Elle est en train de lire le journal, pas que ce soit habituel, son mari en partant l’a oublié sur une table, une preuve supplémentaire du désordre habituel quand personne ne range, les nouvelles du jour ne l’intéressent pas, un moment de détente à lire son horoscope, elle reprend à son compte certaines similitudes, bien sûr généralistes, comme cette voyante qu’elle avait consultée un jour sans y croire vraiment, mais elle avait prédit, elle s’en souvient très bien, une vie personnelle décousue et une certaine réussite, elle en est vraiment là, ses parents lui manquent, sa famille lui manque, la cartomancienne l’avait vu et un jour ses enfants feront de belles choses, toutes ces choses qu’on lui avaient promises, elle devient impatiente.
Le temps s’écoule trop vite, sa fille bien installée, et son fils qui ne devrait tarder il est en train d’y penser avec sa copine, elle à largement le temps de devenir grand-mère, c’était un mot horrible, et ça la fait sourire peut-être un peu crispé, elle adore cette phrase, ” on est jeune dans sa tête “, elle le pense réellement, elle qui tourne aux environs de soixante, elle n’ose le chiffre exact, d’ailleurs personne ne sait sa petite coquetterie, les hommes de cinquante-cinq et moins qui la regardent encore, elle sait qu’elle plaît encore.
Elle doit se préparer, le rendez-vous du psy un peu avant midi, il lui reste peu de temps, elle repose le journal, au dos de celui-ci au parc exposition l’annonce d’un salon Bio qui débute aujourd’hui lui rappelle un souvenir et en ouvrant son sac la carte est toujours là, ce serait un hasard, au lieu de travailler pour une fois elle décide de prendre son après-midi et d’aller visiter.
Directeur est surpris et ravi quand il la voit arpenter les allées, il partait justement manger, elle est la bonne coïncidence pour être accompagné à la cafétéria du Parc. Une chose en amenant une autre, elle est venue par hasard pour changer d’horizon, elle parle de sa boutique qu’elle va bientôt ouvrir, qu’il pourrait venir voir si jamais ça lui dit, s’il a un peu de temps après la fermeture, il pourrait lui donner des idées, et bien sûr s’il n’a rien de prêvu.
Elle a le temps d’envoyer deux messages, deux personnes différentes, et elle ouvre la porte. Elle est fière de son travail et le montrer à quelqu’un, autre que son mari et Elle, aucuns des deux noms n’ont étés prononcé de toute l’après-midi, deux enveloppes ont glissées avec le cachet de la mairie, deux avis de passage; elle devra retirer son enseigne qui déborde la ruelle, ou au mieux l’ajuster car elle empiète sans autorisation, et sur l’autre des flyers, qu’elle avait distribués dans la rue principale en prévision de l’ouverture, ont étés retrouvés sur les trottoirs de la rue à côté, elle écopait ainsi de deux avertissement sans frais.
Elle éclate en sanglots, et se réfugie dans ses bras, elle vient d’écrire un nom sur son carnet de bal.