Chapitre 18 : Conséquence (partie 2)
Dans la queue du restaurant universitaire, je parle avec Nat.
– Je suis rentrée que ce matin de mon week-end, me raconte-t-elle, soirée dimanche soirée, j’étais bien fatiguée lundi, trop fatiguée même, puis je suis allée à la bu (bibliothèque universitaire) et j’ai rattrapé mon cours de ce matin. Et toi alors ton week-end, tu es partie chez tes parents ?
– Non pas du tout, si tu veux savoir j’ai fait un mini road trip avec Emil et George, son meilleur pote, qui était là. C’était intéressant…
– Marrant, dit-elle alors qu’on arrive enfin devant le self et qu’on se sert.
– Je suis pas allée en cours toute la journée, dis-je ne sachant pas pourquoi alors qu’on s’assoit.
– D’accord, et tu sais pourquoi ?
– Ouais en gros, j’étais fatiguée ce matin et la flemme d’être avec des gens puis je ne voulais pas croiser Emil.
Elle se mord la lèvre et commence à manger.
– Il s’est passé un truc pendant votre week-end ? Me demande-t-elle finalement.
– Nan en vrai, ça s’est bien passé, il m’a ramené à l’internat dimanche soir et je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé dans ma tête. J’ai embrassé Emil, dis-je finalement après un silence.
– Haha, je savais que tu l’aimais bien, dit-elle en se marrant.
– Arrête, dis-je en balançant mon pied dans sa jambe mais je ne peux m’empêcher de sourire. Et je l’ai repoussée.
– Ah ça se n’était pas prévu ! Qu’est-ce que ta foutu Eleonora ? Tu viens de dire que l’aimait bien.
– Je n’ai pas dit ça, c’est toi, alors que je pointe mon doigt vers elle.
– Ouais mais tu ne l’as pas démenti, rigole-t-elle encore plus.
– Pfou… Tu soûles, dis-je alors que ce n’est pas vraiment le cas.
Ça fait plaisir de retrouver une amitié comme ça, on peut discuter, se confier, se chamailler gentiment.
– Bon qu’est ce qui s’est passé alors ? M’interroge-t-elle après avoir arrêté de rire.
– Ça fait longtemps que je ne suis pas sentie comme ça, et puis je ne peux pas être avec lui, conclué-je et engage la conversation sur d’autres sujets alors que je sens qu’elle veut que je m’explique plus sur le sens de ma phrase mais je ne peux pas car elle ne sait rien.
Nous finissons alors de manger sur d’autres conversations.
XX
Nous sommes de retour dans notre chambre, vu que nous sommes allées manger assez tôt, on s’est pris une queue de dingue, tout ça pour manger… Je m’effondre alors sur mon lit avec une envie de rien faire, alors que c’est littéralement ce que j’ai fait de ma journée.
– Bon, je ne connais pas vraiment l’histoire exacte et pourquoi tu ne peux pas être avec Emil mais je pense que le mieux ça serait que lui parle, dit Nat en s’allongeant elle aussi sur son lit.
– Oui mais…. Je ne sais pas, c’est dur à expliquer.
– Toute façon ce n’est pas à moi que tu dois expliquer, envoie-lui un message, va chez lui, je ne sais pas. Crois-moi vaut mieux privilégier la communication.
Je ne réponds rien et observe le plafond, je ne sais pas quoi faire, je sors mon téléphone et vais voir les notifications, que je n’ai pas ouvertes toute la journée.
Un message de mes pères sur notre groupe, et plusieurs messages d’Emil.
J’ouvre le premier : « J’espère que ton week-end s’est bien passé, tu peux nous parler de quoi que ce soit », je réponds d’un simple cœur et décide d’ouvrir ceux d’Emil.
Message d’Emil envoyé à 12h20 : « Salut, est-ce qu’on peut se retrouver pour manger et parler stp ? »
Message d’Emil envoyé à 16h03 : « Nora, je suis désolé de t’avoir embrassé, ça serait mieux qu’on en parle de vive voix. S’il te plaît. »
Message d’Emil envoyé à 16h05 : « Je veux juste savoir si tu vas bien »
Message d’Emil envoyé il y a dix minutes : « Je vais finir par arriver devant chez toi pour te voir »
Merde ! Pensé-je mais il ne peut pas venir, je ne suis pas prête. Bon, c’est un peu faux, j’ai eu le temps de réfléchir pendant la journée.
Je me lève d’un coup, et sors en coup de vent après avoir lancé un « je sors ! » à Nat.
Je dévale les escaliers et arrive rapidement en bas, je tourne mais malheureusement je me cogne à quelqu’un. Mais décidément, pensé-je, mais encore une fois je tombe sur des yeux verts en levant la tête.
– Emil, salut, dis-je maintenant gêner de l’avoir devant moi.
– Nora, je voulais te voir, te parler, dit-il en enfonçant ses mains dans ses poches de jean.
– Oui je sais, je viens de voir tes messages. Tu n’as pas à t’excuser pour le baiser, c’est plutôt moi qui t’ai embrassé, murmuré-je.
Il hoche la tête alors qu’il sourit. Je baisse les yeux de suite, je me rappelle trop facilement de la douceur de ses lèvres.
– Moi aussi, je voulais te parler, dis-je finalement, alors que nous sommes dans le couloir mais pas déranger par ça.
Il me fait un signe de tête pour me lancer d’abord.
– Je t’aime beaucoup Emil mais je ne peux pas me lancer dans une quelconque relation, je suis désolée de t’avoir embrassé, je n’aurais pas dû, je récite cette phrase qui tourne dans ma tête depuis hier, à côté de l’autre phrase qui me crie que je veux sortir avec Emil.
– Je comprends, chuchote-t-il, il hésite à rajouter quelque chose. On se parle comme avant alors, dit-il en tendant sa main.
Que j’hésite à serrer, de peur de le toucher et te changer de décision mais je vois dans son regard qu’il m’attend. Alors je la lui sers.
Il me souhaite une bonne nuit et se retourne, j’ai juste le temps de sentir sa tristesse avant qu’il disparaisse à l’extérieur du bâtiment.
– Bonne nuit…, dis-je alors que sa silhouette s’éloigne dans la nuit.
#2chapitrespour1lundi