Péripétie d’un gnome en Faerun

7 mins

Mander Alkor, heu désolé je me suis planté d’histoire.

Ha merde, où est ma fiche ?

Désolé cher public, je débute en tant que narrateur, et la dernière épopée que j’ai suivie m’a laissé des séquelles.

Je reprends donc depuis le début.

Tout commença dans une cité multiraciale de taille très modeste à l’est des Royaumes Oubliés, du nom de Fulrang.

La petite cité se développe grâce aux gisements proches de divers minéraux tels que le salpêtre, le soufre. Des veines d’argent et d’électrum ont également été découvertes, mais dans une moindre mesure.

Ces gisements proviennent de la proximité d’un antique volcan éteint, qui lors de ses différentes éruptions, a fait remonter les minéraux à la surface.

La zone est sauvage, bordée par des tribus de barbares qui harcèlent les convois de marchands. Néanmoins, l’activité économique reste florissante grâce à la diversité des matières produites.

De plus, la cité jouit de la présence de maîtres artisans venus s’installer récemment pour profiter des matériaux bon marché.

“Bon, on arrête là la géopolitique, ça devient chiant. Nous nous arrêterons plutôt sur le petit personnage là-bas… Non, pas celui-là, l’autre… Oui, le nabot à l’air niais assis sur un muret là-bas… Voilà !”

Durlip est un gnome à la fin de son adolescence, du haut de ses 38 ans. Il aime passer son temps avec ses amis dans les rues de la petite ville et jouer des tours aux voyageurs de passage au moyen d’illusions que tout gnome maîtrise rapidement dès l’âge de vingt ans.

Plutôt grand pour un gnome, car il mesure 1m02, il est de constitution robuste, bien que ce trait ne soit pas particulièrement inhabituel chez les gnomes de roche.

“Comme c’est original, un grand nabot… Si je tenais le scénariste qui a écrit ça… Je la sens pas vraiment cette nouvelle aventure.”

Ses parents, Dwipe et Dwergane, sont des alchimistes. Ce sont des parents attentionnés qui prennent soin de lui et lui transmettent leur savoir par le biais de jeux que Durlip affectionne, tels que reconnaître les produits à l’odeur ou procéder à des mélanges et en déduire les propriétés en fonction des effets produits.

“On comprend mieux l’air ahuri du gosse.”

Cependant, le dernier exercice, bien qu’instructif, n’est pas dénué de surprise. En effet, la dernière fois, les choses ont un peu mal tourné et Durlip a renversé tout un pot d’acide dans le creuset, provoquant une déflagration dans l’établi qui lui a roussi les sourcils.

L’expérience a fait rire son père, qui ne l’a que mollement sermonné, trop occupé à réprimer un violent fou rire.

Durlip souriait en se rappelant le visage rigolard de son père et sa mère qui s’efforçait de ne pas rire à son tour.

Cependant, aujourd’hui, Durlip avait l’esprit ailleurs. Ses parents lui avaient demandé de rentrer tôt, car ils souhaitaient lui présenter une de leurs connaissances.

À cette annonce, il avait bombardé ses parents de questions : qui était cette personne, était-ce un gnome, d’où venait-elle et quelle était sa profession ? Mais ses parents avaient refusé de dire quoi que ce soit, arguant qu’il pourrait poser les questions directement à l’intéressé.

Face au refus de ses parents de lui donner des informations, sa curiosité avait été piquée au vif, et il n’aurait manqué cette occasion pour rien au monde.

Mais pour l’instant, il était pressé de retrouver ses amis et de jouer un tour pendable dont il avait le secret.

Il se dirigea vers la place du village où l’attendait déjà Dimpell, son ami depuis maintenant dix bonnes années. Celui-ci l’entraîna vers le quartier des ingénieurs pour lui montrer la dernière invention de son père, une baguette équipée d’une bobine de cuivre et d’une petite batterie, une prouesse d’ingénierie en termes de miniaturisation.

Dimpell lui dit : “Alors, qu’en penses-tu ?”

“Eh bien, je te le dirai quand je saurai à quoi cela sert et lorsque je l’aurai vu fonctionner,” répondit Durlip avec un sourire taquin.

Dimpell éclata d’un rire cristallin propre à l’insouciance de sa race.

