Un mélange étrange, partie 2.
TORI
Après une sieste sans rêve, je sortis de la chambre en veillant à la fermer à clé. Élise l’avait bien fait avant que je ne rentre. De par la hauteur du soleil, je devinais que nous étions en pleine après-midi. Il n’y avait pas un chat dans les couloirs, prise d’une curiosité que je ne pouvais de moins en moins refouler, je me mis à monter au cinquième et ne vis que la copie conforme de l’étage où se trouvait ma chambre. Je gravis le sixième, un peu essoufflée et découvris la même chose. Greg n’avait pas menti, les derniers étages étaient vraiment consacrés aux chambres et aux salles de bains. Alors que j’allais descendre, une jeune femme ouvrit une porte en bois qui semblait plus vieille que les autres, je pus alors entrevoir un escalier en colimaçon qui devait monter plusieurs mètres de haut. Je pensai immédiatement à la grande tour repérée antérieurement et me demandais bien ce qu’elle pouvait cacher.
— Salut, toi.
Une jeune femme me prit de court. Elle était tout ce qui avait de plus étrange, et malgré le monde que j’avais observé en arrivant ici, elle devait être la créature avec l’apparence la plus curieuse. En effet, elle avait des yeux blancs qui se confondaient avec sa sclère de sorte à ce que l’on pensait qu’elle ne possédait pas d’iris. Elle avait un visage enfantin qui semblait si pur, entouré de longs cheveux bleus qu’elle avait tressé de chaque côté de sa tête.
— Salut, était tout ce que j’avais pu prononcer.
— Qu’est-ce que tu fais chez les hommes, petite ? Me demanda-t-elle avec un sourire équivoque tout en faisant jouer ses sourcils bleus.
— Oh, euh, j’ai… Je ne savais pas que… que c’était chez les garçons ici. Je viens d’arriver.
Je bégayais et elle rit pour se moquer gentiment.
— Je sais, c’est pas tout les jours que l’on voit de beaux yeux comme les tiens, fit-elle en me prenant le bras pour descendre.
J’étais tellement surprise qu’une inconnue soit si tactile avec moi, que je ne trouvais rien à redire. Sa bonne humeur se refléta sur la mienne.
— Les tiens sont beaux aussi, dis-je à mon tour.
Elle parut étonnée, mais finit par me sourire.
— Merci ! Je suis Clara, la doyenne de ce petit château.
— Tori. Je ne le trouve pas si petit que ça, remarquais-je.
— Quand tu as eu le temps de le visiter en entier comme moi, crois-moi, tu le trouveras petit, se mit à rire Clara.
Cette femme riait beaucoup. Ne faisait presque que ça. D’après Camille, Clara avait tout bien l’air d’être une Elfe. Elle était la première que je rencontrais et je fus heureuse de voir qu’elle était tout simplement adorable. Comme quoi, les Elfes semblait être une espèce tout à fait aimable et attachante. Je ne connaissais Clara que depuis quelques minutes pourtant, elle avait eu le don de se faire apprécier. Elle me posa plusieurs questions sans pour autant être intrusive, comme : d’où je venais, ou quel était mon âge. Elle parlait tellement que je ne pouvais pas en placer une pour lui retourner la question. La plupart devaient trouver cela agaçant, mais moi, ça me faisais bien rire. Et puis je n’étais pas une grande bavarde.
Alors que nous arrivions à l’étage du « Défouloir » comme l’avait appelé Greg, Clara grimaça et me lâcha le bras à contrecœur.
— Je ne vais pas descendre plus bas, si tu vois un grand Psychic qui fait la tronche, tu lui diras que la vieille Elfe est à sa recherche.
— Basil ?
— On dirait bien qu’il t’a tapé dans l’œil, le gaillard, rétorqua-t-elle en me faisant un clin d’œil.
J’éclatais de rire.
— Loin de là, c’est juste que je viens de le rencontrer. Tu es sa petite-amie ? M’enquis-je.
Elle se mit à rire à gorge déployée, comme si cette idée lui paraissait inconcevable. Je fis la moue.
— Les gosses de son âge, ce n’est pas mon truc. Je suis trop vieille pour ça, se lamenta presque Clara.
Je fronçais les sourcils.
— Tu sembles jeune.
— Merci, ma belle.
