du 31 octobre 2023. La petite bourgade, lovée à l’est du continent de Pomme d’O., était réputée pour ses terres accidentées et sauvages, entourées par d’immenses chaînes de montagnes lui donnant l’apparence d’une forteresse imprenable.

Cette apparence de forteresse imprenable donnait à Acajolia un charme mystérieux, mais la rudesse de son environnement en faisait l’une des terres les moins habitables. Seuls trente mille courageux habitants avaient décidé de s’y établir, bravant les éléments hostiles pour y vivre leur vie.

 Au cœur de ce majestueux massif montagneux se blottissait un joyau cristallin : le lac Farine.

Ses eaux scintillantes reflétaient les sommets enneigés qui s’élevaient fièrement tout autour de la ville, témoin de leur grandeur.

Alors que les cloches sonnaient les neuf coups fatidiques, la ville semblait festive. Mais bientôt, quelque chose allait changer.

… Un événement se préparait, et personne ne s’en rendait compte.

Ce soir-là, il était 21 h 30 quand les rues d’Acajolia se paraient de couleurs sombres et inquiétantes, les façades des maisons se paraient de toiles d’araignées et de citrouilles sculptées…

C’était Halloween, la fête sacrée des habitants de la ville, une soirée où il était de coutume de se réunir avec ses semblables pour célébrer l’obscurité et les mystères de la nuit. Dans chaque foyer, on préparait des friandises et des décorations en quantité, car la réussite de cette soirée était primordiale. Les enfants se déguisaient en sorcières, en vampires ou en fantômes, impatients de parcourir les rues de la ville à la recherche de bonbons et de frayeurs. Mais pour les adultes, c’était une soirée plus subtile, où les jeux de lumière et les déguisements élaborés rivalisaient d’ingéniosité.

Les conversations tournaient autour des histoires de fantômes et de légendes urbaines, dans une atmosphère électrique et empreinte de mystère. Car pour les habitants d’Acajolia, Halloween n’était pas seulement une fête, c’était une occasion de renouer avec les traditions ancestrales et de célébrer le pouvoir de l’obscurité. C’était un moment où chacun pouvait se reconnecter avec la part de mystère qui sommeillait en lui, et s’immerger dans l’ambiance unique de cette soirée magique.

Alors quela nuit tombait doucement sur la ville, les rires et les cris résonnaient dans les rues, mêlées aux bruits de pas feutrés et de portes qui grinçaient.

Chapitre 1: Le saut

Au quartier de Pouding Hills, une maison se dressait à l’écart des autres, telle une sentinelle solitaire. Elle était composée de quatre chambres à l’étage et d’un grenier, et était faite de briques rouges qui lui conféraient une aura de robustesse et de durabilité. Son entrée était couronnée de mauvaises herbes, qui semblaient s’accrocher désespérément à cette maison isolée.

C’est dans cette maison que vivait la famille Winskham (Vinskam). Les lumières étaient éteintes dans la plupart des pièces, sauf une, qui n’avaient pas de fenêtre et dont le mur semblait être en papier. Cette pièce mystérieuse dégageait une aura singulière.

Les rumeurs allaient bon train dans le quartier de Pouding Hills à propos des Winskham. Certains racontaient qu’ils étaient des êtres étranges, qui ne sortaient que la nuit et ne parlaient à personne. D’autres prétendaient que cette famille était victime d’une malédiction, qui les condamnait à vivre dans l’obscurité et le silence.

Mais malgré ces rumeurs inquiétantes, la maison des Winskham continuait de se dresser fièrement dans le quartier de Pouding Hills, telle une énigme irrésolue qui suscitait l’attention et la curiosité des habitants. Et peut-être que cette mystérieuse pièce sans fenêtre, derrière son mur en papier, cachait des secrets plus surprenants encore que ceux que l’on imaginait…

En y regardant de plus près, une lumière étrange et blanchâtre se dégageait de la mystérieuse pièce sans fenêtre. La maison semblait vide et abandonnée. Au salon,

aucun meuble à l’exception d’un vieux tabouret dont l’âge était indéfinissable et d’une lampe de chevet posée au sol. La machine à laver tournait sans relâche, produisant un bruit régulier et lancinant.

