L’année 1789, la marche vers la Révolution et 2019 vers où allons-nous ?

18 mins

Avons-nous vraiment évolué depuis la révolution de 1789 ?

A l’époque il y a eu les Cahiers de Doléances, aujour’hui il y a d’autres revendications mais toujours les mêmes cahiers !!!

A l’époque c’était le prix du blé, aujourd’hui c’est le prix du litre d’essence, une goutte qui fait déborder le vase !!!!

Même sans faire de politique les faits sont troublants et n’augurent rien de bons à en voir ce qui a pu se produire le 14 juillet 1789.

Un article parmi d’autres 

Un autre encore

Nous pourrions en trouvez autant qu’à l’époque !!!

Trop drôle ou très angoissant …..

Dès 1788 La France est en crise 

La crise financière, déjà présente sous Louis XV, s’aggrave au cours du règne de Louis XVI. Les mauvaises récoltes de 1787 et 1788 provoquent une hausse du prix du pain et le peuple souffre de disette.
Au commencement de l’année, il s’établit des clubs à Paris et dans plusieurs provinces en France. On commence à faire usage des qualifications d’aristocrates et de démocrates.

1789 La fin de l’Ancien Régime

RAPPEL IMPORTANT



Janvier 1789 : Parution de la brochure de l’abbé Sieyes « Qu’est-ce que le tiers état ? », c’est le prélude à la convocation des États généraux.
24 janvier 1789 : Parution du règlement des États généraux.
Aux termes du règlement électoral du 24 janvier 1789, Louis XVI, convoque les Etats généraux qui sont les premiers depuis ceux de 1614. Ce sont aussi les derniers de l’Ancien Régime. Cette assemblée des trois ordres (clergé, noblesse et tiers état) est convoquée par le roi pour régler une crise et à cette période il s’agit qu’une grosse la crise financière. *2
27 janvier 1789 : La « Journée des bricoles » est une série d’affrontements prérévolutionnaire les 26 et 27 janvier 1789 à Rennes entre étudiants et nobles en marge de la convocation des États de Bretagne. Deux morts seront déclarés.
7 février 1789 : début de la rédaction des cahiers de doléances par ordre et baillage (Entité territoriale – circonscription administrative, financière et judiciaire – et Charge d’officier de bailli qui y était liée). Pour la première fois, les différentes fractions de la Nation s’assemblent et délibèrent de leurs revendications. Il y aura plus de Soixante mille cahiers de doléances
sur fond de déficit public et de dette !!!
22 février-25 mai 1787 : L’Assemblée des notables est réunie pour discuter des réformes proposées par Calonne, et s’y oppose.
Entre Mars à mai 1789 : Élection des représentants aux États généraux.
23 mars et 24 mars 1789 : Émeute de subsistances à Marseille provoquant le changement de régime municipal, la création de la garde citoyenne et la réforme du système fiscal communal.
8 avril 1787 : Calonne tombe en disgrâce. Il est remplacé le mois suivant par Loménie de Brienne.

27 avril 1789 : Émeute à Paris, au faubourg Saint-Antoine, contre le fabricant de papiers peints Réveillon. 
30 avril 1789 : Création de la société des amis de la Constitution à Versailles, qui prendra le nom de Club des Jacobins en décembre, lors de son installation à Paris.
2 mai 1789 : Présentation par ordre des 1200 députés au roi.
Dès l’annonce de l’ouverture des états généraux, le souhait de changer la Nation émane de tous les milieux et on appréhende avec anxiété ou enthousiasme cet instant. Déjà, un fort élan politique parcourt le pays, Louis XVI et Necker sont inquiets. Qui va devenir le maître de la situation ? Est-ce que l’héritage des Lumières s’exprimera pour l’avenir ? Comment les événements vont-ils se dérouler ? Va-on changer irrémédiablement le cours de la vie des Français ? Ces questions vont bientôt trouver leur sens, très vite le poids des privilèges va provoquer un engrenage révolutionnaire qui ne s’achèvera que dix ans plus tard.

