Sigmund

2 mins

J ai pris un bouquin sur l étagère. Je m en foutais du titre mais pas tant que ça. Fallait un livre qui passe inaperçu, un truc que toi tu peux avoir sur toi sans que personne ne sache. 

Faut toujours que ça soit secret, faut toujours cacher. Que personne entende, que personne voit, personne sache.

J ai regardé en boucle ce clip de Kid Francescoli, celui qu on a regardé ensemble des dizaines de fois. Ou alors séparément je sais plus. Mais par contre ça je m en souviens, c était l été et on les a vu en concert. T étais assis dans la poussière. Je voulais enlever ta chemise et mordre ton dos. Gloria.

Dans le livre j’ai joué à glisser des messages codés. Enfin c est pas codé, c est plutôt comme un jeu de piste. J y ai consacré vachement de temps mais c est quand même passé trop vite. J ai mis des points de couleurs sous des lettres, tu devras déchiffrer tout ça après. Des fois j ai foiré alors j ai arraché les pages. Ça va te prendre des heures pour piger certains messages. J aimerai tellement voir ta tête quand tu feras ça…

Ta tête et le reste. Ton cou, ton épaule, tes reins.

La vraie question du soir pour moi c est : “Est ce que je vais lui donner ce livre?”

J ai pas encore la réponse. Déjà je sais pas si tu veux encore me parler. J ai plutôt l impression que t es pressé de foutre le camp, plus jamais voir ma gueule, plus jamais entendre parler de moi, plus jamais me croiser.

Ça fait un mal de chien (cette phrase est trop con mais je la place ici). Je passe devant ta porte elle est toujours fermée. Des fois j imagine je prends une masse et je pète tout. La porte, la table, les chaises, ton ordi de merde, ta déco triste à chier…tout je défonce tout.

Tu peux pas savoir évidemment vu que t es loin mais ici, ce soir, les murs sont brûlants. Tellement que même le ciel de nuit qui tombe ne rafraîchit rien. Je sens les pierres chaudes dans mon dos, il y a les oiseaux de nuit, ce calme du soir qui s installe à perte de vue mais moi, à l’intérieur de moi, je crois que ça va pas. Ça ressemble à n importe quoi.

Je vais basculer dans une vie où tu ne seras plus là.

Même d écrire cette phrase on dirait un fake. Les mots sont pas dans l ordre, ils racontent une énorme connerie parce que toi et moi quoi… Nan?

Bah nan.

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