L’Elfe me fit un signe puis remonta en trombe sans demander son reste. Alors que je restais plantée là, je me mis à sourire. J’avais eu de la chance alors, ça ne faisais qu’une heure que j’étais à Ecclésia et j’avais réussi à rencontrer une élève. Je me félicitais intérieurement, même si elle avait fait tous le boulot.
La journée se déroula doucement, alors que je faisais ma propre visite privée. J’avais été voir les beaux jardins derrière le château et je n’avais pas été déçue. En effet, c’était une véritable forêt miniature qui, après réflexion, était probablement entretenue par les Elfes. Après avoir traversé ces végétations, il y avait un grand stade où deux ou trois élèves couraient. Comme quoi, le sport était également une priorité à Ecclésia, et je m’en rendais compte lorsque je voyais les élèves avec des corps plus ou moins athlétiques. Mon Majeura, le premier. Ensuite, je fis également un tour au rez-de-chaussée, en passant bien sûr par la salle Principale, et je ne perçus pas les garçons, ils devaient être occupés. Je vis également la cafétéria, qui ressemblait à n’importe quelle cafétéria du monde, en omettant quelque détail comme l’étrange créature qui lavait le sol de la salle vide à cette heure-ci. Je ne savais pas s’il m’avait vu l’observer, mais c’était à s’y méprendre, un Ogre. Il en avait tout l’air, mais semblait beaucoup moins effrayant que ce que l’en apportaient les histoires pour enfant.
Alors que la journée touchait sa fin, je pris l’escalier pour monter dans ma nouvelle chambre. Je croisais Greg au détour d’un couloir avec une jolie petite blonde à ses côtés, je devinais alors que c’était Élise.
— Tori ! On te cherchait partout ! S’exclama le Loup en me prenant par les épaules.
Je me mis à sourire.
— Je visitais, dis-je en haussant les épaules.
Il m’invita à manger et je ne pus que le suivre.
— Tori, voici la plus belle femme du monde : Élise Haugen.
La concernée secoua la tête en levant les yeux au ciel. Je lui fis un sourire qu’elle ne me rendit qu’à moitié. Élise semblait tendue alors que Greg me guidait vers la cafétéria, je ne fis aucun commentaire. Après tous, je ne la connaissais pas. Nous prîmes nos plateaux respectifs puis nous nous assîmes à la table de Gabriel : le Loup qui courait après sa chaussure. Je lui souriais alors qu’il se décalait pour me faire de la place.
— Tu as récupéré ta chaussure ? Demandais-je en me retenant de rire.
Gabriel ricana à son tour en remontant ses lunettes.
— Non, le lustre de la salle Principale va s’écrouler à force d’être encombré par mes affaires.
Alors c’était ses affaires qui étaient accrochées au lustre.
— Tu ne vas pas me dire que le soutien-gorge t’appartient ?
Le Loup failli s’étouffer avec son verre d’eau tandis que Greg éclatait de rire.
— C’est celui d’Adélaïde, grimaça Élise alors que je fronçais les sourcils. Basil lui a fait un tour, m’expliqua-t-elle.
— Elle l’a cherché ! S’esclaffa Greg.
C’était une humiliation que je trouvais puéril, Élise et moi semblions du même avis. Je ne dis rien cependant, ce n’est pas comme si j’avais une quelconque responsabilité sur eux.
— Bien pensé la nouvelle.
Je sursautais alors que Basil posa son plateau à côté du mien, suivit d’Aiden. Le garçon effrayants aux yeux jaunes. Je remarquais que quelque seconde après qu’il avait réellement lu dans mes pensées et y avait répondu à l’oral.
— Tu ne sais pas bloquer ton esprit ? Demanda alors Élise, choquée de cette vérité.
— Parce que je le devrais ?
— C’est la base lorsque l’on rentre à Ecclésia, il y a peu de Psychic, mais c’est facile de lire dans les pensées des gens. Ton esprit est tellement ouvert que je n’ai même pas besoin de me concentrer dessus, ricana alors Basil en mangeant une frite.
Je fis la moue, personne ne m’avait prévenu de cette éventualité, c’était plutôt inquiétant si les élèves n’avaient pas de restrictions entre-eux sur la magie.
— Clara te cherche, me rappelais-je d’un coup.
Basil eu le mérite d’être étonné, probablement car je connaissais une élève alors que je venais d’arriver. Il acquiesça distraitement.
— Tes parents ne te l’on pas appris ? La voix d’Aiden s’éleva et je me rendit compte que je l’entendais pour la première fois sur un ton calme.