Été 1789 : le basculement

5 mai 1789 : Ouverture des Etats-généraux à Versailles en présence des députés des trois ordres. *3

6 mai 1789 : Brissot publie le premier numéro du « Patriote français ». Un arrêt du Conseil d’État interdit la publication de toute espèce de journaux sans autorisation expresse.

4 juin 1789 : Mort du Dauphin Louis Joseph Xavier, à l’âge de sept ans.
9 juin 1789 : L’assemblée se déclare Assemblée constituante.
13 juin 1789 : 3 membres du clergé se joignent au tiers état (trois prêtres venant de Poitou.) Louis XVI, encore affecté par la mort de son fils aîné, ne réagit pas.
17 juin 1789 : À l’initiative des députés du Tiers-état qui se voient refuser le vote par tête (1 vote par député) au nom du vote par ordre – et à l’instigation de Sieyès –  le tiers état se constitue en Assemblée nationale tandis que les députés de la noblesse et du clergé sont réunis dans des salles séparées, l’un et l’autre ayant refusé de répondre favorablement à l’invitation du Tiers-état à le rejoindre
19 juin 1789 : Louis XVI, pour seule réaction, décide de fermer la salle des Menus Plaisirs en prétextant des travaux.
Barère publie le 1er numéro du « Point du jour ». *4
Les temps évoluent et de nouveaux délégués du Clergé se joignent au Tiers état.
20 juin 1789 : Le matin, les députés se heurtent à la fermeture de la salle des Menus Plaisirs. J.Guillotin proposera alors de se réunir dans la salle du jeu de paume. Dans cette salle les députés prêtent serment de ne jamais se séparer tant que la France ne sera pas dotée d’une constitution écrite : c’est le Serment du Jeu de Paume. Les députés font le serment de donner au pays une Constitution. *5
22 juin 1789 : L’Assemblée nationale se réunit à l’église Saint-Louis à Versailles.
23 juin 1789 : Le Roi affirme sa volonté de ne pas reconnaître l’action du Tiers-état depuis le 17 juin. *6
26 juin 1789  : Louis XVI supprime les lettres de cachet.
27 juin 1789 : Puis comme toujours le roi cède aux revendications, renonce aux trois ordres et accepte l’assemblée constituante. Il bat donc en retraite, et invite le clergé et la noblesse à rejoindre le Tiers.
9 juillet 1789 : Proclamation officielle de l’Assemblée constituante. Très vite, l’assemblée entame des discussions derrière le député Mounier, et La Fayette qui, inspiré par son passage aux États-Unis propose déjà une déclaration des droits de l’homme. 
11 juillet 1789 : Louis XVI renvoit Necker et fait rappeler la troupe. Mécontentement, agitation dans Paris.
Joseph-Gilbert du Motier, marquis de La Fayette présente un projet de déclaration des Droits de l’Homme à l’Assemblée constituante. *7
12 juillet 1789 : Harangue de Camille Desmoulins au Palais-Royal, à tout juste 29 ans, il crapahute sur une table du café de Foy. Tout tremblant, il appelle les patriotes réunis là à prendre les armes. C’est un proche de Mirabeau et de Robespierre, il est petit avocat et journaliste peu connu.
Lorsqu’il parle, il bégaie un peu, bute sur les mots, mais son discours, ses mots sont brillants, sa voix tellement persuasive ! 
Le geste qu’il s’apprête à faire va changer le cours de l’histoire. Il lance la Révolution Française. *8
13 juillet 1789 : Formation d’une municipalité et d’une garde bourgeoise à Paris. Le marquis de La Fayette, est issu d’une
ancienne famille de la noblesse auvergnate. Député de la noblesse d’Auvergne aux états généraux de 1789, il est élu le 13 juillet vice-président de l’Assemblée Constituante, où il a présenté deux jours plus tôt un projet de Déclaration européenne des Droits de l’Homme. 
Il sera nommé commandant général de la milice
bourgeoise de Paris le 16 juillet 1789, il organise la fête de la Fédération le 14 juillet 1790. 

14 juillet 1789. Prise de la Bastille.