Il faisait sombre, très sombre, et le silence était rompu uniquement par les ronflements provenant de l’étage supérieur. Ces ronflements semblaient venir de la chambre parentale, d’où une voix se faisait entendre :

— « Chut… ! »

— « Fais moins de bruit ! »

— « j’ai entendu des bruits dans la maison. »

Ces quelques mots étaient échangés dans un murmure, comme si leur auteur craignait d’être entendu. Tout était calme, trop calme, comme si le temps s’était arrêté dans cette maison.

Face à cette chambre se trouvait un couloir sombre et lugubre, parsemé de masques effrayants provenant de cultures diverses. Leur apparence était si terrifiante que leur simple regard suffisait à traumatiser une personne pour le restant de sa vie.

Au bout du couloir se trouvait un mur, orné d’un papier peint déchiré qui cachait une porte bloquée par des chaines cassées. Sur la porte, une inscription en une langue étrange intriguait.

La pièce derrière la porte laissait échapper une lumière blanche et un gaz rougeâtre. Elle était l’unedes rares pièces éclairées, avec une chambre voisine partiellement ouverte,illuminée par la lueur douce de la lune. Cette lueur révélait la silhouette d’un arbresur le mur du couloir. Une fois à l’intérieur, on y découvrait un bureau en désordre, complètement saccagé.

Parmi les objets éparpillés, on pouvait apercevoir un livre émettant une lumière blanche au milieu de la pièce. Le livre était en très mauvais état et semblait avoir été abandonné depuis des années. La couverture était faite d’un assemblage d’écorces et de peaux d’animaux, et les pages étaient en grande partie vierges à l’exception d’une seule où l’on pouvait lire « On se reverra de l’autre côté ». Le texte commençait à s’effriter et à disparaître peu à peu. Le silence pesant de la pièce, les masques effrayants dans le couloir, l’arbre sur le mur et le livre mystérieux créaient une atmosphère oppressante et inquiétante.

Les Winskham, cachés dans leur chambre, ressentaient la même impression de peur et de tension qu’on peut ressentir dans un film d’horreur. Leur respiration devenait haletante et rapide. Ils n’osaient pas bouger ni même parler, de peur d’attirer l’attention de quelque chose.

Soudain, un grondement sourd se fit entendre. C’était comme si quelque chose venait de se réveiller, quelque chose qui se tapissait dans l’ombre depuis des siècles.

La lumière blanche du livre devenait de plus en plus intense, illuminant toute la pièce d’une lueur éclatante. Les pages se tournaient toutes seules, comme si une force invisible les manipulait.

Les Winskham commençaient à paniquer. Ils avaient l’impression d’être prisonniers dans leur propre maison, sans aucun moyen de s’échapper de cette situation cauchemardesque.

… Soudain, le livre s’arrêtait de se feuilleter et se refermait brusquement, envoyant une onde de choc dans toute la maison. Tout s’arrêtait alors, la température redevenait normale, et la lumière blanche s’éteignait.

Depuis leur chambre, les Winskham se regardaient, ne sachant pas quoi faire ni quoi dire. Ils avaient le sentiment que quelque chose de très mauvais venait de se passer, mais ils ne pouvaient pas l’expliquer.

Pendant ce temps, la pièce mystérieuse s’était rescellée, mais quelque chose avait été libéré dans l’atmosphère. Quelque chose de sombre et inconnu, qui commençait à se propager silencieusement à travers la ville.

