Un ciel bas et lourd accable tes rondeurs. Ton dieu s’abat sur ta peau fragile. Incandescent. Virulent. Sans aucune pitié. Il te craquelle. T’effrite. Te fissure, même. Gouffre sans limites qui se creuse en toi. Abysses insatiables. Abîmes sans fond. Sans fin. La fin de tout. De toi. De nous.
Tu as beau te cacher sous une forêt de chênes. Des immensités de rideaux morbides s’abattent sur toi. Partout, le ciel s’est ouvert en un déchaînement fulgurant. Qui te fait chavirer. Qui te tue à coup de lumières mortelles. Tu n’es plus que grouillements sinistres.
Les arbres, hier encore beaux et solides, vacillent au-dessus de toi. Ils te regardent de leurs yeux de misère. Ils t’implorent de ne pas les laisser tomber. Mais les rafales sont cruelles. De plus en plus cruelles. De plus en plus violentes. Et toi, tu n’y peux plus rien. Absolument rien.
Tu t’es battue contre les vents et les marées. Tu as perdu pied dans l’eau qui t’étouffe. Dresse-toi quand même et regarde le chemin qui n’est plus. Au loin, la bête climatique engloutit ton futur. Tu ne survivras pas à la tornade du prochain matin.
Le liquide amer s’immisce en toi depuis des jours. Te dévore à petit feu. Te noie sous des chagrins indicibles. Tu ne parviens plus à respirer. Tu ne parviendras plus jamais à respirer. Des marées de boue immonde bouchent tes pores. Tous tes pores.
Autour de toi, tant de morts. Abattus par la tornade qui t’a vrillée. La tornade annoncée. Inévitablement annoncée. Celle que tu as tant voulu ignorer. Qui t’a toujours glacée. Qui t’a frappée de plein fouet. A détruit ceux que tu portais depuis tant et tant de temps.
Regarde-toi. Ouvre les yeux. Occulte ton miroir déformant. Tu suintes. Tu suffoques. Tu subis. Tu sombres peu à peu dans le gouffre. Au loin, tu entends encore les sons funestes qui te rappellent à l’ordre. Mais tu n’es déjà plus capable de les écouter.