Renaissance

7 mins

Alors que je me perdais dans l’immensité de l’univers. Je voulus rebrousser chemin quand j’ai aperçu qu’en face de moi, il n’y avait rien. Je regardai autour de moi, mais le canal par où j’étais arrivé avait disparu et je me retrouvais, de nouveau, dans la Vacuité.

Enfin, je mis un moment à le comprendre. Puis, j’eus même l’impression d’y avoir passé une éternité. Une longue journée a vaquer dans cette noirceur où l’absence de lumière me vidait de toutes mes connaissances et de toutes mes compétences.

Je naquis, ainsi, de nouveau, mais dans un autre corps, tout autre que le mien, je n’étais plus. Du mieux que je me souvienne, je n’étais rien de plus qu’un homme seul dormant dans une pièce, décorée de meubles anciens et de bibelots divers et variés. Enfin, on aurait, même, dit que j’étais dans un laboratoire, quand mes yeux se posèrent sur des tubes à essai et autres ballons de chimie. Je levai donc, ma tête de mon plan de travail. Un œil à moitié ouvert et un autre à moitié fermé. Comment dire, c’est comme si j’avais la gueule de bois et quand je regardais parterre, à ma droite, je vis plusieurs bouteilles de vin, éparpillées çà et là. Toutes vidées de leur contenu. Je voulus me lever, mais à peine le pied levé que je basculai en arrière puis je me rattrapai d’un mouvement presque gracieux, si je n’avais pas été aussi bourré.

Enfin, dès que je retrouvasse mon équilibre, je fus pris de maux d’estomacs. Et je me précipitai vers les toilettes. Sans comprendre comment, j’en avais trouvé l’emplacement aussi facilement. Tête la première dans la cuvette en cuivre, je dégueulais encore et encore jusqu’à ne plus rien régurgiter. Enfin terminé, je tirai la chasse d’eau et m’essuyai la bouche avec ma manche. Et je remarquai, à ce moment, que j’avais une barbe rousse et proéminente.

Mais où étais-je tombé.     

Je remontai le temps un tant soit peu dans ma mémoire. Et je vis alors que j’avais passé la nuit dans une soirée mondaine, le genre où circulent et/ou festoient tous les pédants et autres pets secs d’une société de notables remplies d’aristocrates tout aussi carnassiers que financiers. Enfin, c’était surtout le point de vue de ce mystérieux personnage.

Puis je me rapprochai d’un vieux miroir pour voir à quoi je ressemblais et surtout, pour voir quelle mine je devais avoir. Et quand je me vis, je fis un pas en arrière, comme si j’avais vu la personnification du démon, tant cela m’avait choqué. Enfin, cela n’avait pas duré. Non. Car, je m’étais mis à rire dans ma barbe. Finalement, j’avais la tête d’un bon roux. Une fois m’être bien reluqué, je tournai la tête et je vis posé sur un buffet une bouteille dont le contenant ambré m’avait semblé être du malt.

Ce n’était que quand j’en bus la première gorgée que j’en eus la confirmation. Je raclai ma gorge si fort que je terminasse d’un long « Aaaah » et l’instant qui suivit j’entendis ma grosse voix rocailleuse dire : que c’est bon !

J’eusse à peine eu le temps de terminer la flasque que j’entendis frapper à la porte. Je me rappelle, en avoir même bu de travers m’arrachant ainsi un râle. Je me ressentis tanguer comme à mon réveil dès que je me précipitasse vers la porte. J’eus du mal à fixer le judas tant l’effet du malt fut immédiat. De l’autre côté, je vis une femme que je ne reconnus pas au premier abord. Puis en scrutant son visage porcelaine, il m’était revenu en mémoire à peu près ceci :

— Bonsoir, mon beau roux, me disait une voix chaude alors que j’étais au bar en train de boire mon verre dans le plus grand des calmes. Je m’étais mis à penser, une femme pour moi ? Mais, je m’en fiche ! Et je mettais remis à boire.

— Monsieur ? Monsieur, Delacour, Mathieu Delacour ?!

Mais qui me nomme avec insistance, m’étais-je dit ? Je jetai un regard oblique à ma droite, et je la vis cette femme. La même qui se trouvait derrière la porte. Je me rappelle m’être passé la main dans les cheveux pour tenter de me recoiffer. Et je lui ouvris.

Face à moi, se tenait, la radieuse, la merveilleuse, la sublime, Amélie Garcia. Un doux mélange d’une famille portugaise. Le genre à vous observer d’un regard océan, accompagné d’un sourire qui m’avait, de suite, projeté aux anges. Je me décalais pour la laisser entrer en essayant de ne pas respirer.