Petit à petit le peuple parisien se rassemble et l’anarchie commence à s’installer dans la capitale. Le 14 juillet, on donne l’assaut à la Bastille, une ancienne forteresse devenue prison qui, pour les Parisiens, représente le symbole de l’absolutisme, elle est prise et rasée.
A son retour d’une chasse, le roi étonné demande « C’est une révolte ? » On lui répond « Non Sire, c’est une révolution ». Louis XVI, une fois de plus recule et rappelle Necker.
L’agitation populaire est forte à Paris. Les bourgeois sont ouverts aux nouvelles idées de l’Assemblée nationale à Versailles mais craignent les débordements populaires. La crise économique se fait sentir, le prix du pain atteint son maximum.
Louis XVI fait positionner des soldats autour de Paris.
Le 14 juillet, le peuple parisien s’empare de la Bastille. La forteresse de la Bastille ne compte que sept prisonniers. Mais elle est le symbole du pouvoir absolu du roi qui, dans l’Ancien Régime, pouvait mettre en prison toute personne sans jugement et par sa seule volonté (la lettre de cachet). Pour cette raison, la prise de la Bastille est devenue le symbole de la Révolution française.
“La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen” est adoptée dans son principe avant le 14 juillet 1789, elle donne lieu à l’élaboration de nombreux projets,  les décrets des 4 et 11 août 1789 sur la suppression des droits féodaux, un des textes fondamentaux votés par l’Assemblée nationale constituante formée à la suite de la réunion des Etats Généraux.
Après de longs débats, les députés votent le texte final le 26 août 1789 dont Mirabeau et Sieyès sont les principaux rédacteurs. Cette déclaration est maintenant devenue le modèle de la plupart des Constitutions Modernes
Elle est inspirée de la déclaration de l’indépendance américaine de 1776 et de l’esprit philosophique du XVIIIème siècle, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 marque la fin de l’Ancien Régime et le début d’une ère nouvelle. Expressément visée par la Constitution de la Vème République, elle fait aujourd’hui partie de nos textes de référence.
Elle comporte un préambule et 17 articles qui mêlent des dispositions concernant l’individu et la Nation. Elle définit des droits “naturels et imprescriptibles” comme la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l’oppression. La Déclaration reconnaît également l’égalité, notamment devant la loi et la justice. Elle affirme enfin le principe de la séparation des pouvoirs. 
Elle ne sera ratifiée seulement le 5 octobre par Louis XVI sous la pression de l’Assemblée et du peuple accouru à Versailles, elle sert de préambule à la première Constitution de la Révolution Française, adoptée en 1791.
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*1 La brochure de l’abbé Sieyes « Qu’est-ce que le tiers état ?



Sieyes y présente et critique la situation du moment, et indique les réformes souhaitables, notamment que le vote de chaque ordre se fasse proportionnellement à sa représentativité réelle dans la nation (évidemment favorable au Tiers-état, qui représente près de 98 % des Français). Il donne les prémices de l’avènement d’une assemblée nationale constituante.


À l’automne 1788 il écrit son Essai sur les privilèges et en novembre, décembre “Qu’est-ce que le Tiers-état ? “
Les deux premiers sont publiés fin 1788 et celui sur le Tiers-état paraît en janvier 1789 : le succès de ce dernier est immédiat. La diffusion est favorisée par les clubs, les salons et les sociétés politiques, notamment celle des Enragés. Les deux premières brochures sont rééditées deux fois dans l’année 1789. Mais celle sur le Tiers-état conquiert l’opinion, avec plus de 30 000 exemplaires vendus en quelques semaines. Lors de la quatrième réédition, Sieyès y indiquera son nom. Il s’agit réellement d’un best-seller. Au café, dans les rues, on s’aborde : « Avez-vous lu le Tiers ? » Des orateurs le lisent à haute voix dans les cafés, sur les places publiques. En quelques semaines, Sieyès est devenu célèbre.


