Le temps tue

Il pleut encore, j’entends le son des gouttes qui tombent sur les fenêtres et je sens le froid pénétrer l’intérieur. Les murs sont froids mais j’essaie de ne pas sursauter à leurs contact car j’entends autre chose que la pluie qui s’approche de plus en plus.

Malgré ma respiration saccadée et mon cœur qui ne fait que bondir hors de ma poitrine, je retiens mon souffle pour faire le moins de bruit possible. J’ai l’impression d’étouffer mais je tiens bon. Je suis toujours seule dans cet endroit désolé pourtant j’ai peur car le pire arrive même s’il se fait attendre.

Je patiente sagement que le danger s’en va pour que je puisse enfin m’enfuir et profiter le cœur léger de ma vie et de ce qu’elle offre mais je suis coincée. Et je guette le moindre signe de ce monstre qui me traque sans cesse.

Parfois j’en ai assez de tout ce stress qu’il me fait subir, de toute cette pression que je suis obligée de supporter sans me plaindre toutefois il est impossible de s’en débarrasser quelque soit les efforts que je fais. Je suis constamment hanté par son souvenir qui m’empêche d’avancer et de me réjouir de mon parcours.

Enfin, je réussis à me calmer, ma respiration et mon cœur est plus silencieux. Donc je peux mieux écouter l’atmosphère ambiante qui me glace le sang par son silence alors que je sais qu’il est là. Je suis paralysée par la peur mais je dois changer de place ou sinon il me retrouvera. Cela ne fait aucun doute parce que ce n’est pas la première fois…

Avant il était inoffensif, même sympathique, j’étais toujours heureuse de le voir passer mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Maintenant tout me le rappelle, je ne peux y échapper, je suis complètement à sa merci. Quant à sa mention, elle a fini par m’effrayer et même me rendre folle. Je ne peux plus le supporter.

Je sors finalement de ma cachette en faisant le moins de bruit possible mais toujours l’oreille à l’affût du moindre son. Et je suis soulagée de ne pas encore le voir arrivée. 

Tout d’un coup je l’aperçois, je suis prise d’effroi. Un frisson glacée m’empêche de bouger pendant quelques instants pendant qu’un murmure résonne dans cet endroit sans vie: 

“Où te caches-tu? Je viens te chercher!”

Malgré sa douce voix, je suis terrorisée et je me mets à courir de toutes mes forces sans m’arrêter et je continue à aller toujours tout droit. J’ai envie de pleurer, je n’arrive plus à respirer et ça fait un moment que je me suis perdue dans ce labyrinthe qui n’en finit pas. Je cours encore et encore jusqu’à ce que je n’ai plus de souffle et que je trouve un nouveau coin pour me réfugier.

 Je n’en peux plus! Je suis fatiguée! Je veux m’en aller mais je ne sais plus où se trouve la sortie. Je suis complètement désespérée! Je voudrais qu’il s’arrête et me laisse l’occasion de m’échapper mais c’est peine perdue…

Perdue dans mes pensées, je finis par m’exprimer tout bas: “Quand pourrais-je me réaliser?” Quand sans crier gare le temps fini par me rattraper et me tuer sans pitié! Je n’ai émis aucun son, n’ait laissé aucune trace, je n’ai pas eu la force de me débattre.

Tandis que mes restes ont tout simplement été jetés dans une cave fermée à clefs où était mentionné ” les rêves abandonnés” à côté d’une autre porte qui donnait sur “les projets avortés”. Je ne suis pas déçue de ce qui me semble une fatalité: un rêve brisé, abandonné au temps qui a fini tuer naturellement. L’histoire s’est terminée aussi vite qu’elle n’a commencé dans une triste indifférence…

Néanmoins je sais que l’espoir viendra me rendre visite dans les échecs oubliés pour à nouveau me ressusciter avec l’idée un peu folle que je puisse me réaliser en réalité.