Quand, elle entra enfin, ce qu’elle regarda, en premier, était l’espace de mon appartement, qui, avec le temps, était devenu mon labo. Elle semblait elle aussi aux anges. Enfin cela, je ne l’avais compris que bien après. Et quand elle avait soudain effleuré avec son talon, une bouteille. Je me rappelle avoir aussitôt détourné mon regard. Mais j’étais à des lieux de savoir qu’elle s’en fichait pas mal.

Puis, elle remarqua sur la table, mes manuscrits, mes formules toutes plus folles les unes que les autres. Sur le moment, je n’avais pas su si c’était le malt ou elle, mais je vis, dans son regard une étincelle. Jamais, je n’avais vu une telle curiosité pour mes travaux et encore moins de la part d’une femme.

Alors, imaginez la joie que j’eus en voyant cela. Je voulus même exploser de joie, mais ce matin-là, je m’étais fort bien retenu. Puis, elle semblait plus passionnée encore par le contenant de l’un de mes ballons dont la fumée blanchâtre épousait la forme.

Elle était bien plus à l’aise que je ne l’étais chez moi.

Mais qui était-elle ?

Pour cela, il faudra remonter le temps soit, une dizaine d’heures environ.

Cette soirée, si mes souvenirs sont exacts, se déroulait dans l’un des châteaux de la Loire. J’avais été invité par un homme intéressé par mes travaux alchimiques. Un de ceux qui ne veulent pas mourir, un de ceux dont une vie tout entière ne suffirait pour remplir sa besace. Enfin, toujours est-il que je me retrouvasse dans cette soirée, a priori, costumée.

Pour l’occasion, j’avais sorti ma plus longue veste cintrée, dont le bleu roi portait à croire que j’étais dans le rang des nobles. Alors, pour une fois, je ne m’étais pas fait demander mon carton d’invitation. C’était, je me rappelle, drôle. Drôle de voir qu’un simple morceau de tissu pouvait changer le regard sur les autres. Enfin, entrée dans le hall, je fus accueillie par des majordomes, dont le costume était noir et dont les mains étaient gantées de blanc.

— Bien le bonsoir, monsieur ?

— Delacour, Mathieu Delacour.

— Parfait, Monsieur, prenez place. Vous avez toute l’aile droite ainsi que la gauche qui vous sont accessibles, mais pas les étages. Nous vous souhaitons une excellente soirée.

Dès qu’ils eussent fini de me donner consigne, je me précipitai alors vers le buffet. Je me rappelle m’être gavé comme une oie de petits encas, dont les couleurs frivoles attiraient les plus sournois. C’est ainsi que la soirée débuta. Et quand la valse commença, c’est-à-dire, rapidement, je vis que nous étions au moins deux-cents. La valse se déroulait dans l’aile gauche, alors je m’étais orienté vers celle de droite et je vis, pour mon grand plaisir, un bar.

Mon verre était à peine rempli de vin, qu’il s’était déjà vidé. Et je demandai au serveur de ma grosse voix :

— Un autre !

L’homme saupoudré comme une femme me jeta un regard niais et il m’en resservit un autre, que je vidasse aussi sec que le premier. J’avais beau être entouré de femmes et d’hommes, pour moi, c’est comme si j’étais seul. Juste moi, mon verre et le l’homme de main, mes trois amis du moment. D’ailleurs, ce dernier tentait, par moment, de m’extorquer une parole, mais à la place je grognai comme un ours en calquant le cul de mon verre. Cela faisait rougir le service, même à travers son maquillage. Je m’étais dit qu’il devait fort aimer les bonhommes rustres et insociables.

Alors, que je commençai à peine à avoir le tête qui tourne, j’entendis une voix :

— Quelque chose de pétillant, je vous prie !

— C’est comme si c’était fait.

Quand cette fois-ci, la voix chaude m’interpela alors :

— Il me semble vous avoir déjà vu, monsieur ?

Mais moi à ce moment, j’étais bien trop emphase avec mon verre, que je l’ignorasse.

Puis je l’entendis murmurer :

— Quel goujat, ce roux.

À cela, je bus plus vite encore mes trois pots comme je pus en finir un seul et je lui répondis :

— Je ne sais, comme vous dire cela, mais je ne suis pas un goujat. Juste un peu dans mon monde. Et je n’ai que le vin pour m’en sortir.

J’avais pour la première fois de ma vie parlé à une femme, de moi. Comment vous dire cela, autrement. Non, je n’avais jamais non jamais parlé à des femmes si ce n’était pour les saluer et pour être honnête, je m’en fichais pas mal.

