L’obscurité. La solitude. La vie. Tous prennent fin et disparaissent sans laisser de trace. Ne nous laissant qu’avec le néant. Celui-là même qui nous empêche de constater que l’on vit. Celui là même qui nous empêche de constater que l’on a vécu dans ce monde certes imparfait mais qui aura su nous apporter des moments de joies.
Seul dans une barque à la dérive, je me demande ce qui se passe, je me demande depuis combien de temps je suis ici, je me demande où je suis, je me demande où je vais et je me demande qui je suis. Sur cette embarcation qui part en direction de je ne sais où sans aucune personne pour diriger et qui pourtant semble aller dans un endroit défini , dans un paysage immensément vide mais tout de même sinistre avec une eau obscure qui ne laissait rien refleter du tout et dont se dégageait une odeur pestilentielle j’étais là, le regard hagard, dans l’incompréhension la plus totale, ne connaissant même pas ma propre identité. Je ne pouvais que dire que j’étais visiblement un homme d’âge mûr tout ce qu’il y’a de plus normal si ce n’est que j’avais des vêtements en piteux état qui semblait indiquer que je ne roulais pas sur l’or. Le seul autre indice que j’avais était un dessin d’une jeune femme sur un papier plié en 4 que j’avais dans la poche de mon pantalon.
Qui était-elle ? Avais-je fait ce dessin ? D’autres questions sans réponses vinrent s’ajouter et ma tête continuait de plus en plus à me faire souffrir durant cette nuit sans lune.
Je continuai à voguer comme ça pendant un long moment qui me paru interminable pour finalement arriver vers une rive sur laquelle je pus mettre pied à terre et m’éloigner de ce marécage nauséabond. Il n’y avait rien d’autre devant moi que la forêt qui s’étendait à perte de vue et dans laquelle on n’y entendait pas même le vent souffler. Après un moment je ne sais combien long, jeme résignais finalement à m’y engouffrer via un sentier pour ne plus avoir à sentir cette odeur atroce. Je marchais encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et enc- quand finalement quelque chose m’interrompit.
Tout autour de moi se trouvaient des cadavres d’animaux de toutes sortes “chiens chats grenouilles, souris, araignées, vaches, oiseaux, abeilles, loups, ours” C’était un véritable cimetière non plutôt une fosse commune d’animaux fraîchement tués dont le sang n’avait même pas séché et dont la souffrance pouvait être lu dans les regards.
Ce n’est pas ceci qui m’avait terrifié.
Non je n’apprécie pas les animaux à ce point pour éprouver de la compassion face à leurs carcasses pourrisantes. La seule chose qui me ferait ressentir une once de pitié ce serait peut-être leur inutilité. Ils avaient l’air jeunes et sont tous mort sans avoir pu donner un quelconque sens à leur vie. Sans avoir pu faire ce pourquoi dieu les a créé, ils ne sont morts qu’en étant des ensembles d’atomes et de molecules en trop sur cette planète qui n’avaient rien à faire là.
La perspective d’être aussi un de ces inutiles faisait partie des choses qui me terrorisaient.
Mais en l’occurence ici ce qui causait mon effroi c’était le texte en provenance d’un écriteau “GARE AUX PÉCHEURS, SEULS LA MISÈRE ET LE MALHEUR VOUS ATTENDS, JE VOUS AI AIMÉ DÉSORMAIS JE NE POURRAIS PLUS VOUS SAUVER.”
Je vais mourir. Ma vie approche à sa fin.
C’est ce que j’ai dit tout haut après avoir lu ce texte.
“Et si elle était déjà terminée ?” Avait prononcé une voix derrière moi
?
Je me retournais instantanément pour voir qui était mon interlocuteur mais il n’y avait personne.
!?
“Ce serait drôle si c’était le cas” avait de nouveau prononcé la même voix qui était encore dans mon dos
!!?
Je me retournait encore une fois derrière moi et je vis une femme
Une femme tout ce qu’il y’a plus de femme je dirais rien de plus rien de moins que ce que vous imaginez en premier lorsque vous pensez à une femme.
“Excusez moi qui êtes vous ?”
“Je n’en ai aucune idée et vous qui vous êtes ?”
