Partie 2 : L’écho
Chapitre 35
Liz rassemble son tas de paperasse et m’invite à m’attabler.
— Tu crois vraiment faire mieux que nous ? T’es ridicule.
— Ça ne me coûte pas grand-chose sinon du temps et je suis en congés. Si c’est vraiment un accident, je ne trouverai rien mais au moins, j’en aurai le cœur net. J’en ai besoin, je te demande pas de comprendre.
Comprendre. En sera-t-on seulement un jour capable ? Je me suis toujours demandé comment on pouvait aimer comme ça. Sans se comprendre.
J’avale une gorgée de café. Elle reprend :
— Tu veux que je te fasse rire ?
Elle n’attend pas ma réponse.
— Tu sais pourquoi Jimmy m’a choisie pour cet article sur le blanchiment d’argent ?
Je réponds par un silence.
— Pas de famille, pas d’enfant, pas d’attache.
Elle s’interrompt.
— C’est pour ça que je veux connaître la vérité maintenant. Je n’ai plus rien à perdre. Pas de limites, pas de garde-fous.
— Si t’avais été honnête quand on s’est remis ensemble, on l’aurait peut-être notre famille.
Son visage se décompose. Je suis allé trop loin. J’essaie de rattraper le coup.
— Et quand bien même, des personnes qui tenaient à toi, tu en avais même si elles n’étaient pas nombreuses.
— Vas-y, rajoute une couche. T’essaies de me faire comprendre que c’est moi qui ai tout foutu en l’air ? C’est vrai que j’y peux quelque chose si ma mère est morte.
— T’aurais pu profiter d’elle tant qu’elle était là, essayer de savoir qui elle était vraiment, t’accrocher à ceux qui restent.
Liz se met à rire.
— Ah, Arnaud, Arnaud, Arnaud… Ce bon Arnaud, qui sait toujours tout, mieux que les autres, avant les autres. Ça faisait longtemps.
Elle m’énerve à vouloir me ridiculiser. J’ai raison. Elle ne veut juste pas l’admettre.
— Je me demande bien comment tu peux être une si bonne journaliste alors que tu ne t’es jamais intéressée à ton propre passé.
— Tu crois ?
Elle laisse passer un court silence puis reprend.
— C’est peut-être ça ma force justement. Creuser autour de moi, pour me retrouver seule dans ma forteresse plutôt qu’au fond du trou.
— Tu penses pouvoir continuer longtemps comme ça, dans ta bulle ?
— Et toi ? Tu penses mieux maîtriser la situation ?
— Non mais je sais que tu finiras par te noyer dans tes regrets.
Je me lève. Cette conversation n’a pas de sens. C’est un tour de force. Plus rien ne sera comme avant entre nous. Je ne sais pas comment j’ai pu croire qu’on pourrait simplement être deux amis. Cette fois, c’est fini, vraiment et je ne la verrai plus.
Inspiration : Tout, Lara Fabian
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