Le design de l’amour (Ancien Dire finalement oui…) -6- Ce ne serait pas le Palazzo, mais…

4 mins

Tout portait à croire que cela serait tout comme.

Lorsque Jabes me rappela, j’appris que les déménageurs étaient déjà en train de monter mes meubles dans l’ascenseur. Je sortis les accueillir dans le vestibule, et une fois les présentations faites, tandis qu’ils transportaient

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 mon lit ajustable électrique de format Queen, je les aidai en transportant d’abord dans ma chambre mon nouveau fauteuil papasan d’une teinte bleu marin, puis ma lampe bleue ciel sertie de petits coquillages d’un argent pâle, qui ferait merveille sur ma nouvelle table de chevet en miroir.

Nous transportâmes ensuite les 5 armoires indigo qui couvriraient tous le pan de mur est de ma chambre, et l’homme à tout faire les vissa solidement au mur à 3 niveaux. Je vis ensuite les hommes transporter dans la salle de travail le bureau et son fauteuil à l’endroit ou nous le souhaitions, puis, monter les 6 étagères dans le même bois de merisier.

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Trop occupée à aider les hommes à tout monter, je ne prêtai pas trop attention à Chrissie et à Marc qui venaient d’arriver, bien que je trouve bizarre qu’ils ne viennent pas nous voir. Ce ne fut que lorsqu’on eut terminé que j’allai les trouver dans la chambre qui était vacante… et qui ne l’était plus.

J’eus la surprise de ma vie lorsque je passai le pas de ma porte et vis que tous les meubles que j’avais choisi pour mon atelier avaient été achetés et déménagés dans la pièce sans mon consentement… Les déménageurs rejoignirent ceux du premier convoi, et tous sortirent en même temps. Je les laissai sortir sans mot dire, et je demeurai interdite devant Chrissie et Marc qui, eux, jubilaient…

– Comment as-tu pu me faire cela, Chrissie ?

Ils furent saisis par l’attitude que je venais d’adopter.

– Mais enfin quoi, n’es-tu pas contente ? C’est l’atelier de couture de tes rêves !

– Me connais-tu donc si mal ?” Et je sortis de la pièce pour aller m’asseoir sur mon lit avec une moue.

Mon amie me suivit, Marc sur ses talons, mais il demeura en retrait dans le passage

– Mais enfin Sandy ! Vas-tu m’expliquer ce qui se passe ?

– Tu sais à quel point je m’enthousiasmais de pouvoir acheter par moi-même tous les meubles que je désirais !” m’écriai-je. “Tu savais à quel point je jubilais de ne plus rien devoir à Frank ni à quiconque !… Je t’ai dit l’importance qu’avait pour moi le fait que tous ces meubles soient à mon nom, et uniquement à mon nom ! Tu m’as remise dans une position où tout ce que je possède, je le vivrai à nouveau comme si je le devais à quelqu’un d’autre ! Correction: que je devrai à Marc !”

– Mais ce n’est pas cela du tout ! se défendit Chrissie

Marc entra dans la pièce avec circonspection. Sa réserve et sa prudence calmèrent quelque peu Sandra, mais pas tout à fait.

– Excuse-moi Sandra… Mais je veux juste te dire… La manière dont t’a traité Frank est impardonnable. Avec tout l’argent que tu as investi dans votre vie à deux, tu aurais mérité plus de reconnaissance que cela… Il fit une pause, pour me laisser le temps d’absorber l’information

– Et ces meubles, tu ne me les devras pas… Tu pourras commencer à me les rembourser lorsque tu auras fini de payer l’ameublement de ta chambre et de la salle de travail… Et n’en veux pas à Chrissie, c’est moi qui ai demandé à t’aider… Tu as du talent dans ton domaine, et j’aurais juste trouvé trop dommage que tu attendes 3 ans de plus pour réaliser ton rêve, juste pour des questions financières, alors qu’il m’est si aisé de te garantir ce prêt…

– Que sais-tu de mon talent en design de mode ? Tu n’as jamais vu mes croquis !

– Correction Sandra… Te souviens-tu quand je te les avais emprunté il y a 2 ans ?

– J’avais trouvé que tu prenais du temps à me les rendre…

– C’est parce qu’elle me les avait envoyé…

– Hein ? Comment cela ?

– Il y a beaucoup de monde influent qui viennent à mon restaurant…

– Les dirigeants des Maisons de couture Frangine, Bambina et Faccino sont des habitués du Stella Marina !

– Oui, et s’ils n’aiment pas se faire apostropher en dehors de leurs bureaux par des stylistes et des fournisseurs, ils se sont montrés enclins à jeter un oeil sur ton travail sur ma recommandation…

– La Maison de couture Frangine ? Et Faccino ? Sérieusement ? Mais ce sont les 2 plus hautes maisons de couture de Montréal !

– Ils t’invitent à communiquer avec leur secrétaire pour visiter leurs installations… Par la suite, tu seras bienvenue à travailler de chez toi et à leur faire parvenir tes croquis sur des commandes spéciales…

– Oh ! mais Marc ! Comment pourrai-je jamais te remercier ?

– En te montrant à la hauteur de leurs commandes… J’y ai engagé ma réputation, à laquelle je tiens beaucoup. Cela m’a pris du temps à l’établir…

– Je ne te décevrai pas ! Tu dis qu’ils ont aimé mes croquis d’il y a 2 ans ?

– Ils ont fait quelques commentaires sur quelques petits changements qu’ils auraient apporté, mais dans l’ensemble, oui, ils ont semblé bien apprécier…

– Et tu dis que les dirigeants de ces marques concurrentielles dinent souvent ensemble ?

– Ils ont su mettre leurs différents de côté… Ils ont compris qu’ensemble, ils étaient plus forts pour faire face à la concurrence, et qu’ils auraient bien davantage à perdre s’ils se mettaient à faire de l’espionnage industriel entre elles…

– Oh ! Mais je n’y crois pas ! C’est tellement… Tellement…

Les épaules de Sandra s’affaissèrent et se mirent à tressauter sous le trop-plein d’émotion qui la submergea… Christina vint prendre son amie dans ses bras

– Oh ! ma pitchounette !

– Excusez-moi, mais il y a encore 5 jours, je demeurais prise dans cet appartement, et je ne voyais plus le jour où je passerais à autre chose. Et là… Je vais enfin faire ce que j’aime !

Sandra sourit à travers ses larmes. Son bonheur illuminait son visage

– Tu veux revenir voir ton atelier ? fit doucement Marc

– Bien sûr… Mais d’où viennent tous ces tissus ?

– Mme De Luca, Mme Costa de même que Mme Carré t’ont d’ores et déjà transmis la liste de leurs fournisseurs… J’en ai profité pour en visiter 2-3, et ils m’ont fourni différents textiles et matériaux qu’ils m’ont garanti être dans les hauts standards de ces maisons de couture…

– C’est vrai que ce sont de belles étoffes…

– Et ne t’inquiète pas, j’ai joint ces factures aux autres… Quoique j’apprécierais que tu me permettes de te faire juste ce petit cadeau pour ton début de carrière.

Marc aima le regard que lui fit Sandra : il représentait un pas de plus dans l’évolution de leur relation…

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