Mais qui y a-t-il d’écrit de si remarquable dans cette brochure de 127 pages pour susciter autant d’enthousiasme ?
Il annonce la Révolution à venir et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. On y trouve de nombreuses formules brutales destinées à frapper l’opinion. Très vite cette brochure s’avère une arme décisive dans la lutte révolutionnaire. Elle est rédigée pendant que se réunisse l’assemblée des notables convoquée par Necker pour organiser la réunion des États généraux prévue le 1er mai 1789. Sieyès tient à sa façon à préparer lui aussi ces États généraux en pesant sur les événements. Le plan de la première partie est celui qui est resté le plus célèbre :


Le plan de cet Écrit est assez simple. Nous avons trois questions à nous faire :
1º Qu’est-ce que le Tiers-état ? Tout.
2º Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien.
3º Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose. »


Et Sieyès de poursuivre :
« Qui donc oserait dire que le Tiers-état n’a pas en lui tout ce qu’il faut pour former une nation complète ? Il est l’homme fort et robuste dont un bras est enchaîné. Si l’on ôtait l’ordre privilégié, la Nation ne serait pas quelque chose de moins, mais quelque chose de plus.
Ainsi qu’est-ce que le Tiers-état ? Tout, mais un tout entravé et opprimé. Que serait-il sans l’ordre privilégié ? Tout. Mais un tout riche et florissant. Rien ne peut aller sans lui, tout irait infiniment mieux sans les autres.
On verra si les réponses sont justes. Nous examinerons ensuite les moyens que l’on a essayés, et ceux que l’on doit prendre, afin que le Tiers-état devienne, en effet, quelque chose. Ainsi nous dirons :


4º Ce que les Ministres ont tenté, et ce que les Privilégiés eux-mêmes proposent en sa faveur.
5º Ce qu’on aurait dû faire.
6º Enfin, ce qui reste à faire au Tiers pour prendre la place qui lui est due. »…


Contexte du pamphlet de Sieyès


Sieyès rédige son pamphlet à la veille de la Révolution française. Celle-ci va d’abord conduire une révolution juridique, entamée dès le 5 mai 1789 lorsque les États généraux se réunissent à Versailles, et entièrement inspirée des idées de « l’oracle de la science politique ».
En effet, l’assemblée va se proclamer « représentative », en ce qu’elle n’a pas seulement la tâche d’assister le Roi, mais en ce qu’elle est détentrice de la souveraineté. Cette formidable affirmation tient au fait que les députés du Tiers-état, d’origine bourgeoise ou de la noblesse de robe, sont désireux de fusionner les trois ordres en un seul, dans le but de refonder la monarchie.

À la suite du 17 juin 1789 et surtout du Serment du Jeu de Paume trois jours plus tard, l’Assemblée dite nationale se proclame Assemblée constituante le 9 juillet de la même année, avant que n’éclatent les révolutions populaires le 13 et 14 juillet.
Le pamphlet de Sieyès servira de base à cette nouvelle assemblée : la mission de la nation qu’elle incarne est de lui donner des institutions, en vertu de la nouvelle légitimité du pouvoir dont elle seule est détentrice.


La nation ou le principe de la légitimité politique
• L’exclusion de la noblesse
Sieyès a défini le soubassement idéologique de la Révolution juridique française de juin 1789, puisqu’il a systématisé le concept de la Nation.
Fondamentalement, le texte n’est pas une œuvre de réflexion philosophique profonde, éthique ou sociologique. Le but de l’abbé était essentiellement d’abolir les privilèges de la noblesse, en l’excluant de la pratique du pouvoir. En fait, c’est avec des considérations économiques qu’il explique et justifie l’utilité sociale du tiers-état, travailleur acharné, exécutant de nombreuses tâches pour l’intérêt général. La noblesse, elle, ne défend selon lui que des intérêts particuliers, et ne peut donc être intégrée dans le corps social. La nuit du 4 août et le 6 août 1789, l’Assemblée nationale constituante donne raison à Sieyès et abolit les privilèges puis les droits féodaux en France.