Peu à peu, les gens commencèrent à remarquer des changements dans leur comportement. Des pensées étranges et obscures envahissaient leur esprit, et ils se sentaient épuisés et apathiques, comme s’ils étaient pris au piège d’un cauchemar sans fin. Puis ils s’effondraient.

Le lendemain matin, les habitants d’Acajolia se réveillèrent désorientés sans aucun souvenir de la nuit précédente. Pour certains, ces souvenirs étaient flous, mais personne ne se rappelait vraiment ce qui s’était réellement passé. Pourtant, quelque chose avait changé dans la ville.

Les rues semblaient plus sombres et plus froides, les arbres avaient perdu leurs feuilles et les fleurs semblaient fanées. Les oiseaux ne chantaient plus et le ciel était d’un gris étrange.

Les gens commencèrent à s’apercevoir que quelque chose clochait. Les plus sceptiques expliquaient que c’était simplement la météo qui avait tourné au mauvais temps, mais d’autres étaient persuadés qu’il se passait quelque chose d’étrange. Certains affirmaient avoir vu des ombres dans les rues la nuit précédente, d’autres disaient avoir entendu des voix étranges.

Les jours passèrent et les événements étranges se multiplièrent. Les lumières clignotaient, les télévisions s’allumaient toutes seules et les portes s’ouvraient et se fermaient sans raison apparente. Les gens commencèrent à se barricader chez eux, terrifiés par ce qui se passait dans leur ville.

Et puis, un jour, la ville fut plongée dans une obscurité totale. Les lampadaires ne fonctionnaient plus, les voitures ne pouvaient plus circuler et les habitants étaient perdus dans le noir. C’est alors que les cris commencèrent à retentir. Des cris de terreur, des cris de douleur, des cris de mort.

Et c’est ainsi qu’Acajolia sombra dans le chaos. Les habitants étaient pris au piège dans leur propre ville, terrorisée par des forces qu’ils ne pouvaient comprendre.

—————————————————————————————————

Les rayons du soleil pénétraient le bureau, illuminant chaque recoin de la pièce.

Ils caressaient les étagères de livres, les bibliothèques en bois sombre et les papiers épars sur le bureau encombré. Mais ils s’attardaient surtout sur une forme sombre, allongée sur le sol. Une silhouette féminine, inconsciente, gisait au milieu des décombres. La poussière flottait dans l’air, se mélangeant aux rayons de soleil pour créer un spectacle étrange et féerique. Le silence régnait, seulement brisé par le tic-tac régulier d’une horloge ancienne.

Soudain, un bruit sourd se fit entendre. Quelque chose tombait brusquement de l’extérieur, fracassant les branches des arbres en contrebas. Une autre silhouette, cette fois masculine, venait de s’écraser dans un tas de feuillage.

Plusieurs jours passèrent, plus précisément trois jours. Des jours durant lesquels plusieurs intempéries s’enchainaient. La pluie martelait les vitres, la neige recouvrait le sol, la canicule faisait fondre les flaques.

Pendant tout ce temps, la silhouette féminine restait inerte, sans vie. On aurait pu croire qu’elle avait succombé à sa chute, mais non. Soudain, elle se réveilla en sursaut, comme si elle sortait d’un cauchemar qui aurait duré des années.

Elle cligna des yeux, cherchant à comprendre ce qui s’était passé. Elle se souvenait d’avoir entendu quelque chose s’écraser dans les feuilles, et les saisons qui s’étaient succédé. Mais tout cela semblait si lointain, si étranger à présent.

Elle se redressa lentement, sentant ses membres engourdis. Elle observa autour d’elle,tentant de se repérer dans le chaos qui l’entourait.

Mais tout était différent, tout avait changé. La première pensée qui lui vint en tête était qu’elle n’était plus dans le bureau des Winskham. Elle se sentait étrangère cet endroit.

Elle se mit à chercher des indices, à fouiller dans sa mémoire pour tenter de reconstituer les événements qui l’avaient amené ici. Mais rien ne faisait sens.

