Emprise, nom féminin :
Domination morale ou intellectuelle. Violence qui provoque 150 à 200 décès par an. Souvent méconnue et difficile à détecter.
Témoignage – “Pervers narcissique, il m’a détruite”
Derrière le pseudo “Kimbé”, la jeune femme décrit le cercle vicieux de l’emprise qu’elle a vécue.
“Derrière un mari, une épouse, un collègue de travail, une amie, ou même un membre de la famille peut se cacher un pervers narcissique. […] Il est destructeur. Beaucoup, dont moi-même, n’ont pas vu venir le prédateur, n’ont pas réalisé tout de suite qu’elles creusaient leur propre tombe. […]
Le pervers narcissique est une personne charmante voire charismatique. Il brille. Socialement il est bien intégré. Il a un bon cercle d’amis par lesquels il est bien vu. […] Ses mots savants, ses belles paroles, son jeu de séduction vous convaincront. […]
Très intelligent il étudie votre personnalité vos failles, et ne se gêne pas pour vous montrer qu’il en sait des choses sur vous. Au début, c’est flatteur. Vous pensez que vous êtes comprises. […] On l’admire souvent au début.
Puis vient le temps où vous êtes sous l’emprise de cet homme toxique. […] Ce n’est pas lui le salaud, c’est vous qui êtes trop bête. Si vous n’étiez pas si bête, tout se passerait bien. […]
Le pervers narcissique est manipulateur. […] Pendant plus d’un an, j’ai été constamment à la quête de son repentir. Ça m’a plongée dans une dépression qu’il ignore complétement. […] Par ailleurs, il aime humilier. […] Le pervers narcissique est comparable à un compte-goutte. Il ne donne qu’un tout petit peu de temps en temps. Juste histoire de vous garder en alerte.
Soyez indulgents avec les personnes qui vous font part de leur expérience avec ces malades. Marie Andersen a su mettre les mots sur les maux : on supporte l’insupportable pour des causes qui nous sont chères. On accepte l’intolérable, l’humiliation et le manque de respect car on se pense moralement engagées. On pense qu’il finira par voir notre loyauté et notre peine. Mais sachez que les victimes des pervers narcissiques sont avant tout de belles personnes brillantes. Sinon, elles n’auraient pas attirées ce spécimen. […]”
Comment réagir face à une victime ?
Séverine LEMIERE, présidente de l’association “Une femme, un toit”, décrit le phénomène de l’emprise comme un cercle vicieux qui se déroule toujours suivant le même schéma, quels que soient le prédateur et la victime : période de séduction de la victime par le prédateur – puis, isolement et dévalorisation de la victime – inversement de la culpabilité – crise – retour à une période de séduction par le prédateur.
Par ailleurs, l’auteur travaille souvent son impunité : c’est un chouette collègue, un chouette voisin, il est brillant, bien éduqué… Tous ces éléments tendent à rendre l’emprise indétectable, tandis que c’est la victime qui passe pour une personne malade aux yeux de l’entourage.
Séverine LEMIERE adressent quelques conseils à celles et ceux qui seraient au contact d’une victime :
Face à une victime, ne surtout pas faire :
– s’étonner, remettre en cause la parole de la victime qui trouve enfin le courage de s’ouvrir à quelqu’un
– émettre un injonction « il faut que tu partes ! »
A faire :
– poser la question quand des symptômes mettent la puce à l’oreille. On ne nous le reprochera jamais, au contraire, la victime pourrait être soulagée. En revanche, il faut se préparer à la réponse. Si la femme dit non, ce n’est peut-être pas le moment pour elle d’en parler mais au moins elle a identifié un soutien potentiel. Elle pourra revenir parler le jour où elle se sentira capable.
– respecter le rythme de la victime
– dire « merci de m’en avoir parlé », « merci pour ta confiance, je te crois, je peux t’aider, si tu veux, à trouver une association »
– orienter vers une association compétente et/ou le 3919 (n° de téléphone gratuit pour les femmes victimes).
“Si vous connaissez quelqu’un de près ou de loin, qui sombre ou qui a changé négativement, tendez-lui la main. Vous ne savez jamais ce qui se passe dans sa vie privée.” Kimbé.
Pour en savoir plus
Association FiT – une femme un toit