Partie 2 : L’écho
Chapitre 31
À l’approche des grilles noires aux pointes dorées et ce jusqu’à notre arrivée au jardin d’enfants au cœur du parc, j’ai la sensation que tu vas finir par m’arracher un bras, mon Raphaël. Et tandis que mes yeux s’attardent sur les allées et leurs nouveaux parterres de fleurs, ta menotte s’évapore déjà pour rejoindre une balançoire multicolore. Je me fraye un passage au milieu des poussettes pour venir m’asseoir à côté d’Émilie qui nous observe avec bienveillance. J’espère ainsi échapper à la frénésie ambiante.
Le temps n’est pas terrible. Pourtant, comme d’habitude, nous nous retrouvons au jardin du Luxembourg lorsque je dois te ramener à ta mère. Ce n’est pas très loin de chez elle et cela nous permet de passer un vrai moment en famille tous les trois. Même si tout doit y être étudié centimètre carré de gazon par centimètre carré de gazon, je me plais dans ce coin de nature, en plein Paris.
Assis sur un banc, je te surveille d’un œil attentif. Nous sommes là depuis un certain temps mais Émilie n’est pas bavarde aujourd’hui. Elle a l’air épuisée. Je n’insiste pas. Pourtant, elle me décroche enfin quelques mots.
– J’ai vu l’article sur ce réseau dans le journal et puis Nico m’a dit pour… Elizabeth, votre rencontre sur cette scène de… Enfin, tu sais…
Elle ajoute.
– Si tu veux parler, je suis là.
Comme toujours, oui, elle est là. Mais je serais le dernier des salauds si je lui disais tout ce que j’ai sur le cœur. Alors je sais bien que je ne suis plus à grand-chose près mais bon…
– Ne t’inquiètes pas pour moi, je suis un grand garçon. Et puis, tu as d’autres chats à fouetter en ce moment*. Entre ton boulot, notre fils, les préparatifs de…
Elle baisse la tête, de sorte que quelques courtes mèches blondes passent devant son visage, comme si elle voulait cacher sa gêne. Je rajoute.
– Enfin, tu sais.
Quelques semaines déjà que son fiancé l’a demandée en mariage. Presque une éternité qu’elle m’a quitté, un peu plus qu’ils sont ensemble, cela paraissait être dans l’ordre des choses. Évidemment, elle a dit oui. Et étrangement depuis, je n’ai jamais eu autant ce sentiment que j’allais la perdre pour de bon. Comme si jusqu’à maintenant, je n’avais pas réalisé que c’était lui qui était devenu son univers, lui autour de qui gravitait son quotidien. Lui avec qui elle pourrait s’enfuir là, sur un coup de tête.
Les yeux dans le vide, elle regarde dans ta direction. Je la fixe. Ses traits sont tirés. Sa moue est triste à présent. Pourtant, je la trouve toujours aussi belle.
Quand je l’avais rencontrée, j’avais cru que rien ne pourrait décrocher le sourire de ce visage lumineux. Sa générosité se reflétait aussi bien dans ses actes que sur son corps. Je lui aurais donné ma vie, et c’est peut-être bien ce que j’ai fait, quelque part. Les mauvais jours, je passais ma main sur sa joue, remettais sa frange en place, lui donnait la force de continuer.
Et aujourd’hui encore, je voudrais lui prendre la main, l’emmener sous cet arbre, celui où l’on s’est embrassés pour la première fois, ici. La faire rire. M’excuser. Lui faire oublier nos regrets. Remettre les compteurs à zéro, comprendre qu’il y a cent chemins pour être heureux, qu’on peut parfois se tromper et retrouver le nôtre.
Mais je suis trop con pour une quelconque initiative. Vraiment. Trop con. Et je continue de préférer son bonheur au mien.
* remarque : je te tiens à préciser qu’aucun animal n’a été maltraité au cours de
l’histoire
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