“Idiot, ça sert à pousser le bétail, mais avec un petit truc en plus.”

Durlip examina l’appareil et comprit soudain : l’aiguillon à l’extrémité était censé délivrer une décharge à l’animal pour le faire avancer.

“Pour les elfes et autres amoureux des bêtes, je précise qu’aucun animal n’a été maltraité durant ce chapitre… Enfin, je crois… ce n’est pas sûr en fait.”

“Aha, je vois. Mais… ça ne fonctionne qu’avec des animaux ?!!!” demanda Durlip, les yeux pétillants de malice.

Dimpell fit un pas en arrière et reposa vivement l’appareil sur l’établi.

“Ho toi, je te vois venir, mais là c’est non, hors de question !”

“Allez, personne n’en saura rien et on pourrait bien rire, non ?” insista Durlip.

“Désolé, mais la dernière fois que je t’ai écouté, j’ai été privé de dessert pendant toute une semaine, et je m’en suis bien tiré vu la catastrophe que tu as causée.”

“Avoue qu’on a bien ri cette fois-là, et puis comment voulais-tu que je sache que les latrines du bourgmestre ne résisteraient pas au nouvel explosif de ton père ?”

“Je t’avais dit que c’était trop puissant, tu n’as pas voulu écouter. Il y avait de la merde répandue à cent mètres à la ronde, et le bourgmestre était couvert de la tête aux pieds. On a eu de la chance que personne ne nous surprenne, sinon ça aurait bardé. Mon père s’en est aperçu, mais comme ce crétin de bourgmestre a osé dire que ses inventions étaient sans intérêt, il n’a pas été trop dur.”

“Hé alors, tu vois, tu n’as pas à te plaindre, et avoue que ça en valait la peine, non ?” rétorqua Durlip avec un large sourire.

Dimpell lui lança un regard noir, mais ne put maintenir son expression de colère, incapable de résister à la bouille rigolarde de son ami qui le fit éclater de rire.

“Oui, tu as raison, ça valait la peine de voir le père Grumpet couvert de merde rentrer chez lui, le pantalon au bas des chevilles, en tremblotant. Tu sais qu’il a fait venir un égoutier pour vérifier que le réseau fonctionnait bien, et que le filou en a profité pour lui extorquer trente pièces d’or en lui disant que ça venait d’un défaut dans l’évacuation des gaz ?”

Les deux compères s’exclafèrent de plus belle et passèrent le reste de la journée à évoquer leurs meilleures blagues, grignotant un plateau de fruits, assis sur un muret, les jambes balançant dans le vide.

Ainsi passaient leurs douces journées dans la calme cité.

Le soir venu, Durlip se rappela de la visite mystérieuse et rentra au petit trot, impatient de rencontrer l’inconnu.

Devant la maison, il ne vit aucun signe de l’arrivée d’un visiteur. Il passa la porte et constata l’absence de ses parents. Haussant les épaules, il se dirigea vers l’atelier. Il n’était pas rare que ses parents y soient en compagnie de visiteurs pour leur faire profiter de leurs dernières créations.

Lorsqu’il pénétra dans l’atelier, ses parents étaient assis en face d’une personne de grande taille, sans doute un humain, qui portait une large cape avec une capuche tissée dans une matière qu’il ne reconnut pas. À son grand étonnement, le visiteur avait des goûts douteux. Le vêtement était d’un rouge criard et brodé de fils d’argent formant des symboles complexes.

Afin de signaler sa présence, Durlip s’éclaircit la voix bruyamment.

“Ah, te voilà enfin rentré ! Viens t’asseoir que je te présente notre invité.”

Le jeune homme s’exécuta.

Une fois installé, il put voir le visage de l’inconnue, en réalité une inconnue, qui lui offrit un large sourire en prenant place.

“Durlip, je te présente Nyx. Elle est la fille d’un vieil ami, le mage Calaster.”

À l’évocation du nom, Durlip fit le lien avec les bons de commande de son père. Si Nyx était une amie, elle était avant tout le meilleur client de son père.

Nyx est venue ici pour apprendre l’alchimie avec nous. Elle prendra la chambre d’amis et sera responsable de ton éducation en ce qui concerne la culture générale et l’herboristerie.

