Partie 2 : L’écho
Chapitre 25
Vous êtes curieux de savoir, hein ? Alors, je peux vous le dire, la rencontre s’est bien passée. Très bien même, mieux que ce que je ne pouvais l’espérer. Je suis soulagée. Cette fois, c’est sûr, cette semaine sera une bonne semaine. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer.
Qu’est-ce que je me sens légère ! Ce soir, dans les rues polluées de Paris, je suis une coccinelle. Une coccinelle qui aurait perdu son GPS alors, mais tant pis, c’est ça. Je crois à ma chance, je sais où je vais. Bientôt, en guise de récompense à mon labeur, je retrouverai la chaleur de l’Espagne, découvrirai les soirées festives de Barcelone et goûterai à l’eau salée des plages catalanes.
Ce soir, quelque chose de mystérieux flotte dans l’air, une onde électrique qui me prend de la tête aux pieds, me donne l’impression que je pourrais planer. J’ai tout lâché, tout laissé derrière moi. Ça y est, je crois bien l’avoir eu ce courage et ça me réussit. À présent, je vais foncer, ma motivation n’a pas de limites. Plus rien ne me retient. La conclusion de cette affaire sera le début de cette nouvelle vie. Cette fois, je vais tenir le coup.
J’imagine déjà les nuits interminables et l’aube qui vient alors que nous sommes encore en train de danser. Personne ne me connaît, je n’ai pas peur d’être jugée, je veux juste que le temps ne s’arrête plus. Et quand je reprendrai le boulot, quand je flancherai peut-être, j’entendrai à nouveau dans ma tête cette musique entêtante, je verrai les corps bouger sur cette piste dans une série de gestes irréfléchis, avec pour seul désir, celui de ne plus penser à rien.
Il est maintenant plus de deux heures du matin. La nuit est claire, l’air est frais mais je me sens bien, si bien.
Jimmy s’inquiète facilement. J’espère qu’il ne m’a pas attendue pour aller se coucher. J’imagine que si c’est le cas, il râlera que je ne lui ai pas donné de nouvelles mais je suis une grande fille, libre de mes mouvements et il le sait très bien. Après tout, je ne lui dois rien. Ni à lui, ni aux autres. Celui qui saura me mettre en laisse à présent n’est pas encore né.
Je serais bientôt fixée de toute façon. Depuis le métro, je n’ai que cinq minutes à pied donc je suis presque arrivée. J’aperçois d’ailleurs la station Vélib qui fait face à l’immeuble. Par contre, quelques personnes semblent aussi discuter devant le porche et ça, c’est plutôt étrange vu l’heure tardive. C’est un quartier calme ici.
Plus je m’approche et plus ce que je redoute se précise. Les personnes en question ne sont pas n’importe qui, je les reconnaîtrais entre mille, le fait d’en avoir eu un spécimen à domicile peut-être, allez savoir. Peu importe. Ils sont en train de retirer le rubalise délimitant le périmètre de sécurité. Mais ce soir, ça ne m’intéresse pas. Je ne veux pas savoir ce qui se passe. Je n’ai qu’une hâte, retrouver mon lit. Et Jimmy. Parler de nos futures vacances. La tête enfouie dans mon sac à mains, j’avance d’un pas assuré quand un policier m’interpelle d’un air interrogateur.
– Bonjour madame, je peux savoir ce que vous faites là.
– J’habite ici.
Ce n’est pas tout à fait faux. Je trouve enfin mes clés et les agite sous son nez.
– Désolé. Je vous avais pris pour une journaliste.
Waouh, on me reconnaît maintenant, je ne me pensais pas aussi célèbre. Je ris intérieurement, ne relève pas et me dirige vers l’ascenseur direction le cinquième.
En attendant la cabine, je piétine en fixant mes orteils. Il va falloir que je me trouve de nouveaux escarpins, ceux-ci commencent à être un peu usés, ce n’est pas mon genre de laisser passer ça. D’ailleurs, je devrais profiter du voyage qui se profile pour d’autres achats, de manière à ce que personne ne me résiste quand j’arriverai là-bas. Je réfléchis à la couleur des vêtements, à la forme des chaussures mais je ne suis pas convaincue. La montée me semble durer des heures. Impatiente, je lève finalement les yeux vers le plafond quand une des ampoules parait vouloir bientôt rendre l’âme.
Jusque-là, je préférais repousser l’échéance mais ça fait déjà quelques minutes que je ne suis plus vraiment à l’aise, que la petite boule que j’ai dans le ventre grossit peu à peu, comme un mauvais pressentiment. Quand les flics sont là, il y a souvent une mauvaise raison. Mais j’ai trop besoin que cette sensation extraordinaire de bien-être que je porte en moi dure toujours. Je ne veux pas imaginer ce qui va se produire dans quelques secondes.
Trop tard. Trop vite, j’arrive devant l’appartement et la porte est déjà ouverte. J’entre et on se regarde tous en chiens de faïence. L’équipe est sur le point de repartir mais elle est là. Et Jimmy non. Jimmy, je ne le verrai plus. Plus jamais. Mon monde s’effondre à nouveau.
Inspiration : Can’t stop the feeling ! Justin Timberlake
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