Le fondement du constitutionnalisme

« La nation existe avant tout, elle est l’origine de tout. […] Sa volonté est toujours légale, elle est la loi elle-même. »

Par ce postulat, Sieyès inscrit la nation comme le seul principe constituant possible dans l’État, et cette nation ne s’exprime que lorsqu’elle est dotée d’une Constitution. La nation est un donné, et non un construit, il sera nécessaire de donner des institutions à celle-ci, afin qu’elle puisse organiser le bonheur du peuple.
Face à la crise et l’attitude des privilégiés, les bourgeois obtiennent du Roi la convocation des Etats généraux (la réunion des représentants des trois ordres) pour 1789. Pour les préparer, les cahiers des doléances sont rédigés : chaque ordre collecte les revendications dans tout le royaume et élit des représentants.


*2 Pourquoi les Etats Généraux

Aux termes du règlement électoral du 24 janvier 1789, Louis XVI, en convoquant les Etats généraux, désire que « des extrémités de son royaume et des habitations les moins connues, chacun soit assuré de faire parvenir jusqu’à lui ses vœux et réclamations ». En conséquence, dans chaque paroisse, chaque communauté, « tous les habitants composant le tiers état, nés Français ou naturalisés, âgés de vingt-cinq ans, domiciliés et compris au rôle des impositions », sont convoqués pour concourir à la nomination des députés et à la rédaction d’un cahier de doléances et de vœux. A l’aide de ces cahiers primitifs, chaque bailliage ou sénéchaussée fait un cahier général. Là où existent des bailliages secondaires, leurs cahiers réunis servent à rédiger le cahier du bailliage principal. En général le clergé et la noblesse ont des cahiers distincts et différents de ceux du tiers ; dans quelques endroits les trois ordres s’entendent pour dresser un cahier commun.
Les cahiers de 1789 n’ont pas tous la même importance. Les uns sont très développés, d’autres sont très courts, il y a des cahiers élaborés à loisir ; il en est, et ce ne sont pas les moins précieux, qui font presque improvisés par des paysans peu lettrés. La clarté, la correction, la méthode, manquent fréquemment dans les cahiers les plus soignés.


Les griefs.
D’un bout à l’autre de la France la misère publique est dépeinte par le clergé et par la noblesse avec autant de force et de vivacité que par le tiers lui-même. Entre autres causes auxquelles on la rattache, les principales sont :
– La prodigalité et le désordre dans l’administration des finances,
– Le poids des impôts et leur répartition inégale,
– Le triste état des routes,
– Par-dessus tout, la féodalité et les droits seigneuriaux, …


De tous côtés on réclame contre les ordonnances qui excluent le tiers des charges militaires et civiles, contre les tribunaux d’exception, les formes de la procédure, l’organisation judiciaire, la barbarie des lois pénales, l’incohérence des lois civiles, la diversité des coutumes « qui rend pour ainsi dire étrangers les uns aux autres les sujets du même royaume et souvent de la même province », contre la multiplicité des poids et mesures, contre les douanes à l’intérieur, contre le morcellement de la France en circonscriptions établies au mépris de tous les intérêts publics et privés, enfin « contre le pouvoir arbitraire que les chefs de tous les ordres et de toutes les administrations exercent avec tyrannie et impunité ». Les lettres de cachet et la violation du secret des lettres sont peut-être parmi les innombrables abus ceux qui suscitent les plaintes les plus nombreuses : les trois ordres les dénoncent unanimement. Relativement à l’instruction publique, à la décadence des universités, à la vénalité des grades, à l’insuffisance des collèges, à la faiblesse des études que l’on y fait, au défaut d’écoles dans les campagnes et même dans plusieurs villes, les plaintes sont partout les mêmes : en cette matière « il n’est bon citoyen qui ne désire une réforme ».
Seul le clergé de Reims veut conserver l’ancien plan d’études.
Enfin les cahiers mettent en évidence le plus grave des obstacles qui, jusqu’à la Révolution, s’opposent aux progrès de l’unité nationale, c’est-à-dire l’attachement aux droits ou privilèges des provinces.


