Conte 7: le Retour de la Reine – 14ème partie & fin de "Les contes du Gars : Da"

10 mins

Durant les semaines qui suivirent, chaque jour sans exception, Damian était là dans cette chambre. Et quand ce n’était pas lui, c’était Amanda qui venait y faire ses devoirs après ses cours ou venait manger avec elle. Parfois c’était Katy parfois Nadya qui passait lui rendre visite ou lui tenir compagnie. Parfois c’était les garçons, Gunz, l’un ou l’autre parfois avec des fleurs parfois avec des chocolats. Vite, très vite, elle reprit du poids, des forces, son état commença à s’améliorer. Quatre semaines après son admission elle put être opérée, sa tension artérielle redevint plus normale et les examens ne révélèrent rien de bien méchant. Avec un traitement adapté, tout devrait bien aller.

Pratiquement sept semaines s’étaient écoulées depuis l’incendie de sa maison. Stella avait fait ce qu’elle pouvait. C’était aujourd’hui à Belinda de faire en sorte que son état continue de s’améliorer.

Bientôt les gendarmes de l’USIGN revinrent à la charge. Plusieurs fois, ils emmenèrent et interrogèrent Belinda sur le déroulement de cette soirée-là. Invariablement son récit était le même.

A la nuit tombée, un groupe d’homme lourdement armé et cagoulé était arrivé à la ferme et l’avait prise d’assaut. Elle ignorait totalement qui ils étaient. Elle avait juste entendu leur voix et reconnu leur accent. Ils parlaient arabe. Elle croyait avoir reconnu leur dialecte, ils devaient être de Yazd à quelques centaines de kilomètres du Désert du Louth. Ils les avaient questionnés. Ils avaient d’abord commencé par la cogner elle pour le faire parler lui. Ils voulaient quelque chose de lui, de sa famille peut-être. Mais elle n’avait pas vraiment saisi quoi, de l’argent peut-être. Il avait été question d’armes à un moment croyait-elle se rappeler. Et ils l’avaient frappée et encore frappée. Mais il n’avait jamais rien dit. Qu’ils la battent, la frappent, qu’ils la menacent, lui, il n’avait jamais eu un regard pour elle. Ils auraient pu l’ouvrir et la dépecer, il ne leur aurait rien dit parce que, de toute façon, il n’en avait rien à faire d’elle. Ils auraient bien pu la tuer, il n’aurait pas desserré les lèvres. Elle avait alors fini par s’évanouir sous leurs coups. Probablement. C’était du moins ce qu’elle supposait.

Lorsqu’elle était revenue à elle, il était inanimé sur cette chaise, du sang s’écoulait de sa bouche. Cela l’avait marquée. Les hommes cagoulés fouillaient partout. Elle entendait leur voix, leurs cris parfois, le bruit que faisaient les objets qu’ils jetaient au sol ou qu’ils brisaient. Elle en avait alors profité pour se détacher et se sauver sans vraiment savoir comment elle avait fait. Elle s’était réfugiée alors à l’intérieur de l’étable et s’y était cachée. Elle avait attendu là qu’ils en aient fini de tout retourner dans la maison. Et ils s’étaient rendus compte qu’elle était partie. Elle avait entendu leurs cris et avait compris ce qu’ils s’étaient alors dit. C’était à ce moment-là qu’ils lui avaient tiré dessus, juste au moment où elle était sortie de l’étable pour s’enfuir vers la forêt. Pour ce qui était du reste, elle n’avait que de vagues souvenirs, quelques sensations, des impressions, l’odeur du bois brûlé.

Ils l’interrogèrent ensuite sur les armes qu’ils avaient retrouvées dans cette sorte de pièce de survie dissimulée dans la cave. Belinda leur dit alors qu’elle ne savait pas qu’il y avait une pièce de cette sorte ni qu’il y entreposait des armes. Il lui interdisait d’y descendre.

Quant aux origines de son mari, sa famille, elle leur dit la vérité. Bien sûr qu’elle savait qui ils étaient, ce que lui était. Et c’était bien pour cela qu’elle n’avait pas cherché à s’opposer à ce mariage arrangé. Elle avait eu peur pour elle et pour ceux qu’elles aimaient à l’époque, comme ses amis ou…ses collègues de boulot. De toute façon, son père ne lui avait pas laissée le choix. Elle n’était qu’une marchandise pour lui, un truc qu’il lui avait payé son billet de retour en Iran. Il avait même été jusqu’à leur donner en dote la ferme de sa mère, juste pour les convaincre d’accepter. Elle n’avait pas eu son mot à dire. Et elle avait dû subir des choses dont ceux qui l’interrogeaient en la prenant pour une coupable, oubliant qu’elle avait droit d’être innocente avant tout, n’avaient pas idée.

