Chapitre 34 : Thanksgiving (partie 2)
Après la fin du repas, nous nous sommes allongés dans mon lit, je suis calée contre son torse en pyjama, et pense à ces mots dans le parc.
– Quand tu es revenu en Amérique c’était pour retrouver tes parents ? Lui demandé-je.
– Ouais… Rosalyn me disait que c’était une mauvaise idée, ça ne ferait que du mal mais rien que les voir en vie, ça me suffisait comme pensée, enfin bien sûr c’était au début.
– C’est comme ça que tu as rencontré George ?
– Oui, il m’a sortie de ces moments-là. Moi qui observais ma famille sans pouvoir en faire partie.
– Je suis contente que tu as George, il a l’air d’être un très bon ami. Je l’ai peut-être mal jugé….
– Je sais que George est un peu compliqué quand on le rencontre. Vous n’avez pas les mêmes valeurs mais il est là pour ses amis, dit-il en souriant gentiment.
Je ne dis rien et caresse ses bras qui m’entourent, et trace des arabesques du bout des doigts. Je le sens frissonner mais il me laisse faire encore dans ses pensées.
– Ma petite sœur avait déjà quatre enfants en 1940…
– Tu as encore des descendants que tu connais ?
– Non, mes neveux et nièces sont morts pendant la Deuxième Guerre Mondiale puis en 2013 et 2015. Je sais qu’ils se sont mariés et ont eu des enfants, qui ont eu eux-mêmes des descendants mais je ne connais pas leurs prénoms, ne sais pas où ils sont, ce n’est pas nécessaire….
La discussion s’arrête et le silence revient dans ma chambre, je continue de bouger mes doigts sur sa peau.
– Je suis désolée tu sais…
Il se redresse et suit obligée de me détacher de lui. Je me tourne vers lui et le vois qui ne comprend pas.
– De ne pas réussir à te parler, je veux dire. C’est juste que ça me bouffe depuis longtemps et que j’ai peur que si j’en parle ça devienne encore plus réel et puis que tu es peur et que tu partes….
– Je ne vais pas le faire, dit-il en attrapant mes mains et se rapprochant de moi, ces jambes qui m’entourent.
– Tu n’en sais rien…
– Si je sais, je n’ai jamais laissé rentrer quelqu’un dans ma vie comme ça avant toi. J’ai eu des aventures avec des vampires avant mais elles ne savaient pas tout ça… Et surtout j’avais George et Rosa, depuis qu’elle est morte, j’avais fermé mon cœur à double tour, ne voulant plus souffrir. Puis l’amitié a refait sa place puis je t’ai rencontré toi…
– Je t’aime Emil, chuchoté-je près de ses lèvres, je ne pouvais pas le dire après avoir entendu ça.
Il me regarde surpris, ses mains toujours dans les miennes, puis un rictus apparaît et il sourit grandement.
– Je pensais que ça serait moi qui allais le dire en premier
– Oh ça va, rigolé-je doucement et lui envoie une petite tapette sur le bras.
– Eh ! Dit-il en faisant semblant d’avoir extrêmement mal.
– T’as fini, t’as pas mal j’en suis sûr ! Rigolé-je avec lui.
Puis le silence revient et nous nous observons les yeux dans les yeux.
– Je t’aime aussi Eleonora, dit-il avant de m’embrasser.
Mon cœur explose doucement dans ma poitrine et laisse ses deux mots s’infiltrer dedans par les petites fissures laissées là pour mon précédent amour et les malheurs arrivés avec Eva.
Je me jette sur lui et l’embrasse en retour. Nous roulons sur mon lit, nos lèvres ensemble et nos mains qui se faufilent entre nos vêtements.
XX
Le vendredi matin, nous marchons mains dans la main dans le marché sur la place à Meldia avec mes pères devant nous. Nous faisons quelques emplettes de légumes, fromages et cetera et nous ne pouvons pas nous empêcher de sourire tous les deux.
Nous nous lançons des regards et notre sourire s’agrandit au souvenir de la nuit dernière.
Je sens la joie de mon copain, de mes pères et je le suis aussi.