Les vœux.
Il est plus difficile de résumer la partie des cahiers consacrée aux vœux et aux moyens de régénérer le pays les espérances sont si diverses, si inégales, les plans de réformes, pour peu qu’ils soient un peu développés, présentent tant de variétés ! A peine pouvons-nous en dire un mot sans apercevoir quelque exception ou restriction. Qui veut avoir en ces matières des vues tout à fait exactes ne doit se contenter d’aucun résumé : il faut aller aux textes et s’y plonger.
Certains craignent le retour de bâton et disent « Ils vont justifier ou détruire nos espérances. Ils vont établir sur de solides bases les droits du monarque et ceux du peuple, ou multiplier les obstacles qui s’opposent depuis longtemps à la félicité commune. »


*3 Qu’est-ce que les états généraux

Les états généraux avaient vocation au Moyen Âge d’autoriser le roi à lever des impôts exceptionnels. Ils ne s’étaient plus réunis depuis 1614.
L’assemblée de 1614 était constituée des représentants des trois ordres qui composaient la population du royaume : le clergé, la noblesse et le tiers état, qui représente la très grande majorité des Français. Ces trois ordres étaient représentés en nombre égal et votaient séparément, ce qui assurait normalement aux deux ordres privilégiés une majorité automatique.

L’année 1789

Des élections par état
À la demande du contrôleur général des finances, Jacques Necker, Louis XVI accorde le doublement des voix pour le tiers état mais ne dit rien du mode de scrutin dans la future assemblée (les trois ordres réunis ou chacun séparément).
Sur 1165 députés (environ), le tiers état en compte 578, essentiellement des avocats et des bourgeois d’affaires. Le clergé compte quant à lui beaucoup d’humbles curés.
Dès le 2 mai, les députés de chaque ordre sont présentés au roi selon un cérémonial mis au point par le maître des cérémonies, le marquis de Dreux-Brézé. Le 4 mai se déroule la procession solennelle du Saint Esprit. Le lendemain, enfin, a lieu l’ouverture solennelle des états généraux dans l’hôtel des Menus Plaisirs, à Versailles.
Le long discours inconsistant de Louis XVI et celui, bourré de chiffres, de son ministre Necker déçoivent les députés…


Ouverture des états généraux
Le 5 mai 1789, le roi Louis XVI ouvre les états généraux à Versailles. C’est le dernier moyen qui lui reste pour tenter de sauver le royaume de la faillite et contenir la révolte qui gronde. La dette de l’État est telle que ses créanciers ne peuvent et ne veulent plus prêter de l’argent.
Dans l’impasse, le gouvernement ne voit bientôt plus d’autre issue que de convoquer les états généraux, avec l’espoir qu’une assemblée des délégués de tout le pays pourra imposer des réformes aux privilégiés.


Le tiers se déclare « Assemblée nationale »
Les États généraux s’ouvrent le 5 mai à Versailles, où le Roi réside avec sa cour. 1 200 députés, venus de tout le royaume, sont présents. Les députés du Tiers Etat sont les plus nombreux. Dans la France inégalitaire, les députés veulent savoir comment les votes vont être comptés : par « ordre » (un vote par ordre) ou par « tête » (un vote par député). Louis XVI décide du vote par ordre ; les députés du Tiers Etat protestent et se constituent le 17 juin en « Assemblée nationale ». Des curés membres du bas clergé et des nobles les rejoignent. Louis XVI fait face à la première Assemblée nationale de l’histoire de France.
Les États Généraux sont ouverts solennellement le 5 mai 1789, très vite une discussion acharnée éclata sur la façon de voter : « par tête », une voix pour chaque homme, ou « par ordre », une seule voix pour chacun des trois états comme le voulait la tradition. Sous l’impulsion de Mirabeau, les députés du tiers état refusent de vérifier leur pouvoir afin d’éviter à tout prix le vote « par ordre ». Ils espèrent ainsi gagner du temps, les différentes tentatives pour débloquer la situation s’étant révélées inutiles. Conscients de représenter la majorité des Français, les délégués populaires du tiers se retirent le 17 juin et se constituent eux-mêmes en Assemblée Nationale. Le même jour, l’Assemblée interdit toute levée d’impôts non vérifiée et décrétée par elle-même. Naturellement, ni le roi ni les privilégiés n’apprécient cette nouveauté. Louis XVI se résout à la rigueur et invite les trois ordres à reprendre leur place lors d’une prochaine séance royale.


