Chapitre 4 – Les jeux

6 mins

Les vacances arrivent enfin à leur terme. Bien que la chaleur étouffante est toujours aussi présente, de plus en plus de familles rentrent chez elles. Mais pas encore mes amis. Du moins, si. Charlotte était rentrée une petite semaine mais avait vite quitté le quartier pour se rendre au Sud, voir sa mère divorcée. Nous n’avons pas pu nous voir, elle devait garder sa maison et préparer ses affaires. De plus, comme l’ennui avait eu raison… de ma raison, j’ai insisté auprès de mon père pour que je puisse travailler avec lui au centre équestre. Claude avait accepté mais aucune de mes tâches ne m’intéressaient vraiment. En rentrant, j’étais toujours fatiguée et dormais toute la soirée. Je passais mon temps à balayer l’écurie et faire le déjeuner, alors que mon père assurait les cours et s’occupait des cheveux, les laver, les nourrissait et les promenait, tandis que Claude était chargé des finances ainsi que superviser mon père et Salomé passait ses journées au standard. S’occuper de 4 chevaux ne semblait pas être une mince affaire mais mon père y arrivait avec brio. Et j’en étais fière.

Parfois, je passe devant le bureau de Salomé qui se tourne les pouces et même quand elle répond au téléphone, elle avait l’air au début ennuyée et lassée pour finalement, être complètement prise par son appel. C’était drôle à voir.

Donc pour revenir à nos moutons, j’ai passé un petit mois à bosser comme femme de ménage mais aussi cuisinière dans un centre équestre mais finalement, j’ai réussi à m’occuper et je m’entends bien avec les collègues de mon père.

A la fin de mon dernier jour, je suis partie avant mon père. Je me promène dans le village quand je passe devant un magasin lambda. Je vois mon reflet apparaître et je me dit qu’un petit changement ne me ferait pas de mal. J’ai des cheveux blond vénitien qui me tombent sur mes épaules pour se poursuivre jusqu’en dessus de mon buste . Ils sont ondulés et je passe le plus clair de mon temps, quand je n’avais rien à faire à les tresser. En les regardant de plus près, je décide de me rendre au salon de coiffure à un arrêt de train d’ici. J’avais emporté quelques francs avec moi, suffisamment pour un coupe carré.

Alors une fois cela fait, quand la coiffeuse m’applique une dernière lotion pour finaliser son travail, je dois avouer être complètement pantois. J’ai l’impression d’avoir une autre personne devant moi. Elle me les a coupé juste en dessous des oreilles et mes mèches rousses encadraient mon visage rond. Je suis tellement étonnée que mon expression du visage fit bien rire la coiffeuse. Apres avoir payé, je rentre au village et je ne peux m’empêcher de tripoter mes cheveux, découvrant leur nouvelle longueur. J’en suis clairement fière, pour le coup. Je me demandais comment allait réagir mon père et à la maison, je vis qu’il était en train de dîner et son expression en découvrant sa fille me fit bien rigoler.

– Sans vouloir être vexant, cette coupe te va à ravir, dit-il.

Je m’assois a côté de lui et lui fait un petit sourire.

– T’es pas triste ?

– Un peu.

– C’est aujourd’hui qu’elle est partie…

– C’est pas ce qu’elle veut. Et puis tu sais, tu peux aller la voir quand tu veux. Ne te retiens pas pour moi.

– Je sais. Mais j’en ai pas envie.

Je me lève et me dirige jusqu’à ma chambre. Sur le couloir, je m’arrête, revient sur mes pas et dit à mon père :

– Papa, t’es le type le plus courageux que je connaisse.

– Toi aussi, ma fille.

Je me réfugie dans ma chambre. Je faisais croire à mon père que je voulais dormir alors qu’après avoir allumé mon walkman et mit mes écouteurs, je lance la musique des Beatles à fond et laisse aller mes larmes en même temps que la mélodie, sous ma couette.

***

La rentrée va arriver dans 2 semaines, et je me fais une joie de retourner auprès de mes amis. Mais dans un petit coin de ma tête, je savais que je n’allais pas tarder à devoir refaire fasse à Vincent. Je n’avais absolument aucune idée de comment nous allions nous retrouver mais décide que cela appartenait à l’avenir, ce n’était pas le moment d’y penser. Tous étaient encore en voyages mais leur retour n’allait pas tarder en commençant par Hermine, qui m’avait téléphoné récemment pour prendre des nouvelles. Comme je n’avais eu rien à faire durent une semaine, j’avais réfléchit à une façon de comment je pourrais aborder le fameux libraire qui me faisait vraiment craquer. Je n’avais de cesse de penser à lui, alors que je ne l’avais vu qu’une fois. C’est possible même ? Est ce qu’il possédait des pouvoirs qui m’avaient ensorcelée ? Je ne voyais que ça comme explication. Quoi qu’il en soit, je le trouvais vraiment charmant et je rêvais de pouvoir enfin le revoir. J’avais fait ma timide et je n’ai pas osé me pointer une fois à la librairie depuis mon entrevu de l’autre fois. Mais maintenant, j’avais échafaudé un plan ingénieux et si j’en avais parlé à Salomé ou Hermine, elles auraient forcément approuvé ! Dans ma chambre, j’avais le catalogue du magasin où était indiqué les listes de livres pas encore à l’étagère mais qu’on pouvait commander. J’ai donc décidé que j’allais leur passer un coup de fil pour passer commande dans l’espoir que ce soit Ibrahim qui réponde que surtout, notre échange prenne une tournure plus intéressante. Après avoir choisi un que Vincent m’avait une fois conseillé, de Hermann Hesse, je m’empare du combiné et commence à composer le numéro de la librairie, les mains tremblantes. Heureusement que mon père n’était pas là. J’allais me faire casser les dents si il m’entendait employer les grands moyens pour flirter…

Le bip semblait durer une éternité et j’étais sur le point de raccrocher et abandonner mon plan quand je reçu enfin une réponse.