Alors bien sûr que oui son mari était une belle pourriture autant que sa saloperie de famille. Mais elle, elle n’avait pas eu d’autre choix que de se soumettre et d’obéir.

Chaque fois qu’ils l’interrogèrent, durant les semaines où elle fut interrogée, jamais son récit ne varia, jamais elle ne se contredît, jamais elle n’éluda une question. Il y avait des questions auxquelles elle n’avait pas de réponse car personne ne pouvait en avoir.

Damian, lui aussi, fut interrogé comme tous ceux qui avaient approché de près ou de loin Belinda et son mari. Il dut même revenir sur une vieille histoire, celle d’une vieille femme et de sa grosse fille comme sur ses relations avec Belinda et celles qu’il aurait pu avoir avec son mari.

Leur récit ne prêta pas à confusion ni à interprétation. Celui de Belinda était cohérent avec les constatations réalisées sur place. Rien ne l’incriminerait jamais vraiment. Et rien ne l’innocenterait jamais réellement. Pendant de longues semaines, ils furent surveillés, pistés, filés parfois.

Puis, les investigations des gendarmes se heurtèrent à un obstacle de taille : l’Etat Iranien. Ils comprirent très vite que leurs requêtes et leurs investigations ne franchiraient jamais la méditerranée. Et inculper Belinda, une femme battue, donnée en mariage par son propre père à un homme qui était aujourd’hui mort, pour une banale détention d’armes, même pas illégale pour la plupart d’entre elles, se releva bien vite être une foutaise magistrale pour la juge d’instruction. Les gendarmes de l’USIGN finirent par se rendre à l’évidence : ce dossier finirait, certainement, par prendre la poussière dans le sous-sol humide de l’une de leurs casernes.

Et lorsque l’été revint, ce dossier se retrouva enfermer dans un carton, posé sur l’étagère d’un sous-sol poussiéreux.

Belinda, elle, était de retour.

De retour. Libre, chez elle, dans ce corps de ferme qu’elle avait imaginé quelques années plus tôt. De retour avec sa fille, Amanda, de retour avec ses amis Gunz, Milo, Baz, Moustik et ses amies Nadya et Katy. De retour avec celui qui était sa vie et dont elle faisait la vie. De retour avec celui dont elle ne quitterait plus jamais les bras, qu’elle qu’en soit la raison, Damian.

Selon la formule consacrée dans tout bon conte de fée :

« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».


Mais quel est le con qui a bien pu pondre une connerie pareille ? Franchement ? Je vous le demande !…Euh…vous le savez-vous ?…Euh…je veux dire : vous y croyez, vous ! Ben non ! On est bien d’accord !…Et oui je sais le r’v’là celui-là ! Ben tiens ! C’est quand même lui qui écrit je vous signale bande de tâches !

Franchement, je peux pas me taire ! Laisser penser aux gosses que même si on a tué sa mère sous ses yeux, Bambi il finira bien…non c’est faux ! Vous le savez comme moi ! Il va finir en vrac à écouter les conneries d’un lapin frappeur du pied et disjoncté ! Et toutes les jolies princesses qui ont rencontré leur prince soi-disant charmant. Elles devront lui pondre des gosses tous les quatre matins en faisant tapisserie pendant que Môsieur va à la chasse et se chope une bonne et grosse grognasse dans une taverne paumée. Blanche-neige, elle, a vécu avec sept mecs quand même ! Bon ok c’étaient des nains mais bon ça reste des mecs…elle une femme, eux des hommes pour qui elle faisait la bouffe et le ménage pendant qu’ils allaient bosser. Oh ! On réagit là ! Oh ! Je vous signale en passant comme ça que Geppetto, ce vieux dégueulasse, il s’est crée un petit garçon en bois avec un nez qui s’allonge ! Oh ! Mais putain ouvrez les yeux ! Mais non, vous, vous dites à vos gosses : t’as vu si le gentil môsieur il est gentil avec son petit garçon en bois, que lui il est pas gentil et qu’en plus il finit comme un âne dans le ventre d’une baleine parce qu’il ne lui a pas obéi !