Tout était flou, incohérent.

— …

« Aie… » murmura-t-elle, en se frottant le bras avec douleur. Elle avait cogné celui-ci contre une étagère mal fixée, qui avait cédé sous son poids.

Elle se redressa, regardant autour d’elle avec mépris. Le sol était jonché de détritus, de papiers froissés, de livres éparpillés. Elle soupira, secouant la tête avec dédain.

« Qui peut bien vivre dans une porcherie pareille ? » se demanda-t-elle à voix haute.

Elle ne pouvait imaginer que quelqu’un puisse tolérer un tel désordre.

Elle se mit alors à chercher quelque chose, sans vraiment savoir ce qu’elle cherchait.

Mais elle avait l’impression que c’était important, vital même. Elle tournait la tête de gauche à droite, inspectant chaque recoin de la pièce, à la recherche d’un indice.

Elle commença par fouiller le tas de livres qui traînaient sur le sol, les écartant avec impatience. Puis elle se leva, décidée à chercher dans les bibliothèques qui étaient toujours debout. Mais rien n’y fit, elle ne trouvait pas ce qu’elle cherchait.

Elle s’énerva alors, frappant le mur de rage. Elle balança des livres dans tous les sens, vidant le bureau juste en face d’elle d’un revers de la main. Dans son mouvement brusque, elle sentit une lumière chaleureuse et intense qui lui brûla la peau. Elle se retourna pour savoir d’où venait cette lumière étrange, qui semblait pénétrer la pièce à travers une espèce d’espace translucide dans le mur.

Elle était étonnée, car cette salle était dépourvue de fenêtres, et elle se demandait comment cette lumière avait pu arriver jusqu’ici.

« Cette salle est flippante, » murmura-t-elle à voix haute, en regardant autour d’elle avec une certaine appréhension.

« Mais je connais quelqu’un qui aimerait admirer ce genre de phénomène. » Elle se

souvient alors d’une chose importante, quelque chose qui lui avait échappé jusqu’à présent. Mais son souvenir était encore flou, confus, comme s’il avait été enfoui dans sa mémoire depuis des années.

« Pourquoi je ne m’en souviens pas ? » se demanda-t-elle, un peu frustrée.

Elle se dirigea alors vers la porte, décidée à sortir de cette pièce étrange. Elle toucha la poignée, mais s’arrêta net pendant quelques secondes, comme si elle hésitait à franchir le seuil.

Puis elle se mit à sourire, comme si elle avait retrouvé quelque chose de précieux.

« Je me souviens de ce que je cherchais, » dit-elle à voix haute, presque surprise par sa propre découverte.

« John ! »

Elle avait soudain le souvenir que John, son ami d’enfance, lui avait piqué sa tarte préférée, une délicieuse tarte à la pomme qu’elle avait préparée avec soin.

La poignée grinça lorsqu’elle la tourna, à sa grande surprise, la poignée se brisa net dans sa main. Puis la porte disparut, pour faire place à un mur lisse, aussi froid et impersonnel qu’un carreau de céramique.

Elle était maintenant piégée dans cette pièce mystérieuse, sans aucune issue apparente.

Elle se mit à hurler de frustration, sachant qu’elle était coincée dans cette pièce sans savoir comment en sortir. Les murs semblaient se rapprocher d’elle, l’étouffant lentement. Elle commença à paniquer, cherchant une issue, une échappatoire. Mais la salle était comme une prison, l’emprisonnant sans pitié.

Elle se mit à courir en rond, essayant de trouver un moyen de sortir.

Soudain, elle entendit un bruit sourd derrière l’un des murs. Elle s’approcha lentement, puis frappa dessus avec force. Le mur commença à trembler, puis s’effondra brutalement. Elle se retrouva face à un couloir sombre et étroit, menant vers l’inconnu.