— À vrai dire, ils n’étaient même pas au courant que le monde Surnaturel existait, me renfrognais-je.
Ils semblaient tous très curieux, mais allaient vite être déçues.
— Mais un de tes parents est un Démon, dit Aiden soudainement.
Sans que je ne m’y attende, les quelques élèves autour de nous me fixèrent un moment, des chuchotis s’élevèrent. Élise avait lâché sa fourchette tandis que Greg fusillait Aiden du regard. C’était moi ou le mot « Démon » avait le pouvoir de faire hérisser les poils de tout le monde ?
— C’est vrai, non ? Se braqua le jeune homme.
Sa nonchalance commençait à me taper sur le système. Qu’est-ce qu’ils avaient tous contre les Démons ? Je pensais être une Humaine de tout ce qu’il y a de plus banales il y a un mois de cela et Aiden semblait s’être armé d’un jugement sans failles juste parce qu’un de mes parents était un Démon.
— Il y a un problème, Aiden ? Ne puis-je me retenir.
J’avais tourné mon regard vers lui pour lui montrer que je n’étais pas une personne qui se laissait marcher sur les pieds si facilement et je croisai le regard de Basil qui souriait malicieusement, qu’est ce qu’il voulait, celui-là ?
— Evidemment qu’il y en a un, les Démons méritent de pourrir en enfer, me dit-il en me fuyant du regard.
La seule question qui me vint fut : pourquoi ? Mon souffle se coupa, alors que les yeux jaunes d’Aiden reflétaient une véritable colère, je crus la ressentir à mon tour, vivace. Je serrais la mâchoire. Basil, fronça les sourcils à mon encontre.
— Tu ne lui as pas dit, lâcha le Psychic calmement en buvant son verre.
Il observait Greg, celui-ci se pinça l’arête du nez, las.
— De quoi est-ce que tu parles ?
J’avais crié, sans m’en rendre compte. Je pressais les paupières et m’excusai. Les ondes négatives se repercutaient façilement sur moi. C’était ça alors, ce que Greg tentait de me cacher.
— Tori, ne m’en veux pas. C’est une longue histoire. Les Démons sont une espèce à part qui attisent beaucoup de haine autour d’eux.
— J’avais cru comprendre, maugréais-je et Basil pouffa.
Il semblait bien s’amuser de la petite scène. Quel con. Et en espérant qu’il ait entendu cette pensée. Par son regard en biais, je sus que c’était le cas.
— Ils ne vivent pas dans le même état d’esprit que nous, il y a eu une bataille avec beaucoup de perte. Et aujourd’hui, ils vivent en communauté reclus à Rowenam. Une ville cachée. C’est pour cela, que voir une personne aux yeux violets comme toi, ici, c’est… Nouveau.
— Mais je n’ai rien avoir avec ça, moi. Je ne connais pas mes parents biologiques.
Cette annonce eue l’effet d’une bombe et je vis Aiden se crisper.
— Tu ne savais pas ce que tu étais avant l’arrivée de Greg ? S’étonna Élise.
— Pas du tout. C’était une sacrée surprise, d’ailleurs, avouais-je d’une petite voix.
Un ange passa.
— Demesse, c’est quoi au fait ? s’enquit Basil en s’adressant plus à Greg qu’à moi.
— Mi-Démon, mi-Psychic.
L’assemblée resta sans voix, et ça me mit mal à l’aise d’entendre tout ses titres à mon encontre. Je n’étais que Tori pour l’instant, pas de quoi en faire un drame.
— Incroyable, dit soudainement Basil.
Il tourna son regard noir vers moi, un regard qui me déstabilisait de plus en plus, un petit sourire au coin et dit :
— Bienvenue Tori, tu vas devenir la protégée de beaucoup de monde dorénavant.
Et je ne savais pas si c’était une bonne ou mauvaise nouvelle.
C’est presque un bizutage, tout paraît détendu puis menaçant d’un coup.
La dernière question est essentielle, pauvre Tori.
Bravo pour ce chapitre, toujours aussi palpitant.
Oui, il faudra un petit temps avant qu’Aiden ne se fasse à l’idée qu’elle n’est pas dangereuse la petite Tori
Je ne suis pas l’auteur, mais j’ai vu qu’elle pouvait l’être.
seulement si on est pas sympa avec elle hehe attention
ça en prend pas l’chemin!
Le petit Basile me plaît !
Bad boy!