Oh ! Bande de tâches, réagissez un peu ! Les contes que vous lisez à vos gosses ils ne sont pas gentils, loin de là ! Ils sont violents. Ils abordent des sujets très durs, l’inceste, l’abandon, la mort, le meurtre, le viol et j’en passe…et si on les sort de leur contexte bonbons au miel et guimauve tel qu’on vous a appris à les voir alors ce sont des films d’horreur qui fileraient la chiasse même à Freddy Kruegger.

Mais bon…moi ce que j’en dis c’est pour vous ! Vos gosses vont finir comme des tueurs en séries ! Ou pire comme vous ! A croire qu’il leur faut absolument un joli carrosse, un beau château et épouser un joli prince ou une belle princesse pour être heureux…euh…êtes-vous heureux vous ? Combien de fois tout ça, ça vous a apporté de la merde, des soucis, des contrariétés, de la souffrance, de la douleur et envie de vous foutre en l’air, hein ! Et c’est ça que vous voulez pour vos gosses ! Bande de Tâches, va !…bref…

Pour eux, la vie n’avait jamais été un conte de fée et elle ne leur serait jamais. Car, déjà, tapies dans les ténèbres, attendant leur heure, grandissaient les ombres qui, un jour, viendraient les séparer, de nouveau.

Ben là au moins on y croit ! Ils vont se reposer un peu, profiter un peu. Et paf ! Le conte de fée il va leur péter en pleine gueule ! Là c’est cohérent avec la réalité !…Ouais, bon de toutes façons on peut pas discuter avec vous vous vivez dans un monde de Bisounours !

Bon allez c’est pas tout ça, j’ai plus envie de discuter avec vous ! Alors à un moment un autre faut bien se quitter et là c’est le moment pour vous d’y aller. Zou allez !…euh…ouais maintenant, pas genre dans quatre heures…et non mon canapé il est pas confortable et vous pouvez pas le squatter juste pour cette nuit. Et euh…non, je vous dépanne pas de cent balles…mais lâchez-moi maintenant ça suffit ! Crevards, va ! Attention hein ! Je vais faire comme certains auteurs et autrices à chapeau je vais vous envoyer chier en pleine séance de dédicace parce qu’il faut absolument boire une coupe de champagne avec un mec ou un autre parce que c’est leur truc à eux…perso je trouve ça lamentable d’envoyer chier les gens qui vous font vivre. Mais si vous me poussez à bout je le fais aussi hein ! Alors attention hein !

Mais…euh…lâchez-moi ma jambe, bordel ! Vous allez salir mon pantalon ! Espèce de dégueulasse, va ! Non mais enfin quoi ! Ça va pas chez vous hein ! Faut vous faire soigner hein !

Au secours, on viole mon pantalon ! A moi, à moi ! Ouh !…euh…ben non partez pas en courant on commençait juste à s’amuser ! Regardez, j’enlève tous mes habits !…euh…me laissez pas seul…j’existe pas sans vous…

Non fermez pas le livre, je vais mourir ! Aaaaaah ! Vous ne tuez ! Aaaaaah ! Assassin, va !

Ah ben, non y aura une suite au fait ! Ah, bien sûr vous voulez une scène additionnelle…euh…vous savez qu’on n’est pas chez Marvel de chez Disney ici hein ! Mais bon puisque que c’est vous ok allons-y :



Fondu au noir.

Le générique s’efface. Une lame brille. La lumière qui s’y reflète remonte jusqu’à une fine main. Cette main se serre sur le manche de ce sabre. Ce sabre alors se lève jusqu’au visage de celui qui le tient. Oh putain de ta race c’est Amanda ! Elle fixe quelque chose devant elle et lui dit :



– « Je suis venue chercher mon père et je ne partirais pas sans lui, montres-toi, Monstre ! ».


Dans l’ombre, une forme s’avance. Un regard fou alors se fixe sur elle.

Fondu au noir.

