Une fois rassasié, Kira nous rejoignit :
– Alors, tu es prête à t’entraîner, demanda-t-elle en me regardant.
– Je suis aussi prête qu’il est possible de l’être au vu de ma situation, répondis-je avec humour.
– Et nous, qu’est-ce qu’on va faire ? questionna la petite fille, moi aussi je veux aider.
– Dans ce cas, pourquoi n’irais-tu pas avoir Amalia, elle te montrera comment concocter des potions de soins et des onguents.
– Chouette, j’y vais tout de suite. A plus tard.
– Quant à toi, déclara la princesse en s’adressant à James, tu peux venir t’entraîner avec nous si tu le souhaites
– Je passe mon tour, je trouverai bien de quoi m’occuper.
– Comme tu veux. Si tu changes d’avis, n’hésites pas.
Kira m’emmena voir la maîtresse d’arme. Elle était grande, brune, ses yeux étaient d’un bleu profond. Elle portait une armure en cuir, en dessous de laquelle on apercevait sa tunique vert foncé plus longue derrière lui faisant une jupe, un pantalon noir et de grandes bottes en cuir, des brassards également en cuir complétaient sa tenue. A sa ceinture, elle portait un fourreau avec une épée.
– Je te présente Elesthir, c’est elle qui va se charger de ton entraînement, déclara Kira.
– Je suis ravie de vous rencontrer, décréta cette dernière.
– Moi de-même. J’espère que je ne serai pas votre plus mauvaise élève.
– Je suis sûre que tout se passera bien. Après tout c’est votre destin.
– Donc aucune pression, plaisantais-je
– Ne t’en fais pas, je suis sûre que ça va aller, tu l’as dans le sang. Parfois on se pense incapable de faire certaines choses jusqu’à ce qu’on y soit confronté. Tu dois seulement avoir foi en tes capacités, me rassura ma jumelle.
Elesthir choisit avec le plus grand soin puis elle me tendit une épée dont la lame était fine et le bout recourbé.
Je la pris et fut surprise de sa légèreté.
– Toutes nos armes et armures sont faites d’avalar, c’est un métal léger mais très résistant, expliqua ma professeure. Bien, commençons.
Elesthir prit sont rôle très au sérieux et m’apprit les postures défensives et offensives, comment tenir mon épée, bref la base, ce qui pour moi était déjà beaucoup.
L’enseignante ne me laissa que peu de répit car nous ne savions pas de combien de temps nous disposions avant la prochaine attaque et je devais être prête puisque sans moi la prophétie ne s’accomplirait pas. A la fin de la journée, elle me félicita :
– C’est un bon début, tu apprends vite. Tu devrais aller dîner et te reposer. On se revoit demain.
Je rejoignis alors James et Mary qui étaient installés autour d’un feu et écoutaient Jéremnius leur racontait comment il avait vaincu le grand troll de la caverne de glace.
Je m’assis autour du feu et Amalia m’apporta une assiette de viande grillée ainsi qu’un verre d’eau fruitée.
– Comment s’est passé votre journée ? s’enquit le centaure une fois son histoire terminée.
– Disons que pour une première journée, ce n’est pas si mal. Elesthir a semblé satisfaite.
– Je suis sûr que vous ne la décevrez pas.
– C’est fou, tout le monde à confiance en moi, mais si jamais je ne suis pas l’élue, si j’échoue ?
– Vous êtes l’élue, vous devez seulement avoir foi en vous comme mon peuple à foi en vous. Vous avez bien plus de ressources que vous ne le pensez, assura Jéremnius.
– Je l’espère.
– Moi, je suis sûre que tu vas y arriver. Je crois en toi, intervint Mary.
– Ta confiance m’honore, répondis-je en serrant la petite fille dans mes bras.
– T’as plutôt intérêt à réussir parce que je compte bien rentrer chez moi ! s’exclama James en me lançant un regard qui en disait long.