Sans hésiter, elle s’engagea dans le couloir, le cœur battant la chamade. Les murs semblaient se refermer sur elle, la laissant dans un étroit passage sans fin.

Elle avançait à tâtons, essayant de trouver un moyen de sortir. Soudain, elle vit une lueur au loin, une lumière qui brillait faiblement dans l’obscurité.

Elle accéléra le pas, se rapprochant de plus en plus de la lumière. Enfin, elle arriva àune porte massive, ornée de symboles étranges. Elle posa la main sur la poignée et la tourna doucement. La porte s’ouvrit dans un grincement sinistre, laissant entrevoir une pièce sombre et mystérieuse.

Elle s’avança lentement scrutant chaque recoin de la pièce et se rendit compte qu’elle était revenue dans le bureau. Soudain, elle entendit un bruit derrière elle.

Elle se retourna le cœur battant la chamade, pour voir une ombre massive se dresser devant elle. Elle voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

Au même moment où l’aube pointait timidement à l’horizon, l’homme gisait inconscient dans un creux au-dessus des feuillages. Son sommeil avait été agité, entrecoupé de rêves étranges et de cauchemars oppressants où il avait fini par tomber dans le feuillage en contrebas.

Lorsqu’il finit par ouvrir les yeux, la première chose qu’il remarqua fut la douleur qui lui martelait le crâne. Comme si une armée de lutins avait décidé de jouer du tambour à l’intérieur de son cerveau. Ses paupières, lourdes comme une plaque de métal, semblaient collées l’une à l’autre, et il dut faire un effort surhumain pour les ouvrir enfin.

Le monde lui apparut alors flou, comme si une épaisse brume s’était soudainement installée autour de lui. Il cligna les yeux, espérant enlever cette sensation désagréable, mais rien n’y fit. Ses oreilles lui sifflaient aussi, comme si un orchestre invisible avait décidé de jouer un air de violons infernal juste à côté de lui.

Il tenta de bouger, de se lever, mais ses membres semblaient engourdis, inutilisables. Comme si quelque chose avait endormi ses muscles. Il se rappela alors la chute, la neige qui s’était effondrée sur lui, la pluie qui avait creusé un trou dans lequel il avait fini par s’enfoncer.

Les heures passèrent, interminables, marquer par les mêmes intempéries qui avaient provoqué sa mésaventure. Le trou, qui avait été son abri, était devenu une fosse profonde de trois mètres, un véritable piège dans lequel il était tombé sans pouvoir en sortir. Il se sentait comme pris au piège, emprisonné dans cette terre qui avait décidé de l’avaler tout cru. Malgré tout, il savait qu’il devait se lever, sortir de cette tombe improvisée. Et c’était tout ce qui comptait.

Dans ce monde étrange et imprévisible, le temps était un adversaire insaisissable. Il était capable de frapper comme un coup de fouet, passant d’un extrême à l’autre en un instant. Il avait été pris au dépourvu, figé dans une position immobile pendant cinq heures. Cinq heures qui semblaient s’étendre à l’infini, comme si le temps s’était arrêté.

Pourtant, comme un phénix qui renaît de ses cendres, il commença à sentir la vie revenir en lui. Il ressentit la chaleur de la lumière qui effleurait ses paupières, une sensation de réconfort qui le ramena doucement à la réalité. Puis vint le son, doux et mélodieux, du chant des oiseaux et du bruissement des feuilles des arbres qui s’agitaient au gré du vent. Soudain, un cri perçant déchira ces doux sons mélodieux qu’il écoutait, ressemblant à celui d’un corbeau.

Une voix familière accompagnait cet horrible son, bien qu’il eût du mal à la reconnaître. La lumière qui jaillit devant ses yeux était si éblouissante qu’il peinait à les ouvrir. Elle finit toutefois par s’atténuer pour laisser place à l’obscurité et à l’humidité ambiante. Il savait qu’il devait sortir de ce trou au risque d’être condamné. Soudain, il sentit une sensation désagréable au niveau de sa tête, comme si quelqu’un tentait de lui arracher les cheveux de force. Puis, quelque chose coula sur son visage, un liquide ou peut-être de l’eau, il ne pouvait le dire avec certitude.