“Je ne sais pas non plus hahahahaha” Un rire respirant la gêne plutôt qu’un quelconque sentiment positif.
Nous sommes donc dans la même pétrin. Au moins je n’étais plus seul. Souffrir à deux c’est toujours plus agréable que de souffrir seul.
“Vous voulez dire que vous aimez voir les gens souffrir ?”
Je n’ai su quoi répondre et me contentai donc d’enchaîner dans mon périple tandis qu’elle me suivit sans piper mot.
Je m’enfoncais toujours plus dans ce cimetière d’animaux qui semblait être sans fin que ce soit dans sa longueur ou dans l’horreur qu’il nous montrait. Peu importe là oú on tournait les yeux il n’y avait que des cadavres à perte de vue. On pourrait me prendre pour un fou mais dans le vide de leur regard j’avais l’impression qu’ils nous fixaient avec mépris. Avec mépris et haine. Avec mépris haine colère. Avec mépris haine colère dégoût antipathie horreur répugnance execration abhorration et mélancolie. Oui quelque chose comme ça.
Une négativité profonde dans des regards morts qui d’une certaine manière me faisait me sentir bien. Bien et épanouie. Bien épanouie et heureux. Bien épanouie heureux et euphorique. Car si il y’a bien une chose qui fait que l’on marque l’esprit des gens c’est bien la façon avec laquelle on a attisé leur haine. De ce fait, même si ce ne sont que des animaux sans valeurs ils se souviendront de moi et de la haine qu’ils m’ont porté et ça, ça me mettait en joie.
Non.
Finalement après plusieurs secondes minutes heures jours peut-être de marche dans une nuit éternelle dans un silence absolu accompagné de ces immondes cadavres qui remettaient une couche d’odeur infecte, nous arrivâmes devant une double porte ouverte prenant toute la paroi d’une falaise donnant à des escaliers qui s’enfoncait profondément dans le sol. Toutefois ce qui attira surtout notre attention était le message inscrit devant la porte à l’aide de viscères de differents animaux tenus par plusieurs pique. “REPENTEZ VOUS REPENTEZ VOUS REPENTEZ VOUS.” Ainsi que derrière “VOUS ÊTES DÉSORMAIS PERDUS.” Un spectacle effroyable devant lequel moi et de ma silencieuse partenaire ne pouvions contenir nos déglutitions. À vrai dire non ma silencieuse partenaire déglutissait seule ce serait vous mentir que de vous dire que ce spectacle me faisait ressentir quelque chose car en réalité je ne ressentais ni dégoût ni colère ni pitié peut-être juste de l’incompréhension sur le moment mais c’est tout.
Ce ne sont toujours que des animaux sans valeurs après tout. Ce ne sont que des organes. Ce n’est que du sang. Ce n’est que la mort.
Je m’avancai vers la double porte dans l’espoir de mieux voir ce qu’il y’avait à l’intérieur mais mis à part les marches qui s’enfoncent seul l’obscurité me faisait face. Je sorti une nouvelle fois le dessin de cette femme que j’avais sur moi. La regarder m’apaisait énormément: sa tête, ses cheveux, ses yeux, son nez, sa bouche, son menton, son cou, ses épaules, ses bras, ses mains ses doigts, ses seins, son ventre, ses jambes, ses pieds, il n’y a rien chez cette femme couchée sur le papier que que je ne trouvais pas irrésistiblement attirant sûrement parce que ce dessin est une version fantasmée de ce qu’elle était réellement mais cette vision si fantasmée me faisait dire que nous devions sûrement être proche et qu’à cette heure où je me parle à moi même dans ce contexte d’incompréhension totale elle devait certainement être triste. Me dire que quelqu’un était en train de pleurer pour moi reffreinait les envies de sombrer dans le désespoir qui montaient de plus en plus. “Je t’aime” lui dis-je à voix haute.
IL N’Y A PERSONNE QUE VOUS AIMEZ IL N’Y A PERSONNE QUI VOUS AIME
Une goutte puis deux puis trois puis des centaines de milliers à la seconde tombèrent au sol tout à coup. Une eau rouge à l’odeur et au goût de sang.