– Bonjour, librairie du boulevard de la piété, que puis-je pour vous ?

C’était sa voix, j’en étais certaine !

– Bonjour, j’appelle pour une commande, répondis-je, en me forcant à rester calme alors que sa voix m’avait mis dans tout mes états. Si grave et à la fois si douce.

– Très bien, à quel nom ?

– Elza Peeters.

– Vous êtes une cliente fidèle, de que j’ai entendu.

Oui, tout se passait comme je le voulais ! Il me tendait une perche, je devais absolument la saisir.

– C’est ce qu’on dit.

J’ignore pourquoi, mais j’étais convaincue qu’il s’est mis à sourire. Surtout avec la phase qu’il prononça juste après.

– D’habitude, j’écoute pas les potins mais là, j’ai bien envie de croire qu’on aura souvent le droit à vos visites.

J’étais en train de trépigner sur place. Cette fois, j’étais convaincue que le ciel était de mon côté et que le destin m’avait amené à Ibrahim.

– Je suis très occupée, je tranche.

– Il me semble pourtant que c’est vous qui avez acheté des fleurs pour Algernon, raconte-t-il.

– Il me semble aussi que vous ayez une bonne mémoire.

– J’aurai plutôt employé le terme mémoire sélective.

– Je suis censée le prendre comme un compliment ?

– C’est vous qui voyez.

– C’est un très beau livre. Et j’espère que vous en penserez autant du bouquin que je m’apprête à commander, dis-je, pour revenir au sujet initial.

– Je vous écoute.

– Le loup de Steppes de Hermann Hesse.

– Suis-je censé vous dire qu’il s’agit de la plus belle œuvre du monde ?

Cette fois ci, je ferme les yeux et ne dit rien, sûre à 100% que Dieu est une entité qui existe réellement.

– Mademoiselle ?

– Oui, excusez moi. Ben, je suis tentée de vous répondre que c’est pour cette raison que je le prends.

Son rire résonne dans mes oreilles et j’aurais payé cher pour qu’il dure éternellement. Il avait l’effet d’une berceuse pour moi.

– Ça sera tout ?

– Je pense que oui. Avez-vous des suggestions à me faire ?

– Je ne suis pas sûre de saisir tout vos goûts littéraires, mademoiselle, pour vous donner des conseils avisés.

– Je garde ça pour moi, on dit que je suis une cliente fidèle, vous finirez bien par le découvrir.

– J’espère que cela arrivera le plus vite possible.

– Je l’espère aussi.

On ne dit rien un petit moment et me rattrape rapidement :

– En effet, il faut que vous arriviez à bien me conseiller.

– C’est sûr. J’ai noté votre commande et quand elle arrivera, un des employés vous passera un coup de fil pour que vous puissiez récupérer votre livre.

– Merci.

– Au revoir et passez une bonne journée. J’espère vous revoir bientôt dans le secteur.

J’étais sur le point de lui répondre “oh oui ! Moi aussi, si vous saviez !”, mais j’arrive à me contrôler et me contente de répondre sur un ton blasé, pour mettre fin à ce sorte de jeu qu’on avait mis en place :

– Passez une bonne journée ! Monsieur…

– Vous pouvez m’appeler Ibrahim.

– Au revoir !

Et je raccroche immédiatement. Je me met alors à sauter partout dans la maison, manquant de faire tomber le saladier sur la table à manger, en me percutant dessus.

J’y crois pas. Suis-je en train de rêver ? Ces vraiment arrivé ? Oui, j’en étais certaine. Je m’asséne une petite claque pour me persuader que c’était vrai. Oui, tout était vrai. J’avais vraiment parlé avec cet homme, exactement de la même manière que je le voulais. C’était si beau que je me suis tout de suite dit que je devais calmer le jeu un moment, voir si c’était aussi ce qu’il voulait. Je m’assois sur mon lit, encore stupéfiante, et me repasser en boucle ce qu’il venait de se passer. J’étais tellement heureuse que quand l’adrénaline est finalement tombée, je me suis rendue compte que je n’avais aucune idée de quel âge il pourrait avoir. En y réfléchissant, je lui donnait facilement pas plus de 23 ans. Il devait être dans la même tranche d’âge que moi, sinon, est ce qu’il aurait osé se joindre à cet échange ? Est ce que finalement, ce que je ressentais à son égard, il le ressentait aussi pour moi ? Pas de l’amour non, de l’attirance, une véritable attirance. Je me dirige vers la salle de bain pour me regarder. Je l’avais aussi ce pouvoir attrayant finalement ? M’enfin, ça ne serait pas la première fois que l’on se sent attiré par ma personne.

Cela c’était produit dans le passé…

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1 Commentaire
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bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Bravo Maya, le père est vraiment un chic type!
J’espère qu’Ibrahim le vaut bien.

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