Le chat et le fantôme

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À la seule lueur de la lune solitaire dans le ciel sans étoiles, une souple silhouette se mouvait dans la semi-obscurité des rues vides de monde. Sa fourrure lisse et brillante, d’un noir à la fois pur et envoûtant, luisait sous les rayons timides de l’astre d’argent. Des reflets hypnotiques paraissaient danser à l’ombre des bâtiments comme des feu follets. La créature allait et venait gracieusement sur les trottoirs, battant l’air de sa longue queue fine, ébranlant le silence de ses mélodieux miaulements.

Alors qu’elle allait par un chemin sombre, loin de la présence de la lune, le long d’une impasse insalubre, la créature entendit de faibles sanglots, ces derniers lui parvenaient du bout de l’obscur couloir. Doucement, elle s’avança, découvrant les lieux de son regard vert émeraude.

Assis à même le sol humide et crasseux, le dos contre un mur hideux, une silhouette humaine se détachait dans le noir. Avançant prudemment sur ses pattes félines, le chat observait l’individu d’un œil curieux. Sensible à l’évident chagrin de l’homme, il se mit à miauler tendrement, ce qui attira l’attention de son auditeur, qui s’arracha momentanément à ses larmes :

L’homme : « Qu’est-ce que ? Un chat ? Que fais-tu donc là mon petit, dépêche-toi de t’en aller ou elle t’emportera toi aussi » ;

Le chat : « Qui donc ? je suis curieux. » ;

L’homme : « La faucheuse voyons, je lui ai échappé mais elle me rattrapera bientôt. Va-t’en vite ! » ;

Le chat : « Est-ce dont pour cela que tu es si triste ? » ;

L’homme « Comment ? Ne devrai-je pas l’être ? Comment peux-tu te montrer aussi insensible à mon malheur ? » ;

Le chat : « Je ne suis point insensible, quand bien même je te ne crois point malheureux. L’enfant qui égard son jouet favoris est malheureux, celui qui perd un être cher est malheureux, ainsi est celui qui perd son chemin dans le noir. Mais toi mon bon ami, tu es libre ! Libre des chagrins de ce monde, de la faim, de la soif, de la solitude et de toute appréhension. » ;

 L’homme : « Libre ? Te moquerais-tu de moi ? Je m’en vais dans le néant, un abysse sans fin, dans la solitude et le silence. Loin de ceux que j’aime, du soleil, de la pluie, oh comme tout cela va me manquer. » ;

Le chat : « Seul l’ignorant pleure à l’appel de la mort, Il n’y a ni néant ni solitude qui t’attendent, la paix et le repos sont au bout du chemin, au creux des bras de cette maitresse fatale qu’est la faucheuse. Son doux baissé froid qui efface tout douleur. Comme j’ai hâte de recevoir à mon tour son étreinte divine. Réjouis-toi mon chère, un autre monde loin des troubles de celui-ci t’attend de l’autre côté du voile. » ;

L’homme : « Nous verrons bien très chère, nous verrons bien. »

 

Murmurant ces derniers mots, l’homme disparu doucement dans une douce brume, comme recouvert d’un voile de soie. Le chat resta là un moment, contemplant l’endroit où se tenait, un moment plus tôt, le vieillard. Puis, en silence, il se leva gracieusement et repris le chemin de la rue, sur laquelle l’aube se levait déjà.

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