Lettre à ma peine

2 mins

Lettre d’un Homme face à sa peine, le questionnement le ronge et l’absence le scarifie .

Ma peine est à la fois le chagrin, la douleur et la désolation.
Cette déchirure qui fait saigner de concert l’âme et le cœur, sans que la raison les consolent.

C’est aussi la sanction. La punition que mérite le coupable d’une faute. Ou bien au moins que reçoit celui qui est jugé.

Mais c’est surtout le synonyme de l’effort que l’on produit pour parvenir à quelque chose.

J’écris à chacune d’entre elles, particulièrement, ainsi qu’à toutes à la fois.

Corinne est partie depuis quelques semaines déjà. J’ai su immédiatement, bien avant d’avoir raccroché ce maudit téléphone, messager d’une bien sombre nouvelle, dès l’instant où elle m’a dit qu’elle avait besoin de temps, d’espace pour réfléchir, que notre histoire s’achevait là.
J’ai la finesse malsaine de deviner ces déchirures quand elles se dérobent à l’ouïe.
Si ma tête se révolte et lutte contre cette annonce discrète, une pensée profonde, ancrée dans mon âme, sait que le terme du voyage se présente.
Cette peine, la première des trois, est sourde et muette.
Je ne peux lui opposer mon Amour et plaider son acquittement, elle n’entend pas.
Je ne peux lui extorquer des mots pour comprendre, elle ne parle pas.
Alors la torture et le questionnement commencent et convoquent avec eux la seconde des peines.

Je souffre de l’absence de la Femme que j’aime.
Seul face à moi même, ce n’est pas l’absence de sa présence qui m’éreinte, c’est la présence de son absence à mes côtés. Un ectoplasme mort et froid dont l’image est celle de mon aimée.
Une cohabitation aux relents putrides s’amorce. Une cohabitation forcée.
Je ne peux ni voir Corinne, ni l’entendre, encore moins la toucher. Pourtant elle est encore beaucoup trop là.
L’absence de Corinne est là. Elle me regarde et m’accompagne partout où je vais, tapie dans mon ombre, prête à m’écharper si mon esprit divague.
Le chagrin m’ensevelit sous des monceaux de souvenirs, d’instants que je pensais vivants pour toujours.
Le sommeil m’a quitté, emportant dans son élan l’appétit qu’il trouva sur sa route.
Je voudrais me punir, me faire mal, mourir de n’avoir su faire autrement.
Je suis mon juge le plus cruel et me condamne à plus que je mérite.
Face à ma douleur, un combat inégal s’engage. Je n’ai pas les armes, ni l’envie pour lutter contre la solitude, la tristesse et l’ennui. Au contraire, je m’en habille et m’y glisse comme dans un manteau mité. Je cherche l’obscurité, le silence et le froid…………je les obtiens.
J’y trouve aussi comme résultante la dernière des peines, celle de l’effort qui coûte.

Tant d’espoirs forgés. Tant de bonheur espéré. Tant de passion à assouvir.
Des jours et des semaines bercés de délicates attentions. Toutes ces heures où je tremblais pour elle.
Elle était l’Histoire que dans mon espoir le moins modeste je n’osais plus rêver.
Des mois à construire des souvenirs délicieux, désormais plus douloureux encore.
J’y trouve aujourd’hui des dates périmées, des soleils avariés, des promesses galvaudées, des baisers rances.

Quand je dénombre ces heures passées auxquelles je consacre mes heures du présent, je réalise qu’il sera long de mourir.
Quand la délivrance tarde, le chemin est bien triste car interdit d’horizons.
Morne voyage vers un avenir sans issue.

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