– Tes encouragements me vont droit au cœur, ironisais-je en portant mes mains à ma poitrine. Sur ce, mes amis, je vais me coucher, cet entraînement m’a épuisé. A demain.
Je me levais et me dirigeais vers ma tente. J’avais le destin de mes amis entre mes mains mais surtout de tout un peuple. Je ne devais pas échouer, en fait je ne pouvais pas échouer. Comment pouvais-je m’endormir en sachant qu’à la moindre erreur je nous condamnerais tous ? Etais-je vraiment l’élue ? Allais-je réussir ? Tant de questions se bousculaient dans ma tête mais je finis par sombrer dans le sommeil tant j’étais épuisée.
Je ne sais comment je me retrouvais brusquement dans une grande clairière, la lune illuminait toute la plaine. Soudain, devant moi apparut la Reine Noire. Je me retournais et constatais que j’étais seule, mais où étaient-ils donc tous passés ?
– Alors c’est toi !
– Pardon ?
J’étais tétanisée.
– Tu es censée être l’élue mais je ne ressens que de la peur en toi. Tu es supposée me vaincre, alors vas-y, dégaine ton épée.
Je constatais alors qu’à ma ceinture étais attaché un fourreau où était logé mon épée. Je la brandis alors mais la sorcière me désarma d’un coup de bâton et me fit tomber au sol. Puis elle se mit à rire :
– Tu n’es pas l’élue, tu n’es qu’une petite fille apeurée et toute seule. Où sont donc tes amis ? questionna-t-elle en faisant mine de regarder autour d’elle. Je suppose qu’ils t’ont abandonné quand ils ont compris que tu n’étais pas à la hauteur !
C’est alors que j’entendis le son d’une corne. Tout disparut et je me retrouvais dans ma tente, en sueur. Le cauchemar paraissait tellement réel qu’il me fallut quelques instants pour le réaliser.
***
Dans le palais volé aux Erins, la sorcière noire souriait en contemplant son grand miroir.
– Sans nul doute que votre Majesté a réussi, déclara Beroth, le faune, serviteur de la reine, devant la mine réjouit de sa maîtresse.
– Ce n’est qu’une petite fille, ricana cette dernière. La princesse croyait vraiment pouvoir me vaincre avec une frêle humaine… J’ai mis du temps à réunir tous ces pouvoirs, il est hors de question de laisser filer ceux du sceptre. Une fois que je les aurai, je pourrai enfin avoir ma revanche sur mon peuple. Les Sylvanars m’ont banni uniquement parce qu’ils ont eu peur de moi. Et je vais leur prouver qu’ils avaient raison de me craindre !
En effet, il y a quelques années, Onyxia vivait sur l’île de Kaern. Les Sylvanars sont tous sensible à la magie, à des degrés plus ou moins élevé. Mais seule la magie blanche est autorisée. La magie noire fut proscrite depuis le grand bouleversement. A cette époque, les Sylvanars étaient en guerre avec les peuples de l’ouest. Ceux-ci voulaient étendre leur domination. Alors l’un des Sylvanars, Raak’til fit l’acquisition de la pierre du démon. Tout était bon pour décupler ses pouvoirs et gagner la guerre. Mais c’était une relique dangereuse et très puissante. Raak’til ne parvint pas à canaliser son pouvoir sur le champ de bataille, ce qui provoqua une gigantesque explosion. Il anéantit l’armée de l’ouest mais également son propre peuple. Les survivants se jurèrent alors d’interdire la magie noire et tout ce qui y touchait de près ou de loin. Ainsi, les penchants d’Onyxia pour la magie proscrite lui valu son exil mais elle était bien décidée à y remédier.
– Allez-vous envoyer votre armée décimer ce qu’il reste de ce peuple ? Questionna le faune.
– Pas encore, laissons-les espérer et après je les briserai, jura-t-elle un rictus aux lèvres.
Elle reporta son attention sur le miroir, elle voulait profiter du spectacle grâce aux yeux de son plus fidèle serviteur : Phantom, dont personne n’avait remarqué la présence au camp.
***