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Moi je suis ma propre Muse, un extraterrestre parfait dans un monde qui ne l’est pas.
Si je me regarde dans le miroir, il y en a partout chez moi, je n’arrive pas à me détacher de mon image.
Je suis un diamant dans un océan de bijoux de pacotille.
Je n’ai aucun ami, même Dieu m’ennuie.
Je limite les rapports sociaux au strict minimum pour n’être ni éclaboussé, ni corrompu.
J’évite de parader et je déguise ma splendeur pour ne pas exciter une armée de jaloux.
“Bon Bernard, t’arrêtes de glander, tu dois aller pointer à Pôle Emploi”.“Vous manquez de confiance en vous, vos pairs vous ont laissée seule, et pourtant vous avez monté votre petit commerce, contre vents et marées. Aucun de vos clients n’a trouvé à redire, car ils ont vu votre grandeur d’âme, votre générosité. Certains ont même pardonné à leurs ennemis, grâce à vous. Ce que je dis là est ma récompense, de vous avoir près de moi, de pouvoir vous parler. Vous êtes le trésor que je cherchais, sans le savoir”.
“Paroles, paroles …”
“Je vous comprends, vous avez bâti seule votre petit empire, votre méfiance ne me surprend pas.”C’était sans compter sur la fougue du petit baron, qui n’avait plus rien de petit par ailleurs.
Il eut tôt fait de rattraper ce chevalier, sans s’apercevoir que celui-ci ralentissait l’allure.
“Eh bien, vous êtes curieux, après cette victoire, ma foi insolite, vous nous quittez sans mot dire?”
“Chevalier, je n’ai peut-être pas les mots.”
“Mais vous avez du courage, et votre manière d’assommer l’adversaire sans l’occire a perturbé mes compagnons d’arme, et moi-même, je vous l’avoue”.
“Donner la mort est contre nature”.
“La nature vous contredit sur ce point”.
“Vous avez raison, mais la nature a tort”.
“Pour un taiseux, vous ne manquez pas de répartie, disons, originale”
“Se taire n’est pas forcément signe d’ignorance”.
“Je vous l’accorde. Venez donc fêter avec nous cette victoire, mes compagnons ont dû chasser le gibier et préparé le feu.”
“Vos compagnons m’impressionnent un peu”.
“Soyez sans crainte, je saurai les remettre à leur place. Je, euh, je ne sais pourquoi, votre apparence me trouble un peu.”
“Qu’entendez-vous par là?”
“Euh, rien, je m’égare, allons festoyer!”Si ce beau Magicien pratiquait la magie blanche, qu’avait-elle à craindre après tout?
Peut-être cherchait-il l’élue de son cœur.
Fidèle à elle-même, elle chassa aussitôt cette pensée, même dans sa nouvelle robe de fée, qu’elle puisse lui plaire …
“Bien dormi Princesse?”
“Ne vous moquez pas, je ne sais pas ce que je fais ici, ni ce que vous attendez de moi.”
“Mais de vous j’attends tout.”
“C’est une drôle de réponse, suis-je prisonnière?”
“Qu’allez-vous penser là? Je peux vous rendre à vos clients si c’est votre souhait.”
“Je ne sais pas encore, tout cela est trop …”
“Merveilleux?”
“Vous êtes bien sûr de vous!”
“Détrompez-vous, me faites-vous confiance?”
“Là est la question justement je e veux pas cacher mon, euh, émoi, mais qu’y gagnerez-vous?”
“Vous.”Elvira était encore dans les limbes. Quand elle ouvrit les yeux, elle se vit dans un lit immense.
La chambre ressemblait à une boite à musique, comme une cathédrale italienne, des boiseries, des moulures, des marqueteries de nacre, d’ivoire, ou d’autres matières plus précieuses encore.
Les rideaux tirés faisait voir un jardin des Mille et Une Nuits.
Elle n’était pas dupe du piège qu’il lui avait tendu.
Avait-elle succombé à quelque élixir? Sans doute, sinon elle l’aurait maudit.
Toutes ces merveilles auraient alerté quiconque doué de raison.
Mais était-elle raisonnable?Cependant quelque chose l’intriguait, son visage lui rappelait quelque chose. Pris dans le feu de l’action, il ne put que remettre à plus tard cette petite étincelle qui, bizarrement, semblait décupler son courage. Cet étrange chevalier, quelque peu androgyne, ne versait pas le sang et semblait danser plutôt que de se battre. Il intima ses compagnons de prendre modèle sur la nouvelle recrue, ne pas ôter la vie, comme dans un jeu.
