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De quelle couleur sont ses yeux ?
Je n’arrive pas à m’en souvenir.
Pourtant ils m’obsèdent. Ils sont ancrés dans mes pensées depuis le jour où je l’ai croisée. Une banale rencontre comme on en fait des centaines tous les jours.
Je ne suis même pas certain de l’avoir remarquée.
Était-elle assise à la terrasse d’un café ? Flânait-elle devant une vitrine ?
Marchait-elle tranquillement ?
Je ne sais pas. Mais son regard s’est ouvert dans mon esprit, et il ne l’a plus jamais quitté.
Pourtant, je ne parviens pas à me souvenir de la couleur de ses yeux.
Étaient-ils bleus ? Vert ? Ou bien gris ?
Une subtile nuance des trois, peut-être ?
J’ai refais le chemin de cette journée tant de fois que je ne les compte plus. Je veux la revoir. Savoir à quoi elle ressemble. Enfin connaître la vraie couleur de ses yeux. Je ne demande rien de plus.
Je dois la revoir.
Le souvenir de son regard m’espionne constamment. Elle est là, sans l’être. Il se superpose à celui de toutes les personnes que je croise.
Partout.
Tout le temps.
Mais ce n’est jamais elle. Ces regards là sont trop fades, sans chaleur.
Je finis par ne même plus savoir qui je rencontre, je ne me concentre que sur leurs yeux, et perds tout intérêt dès que je comprends que ce n’est toujours pas elle.
Et puis, finalement, je les reconnais enfin. J’ai l’impression que les paupières dans mon esprit se referment pour s’ouvrir juste en face de moi.
Je suis incapable de l’observer entièrement, mes pupilles restent rivées dans ses iris.
De quelle couleur sont-ils, alors ?
Je ne sais pas qui a parlé en premier.
Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé depuis.
Je ne sais même pas depuis combien de temps nous froissons ses draps…
Mes mains la parcourent, mais aucune de ses courbes ne chassent son regard.
Je sens la fatigue de ces derniers jours, ou mois peut-être ? Mais peu importe. Elle peut faire de moi ce qu’elle veut tant qu’elle me regarde.
Quand elle se penche sur moi, je peux enfin voir la couleur de ses yeux.
Je me noie dans son regard.
Je m’y perds.
Y laisse mon âme.
Je ne suis pas seul. Et nous serons encore nombreux pris au piège des geôles de ses iris.
Ce sont nos âmes en peine qui leur donnent cette couleur.
La couleur de l’enfer.
Whoah ! Très joli, j’adore 🙂
Très bien écrit comme d’habitude ^^