A ma chère et tendre,
J’ai arrêté de compter les jours depuis ton départ. Le temps n’a plus aucun sens désormais. Sans toi, je ne peux pas survivre. Sans toi, je n’ai plus la force de regarder le monde qui s’affaisse un peu plus chaque jour. Plus aucun sourire ne peut me ramener à la réalité. Je ne veux plus voir ce paysage morbide que l’on me montre à longueur de journée. J’ai essayé de mourir, mais la mort n’a pas voulu de moi. Il semblerait que j’ai encore quelque chose à accomplir chez les vivants. Quoi ? Je ne sais pas. Alors j’erre dans les rues. Je me nourris de ce que je trouve dans les poubelles ou dans les maisons. Le soir, je me rends dans une usine désaffectée se trouvant aux alentours de la ville. Là, je fais un feu pour me réchauffer et je m’allonge dans mon abri de fortune. Ainsi se passent les journées à survivre pendant que toi tu n’as plus à te soucier de rien.
Hier, il a neigé pour la première fois depuis une éternité. J’ai vu des milliers d’oiseaux s’envoler pour des contrées plus chaudes. Les arbres dénudés ont été abandonnés à leur triste sort. Me raccrocher à la nature me permet de m’assurer que je ne suis pas devenu fou. Tant que je serais capable de discerner clairement les différents évènements naturels, je saurais que mon esprit ne s’est pas perdu.
Mes journées moroses sont quelquefois vivifiées par les quelques histoires qui m’arrivent. Parfois, un animal sauvage qui se balade aux abords de la ville me prend en chasse. Un de ces jours ou le soleil illuminait encore de toute sa puissance les grandes avenues, un ours a commencé à me courir après. N’ayant pas d’endroit proche pour me mettre à l’abri, j’ai du sprinter pendant plusieurs minutes. Certes j’accepte de mourir mais pas déchiqueté par un grand monstre poilu. Depuis que tu as disparu, il semblerait que les bêtes aient pris leurs aises.
Enfin, je veux que tu saches que chaque jour toutes mes pensées vont à toi ma chère humanité. Tu ne peux pas savoir à quel point cela est difficile d’être le dernier survivant de son espèce.
Alex An