Partie 2 : L’écho
Chapitre 30
Je me réveille. Je me souviens d’un temps pas si lointain où je me disais que cette semaine allait être bonne, les prochaines vacances méritées et la vie agréable. Nous rêvions de Barcelone. Mais peut-être que maintenant, je devrais aller encore plus loin pour fuir ce cauchemar. Direction la Martinique. J’imagine. Un ciel encore plus bleu, une mer encore plus belle, des voiliers bien en rang prêts à prendre le large. Au loin, la Montagne Pelée, la végétation luxuriante et multicolore. Madinina, l’île aux fleurs. Leurs parfums m’enivrent déjà, le paysage m’émerveille. Entre mes orteils, le sable s’insinue. Mes pieds s’enracinent dans le sol. Ne rien faire, rester là. Attendre que l’orage passe ailleurs, avec la détente pour seul horizon. Oublié le stress, la pollution et… la mort.
Mon radio-réveil se met en route. Oui, je sais, je dois faire partie des rares personnes qui en utilisent encore un. J’assume. Les infos qui tombent me ramènent à ma réalité. Ma tête cogne. Je n’ai pas assez dormi ou pas assez bien. Je me prépare rapidement. Malgré mes va-et-vient, Camomille ne bouge pas d’un poil. Elle dort dans le tiroir en tissu où je range mes plaids, c’est sa lubie. Je la regarde quelques instants. Recroquevillée sur elle-même, une de ses pattes sur les yeux. Elle respire calmement. Pas moi.
Ma gorge me picote, mon dos me fait souffrir. Je crois bien que c’est tout mon corps qui me fait souffrir en réalité. Je décide de prendre un taxi pour me rendre au poste. Je vais faire ma déposition avant d’aller travailler. Dehors, il pleut. Le ciel n’a jamais été aussi gris. La ville défile sous mes yeux. Les immeubles haussmanniens, les grandes enseignes, les jardins… Je ne prête pas vraiment attention à mon chauffeur. J’apprécie qu’il soit là mais je n’ai pas envie de lui parler. Comme si sa seule présence suffisait à réchauffer l’atmosphère.
Je commence à étudier ce que je vais dire ou ne pas dire à l’officier de police tandis que je règle mon dû. J’aurai tout le temps de continuer en attendant qu’on vienne me chercher dans le hall. J’essaie de faire abstraction de tout ce qui se passe autour de moi pour me concentrer quand une voix m’extirpe soudain de mes réflexions.
– Bonjour Elizabeth.
Je me lève. Je ne le connais pas mais je ne pense pas me tromper. Ce physique. Arnaud a raison. Le beau gosse me tend une main.
– Nicolas Masson.
Je serre sa main. Cette poignée m’inspire confiance. Pas brutale, mais pas du bout des doigts non plus. À une juste distance, il me regarde en souriant tout en me confessant qu’il est désolé de ce qui m’amène. Moi aussi. Moi aussi, j’aurais préféré d’autres circonstances. Pourtant, j’ai l’impression de découvrir l’homme chaleureux, sympathique, ouvert qu’Arnaud m’a souvent décrit. Je le suis jusqu’à son bureau et nous nous asseyons. C’est fou ce qu’il a l’air calme. Je vais devoir peser mes mots, avoir autant de self-control que lui. Parce que pour le moment, je l’ai bien vu dans le regard d’Arnaud hier soir, je suis ce qui ressemble le plus à un coupable.
Inspiration : Il tape sur des bambous, Philippe Lavil
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