Deux Joyaux Violets. Chapitre 19,2.

6 mins

    Ce qu’il me manquait, partie 2.

TORI

 La journée avait été longue. Je me dirigeais vers les cantines. J’avais une faim de loup et pourtant, je traînais des pieds. Il fallait dire que je n’étais pas pressée de voir Gabriel. Dire que j’étais déçu était un euphémisme. Élise avait été ma sauveuse dans cette histoire, et Gabriel, un vilain cachottier, pour rester polie. Mais je ne lui en voulais pas, ce n’était pas sa faute après tous. C’était à cause de cette société aux règles stupides et aux fausses libertés. Enki avait raison sur un point, les gens étaient enchaînés à ces endoctrinements, il ne connaissaient que ça, vivant des siècles de la même façon, il serait difficile de changer leurs habitudes. Mettre le pied dans le plat revenait à détruire la pyramide que les Anciens avaient construite sur des principes qui étaient obsolètes aujourd’hui. Sue avait tenté, et s’était heurtée à un destin funeste. Je savais que Gabriel m’appréciait, mais il n’en avait pas le droit. C’était aussi simple que ça. Et j’allais vite l’aider à mettre fin au dilemme qui le hantait. Je ne voulais pas qu’il se sente coupable pour moi, et encore moins que sa meute le renie pour une simple amourette. Autant y mettre fin avant que cela ne devienne trop douloureux.

 Par chance, je vis Oswin, je me précipitais vers elle, soulagée mais une autre silhouette apparut. C’était Aiden qui enroulait son bras autour des épaules de la Vampire. Bon, je n’allais pas les embêter. Je fis demi-tour, mais les élèves se multipliaient, il fallait que je trouve une place, et vite. Je sentis une main sur mon épaule. Je reconnus l’énergie de Gabriel.

― Tu viens ? On te cherchait, se mit il à me sourire.

 Je souris faussement. Je ne lui avais encore rien dit, mais ça ne devait pas tarder. Il tombait malheureusement à pic. Je le suivais jusqu’à leur table habituelle, il y avait Élise et Greg. La Louve parut surprise.

— Tori ! Comment tu vas ? Me demanda-t-elle, l’air de rien.

― Je suis fatiguée, répondis-je, complètement honnête.

 Je n’allais pas tourner autour du pot pendant longtemps. Comme disait souvent Basil, j’avais d’autres chats à fouetter.

— Gabriel, je suis désolée mais je préfère arrêter ce qu’il se passe entre nous.

 La fourchette du Loup resta en suspens alors qu’il s’apprêtait à commencer son repas. Je le quittais, sans même nous avoir laissés le temps d’être ensemble, c’était plutôt cocasse.

― Je viens d’arriver dans cette école, et je suis complètement à la ramasse, j’ai décidé de me consacrer entièrement à mes études.

 Greg et Élise se jetaient des coups d’œil, gênés. Je trouvais des excuses idiotes pour que Gab me déteste. Ainsi, il aura une réelle raison de ne plus développer de nouveaux sentiments pour moi. Il fallait arracher le pansement d’un coup sec.

― Tu rigoles, hein ? Réussit-il à articuler.

― On peut rester ami bien sûr, mais je pense que tu sais qu’il s’agit de la meilleure solution. Je t’apprécie beaucoup Gabriel, tu es adorable et je suis sûr que tu trouveras une Louve qui saura te donner son temps comme il faut.

 Il ne savait pas quoi dire, j’avais été monstrueuse. J’essayais de me concentrer pour ne pas ressentir ses émotions, mais Gabriel se sentait comme trahi, et déçu. Nous étions deux.

 Je lui fis un baiser sur la joue et pris mon plateau pour manger ailleurs. Je ne voulais pas rester une seconde de plus près de lui, je me sentais trop honteuse. J’étais heureuse qu’Élise m’eût prévenu, car mes sentiments étaient assez jeunes pour que cela ne me brise pas le cœur. Mais la tristesse était présente, Gabriel était un homme incroyable, j’aurais aimé passer du temps avec lui, et l’embrasser encore un peu.

 Mais ce n’était pas possible.

 Je finis par manger dans la salle Principale, seule. Après mon repas, j’atteignais lentement la tour de Clara. Les escaliers à Ecclésia étaient un Enfer, parfois je me disais qu’ils l’avaient fait exprès pour garder les étudiants en forme. En soit, c’était une bonne idée, même les plus fainéants pouvaient faire un peu d’exercice.

― Bien le bonsoir ma chère, m’invita Clara.

 Je souriais. Elle m’avait manqué. J’entrais et vis Basil, en train de souffler sur sa tasse de thé fumante. Ni une ni deux, l’Elfe me mit une seconde tasse entre mes mains. Puis elle me fit asseoir.

― Bonsoir. Tu voulais me voir, me voilà, soufflais-je à l’encontre de Basil. Si c’est pour me parler de Gabriel, je suis au courant. Je viens de le mettre hors compétition, je ris jaune.

― Je suis désolé. C’est un connard, j’aurai dû te le dire plus tôt.

 Je haussais les épaules. C’était trop tard de toute manière.

― Vous ne m’avez pas expliqué cette petite histoire d’amour, les enfants. Je me sens un peu à l’écart, vous savez.

 Basil leva les yeux au ciel.

― « Petite », c’est le bon terme, ricanais-je. Ça va aller, je vais m’en remettre, je suis surtout en colère que l’on m’enlève ma liberté de choisir qui je veux dans ma vie.

