Début de partie. Fissurée, fêlée, fendue. Fendue à coup de silences affichés, de vérités mensongères, de faux-semblants assumés.
Je suis là, en errance, seul. Volets fermés, lampes éteintes, alarme morte. Oreilles aux aguets, jambes pendues au cou, tête dans les étoiles, je sais que ma fin n’est plus que temps. Des lances s’approchent. Des fusils et des chiens de combat. Le silence en bout de course.
Tu t’es battue contre les vents et les marées. Tu as perdu pied dans l’eau qui t’étouffe. Dresse-toi quand même et regarde le chemin qui n’est plus. Au loin, la bête climatique engloutit ton futur. Tu ne survivras pas à la tornade du prochain matin.
Hier, il m’a parlé. Il s’est ri des cordes qui tombaient, des tornades qui dévastaient, des lumières qui s’ouvraient dans le ciel d’automne. Il ne sait pas qu’il ne sait pas. Insensément naïf ou volontairement cynique, il va, le cœur vaillant. Dans un instant, il ne sera plus, pourtant.
Violences des temps présents qui nous soumettent. À corps perdu, nous avançons coûte que coûte vers le gouffre. Il fait chaud, terriblement chaud. Nos corps presque nus souffrent depuis tant de temps. Mais nous marchons, nous marchons, pour lui échapper. En vain.
Vous ne m’avez pas cru quand je vous annonçais l’ultime, l’indicible, l’impensable. Vous m’avez pris pour un oiseau de mauvais augure. Vous m’avez raillé, sans me répondre. Vous m’avez frappé de vos mots indécents. Vous m’avez fait taire, absolument.
Elles ne veulent pas entendre mes menaces. Elles préfèrent les ignorer pour ne pas sombrer. Dans un désespoir immense. Dans une dépression intangible. Dans une dégradation systémique. Elles ont peur, tout simplement. Mais la peur finit par tuer.
Fin de partie. Je, tu, il, nous, vous, elles. Écrasés sous le poids des grandes certitudes. Et noyés dans l’infini désarroi du tourbillon ultime.