*4 Le 1er numéro du « Point du jour »

 « Vous êtes appelés, messieurs, après deux cents ans d’inertie et de pouvoir arbitraire, pour régénérer la nation et non pour river ses fers… », Le Point du Jour, 19 juin 1789.
« La disette des grains afflige la capitale et les provinces ; les cris de la misère se font entendre d’un bout du royaume à l’autre ; cependant l’on assure que la France recèle encore dans son sein, des subsistances en blés pour plus de six mois. Faut-il donc périr au milieu de l’abondance ?… Il est des moments dans lesquels, pour le salut public, il faut violer les lois générales : on nous assure de toutes parts, qu’un grand nombre de propriétaires, ne peuvent vendre leurs grains dans les lieux de leur résidence, la circulation étant interrompue… Pourquoi ne ferait-on pas également des recherches exactes et générales dans les couvents, dans les maisons ou communautés considérables, pour faire circuler dans les marchés, le superflu de leur consommation… Pourquoi l’assemblée nationale, en s’occupant du rétablissement de la circulation des grains, n’accorderait-elle pas des primes d’encouragement à ceux qui approvisionneraient les divers marchés du royaume ? Pourquoi ne pas renouveler le prononcé des peines contre les accapareurs et contre toute personne convaincue de receler des blés… Mettons-nous donc, Messieurs, dans une infatigable activité pour découvrir, déconcerter et punir les projets désastreux des ennemis du peuple. Nommons à l’instant des commissaires chargés d’examiner les causes de la disette, les moyens d’y pourvoir et le genre de secours que l’assemblée nationale peut et doit donner à la France indigente… », Le Point du Jour du 21 juin 1789.
« On a fait lecture du travail concernant la formation des trente bureaux de l’assemblée. La méthode qu’on a observée ne peut que produire les meilleurs effets. Cette composition tend à confondre heureusement toutes les provinces pour ne former qu’une même opinion et un même esprit national. Elle servira à étouffer les cris discordants des privilèges et des constitutions particulières ; elle fera disparaître enfin, par cette division des députés de la même province, dans divers bureaux et par la réunion de tous les esprits aux grands principes, cette variété si funeste des usages locaux, des administrations isolées, qui feraient de ce vaste et beau royaume, un mélange bizarre de lois gothiques, de tyrannies féodales et d’antiques abus… Les vrais politiques y percevront aisément le germe des restaurations qui doivent substituer une grande nation à des provinces divisées et étrangères l’une à l’autre et remplacer la France féodale par la France libre et éclairée. », Le Point du Jour du 3 juillet 1789.
Un état libre et régénéré doit se doter de lignes directrices et organiser son fonctionnement au mieux des intérêts communs. C’est pourquoi Barère déclare : « Sans doute le premier usage que l’assemblée fera de son temps et de ses lumières, sera employé à la déclaration des droits de la nation et à la constitution de l’état sur des bases inébranlables. C’est sous l’empire de l’opinion publique, c’est par son active influence, qu’un si grand ouvrage doit être entrepris et exécuté. On a dit souvent que la raison était souveraine du monde et que les usages en sont les tyrans ; il paraît que le règne de ces usages est fini. Ce n’est plus le temps où, sous le voile imposant de droits constitutionnels, un petit nombre de représentants avait trop de force pour empêcher et où le grand nombre n’en avait jamais assez pour agir… », Le Point du Jour du 29 juin 1789.


