Chapitre 17 : Conséquence (partie 1)
Lundi 10 octobre 2022 – Okona internat
J’ouvre les yeux doucement, encore sous la couette, et avec quelques rayons de soleil qui perce au travers des volets. Après être rentrée, après avoir embrassé Emil, je me suis réfugiée dans mon lit, et j’ai veillé tard, me retournant constamment. Mon cerveau ne m’a pas laissé de pause pendant de longue heure avant de finalement m’endormir. Je ne suis donc pas allée en cours ce matin, j’observe mon réveil et vois qu’il est tout juste dix heures, il faudrait que je me lève pour aller au second cours qui débute dans trente minutes, mais je ne peux pas ou ne veux pas….
Natalie n’est pas là, je suis seule, et sans le vouloir une larme s’échappe, que j’efface aussitôt et me redresse dans mon lit, je me lève d’un coup et allume mon enceinte. J’enclenche de la musique douce, un orchestre de musique classique, me déshabille et m’en vais vite sous l’eau de la douche.
Je me concentre sur les gouttes d’eau qui s’échoue sur mon corps, sur les cordes de violons, les touches de pianos et autres instruments.
Mais je ne peux contrôler mes tremblements, je plaque ma main sur ma bouche pour retenir mon cri, mais ne retiens pas mes pleurs. Mes larmes se mélangent avec l’eau, j’essaye de penser à autre chose.
Mais je suis focalisée sur ce que je ne pourrais jamais avoir mais en même temps sur son visage, son regard, ses lèvres.
La porte de notre chambre claque.
Et je sors d’un coup de ma crise, je veux me reconcentrer dans la réalité mais ma tête pense encore à Emil.
Alors je m’ouvre. Je m’ouvre à ses émotions. Natalie est pressée et fatiguée, je sens qu’elle fouille ses affaires, je sens sa vivacité d’esprit, un secret.
Je ne m’en rends pas compte mais je me savonne en même temps, les yeux fermés concentrés sur ce que je ressens.
Une fois dehors de la douche, une serviette autour de moi, j’entends la porte claquée une seconde fois et ouvre doucement les yeux.
– Merci, chuchoté-je alors que j’abandonne les émotions de Nat qui s’éloigne et me reconnecte à la réalité.
Je m’habille et m’assois dans mon lit, je suis incapable d’aller suivre des cours, je suis fatiguée mais en même temps je me sens, je ne sais pas vraiment.
Je prends mon livre de ma table de chevet et commence ma lecture, une heure plus tard je m’effondre de fatigue le livre dans les mains.
X
Je me réveille d’une longue sieste, il est déjà 14h passée quand je rouvre mes paupières, m’étire, le dos en compote dû à la mauvaise position dans laquelle j’ai dormi. Je ramasse mon livre par terre et le repose sur la table de chevet.
Je me rends compte que je n’ai pas bu de thé depuis hier matin, je m’en prépare un de suite, je mets moins de quantités, comme depuis une semaine -après notre conversation avec Emil- et le bois dès qu’il est tiède.
– Merde, pensé-je alors que je sens mon ventre gargouiller, en même temps je n’ai pas mangé depuis hier midi.
J’enfile mes chaussures et cours chercher un sandwich à la cafète avant de revenir dans ma chambre pour le manger alors que j’enclenche une vidéo YouTube sur mon téléphone.
Je passe l’après-midi à regarder vite fait mes cours, à essayer de me concentrer sur les lignes que je lis, sur ma dissertation que je dois faire mais n’avance pas beaucoup.
L’appel téléphonique de mes pères vers dix-huit heures me sauve de mon maigre brouillon sur le sujet de philo.
– Salut, comment allez-vous ? Leur demandé-je directement.
– Nous allons bien, dit papa Éric, je n’aime pas les lundis, entends-je derrière lui.
Je souris doucement à la voix de papa Li’ qui se plaint, il le dit assez souvent mais continuer d’aimer beaucoup trop ses élèves.
– Et toi alors ? Ton week-end, ça a été ? Avec qui déjà ? Dit papa Li’ se rapprochant du téléphone.
– Avec George et Emil, ça s’est fait à la dernière minute, on a pris un point sur la carte et nous y sommes allés, c’était bien.
Je ne leur ai bien sûr pas dit la vérité du pourquoi nous sommes partis mais ils ont l’air de croire à mon mensonge de road trip improvisé pour l’anniversaire d’Emil.
– Super, et ta colocataire n’a pas pu venir ?
– Natalie, non, elle avait déjà un truc de prévu -même si je ne sais pas quoi-.
– Et bien alors, vous avez fait quoi ? Rajoute mes parents voulant connaître mon week-end.
– Rien de spéciale, on a visité et passer pas mal de temps dans la voiture à chanter et parler. Et vous ?
– On est allés faire une expo et passer beaucoup de temps au téléphone avec nos parents respectifs, on a organisé aussi Thanksgiving.
– Forcément et pourquoi si tôt ?
– Je ne sais pas demande à ta grand-mère et grand-père, ricane papa Li. Ils le passent entre eux du coup cette année, et ma mère est toujours en France et le fera avec son asso.
– J’ai hâte de refaire un voyage à Paris alors, dis-je rêvant de ce voyage, papa Liam a juste sa mère. Elle a beaucoup voyagé, elle est depuis dix ans en France, et nous y sommes allés il y a cinq ans et elle est venue l’année dernière.
– Alors Thanksgiving à trois, ça te va ? Quelque chose d’assez simple.
– Bien sûr, dis-je, alors que je vois ma coloc rentrée de sa journée.
– Bonne soirée ma fille, disent mes parents.
– Bisous, dis-je avant de raccrocher.
Je repose mon téléphone et observe mes feuilles, je n’ai plus envie de travailler.
– Ça te dit d’aller manger, me propose Nat alors qu’elle lâche ses affaires par terre, j’ai si faim.
– Allez, je veux bien.
Et on s’engage dans le couloir après avoir fermé la porte.