Les jours s’enchainent comme du papier à musique. Je sors toujours le matin, et puis l’après-midi je reste dans ma chambre, ou je pars dans mes pensées, c’est selon le point de vue. Un petit calendrier en carton trône au dessus du bureau. Je regarde les cases colorées, celles qui sont encore vierges. Je cherche la différence. Hier, aujourd’hui. La longueur du mot, peut-être. Ou la conjugaison des verbes qui suivent. Mais l’ennuie est le même, un lent silence sourd, qui m’envahit chaque nuit, quand mes parents s’endorment. Le bruit des voitures me rassurait. Ici, on croirait écouter la mort.
Jean-Marie vient souvent à la maison. Il a tondu le jardin, l’herbe ne vient plus me déranger dans mes escapades. Parfois il reste pour le déjeuner ou juste pour le café. J’aime entendre le bruit de son tracteur qui approche, de plus en plus fort. Cela ne ressemble pas à cette grande discression qu’il a toujours, à ne jamais rire haut et fort ou se permettre une petite blague. Il est toujours couleur nature, à se fondre dans une masse invisible, sans jamais partir dans une direction insensée. Papa et lui s’entendent à merveille, deux hommes à fumer dehors, ça s’emboite. Ensemble, ils parlent nature, évidemment, mais aussi des petits potins du village voisin.
– Latillé est très mignon, commente mon père.
– Et Lavosso ? Vous connaissez ?
– Ah non. J’y suis peut-être passé sans faire attention.
– Allez-y, vous croiserez une maison en face d’un champ de vignes. Passez, je vous offrirai l’apéro.
Je m’enfuis de ma cachette. Mais je n’ai pas envie de rentrer. Pas encore. Alors je m’avance vers l’entrée du jardin, et m’assoie dans l’herbe grillée par le soleil.
Son miaulement a résonné à travers le champ, rauque et grave. Il s’est approché de moi, a tendu son museau vers ma main, j’ai senti son nez humide cogné ma paume, puis son poil soyeux et doux, il a répondu un ronronnement et est venu entre mes jambes posées en tailleur sur le sol, s’est roulé dedans et en est sorti. Il est revenu quelques secondes plus tard, a planté ses griffées dans ma peau, doucement, une patte puis l’autre, et il s’est appuyé contre mon genou. J’ai fourré mes doigts dans son pelage tout chaud, il a semblé acquiescer la caresse. Pendant de longues minutes, nous sommes restés là, l’un contre l’autre, sans mots ni sons, juste avec le plaisir d’être ensemble. Il a fini par me quitter, en partant sans se retourner. Je l’ai regardé s’éloigner un peu plus de moi, puis rejoindre mon frère qui venait d’arriver.
belle écriture, le titre y est c’est du quotidien mais pour autant pas un thème ou une histoire précise c’est voulu ?
Le bon air malgré le temps qui s’écoule doucement à la campagne. Ni portable, ni centre commercial. On retrouve l’essentiel, intriqué par le voisin, la rencontre avec un chat. Un monde où, en apparence, il ne se passe rien.
Je n’ai pas bien compris ce qu’il y avait dans le carton au début.
@Noelle Nolwen
Merci !
En fait, si, l’histoire est la même depuis le pen "Timide". Simplement, n’ayant pas encore trouvé de titre à mon livre, je n’avais pas créé de rubrique spéciale. Maintenant, tu devrais voir une rubrique "Invisibles".
Merci pour le commentaire !
@ccccccccccccc bbbbbbb
Merci pour le commentaire !
En fait, il n’y a pas de carton. C’est le calendrier qui est en carton. Petit malentendu, j’aurai peut-être dû être plus claire.