[Roman collaboratif], chapitre 1

19 mins

PREMIER POINT: J’ai pris beaucoup de temps avant de décider de faire ça, et finalement, même si ça va rien changer, j’ai pris la décision d’assumer la publication des aventures de Minami Akade
Finalement, je le publie ici, davantage comme sauvegarde que comme Pen établi. Je pense continuer à écrire par petits bouts sur le Forum, puis rassembler les morceaux, et ensuite publier ça peu à peu ici. 

SECOND POINT: Ce livre est co-écrit avec ACrossway, qui a écrit le tout premier paragraphe. J’ai écrit toute la suite, peu à peu, sur plusieurs semaines.

TROISIEME POINT: J’ai mis un nom de Pen provisoire à la con, mais si vous avez une idée de titre, foncez, je suis ouvert à toute suggestion. 

QUATRIEME POINT: Hésitez pas à poser des questions sur le fonctionnement du ”Roman Collaboratif”. 

Bonne lecture à ceux qui découvrent !
———————————————————————————–

Litch me regarde l’air désolé. Je serre les poings si fort qu’il recule et se plaque contre la porte. Je peux sentir sa peur. Je m’avance vers lui, le prend par le bras et le lui tord derrière la tête. Il crie, je le gifle. Il pleure, je n’en ai que faire. Il ne veut pas mourir mais c’est ce qui arrive lorsqu’on me trahit. Et il le sait… Je prend alors mon couteau et lui tranche la gorge. (ACrossway) 

(A partir de là, c’est moi qui ai écrit le texte) 

Le sang gicle, mais peu. S’il m’avait écouté, rien de tout cela ne serait arrivé. S’il avait eu ne serait-ce qu’une once de neurones, il n’aurait jamais tenté de frayer son chemin dans ma petite sœur de douze ans.
Oui, il l’a mérité. Personne ne doit me trahir, et personne ne doit toucher ma sœur.
Je lâche le corps inerte de ce pédophile, et je le bombarde de coups de pieds, jusqu’à en casser un de mes talons aiguilles.
Je me rends compte qu’il n’est pas encore mort. Mince. C’était un couteau à beurre. Et j’ai déjà cassé un de mes talons.
J’attrape Litch, et je le pousse contre le mur. Puis, je lève mon talon aiguille restant, et je le plante dans sa gorge. Là, voilà. La fontaine de sang s’étale à mes pieds, tandis que mes chaussettes, mon tailleur, ma chemise, tout devient rouge.
L’odeur rouillée du sang envahit mes narines. Je me mets à réfléchir à un moyen de changer mes vêtements. Si je sortais dans cet état, je serais arrêtée. Et comme je suis une office lady japonaise classique, je suppose que je serais condamnée à mort sur le champ. Mince, pourquoi avoir perdu mon sang-froid ! Maintenant, je me trouve dans un fatras sans nom, dans la même pièce qu’un cadavre maltraité et un lac de sang.
Je me nomme Minami Akade. J’ai vingt-sept ans, et je travaille comme comptable dans une entreprise de télévisions.
Et je crois qu’il est tant que je vous donne des explications.

Tout commence il y a bien longtemps, dans la petite ville de Koyoshi. J’y habitais avec ma petite soeur Hinata, mes parents et ma vieille grand-mère Okiko. Tout allait bien. J’aurais beau fouiller où je veux, je n’ai ni été harcelée par, ni harcelé quelqu’un moi-même. Je n’ai pas égorgé de chats quand j’étais petite parce que cela m’amusait. Je n’ai jamais eu de soucis avec mes camarades de classe, et encore moins avec mes professeurs. Scolairement, j’étais franchement moyenne, si j’ose le dire. Maman était souvent triste, papa souvent fatigué et en colère.
Mais tout allait vraiment bien, sans mentir. Avant d’être la meurtrière que je suis devenue, j’ai eu, sans conteste, l’enfance la plus normale du monde. Et ma soeur aussi, jusqu’à ça. 

Il faut que je m’appesantisse un peu sur elle. Hinata, ma petite soeur. Elle avait quatre ans de moins, ce qui lui faisait douze ans à cette époque, et moi seize. C’était une fille vraiment…adorable. Je ne sais pas, comment pourrais-je mieux la décrire ? Toujours là pour aider et pour soutenir les gens en difficulté, à approcher les gens esseulés et ceux trop entourés. Elle était et très bonne élève, et très bonne pianiste, et très bonne chanteuse. Très belle, cheveux coupé juste au-dessus des épaules. Elle passait des heures entières à prendre soin d’elle-même. Douée pour aimer, et se faire aimer. Peut-être un peu trop, à la réflexion. Je me demande si nous aurions pu éviter ce qui est arrivé aujourd’hui, si seulement elle avait été moins tape-à-l’œil.