Dès que sa vue commençait à lui revenir, il vit une créature étrange d’environ soixante centimètres de hauteur, ressemblants à un oiseau, doté de dents acérées et d’un bec ensanglanté. Ses yeux étaient d’un rouge écarlate, et il avait l’impression de voir de la fourrure sur son corps. Cependant, la confusion apparente de sa vision ne lui permettait pas d’être certain de ce qu’il voyait.

Cette créature était probablement issue d’une expérience qui avait mal tourné.

Elle le frappa violemment au front avec son bec, qui était aussi dur qu’une pierre. Le coup fut si violent que cela sembla comme si elle essayait de l’assommer pour continuer à le grignoter. Mais dans son état, il ne faisait pas attention à cela.

Il était dans un état second, presque anesthésié, lorsque la voix familière retentit à nouveau. Il reconnut aussitôt le nom « John Winskham » et entendit des injures et des menaces à peine compréhensibles. Mais qui était donc cette personne qui parlait avec tant de colère de John ?

Il ouvrit à nouveau les yeux, cherchant à se remettre de cette série d’événements surréalistes qui avait eu lieu. Son corps était endolori, ses vêtements déchirés et ensanglantés. Il regarda autour de lui et vit une fenêtre brisée.

Il vit une télévision se faire éjecter par la fenêtre. La télévision qui avait été éjectée avait fini en miettes, éparpillées sur le sol, et l’oiseau préhistorique qui l’avait attaqué gisait à ses côtés dans une mare de liquide brunâtre.

Il frissonna à la vue de cette substance, mais il ne pouvait pas s’empêcher de se demander ce que c’était.

Son seul compagnon, qui fut à ses côtés depuis le début, venait de partir.

Son cœur se serra alors qu’il réalisait qu’il était seul, livré à lui-même dans cet endroit sombre et inhospitalier. Il entendit à nouveau la voix familière, cette fois-ci plus clairement.

Soudain, un autre son se fit entendre, plus terrifiant encore que le précédent. Un grondement sourd émanait de la salle d’où avait été expulsé le téléviseur. Il eut l’impression qu’un grizzly tout droit sorti de sa tanière s’apprêtait à fondre sur lui. Malgré son immobilité, il pouvait papilloter ses yeux et il observait autour de lui.

En haut à gauche, il aperçut une maison qui semblait être à l’origine du bruit. Autour de lui, la paroi de sa tombe était remplie de vers de terre étranges, qu’il n’avait jamais vus auparavant. Ils étaient recouverts d’une fourrure noire et leur queue s’étendait en X.

Le ciel au-dessus de lui était couvert d’une étrange couleur vert – bleute-violacée, qui lui faisait penser à une aurore boréale. Pourtant, il savait que ce n’était pas possible, car il n’était pas dans les régions polaires.

La question qui restait en suspens était : où étais-je ? Et surtout, comment avais-je atterri dans cet endroit étrange ?

Il se trouvait cloué sur un tas de feuilles dans un trou de trois mètres de haut, entouré d’un paysage désertique. Autour de lui, des meubles sortaient par la fenêtre, comme s’ils avaient été jetés là sans raison apparente. Et pour couronner le tout, l’oiseau était mort. Une odeur horrible se dégageait de sa carcasse.

Il levait les yeux vers le ciel menaçant, essayant de comprendre ce qui se passait. Était-ce un rêve ? Une hallucination ? Où avais-je réellement été transporté dans un passage interdimensionnel, vers un monde inconnu et dangereux ?

La seule chose dont il était sûr, c’est qu’il devait trouver un moyen de sortir de ce trou et de découvrir où il était. Il essayait de mouvoir ses bras et ses jambes, essayant de vérifier si son corps voulait bien répondre à ses ordres.