― Oh, tu parles des couples entre espèces. C’est vrai que c’est un sujet tabou, mais pas impossible. Bon, il faut juste…

― … Être préparé à rester reclus toute sa vie ? termina Basil.

 Ils acquiescèrent doucement. Quelle déception.

 Nous changions vite de sujet, j’expliquais alors mes derniers exploits en Démonisme avec Jack tandis que Basil me traitait de tueuse car j’avais « failli le tuer » en cours avec Sibylle. Il exagérait beaucoup.

― Non, j’exagère pas ! En plus tu fermais les yeux, quelle idée, tu ne fermes pas les yeux au volant, si ?

 J’explosais de rire.

― Arrête de lire dans mes pensées, puis ce n’est pas pareil, soufflais-je entre deux crises de rire.

― Je les entends, nuance. Tu fais que piailler là, blablabla.

 Je riais en secouant la tête, dépitée. Il agissait comme un enfant.

 Il commençait à se faire tard et la fatigue se faisait ressentir. Je me mis à bâiller bruyamment. C’est lorsque je me mis en route qu’un sentiment étrange me parvint. C’était Basil ? Il était inquiet. Non, je dirais qu’il appréhendait quelque chose.

― Quelque chose ne va pas ? Demandais-je alors en lavant ma tasse dans le petit lavabo de la chambre de Clara.

― Dis-moi, tu ne te souviens pas de ton enfance ?

 Je fronçais les sourcils, qu’essayait-il de faire ?

― Non, répondis-je, en lui tournant le dos.

― Tu es sûr de toi ?

― Viens en aux faits, m’impatientais-je.

― Tori, tu n’as jamais cherché à retrouver tes souvenirs. Je peux t’aider à les déterrer.

 Il me tapait sur les nerfs.

― Tu penses vraiment que j’ai rangé mes souvenirs dans un coffre ? Ce n’est pas si simple que ça, me moquais-je.

 Étrangement, mon cœur se mit à battre plus rapidement. Basil semblait cacher quelque chose. Pouvait-il vraiment débloquer mes souvenirs ? Cela m’effrayait, je ne voulais pas.

― Il arrive que des enchantements puissent bloquer des souvenirs. Mais les Psychics puissants peuvent te forcer à ne pas y accéder, c’est encore plus efficace que le sortilège d’un Sorcier, expliqua doucement Clara.

― Ça agit comme une sorte d’hypnose. Là, je sais que tu ne veux pas m’écouter parce que le Psychic t’a inculqué qu’il ne faut pas que tu y accèdes, tu t’en empêches.

 Basil se leva et j’eus un mouvement de recul. Oui, je ne voulais pas. C’était étrange. Je me sentais soudainement, irrévocablement triste.

― Je ne veux pas savoir, soufflais-je, perdue.

 Je ne voulais pas savoir.

― C’est pour ça que tu n’as pas cherché tes parents dans les archives, c’est ça ?

 Je hochais doucement la tête. Il est vrai. Greg m’avait dit qu’il y avait le nom de mes parents, mais je n’y allais pas. Non, non, je ne voulais pas ?

― Ce n’est pas toi, qui ne veux pas, Tori. Une force extérieur t’oblige à ne pas vouloir, mais tu peux renverser la balance, tu en es capable. Tu es curieuse et courageuse, pourquoi ne voudrais-tu pas savoir ? C’est idiot !

― Tu te souviens de tes rêves, Tori, ajouta Clara.

 Mes rêves ?

 Je sentis une main chaude et fine pendre la mienne, c’était Clara. Elle me fit asseoir sur son lit, et je me laissais faire. Voulais-je vraiment ?

― Regarde-moi dans les yeux, Tori. Dis-moi, veux-tu récupérer tes propres souvenirs ?

 Il avait encadré mon visage de ses mains pour que nos regards se croisent.

― C’est plus facile de ne pas se souvenir, je lui chuchotais presque, comme un secret.

― Je sais, j’aimerais aussi ne jamais me souvenir. Mais c’est important, il faut se souvenir des épreuves et des gens que l’on a aimé. C’est essentiel pour comprendre qui tu es aujourd’hui, et ce que tu ne veux pas être.

 Le monde autour de moi paraissait flou, un filtre s’était posé sur le décor et je ne voyais que les yeux noirs de Basil. Il était magnifique mais je sentais un mal le ronger. Petit à petit.

― Tu connais Clarisse Guera.

 Je fis non de la tête. Non, non.

― Si, tu la dis toi-même, dans la forêt.

 J’évitais son regard désormais. Je me sentais mal dans mon propre corps. Basil avait raison, quelque chose m’empêchait d’y voir plus claire. Je ne tenais pas en place, une partie de mon esprit me hurlait de fuir loin du Psychic. Il représentait le danger.

 Il y eut un moment de silence. Je tentais de me ressaisir et posais la question qui me taraudait depuis plus d’un mois mais dont la réponse me terrifiait :

― Comment s’appelaient-ils ?

― Jacob Guera et Sue Bailey.

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bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Tori a vite réglé l’affaire, de bonne guerre et efficace.
Comme toujours, la conclusion oblige à patienter pour la suite.

Galindo Gaëlle
2 années il y a

Clarisse… Du coup Risse… Ce ne sont que ses propres souvenirs dont elle rêve…

bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Sur ce point, j’avoue que j’ai pas tout compris.

bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

OK, merci Serena, parfois je suis un peu perdu.

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