Personne n’est parfait-chapitre 7

3 mins

Partie 1 : Suis-moi

Chapitre 7

Presque minuit et je ne dors toujours pas. Je pense à Raphaël, le fils d’Arnaud. Six ans, une gueule d’ange. Blondinet aux yeux bleus. Pour ça, il a de qui tenir. Arnaud m’avait montré des photos de lui. Il émane de son regard une malice non dissimulé. Comme son père, il porte un intérêt particulier à la musique.

Entendre le son de sa voix m’a provoqué un choc. Son élocution est claire, ses mots bien posés. Son intonation respire de curiosité et d’intelligence. Mais pour lui comme pour moi, la nuit, c’est un vrai cauchemar. Tous les deux, nous avons une phobie.

D’aussi loin que je m’en souvienne, ça a toujours été ainsi. Quand je me couche, mon cerveau se met en ébullition.

Quand j’avais la chance qu’Arnaud partage mon lit, je me blottissais contre lui. Même s’il dormait, le sentir près de moi me réconfortait un peu. Parfois, je le réveillais, je pleurais dans ses bras juste parce que j’avais entendu un bruit. Il me parlait calmement, me souriait et je riais de ma propre bêtise. Parfois même, il rallumait la lumière pour finir de m’apaiser. Non, dans le noir, il n’y avait rien. Rien d’autre que mon imagination qui travaille.

A présent, je suis seule dans cette chambre. Il faudra s’y faire.

Enfant, j’imaginais des monstres sous mon lit. Je retenais mon souffle. Dans l’obscurité, le clair de lune s’invitait et le contre-jour formait d’étranges ombres. L’appartement ne me paraissait jamais totalement calme. Le tic-tac du réveil, les claquements de pas des voisins, le bois qui travaille. La charpente, le parquet… ou bien… un cambrioleur ?

J’ouvre les yeux. Est-ce que je devrais me lever pour voir ce qui se passe, appeler la police ? De quoi j’aurais l’air ? J’ai toujours craint ce genre d’incident. Ça arrive souvent de nos jours malheureusement. Je ne vois pas pourquoi je serais épargnée. Ce pouvait être n’importe qui, n’importe quoi. Non, je ne devais pas bouger. Je préférais perdre quelques objets de valeur plutôt que perdre la face. Si je ne bouge pas, je n’existe pas. Je n’existe plus.

Un courant d’air frais s’insinue dans mon cou. Comme une main qui vous caresse gentiment avant de vous saisir avec violence. Je veux remonter le drap mais je suis paralysée. J’imagine cette main invisible qui m’attrape, prenant plaisir à m’extirper de là, jouant avec mon corps comme on joue avec un pantin. Puis des voix s’élèveraient, tournant autour de moi, comme des cannibales autour du feu de leur festin. Ces voix contre mon gré me forceraient à n’importe quoi. Une, dix, vingt… Dans ma tête, ils sont indénombrables. Les monstres, les démons, les vampires, tout ce que je crains. Contre eux, je me sens faible. Aveugle. Je ne peux pas me défendre. Je ne peux pas m’enfuir, ils m’assaillent maintenant de toutes parts. Le mal va m’absorber dans sa spirale infernale.

Malgré moi, mon rythme cardiaque s’accélère. J’halète. J’ai un point dans la poitrine. Epuisée, à bout de nerfs, j’ai froid. Je suis gelée même. Il faut juste que je m’endorme bon sang ! Je souffle. J’ai toujours cru aux esprits. Ce frisson qui me parcourt, c’en est un. Un bon, un mauvais, je ne sais pas. Un qui cherche sa route en tout cas. Subitement, la porte se met à grincer. Je porte mes mains à mon cou, j’ai de plus en plus de mal à respirer.

C’est là que j’aperçois Camomille. D’un bond, elle vient se coucher dans le fond du lit. Quelle idiote ! Je remonte les couvertures et ferme les yeux à nouveau. Toujours en sueurs. Toujours patraque. J’ai la nausée. Mon corps me fait encore souffrir.

Un bruyant fracas m’extirpe rapidement de mon sommeil. La chatte n’est déjà plus sur le lit. La porte est grande ouverte. Comme venue de nulle part, il me semble distinguer une voix.

– Tu peux dormir tranquille ma puce, je veille sur toi. Comme toujours.

Je sors mon nez des couvertures. Grande, belle, la femme ne me ressemble pas. En rien. Elle se tient là devant moi.

Je suis heureuse de la voir. Cela fait si longtemps. Elle n’a pas changé. Pas vieilli. Je reconnais les longs cheveux bruns que je prenais plaisir à brosser, les yeux verts en amande. La douleur s’estompe et je sens une douce chaleur s’emparer de moi. Les membres endoloris, je me sens légère comme une plume. La berceuse qu’elle me chantait me revient alors en tête. Je me sens étrangement bien.

– C’est impossible.

– Et pourtant…

Je me relève soudain. Sa présence me rassure mais je n’ai pas d’explication rationnelle. Je panique.

– Non maman, tu ne devrais pas être là. Tu ne peux pas être là ! hurlé-je encore. Parce que si tu es là, c’est que je suis, que je suis…

– Morte ?

Inspiration : Thriller, Mickael Jackson


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