Pour l’éternité (IV)

4 mins

J’avais l’habitude du soleil du Portugal mais quand Vitor me sortit de ma cellule et que le soleil de l’Afrique me tomba sur les épaules j’eus l’impression d’étouffer, mes yeux me faisaient mal, le soleil était si lumineux. Il devait y avoir énormément de monde, le brouhaha ambiant m’oppressa, je ne reconnaissais pas la langue parlée, les gens criaient autour de moi, on me touchait comme si j’étais de la marchandise. El Capitan me fit monter dans un chariot, un homme qui avait la peau très foncée lui remis un coffre rempli de pierres précieuses, après avoir vérifié la qualité de son trésor il me glissa quelques mots à l’oreille :

« Bonne chance à toi Princesse et si ton destin n’est pas de finir en repas pour les tigres du Sultan, trouve Ghalia, elle seule pourra faire quelque chose pour toi. Mais chuuut je ne t’ai rien dit. » 

Un merci m’échappa, alors que tout semblait acté pour moi, une lueur d’espoir venait de renaître en moi. Trouvé Ghalia serait ma dernière mission. Le Chariot se mit en route, il faisait si chaud, mais plus nous roulions et plus le silence ce faisait. Notre convoi arriva devant une immense porte, je vis les silhouettes de deux hommes qui ouvraient la lourde porte. Une fois dans l’enceinte dans ce qui devait être un palais, les couleurs changèrent, d’un jaune orangé, une teinte plutôt verte apparut, il faisait plus frais aussi, il me semblait percevoir le bruit d’une fontaine. La porte du chariot s’ouvrit brutalement et je me sentis soulevée pour être reposée sur des dalles fraîches. Une femme s’approcha, a mon grand étonnement elle parlait ma langue, elle avait un fort accent mais au moins on pouvait communiquer. 

« Je m’appelle Aïcha, je vais t’amener dans le Harem, tu vas te préparer pour ta rencontre avec le Sultan ce soir, tu ne peux pas le rencontrer dans cet état. » 

Aïcha était une femme d’une cinquante d’années, elle parlait beaucoup et vite. Je ne connaissais pas encore son rôle au sein du Harem mais j’imaginais qu’elle était une sorte d’intendante. Elle prit mon bras et me dirigea vers une porte en fer forgée fermée à double tour. Une fois à l’intérieur j’étais dans un autre monde, il faisait frais et l’air ambiant sentait bon, un mélange de fleurs et d’épices, des senteurs que je ne connaissaient pas me chatouillaient le nez. Il y avait de la musique, je reconnus la harpe et la flûte, la mélodie était enchanteresse. Percevant des formes, des couleurs vives, nous croisions plusieurs femmes qui chuchotaient à notre passage, j’aurais aimé me transformer en petite souris et aller me cacher dans un coin. Aïcha ouvrit une petite porte en bois et me fis entrer dans une pièce beaucoup plus sombre, elle me dit qu’elle allait revenir et claqua la porte derrière elle. 

« C’est toi la nouvelle ? » 

Je sursautais, la voix était celle d’une femme d’un certain âge, un peu rauque mais elle parlait ma langue. Qu’avait-elle fait pour être enfermée ici ? 

La femme s’approcha tout près de moi, me détailla sous toutes les coutures, examina mes mains, mes dents, mes cheveux et enfin mes yeux. Elle s’appelait Ghalia j’appris par la suite que son prénom signifiait « d’une grande valeur », seconde épouse du Sultan, elle avait quelques privilèges car elle avait donné un fils mais ça ne suffisait pas, son tempérament était plutôt volcanique ce qui lui valait de fréquents séjours au cachot pour qu’elle comprenne où étaient les limites de sa liberté. C’était donc elle que je devais trouver, celle qui pourrait m’aider d’après le pirate.

« Je vais demander à ce qu’on te lave tu sens la chamelle, même si ton destin est de mourir pour le bon plaisir de mon époux, tu vas devoir passer l’épreuve des présentations officielles. Haroun El Abadil aime les femmes, c’est un collectionneur, nous sommes une centaines entre ces murs, la cohabitation n’est pas toujours facile et il faut se battre pour avoir une bonne place mais si tu es assez maligne tu pourras peut être t’en sortir. » 


– J’ai peu d’espoir vu mon handicap, je ne vois rien et mes cicatrices ne font pas de moi une beauté. 


« Tu as raison mais tu es jeune, vierge et catholique, mon mari est un conquérant il veut montrer son envie de dominer. Et puis une fois qu’il t’auras violer et prit ta virginité il décidera si tu as encore un intérêt pour lui. » 

Qu’allait-il se passer quand il découvrirait que je ne suis plus aussi pure ? La porte se rouvrit, Aïcha me prit par le bras et m’emmena vers une pièce remplis de vapeur. Avant que j’ai pu comprendre, plusieurs mains m’avaient déshabillée et on m’invita à me plonger dans un grand bassin d’eau chaude, c’était très agréable depuis le temps que je ne m’étais pas lavée. Plusieurs femmes à la peau sombre se mirent à me frotter le corps avec ce qu’elles appellent du loofah, ma peau se mît à me piquer. Mes cheveux furent laver de façon assez énergique, pas le temps de se détendre il fallait sortir. On m’allongea sur une table en pierre et une femme à la stature assez imposante se mit à me passer un liquide qui sentait fort sur tout le corps, elle faisait des petits cercles sur le dos et il me semblait qu’elle décollait ma peau, elle râlait d’après ce que je compris j’étais très sale. Une fois que mon corps retourné dans tous les sens, la femme finit son soin par un massage à l’huile chaude, je m’endormis. Un seau d’eau froide me réveilla, Aïcha me donna une tunique très longue en coton, même si le réveil été brutal je me sentais propre et plus détendue. De retour dans ma cellule Ghalia m’aida à m’allonger sur mon lit, elle me dit qu’elle connaissait quelques remèdes qui pourraient peut-être aider à faire disparaître les brûlures, si j’étais d’accord elle pourrait me préparer un onguent qu’elle appliquerait pour la nuit. N’ayant plus rien à perdre j’acceptais et me laissait faire. 

La nuit était tombée quand Ghalia me réveilla, il fallait que je me prépare pour la cérémonie de présentation. Une fois de plus Aïcha vint me chercher mais cette fois ma compagne de cellule m’accompagnait. Une tenue faite de voiles colorés qui laissait entre-apercevoir ma silhouette me fût passée, mes cheveux furent nattées et mon visage n’échappa pas lui non plus au port d’un voile qui je dois dire cachait habillement mes cicatrices. L’onguent que Ghalia m’avait mis sur les yeux m’avait assouplis considérablement la peau. Pour finir, quelques pierres précieuses furent placées un peu partout sur ma tenue. Aïcha m’observa comme si elle cherchait le petit détail qui manquait, elle sortit une petite bouteille d’un coffre en bois, il s’agissait d’eau de rose, un parfum très délicat et assez rare d’après ses dires. 

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