*5 Le serment du jeu de paume

Le 20 juin, sous prétexte d’effectuer des travaux d’entretien, le roi interdit l’accès de la salle où se réunissent les États généraux. Les représentants du tiers état se rassemblent alors dans un gymnase qui sert au jeu de paume. Là, sous la proposition du député Mounier, ils s’engagent et font le fameux  « serment de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront jusqu’à ce que la Constitution du Royaume soit établie et affermie … ». Ce serment est l’acte fondateur de la démocratie française. », chacun leur tour les députés répètent « Je le jure ! ».
Le lendemain, le roi tente de s’opposer à cette nouvelle Assemblée : il fait fermer la salle où elle se réunit, car il est réservé par le comte d’Artois, le frère du roi (Charles X). Les députés se réunissent alors dans l’église Saint Louis que le clergé leur a octroyé. Louis XVI rassemble alors des troupes pour dissoudre cette assemblée de récalcitrants, il interdit que les deux autres ordres, le clergé et la noblesse, les rejoignent. Les députés du Tiers résistent et Louis XVI accepte que les trois ordres se réunissent en une seule assemblée. Bientôt une grande partie du clergé se joint au tiers. Afin de limiter les dégâts, le roi ordonne alors au clergé et à la noblesse de participer avec le tiers à l’élaboration de textes constitutionnels. Le 9 juillet, l’Assemblée nationale prend le nom d’« Assemblée nationale constituante » : les députés de l’Assemblée sont chargés de rédiger une Constitution pour la France. Elle établira les fondements d’une monarchie constitutionnelle, on croit alors la révolution achevée.
*6 Séance royale
Le roi se rend lui-même dans la salle du jeu de paume, déclare le maintien des trois ordres et annule les délibérations du 17 juin tout en acceptant un certain nombre de réformes des députés des états généraux (par exemple, la réforme fiscale).

Apostrophe apocryphe de Mirabeau : 

« Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ».

L’Assemblée nationale déclare inviolable la personne de ses députés.
C’est la création du Club Breton.


*7 Projet de Déclaration des droits de l’Homme (juillet-août 1789)

Cent jours après le rapport de Jean-Joseph Mounier sur la constitution française, le 11 juillet 1789, il inaugure sa carrière parlementaire par la présentation d’un des projets de Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, que l’Assemblée ne retient pas. Ce projet, emprunté à la déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique, est le premier monument direct de cet esprit d’assimilation entre deux peuples si divers d’origine, de situation et de caractère. La Déclaration des droits qu’il propose constitue un véritable corps de jurisprudence révolutionnaire qui considére que le peuple français est abusivement soumis au roi de France, comme celui de l’Amérique l’était à la couronne de Grande-Bretagne, et qu’il convient qu’il prenne son indépendance et se gouverne lui-même.

*8 Le vert de Desmoulins, couleur du ralliement

Camille attache un petit ruban vert qu’il sort de sa poche et l’accroche à son chapeau, invitant la foule à faire de même. On distribue les rubans, mais il n’y en a pas pour tout le monde. Alors, on se jette sur les marronniers du jardin qui en un éclair se retrouvent complètement dépouillés…
Le vert comme couleur de ralliement, contre le gouvernement !
La foule de manifestants est énorme, rien ne les empêche de gueuler leur colère :

hé oui, le duc d’Orléans, « propriétaire » du palais-Royal, a interdit la présence de la police chez lui, domaine royal oblige !

Le surlendemain, le 14 juillet, cette même foule en colère va prendre la prison de la Bastille, symbole du roi despote…
Et vous savez quoi ? On verra plus tard que cette cocarde verte sera l’ancêtre de notre drapeau tricolore…

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4 années il y a

Bonjour Marie,
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4 années il y a

Sauf les fidèles comme vous dites !
Pas de panique, les concours sur WikiPen sont encore un concept nouveau, il faut continuer à en parler.

De nombreuses fonctionnalités devraient voir le jour, que diriez d’un Pen pour discuter de celles-ci ?
Vos avis sont importants pour le développement de la plate-forme ?.

Mathieu Jaye
4 années il y a

Encore une fois, c’est très intéressant.
Je ne sais pas si je ferai mieux…
Bravo !

Mathieu Jaye
4 années il y a

Nooon, on ne pourra donc plus te lire !!!!

Mathieu Jaye
4 années il y a

Pardon, c’est rectifié !!!!!!!!!!!

Équipe WikiPen
Administrateur
4 années il y a

Bonjour Marie,

Vous avez terminé à la deuxième place du concours #1789. On espère vous retrouver pour le prochain concours !
N’hésitez à nous faire parvenir un message que vous souhaiteriez partager sur la page Facebook WikiPen.

À très vite !

Équipe WikiPen
Administrateur
4 années il y a

À propos du nombre de WikiNautes, on approche les 500.
Quant à votre Pen, il sera partagé demain, on croise les doigts !

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