Les jours s’enchainent…

2 mins

 Les jours s’enchainent comme du papier à musique. Je sors toujours le matin, et puis l’après-midi je reste dans ma chambre, ou je pars dans mes pensées, c’est selon le point de vue. Un petit calendrier en carton trône au dessus du bureau. Je regarde les cases colorées, celles qui sont encore vierges. Je cherche la différence. Hier, aujourd’hui. La longueur du mot, peut-être. Ou la conjugaison des verbes qui suivent. Mais l’ennuie est le même, un lent silence sourd, qui m’envahit chaque nuit, quand mes parents s’endorment. Le bruit des voitures me rassurait. Ici, on croirait écouter la mort.

              Jean-Marie vient souvent à la maison. Il a tondu le jardin, l’herbe ne vient plus me déranger dans mes escapades. Parfois il reste pour le déjeuner ou juste pour le café. J’aime entendre le bruit de son tracteur qui approche, de plus en plus fort. Cela ne ressemble pas à cette grande discression qu’il a toujours, à ne jamais rire haut et fort ou se permettre une petite blague. Il est toujours couleur nature, à se fondre dans une masse invisible, sans jamais partir dans une direction insensée. Papa et lui s’entendent à merveille, deux hommes à fumer dehors, ça s’emboite. Ensemble, ils parlent nature, évidemment, mais aussi des petits potins du village voisin.

– Latillé est très mignon, commente mon père.

– Et Lavosso ? Vous connaissez ?

– Ah non. J’y suis peut-être passé sans faire attention.

– Allez-y, vous croiserez une maison en face d’un champ de vignes. Passez, je vous offrirai l’apéro.

Je m’enfuis de ma cachette. Mais je n’ai pas envie de rentrer. Pas encore. Alors je m’avance vers l’entrée du jardin, et m’assoie dans l’herbe grillée par le soleil.

            Son miaulement a résonné à travers le champ, rauque et grave. Il s’est approché de moi, a tendu son museau vers ma main, j’ai senti son nez humide cogné ma paume, puis son poil soyeux et doux, il a répondu un ronronnement et est venu entre mes jambes posées en tailleur sur le sol, s’est roulé dedans et en est sorti. Il est revenu quelques secondes plus tard, a planté ses griffées dans ma peau, doucement, une patte puis l’autre, et il s’est appuyé contre mon genou. J’ai fourré mes doigts dans son pelage tout chaud, il a semblé acquiescer la caresse. Pendant de longues minutes, nous sommes restés là, l’un contre l’autre, sans mots ni sons, juste avec le plaisir d’être ensemble. Il a fini par me quitter, en partant sans se retourner. Je l’ai regardé s’éloigner un peu plus de moi, puis rejoindre mon frère qui venait d’arriver. 

No account yet? Register

4 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Nolwen Noelle
2 années il y a

belle écriture, le titre y est c’est du quotidien mais pour autant pas un thème ou une histoire précise c’est voulu ?

bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Le bon air malgré le temps qui s’écoule doucement à la campagne. Ni portable, ni centre commercial. On retrouve l’essentiel, intriqué par le voisin, la rencontre avec un chat. Un monde où, en apparence, il ne se passe rien.
Je n’ai pas bien compris ce qu’il y avait dans le carton au début.

Lire

Plonge dans un océan de mots, explore des mondes imaginaires et découvre des histoires captivantes qui éveilleront ton esprit. Laisse la magie des pages t’emporter vers des horizons infinis de connaissances et d’émotions.

Écrire

Libère ta créativité, exprime tes pensées les plus profondes et donne vie à tes idées. Avec WikiPen, ta plume devient une baguette magique, te permettant de créer des univers uniques et de partager ta voix avec le monde.

Intéragir

Connecte-toi avec une communauté de passionnés, échange des idées, reçois des commentaires constructifs et partage tes impressions.

4
0
Exprimez-vous dans les commentairesx