Personne n’est parfait-chapitre 13

Partie 2 : L’écho

Chapitre 13

Je l’ai eu tout le week-end dans les oreilles. Du coup, c’est plus fort que moi, je l’entends encore. Puis ça me permet d’imaginer ta voix, mon Raphaël. Raphaël…

Un beau jour de 2007, ta mère, Émilie était entrée dans ma vie. Avec sa joie de vivre, sa fraîcheur, sa gentillesse. J’avais l’impression d’avoir en face de moi le total opposé d’Elizabeth. L’amour avait frappé une nouvelle fois à ma porte sans que je m’en aperçoive. Eh oui, le destin prend parfois de drôles de raccourcis pour nous faire comprendre qu’il est temps de passer à autre chose.

Au départ, je n’avais pourtant rien remarqué de particulier. Le fantasme de l’infirmière, très peu pour moi. C’était même plutôt le contraire. Alors je n’ai pas pensé une seconde que je pouvais lui plaire parce que de toute façon, je n’avais jamais envisagé de tomber amoureux de quelqu’un d’autre qu’Elizabeth. Et d’avoir un enfant, n’en parlons pas.

Même si tu étais désiré, je crois que j’ai réalisé seulement une fois que je t’ai tenu dans mes bras. Ta peau douce et rose, cette odeur… J’avais vu le ventre de ta maman s’arrondir, les coups de pied le déformer, j’avais fait du mieux que je pouvais pour l’accompagner pendant sa grossesse mais malgré tous mes efforts, je ne suis qu’un homme. Ça m’a frustré pendant des mois, je dois bien le dire, de n’être que ça. De ne pas savoir ce que ça faisait. De me sentir si inutile pour toi. Mais le jour où j’ai vu tes yeux, senti ta petite menotte dans la mienne, j’ai enfin su que personne ne pourrait m’enlever ça. Ça m’appartenait pour toujours. Tu étais un peu de moi, j’étais un peu de toi. Mon sang, ma chair. Un autre lien d’amour différent de tout ce que j’avais déjà connu.

Alors, il existe toutes sortes de papas et je ne blâme personne. Mais moi, j’ai toujours été un de ceux qui veulent participer. Même si ce n’est peut-être pas inné.

Face à toi, je suis gaga. Te faire prendre ton bain, changer tes couches, te faire manger, et maintenant t’accompagner à l’école, t’apprendre à faire du vélo… Bref, à la hauteur de mes moyens, être ton héros. Mais pas dans le genre Superman, plutôt dans le genre Clark Kent. Celui qui réalise les prouesses dans la discrétion, naturellement. Je veux juste que tu sois heureux. C’est ça, depuis ta naissance, ton bonheur est devenu ma priorité. Et je m’en sens à la fois fort et faible.

Fort car je me dois de te protéger au maximum et faible car dans la vie, on ne peut pas tout contrôler. Alors quand je te sais loin de moi, j’avoue, j’ai un peu de mal. J’ai peur de tout ce qui pourrait t’arriver d’imprévisible. C’est ça être parent je crois. Imaginer qu’il t’arrive malheur est un déchirement. Ce sera toujours comme ça. Même quand je serais un vieux machin aux cheveux gris. Ou chauve. Et que t’en profiteras peut-être pour te moquer de moi. Ou pour me sermonner. Comme je le fais probablement avec mon père, sans m’en rendre compte.

Mais en tout cas, il y a une chose que je sais, c’est que quoi qu’il arrive, peu importe les difficultés… tu es et resteras mon fils, et je suis et resterai ton père. Et si je veux me traîner dans les bureaux en fredonnant des comptines…

Inspiration : Promenons-nous dans les bois (comptine)

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