Bien qu’elle soit jeune, elle est l’élève de Calaster et maîtrise déjà la magie. Je te suggère de ne pas lui jouer de tour, car elle verra à travers tes illusions aussi facilement que ta mère voit à travers tes mensonges.

Durlip fut quelque peu déçu. La jeune humaine était très belle, avec ses cheveux noirs bien raides et son visage aux traits fins mettant en valeur son teint très pâle.

Il aurait bien essayé de se cacher dans sa chambre avec une illusion qu’il connaissait bien pour la surprendre dans un moment d’intimité, mais la mise en garde avait fait son effet.

Nyx releva la remarque de Durlip et en profita pour se présenter.

“Bonsoir Durlip, je suis ravie de te rencontrer. J’espère que nous nous entendrons bien.”

La voix de Nyx était chaude et mélodieuse. Durlip se dit qu’il y avait pire comme précepteur.

Après avoir fait un long voyage, Nyx prit congé afin de se reposer, et tout le monde fit de même après une petite collation.

Le lendemain, Durlip eut droit à son premier cours. Nyx lui apprit de nombreuses choses sur les villes humaines, ainsi que les traditions et coutumes de leurs habitants.

Bien sûr, tout ne lui était pas inconnu, car il avait suffisamment asticoté les voyageurs pour leur extorquer des informations utiles. Cependant, il ne se fiait jamais totalement à ce qu’il apprenait, car les racontars sont légion.

L’après-midi, les rôles s’inversèrent, et Durlip se chargea d’aider Nyx à mémoriser et reconnaître tous les ingrédients nécessaires à l’alchimie.

L’intéressée apprenait vite et avec une facilité déconcertante. Cependant, il fallait s’y attendre, la magie est bien plus complexe à appréhender.

Après une bonne journée de travail, Durlip n’y tint plus et pria Nyx de lui montrer un sort.

“Mais pourquoi faire ? Tu sais en lancer toi, non ?”

“Oh, allez, tu sais bien que ce n’est pas de la grande magie, juste de petites illusions. C’est commun chez les gnomes.”

“Tu ne devrais pas négliger cela, tu sais. Les illusions des gnomes sont très réalistes, et j’ai mis deux ans à maîtriser l’équivalent en sortilège.”

“Aller, ne te fais pas prier. Juste un petit sort, pour voir. Je sais pas moi, des lumières dansantes, par exemple, ou mieux, un rayon de givre.”

Durlip alla chercher un seau d’eau et le plaça au fond de l’établi, après avoir dégagé les objets susceptibles de gê.

“Durlip alla chercher un seau d’eau et le plaça au fond de l’établi après avoir dégagé les objets susceptibles de gêner ou de se casser.

Allez s’il te plaît !!!!

Bon, très bien, mais tu vas te mettre derrière moi et surtout pas un mot ni de geste brusque. Je dois me concentrer pour lancer ce sort. N’oublie pas que je suis une apprentie.

Promis, je reste ici et je ne bouge pas.

La magicienne se mit en position. Tout d’abord, elle saisit un objet autour de son cou et murmura un mot. Soudain, un miroitement se produisit devant elle.

Satisfaite, elle commença à prononcer la formule.

Durlip était très attentif et mémorisa les paroles de la magicienne, mais au fur et à mesure qu’elle incantait, il sentit en lui un changement.

Un déferlement de force, comme lorsqu’une digue se brise, le submergea. Il voulait crier, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Le flux d’énergie en lui continuait à déferler, provoquant une douleur intense à l’intérieur de sa tête. Il avait l’impression que tout le sang de son corps avait convergé dans son cerveau et qu’il allait exploser à tout instant. Puis, aussi soudainement que cela était venu, la douleur cessa.

Il vit Nyx se saisir d’un petit cône en verre qu’elle pointa sur le seau.

Un rayon blafard surgit alors et percuta de plein fouet le seau. Un bruit de craquement ténu se fit entendre et du givre couvrit le seau.

Trop éprouvé par son expérience, il resta coi lorsque Nyx se tourna vers lui, le sourire aux lèvres. Son visage était blême et elle se précipita vers Durlip, juste à temps pour le soutenir lorsqu’il perdit connaissance.

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