Les contes du gars reviendront…bientôt


Voilà, il est content le public ! Ça l’a bien fait saliver le public hein ! Ben de toute façon on savait tous qu’il y aurait un numéro deux…enfin, si le premier il a bien marché…enfin s’il a été publié et qu’il a pas fini au fond d’un vieux tiroir tout poussiéreux en me laissant avec mes œils pour pleurer tout seul…enfin dans un vieux dossier sur mon ordinateur, je veux dire, faut être moderne même dans la déchéance…euh…vous me faites un petit bisou avant de partir ?…euh…oui, vous pouvez lécher la couverture du livre pendant des heures c’est bien aussi…euh…faut pas faire de trous dedans ça risque de vous irriter un peu le bigoudi…mais…oui c’est gentil au moins vous avez apprécié…euh…merci de me dire tout ça…euh…en fait…euh…je viens de me souvenir que j’avais un rendez-vous avec mon psy…donc là…euh…je dois y aller…mais ouais sans blague on va se revoir…ouais moi aussi vous allez me manquer…euh…merci !

Bande de tarés, va ! Et c’est moi qui dois aller voir un psy ! Non mais j’t’jure ! C’est dingue ça !

Ben…ben…ben…fermez ce livre putain ! Vous avez pas à savoir ce que je me dis à moi-même quand même ! C’est un monde ! Epier les gens c’est pas joli-joli hein !

Fermez ce putain de livre et foutez-moi la paix !

Surtout achetez le prochain !…Faut bien que je mange aussi ! Ah, oui c’est vrai et que je fais un don à Notre-Dame aussi ! Ah-lala ! Vous allez pas vous remettre à chialer quand même !

Allez je vous fais un bisou !…Non pas avec la langue, je vous connais pas assez ! Bon allez mais c’est parce que je suis quelqu’un de sympa…je fais pas ça avec tout le monde vous savez !…AAAAAAH ! Mais vous puez de la gueule !

Euh…serrez-moi dans vos bras avant de partir…euh…oui je suis content, vous le sentez ?

Ben, partez pas voyons !

Et voilà je suis tout seul…euh…je sais pas si j’en ai encore des mouchoirs en papier ?…euh…

Mais…mais…mais vous entrez dans mon intimité là !

Allez !

Au revoir !!!!

Euh…oui faut fermer le livre maintenant ! Putain c’est pas vrai faut tout vous dire !…euh…je vous vois encore vous savez ! Fermez ce livre ! Fermez-le !…Saligaud va ! Vous voulez vraiment me tuer, hein !…Je vais hanter vos rêves, vous faire vivre vos pires cauchemars jusqu’à ce qu’ils vous déchirent…un, deux, trois n’oublies pas mes doigts… quatre, cinq, six n’oublies pas ton crucifix !…surtout ne dormez plus, ne dormez jamais ! JAMAIS ! Vous m’avez tué dans une fonderie…ah-ah !…euh…non, j’ai pas recopié sur personne ! Vraiment ? Ça ne me dit rien ça ! Freddy ? Je connais pas de Freddy moi ! Ça me dit rien en tout cas ! Il a un zéro six ? Bon, ben c’est pas tout ça faut y aller ! Hein !

Oui moi aussi je vous aime mais allez-y maintenant…mais…me laissez pas, je veux pas être seul…allez, dégagez ! Reprenez, donc, votre vie en me laissant sur le bas-côté comme un pauvre chien écrasé ! Oh que je souffre ! Je souffre à cause de vous ! Oh !…Mais euh…foutez-moi le camp, merde ! J’ai pas que ça à foutre moi !…Mais téléphonez-moi de temps en temps ! Vous le ferez hein ? Hein ? Dites ? Hein ?…Je vous crois pas….aaaaaaah pauvre de moi ! Aaaaaaaaah ! J’ai mal ! Vous m’assassinez ! Aaaaaaaah…ben vous êtes encore là, vous ! Faut peut-être y aller, hein ! Et avant le couvre-feu, hein ! Autrement c’est cent trente-cinq euros dans la gueule ! Ah, ce pognon de dingue ! Allez tchusss !

Dégagez !!!!


Revenez et prenez-moi dans vos bras comme au début !!!


Et les gestes barrières putain ! Faudra vous le dire pendant combien de temps encore !!!!!


Euh…vous avez refermé le livre là…SALIGAUD, VA !


Bon ben : A suivre…ou pas…je sais pas !


Ah ! Me foutez pas la pression, hein ! Et voilà, hein ! VOI-LA ! Le soufflet il est tout retombé maintenant ! Comment que je fais avec mes mouchoirs en papier moi maintenant hein !

FIN

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