LCDM I – I.V

4 mins

Le lendemain, Isadora pu sortir de sa chambre.Dehors, il faisait beau, mais madame Louise, la fermière, lui interdit fermement de quitter la maison. La petite était déçue, mais se consola bien vite lorsque la bonne femme lui apprit comment faire les gâteaux aux fruits.

Madame Louise était une petite femme ronde avec de soyeux cheveux blonds ondulés, coiffés en chignon. Toujours souriante et de bonne humeur, elle avait de beaux yeux bleus qui pétillaient de joie de vivre. Un véritable rayon de soleil pour le cœur de la petite, désormais orpheline.

Pourtant, son moral retomba rapidement lorsqu’elle vit les garçons rire et s’amuser en travaillant. Aussi, dès que madame Louise eut le dos tourné, elle se précipita à l’extérieur, bien décidée à passer un bon moment.

Dès qu’elle apparut dans leur champ de vision, les garçon la saluèrent à grand renforts de cris de joie et de rires joyeux.

– Tu viens te joindre à nous ? l’accueillit Luis, souriant.

– Quand la mère va savoir ça, elle va tous nous punir ! s’exclama Lissandro, sans pouvoir masquer son hilarité, probablement due à une vanne lancée avant qu’elle n’arrive.

– Alors, le grand blessé est de retour dans le monde des vivants ? se moqua gentiment Léopold.

– Je parie qu’elle a voulu te faire cuisiner ! plaisanta Léon, en jetant un regard noir à la fenêtre de la cuisine.

– Tu préfères les champs ou les animaux ? s’enquit Lionel, comme pressé de la faire participer.

Et ainsi de suite, tous allant de son commentaire.

– J’aime bien les animaux, sourit la petite, aux anges.

Lionel l’accompagna jusqu’à la grange où se trouvait un autre garçon, qu’elle n’avait jamais vu. Il était grand, les cheveux noirs, les yeux bridés, le regard intelligent. Il ne souriait pas. Non, il semblait, au contraire, morose et triste. Ronchon aussi. Mais Isadora ne put s’empêcher de le trouver beau.

– C’est Yong, présenta le rouquin, il n’est pas là depuis très longtemps. Tu peux donner du foin aux vaches, si tu veux, avec l’hiver, elles ne sortent pas souvent, il faut les garder au chaud.

Puis il parti, laissant les deux enfants ensemble.

La grange était attenante à l’étable, facilitant le déplacement du foin. C’était un endroit chaleureux en bois avec un sol de terre battue. Du sol au plafond, on pouvait voir du foin et de la paille, ainsi que des sacs pleins. On y trouvait aussi six brouettes, probablement utilisées pour déplacer tous ces éléments.

La brunette commença immédiatement à nourrir les bêtes, riant lorsque les vaches lui léchaient les mains par inadvertance. Elle trouva immédiatement ce travail amusant.

– Donc toi, c’est Isidore ?

Elle sursauta. Portée par la joie, elle en avait oublié le garçon ! Il fallait avouer qu’il était étrangement silencieux.

– Oui, c’est ça.

– T’es bizarre… lâcha-t-il, méfiant.

La première pensée qui traversa l’esprit d’Isadora fut : Il sait.

– Je sais quoi ?

Surprise, Isadora se laissa tomber dans la paille.

– Tu peux lire dans les pensées ?

Il peut tout savoir. Je vais tout rater avant même d’avoir commencé. Le monde va être détruit. Par tous les Dieux c’est-

– Rater quoi ? demanda Yong, curieux et un brin menaçant.

– Euh… Je…

Soudain, elle sentit comme si un vent froid, glacial se glissait dans son esprit pour lui emprisonner les sens.

– Qu’est-ce que tu fais ?

– Je vais à la pêche aux informations, puisque tu ne veux pas me répondre…

– Arrête !

Ses supplications demeurèrent vaines. Le froid s’intensifia. Bientôt, elle eu beau tenter de repousser mentalement cette invasion en tentant d’imaginer un feu faisant fondre cette glace, elle ne put plus réfléchir à quoi que ce soit, l’esprit comme amorphe.

– Donc, tu es une fille… Et un peu dérangée à ce que je vois… Les Dieux ne reviendrons pas. Ils ne reviendront jamais ! hurla-t-il, hors de lui.

L’emprise sur son mental se desserra un peu et les mots du jeune homme prirent sens.Ses yeux étaient devenus entièrement noirs, aucun reflet de lumière ne paraissait, comme si les orbes étaient vides de vie.

– Pas si je suis là ! vociféra Isadora de sa voix fluette d’enfant.

– Tu te crois puissante à ce point là ? ricana-t-il.

Brusquement, elle le trouva beaucoup moins beau.

– Ils te manipulent ! Seuls les Grands Dieux ont leur place ici !

Ce fut au tour de la petite de ricaner.

– Les Grand Dieux ? Il n’y a pas de Grands Dieux ! Ce sont des Esprits Maléfiques qui se sont divinisés ! Ils n’ont pas leur place ici !

Les deux enfants se tenaient face à face. Furieux. Puis, il y eut comme un mouvement dans l’air. Comme si ce dernier devenait plus léger…Yong et Isadora se regardaient toujours. Stupéfaits, cette fois.

– Que s’est-il passé ?

Ils avaient conscience des derniers événements, pourtant… quelque chose clochait. C’était bien trop flou pour que ça se soit passé à l’instant.

– Je ne sais pas…Stupéfaits, ils s’assirent sur le sol en terre battue.

– Je suis désolé, je ne suis pas comme ça d’habitude…

Isadora lui sourit un peu, toujours sous le choc. Il s’était passé quelque chose qui les dépassait. Mais quoi ? Et, surtout, qui est Yong ? Et…

– C’est bizarre… marmonna le brun.

– De… ? chuchota Isadora, de peur que les garçons à l’extérieur ne les entendent.

– Je me souviens de tout ce que j’ai vu dans ta tête… Et j’ai l’impression que tu es dangereuse… Pourtant, tu as l’air inoffensive, et gentille.

Stupéfaite, la brunette le regarda dans les yeux, cherchant ses mots.

– Toi aussi, tu as l’air dangereux.

– Je ne le suis pas ! Je te jure que ce que j’ai fait ne me ressemble pas !

Isadora haussa les épaules. Que se soit intentionnel ou non, il était désormais au courant de tout… Et visiblement, les Dieux Maléfiques aussi…. Elle était une bien piètre Élue.

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