Puis, elle m’eut reconnue. Enfin, c’est ce que j’en avais déduit :

— Mais vous êtes, l’alchimiste Mathieu, Mathieu Delacour !

Puis elle termina par un sourire qui m’avait de suite projeté dans un autre monde. Le genre qui vous fait parler bien plus que du bon malt. Voici comment je fis sa rencontre. La rencontre de la ravissante, Amélie Garcia.

C’est ainsi que je débutasse cette soirée à bavarder avec la belle Amélie. Enfin, je me rappelle qu’à la fin, j’étais épuisé. J’avais, donc, dû laisser cette demoiselle à regret. Je quittais cette soirée remplie de rois, de reines et autres maitres de pecnots avec, pour une fois, un sourire aux lèvres.

Une fois dépassée l’entrée, en posant un pied sur la première marche éclairée par la lueur de la Lune, je me rappelle eus fait un écart, d’un bon mètre ou peut-être deux. Toujours est-il, que je ne me rappelasse point l’avoir invité ou même lui avoir donné mon adresse. Enfin et toujours est-il que maintenant, la ravissante Amélie Garcia est là et il va falloir que j’assure bien plus que de raison. Alors, quand elle eut fini de faire le tour du propriétaire, elle m’avait dit ceci :

— Mathieu, je ne saurai vous dire à quel point ce lieu est envoutant, je dirais même fort inspirant. Quoique j’eusse, néanmoins, une remarque : je dirais qu’il manque quelque chose à votre loge. Puis-je, alors, vous demander permission d’y ajouter quelques fleurs ?

Je lui répondis donc, en essayant de garder mes distances :

— Hum-hum. Amélie, comment vous dire cela ? Je serais ravi de voir quelques pâquerettes ou autres jonquilles colorer mon laboratoire.

À cela, je voulus avancer, mais l’odeur de l’alcool ingéré plus tôt, m’en avait empêché. Je lui avais recommandé de revenir une fois que le soleil serait à quelques points du zénith et elle me répondit :

— Comment vous dire cela à mon tour, Mathieu. Ne soyez pas aussi impatient. Vous savez, il me faudra plus de temps que cela pour choisir des plantes idéales qui se fondraient dans votre loge. Et puis, entre nous, je pense aussi qu’il faudrait plus de quelques heures pour qu’une fée du logis puisse enchanter ces lieux. Pour conclure, d’avoir pu voir l’entremise de l’âme d’un génie m’a fort comblée.

Un silence passa comme pour ponctuer sa belle parole.

— Mais, je regrette. Car, je dois partir. Mais comprenez que cela n’a rien à avoir avec l’accro de mon talon. Je repasserai, donc dans quelques jours. Cela, vous irait-il ?

Je fus sans aucun doute, à ce moment, plus qu’aux anges. Je fus, pour être plus honnête encore, cette fois-ci, projeté bien plus loin. Quand, elle sortit en me saluant, elle finit par un sourire à ravir. Aussitôt, la porte fermée, j’ai, alors, rangé, à commencer par les nombreuses bouteilles.

C’est ainsi que je rangeasse mon bazar. Je voulus boire, à la fin, un petit verre en voyant qu’il me restait une bouteille de Grand marnier. Mais je n’en fus rien. Je me rappelle avoir serré les dents et l’ai remise à sa place en pensant aux plantes qu’elle pourrait me porter.

* * * * * * * *

Enfin et cette nouvelle a surtout été écrite pour faire comprendre que l’arrivé de l’Amour transforme comme peuvent le faire les formules de chimie.

FIN

No account yet? Register

2 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
bbbbbbb ccccccccccccc
bbbbbbb ccccccccccccc
2 années il y a

Quelle imagination. Se réincarner dans un rustre alcoolique. Elle est parfaite et l’aime pour son savoir, drôle de couple. J’aurai passé une bonne soirée à lire grâce à vous.

Lire

Plonge dans un océan de mots, explore des mondes imaginaires et découvre des histoires captivantes qui éveilleront ton esprit. Laisse la magie des pages t’emporter vers des horizons infinis de connaissances et d’émotions.

Écrire

Libère ta créativité, exprime tes pensées les plus profondes et donne vie à tes idées. Avec WikiPen, ta plume devient une baguette magique, te permettant de créer des univers uniques et de partager ta voix avec le monde.

Intéragir

Connecte-toi avec une communauté de passionnés, échange des idées, reçois des commentaires constructifs et partage tes impressions.

2
0
Exprimez-vous dans les commentairesx