Après quelques instants d’effort, il sentit ses membres s’animer à nouveau, un soulagement immense l’envahit.

« Enfin, ils réagissent », se disait-il en souriant.

Il se mit debout, essayant de trouver une issue à sa situation désespérée. Il regarda autour de lui, cherchant un moyen de sortir de ce trou. C’est alors qu’il aperçut une paroi fragile et glissante, qui semblait être le seul moyen de sortir.

Sans hésitation, il commença à escalader la paroi. Il réussit à atteindre le sommet, mais elle se détacha brusquement, le faisant retomber au fond du trou.

Il tenta une deuxième fois, mais encore une fois, il échoua. Il réessaie une troisième fois, mais il est de nouveau pris de court. C’était une situation désespérée, mais il refusa de se laisser abattre. Il persévéra et tenta des centaines de fois de grimper la paroi, malgré les cris assourdissants du grizzly qui ne cessait de hurler en arrière-plan. Les hurlements brisaient les pics de la paroi qui dépassaient, auxquels il essayait de se raccrocher. Cependant, malgré les difficultés, il ne cessa pas d’essayer. Il était déterminé à sortir de ce trou, coûte que coûte.

Après des heures de chutes et de tentatives infructueuses pour escalader la paroi, il ne perdait pas espoir. Il avait arrêté de compter le nombre de fois où il était tombé, mais il se relevait à chaque fois, déterminé à sortir de ce trou.

C’est alors qu’il tomba sur quelque chose de surprenant.

Pendant ses chutes, il avait remarqué qu’il tombait sur quelque chose de dur, comme de l’acier. Mais il n’y avait pas prêté attention, trop focalisé sur son objectif de sortir du trou. Lors de sa dernière chute, il se décida enfin à chercher ce sur quoi il tombait à chaque fois. Il découvrit alors l’oiseau mort, qu’il commença à dépecer. Il se munit des os de ses pattes, se disant qu’ils pourraient peut-être lui servir pour affronter la paroi qui lui était alors infranchissable.

Avec les os de l’oiseau, il commença à escalader la paroi.

Il s’accrocha fermement aux os et grimpa de plus en plus haut. Enfin, après un effort surhumain, il atteignit le sommet de la paroi.

Le soulagement qu’il ressentit était indescriptible. Il avait réussi. Il était sorti de ce trou infernal. Il resta quelques instants à contempler le paysage qui s’étalait devant lui, respirant profondément l’air frais de la liberté retrouvée.

Il avait l’impression d’être transporté dans un autre monde, un monde où la beauté était à son apogée. Il s’avançait sur la pelouse avec précaution, comme s’il craignait de piétiner une œuvre d’art. Les herbes étaient douces sous ses pieds, comme s’il marchait sur un tapis moelleux. Il ne pouvait s’empêcher de s’émerveiller devant la vue qu’il avait sous ses yeux. Encore sous le choc de ce qu’il venait de découvrir.

Il avait l’impression d’être dans un rêve éveillé, dans un monde de fantaisie où tout était parfait.

Il caressait l’herbe, qui était d’une douceur telle qu’il ne pouvait la décrire, une sensation totalement inconnue pour ses sens. Imaginez-vous allonger sur un lit de soie tissé par une araignée les herbes, avec une coloration rose aux pieds et bleu clair au pic, sous une brise marine sans la présence de l’océan, étant donné qu’aucun cours d’eau n’était perceptible à des kilomètres à la ronde. Il ne pouvait pas s’empêcher de se demander où il était et comment il était arrivé là.

Il y avait un champ bordé d’arbres fruitiers, de fleurs sauvages et de plantes exotiques.

Il se dirigea vers le pommier au milieu du champ et se mit à le contempler. Les pommes étaient rouges et mûres, prêtes à être cueillies. Il prit une pomme et la mordit à pleines dents, s’attendant à sentir le jus couler dans sa bouche, mais rien ne se passa. C’était comme s’il mâchait de l’air.

Il levait les yeux et observait l’horizon, qui s’étendait à perte de vue. Il ne voyait aucun signe de civilisation, à part cette maison qu’il avait aperçue plutôt. Une maison en bois massif, construite dans un style rustique, mais élégant, avec une véranda à l’avant et une cheminée qui fumait doucement.

C’était comme si rien de ce qu’il avait connu auparavant ne pouvait se comparer à cet endroit.

Des questions se bousculaient dans sa tête, sans réponse. Le ciel,quant à lui, commença à changer de couleur pour devenir un dégradé de nuances allant du violet au bleu nuit, en passant par le magenta et l’orange. Les lumières qui apparurent soudainement dans le ciel commencèrent à scintiller, il supposait qu’il s’agissait d’étoiles, suivies par l’apparition d’un croissant lunaire d’un blanc éclatant.

« La nuit tombe, il est peut-être temps pour moi de rentrer et de découvrir qui sont

ces individus qui ont fait tant de bruit depuis que je me suis réveillé », pensa-t-il.

Il se mit à marcher vers la maison, avec les os de l’oiseau préhistorique toujours en main, ignorant les douleurs dans son corps après toutes ces chutes. Il restait sur ses gardes en cas de danger. Il ne savait pas ce qui l’attendait à l’intérieur. Il approchait de la porte d’entrée, et pouvait sentir une douce odeur de fleurs embaumant l’air.

Il remarqua un panneau en bois sur lequel était écrit « Bienvenue ». Il frappa à la porte et attendit, mais personne ne répondit. Il essaya alors de tourner la poignée et la porte s’ouvrit, comme si elle avait été laissée ouverte pour lui. Il avait peur de s’introduire dans la maison sans permission, mais il était désespéré et avait besoin d’aide.

Alors il ouvrit la porte avec précaution et pénétrait dans la maison. Il était ébloui par la beauté des lieux. Il entra et fut accueilli par une chaleur agréable provenant du feu dans la cheminée, il y avait une douce musique qui flottait dans l’air. Il se déplaça lentement dans la maison, admirant les meubles et les décorations en bois sombre qui semblaient sortir d’un autre temps. Il était étonné de voir que tout était en parfait état, comme s’il était dans une maison de poupées.

Il ne pouvait s’empêcher de se demander qui pouvait bien vivre ici, dans ce lieu étrange et isolé.

Il marchait à travers le salon, admirant chaque détail. Il se sentait à la fois émerveillé et terrifié. Il avait trouvé un havre de paix dans un monde inconnu, mais il ne savait pas ce qui allait se passer ensuite. Devant lui se trouvaient un paillasson et un vieux livre ouvert.

Il s’approcha pour lire le titre : « Journal du voyageur temporel des Sagitariums ».

Il ne pouvait pas croire ce qu’il lisait. Était-ce possible qu’il ait voyagé à travers un Sagitarium  ? Il regarda autour de lui, cherchant des réponses, mais il ne trouva rien. Il se mit à lire le journal, avide de connaître l’histoire de cet étrange endroit et de son mystérieux propriétaire. Il découvrit que la maison avait été construite par le voyageur temporel du Sagitarium qui avait atterri ici il y a des années de cela. Il avait appris à cultiver la terre et à vivre en autarcie, mais il avait toujours espérétrouver un autre voyageur pour partager sa vie avec lui.

Le narrateur était stupéfait. Il avait donc été choisi pour partager la vie de cet étrange personnage. Il était perdu, seul dans cette maison étrange et mystérieuse. Alors que tout semblait parfaitement entretenu et rien n’indiquait un signe de vie à l’horizon, il entendit le grizzly imposant et la fille qui babillait dans la maison.

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