Un jour, elle est revenue à la maison avec un jeune homme, vers le milieu de la vingtaine, blond comme le blé, aux yeux bleus comme l’océan. Ils s’étaient rencontrés en salle d’arcade, tandis qu’elle jouait sur une borne de Street Fighter adjacente à celle du garçon. Ils avaient sympathisés, s’étaient revus plusieurs fois, et voilà qu’elle nous le présentait comme son nouvel ami.
Evidemment, mamie a paniqué. Tu parles, un HOMME, droit comme un I, juste à côté de notre Hinata ! Elle a dû se faire plus de films de mariage romantiques (avec elle en témoin à côté de sa petite-fille, bien évidemment) en ce seul instant que tout ce qu’elle a pu penser au cours des années qui avaient précédés.

Je l’assume, je n’ai jamais eu de succès sentimental avec les garçons. Je dirais que j’étais plutôt garçon manqué, et je ne voyais ni les hommes ni les femmes comme des amants, mais avant tout comme des potes. De vrais potes, des potes drôles. Et des fois, passionnants… D’accord, je l’avoue, même si je ne l’assume pas forcément, j’adore récolter les ragots… Ecouter la vie sentimentale des autres me rendait vraiment très heureuse. Me dire que des sentiments aussi divers pouvait exister, ça me poussait à vivre, juste pour avoir la chance d’un jour les expérimenter.

Et ma petite sœur était un peu trop pure pour penser à un homme de cette façon. Dites-vous bien qu’elle ne savait absolument pas ce que pouvait être un pénis avant son dixième anniversaire. Et elle ne savait toujours pas vraiment ce qu’était ”faire l’amour”. (Mais en attendant, elle jouait à Street Fighter sans gêne ! Cette fille me dépasse, par moments…)

Donc, ce beau garçon étranger, grand, musclé, gentil, agréable, attentionné, a rapidement compensé le manque d’hommes dans la maison. Mamie en a été très heureuse.
Plusieurs fois, il était venu à la maison. La première fois en avril, la dernière fois en septembre, juste avant que ça arrive.
Mi-septembre, ma soeur n’est pas rentrée à l’heure. Je l’ai contactée sur son téléphone vers seize heures, et elle m’avait répondu qu’elle serait de retour avec son ami vers dix-sept heures. Elle ne rentra pas à dix-sept heures.
Elle ne rentra pas non plus à dix-huit heures, ni dix-neuf, ni vingt.. J’eus beau l’appeler, elle ne répondit pas. Alors, je commençais à fouiller près de sa salle d’arcade préférée, où elle avait rencontré le monsieur.
J’ai cherché partout. Dans les maisons, dans les poubelles, dans les grilles d’égouts, même ! Pourvu que je la trouve, je n’en avais que faire. Où était-elle ? Que pouvait-il lui être arrivé ? Est-ce que l’homme avait un lien avec sa disparition ?

Est-ce qu’elle était là ? Non. Ici ? Non plus. Elle n’était nulle part. Nulle part.
Hinata, j’étais si inquiète. J’en pleurais presque, mais je me retenais à grande peine, parce que j’étais l’aînée, parce que j’étais une femme forte, parce que j’étais tout de même ceinture noire d’aikido, détentrice d’une dizaine de victoires dans des championnats liés à ce sport, parce que j’étais la plus forte des grandes soeurs que tu ais connu, comme tu me l’avais dit quelques jours auparavant.

Mais j’avais si peur. Je n’avais, vraiment, jamais eu autant d’appréhension face à une situation. J’imaginais le pire, je t’imaginais découpée en morceaux dans une poubelle, ou pendue à une maison. Partout, tout le temps, je voyais cette scène, tandis que je marchais dans les rues de notre petit village. Une telle crainte de ta mort. Au bout du compte, mes recherches m’amenèrent face à un entrepôt abandonné, où il y avait eu un fabricant de ramens auparavant.

A l’intérieur, il semblait y avoir du raffut. Une voix de fillette stridente, presque inhumaine hululait, agonisait, retentissait de plus belle. Une voix qui me glaça le sang, comme un loup hurlant la mort d’un de ses frères. Mais mêlé à de la trahison, de la haine, de la peur, de l’abhorration envers son ennemi qui devait lui faire face.

Mais moi, je ne restais pas pétrifiée parce que la voie semblait souffrir. Pas que.
Cette voix endolorie, trahie, presque inhumaine, je savais à qui elle appartenait.
Cette voix, c’était celle de ma soeur.

Je suis face à la porte rouillée de l’entrepôt. La voix s’est arrêtée. Hinata. Hinata, Hinata, Hinata. Non. S’il te plaît, ne meurs pas. Tiens bon. Grande soeur arrive.
Je pensais cela en pressant le pas. J’avais vraiment très mal à la tête. Quelle sensation horrible Pour qu’elle hurle de cette manière, il ne pouvait définitivement pas s’être passé une bonne chose. C’était sûr.
La porte était entrouverte. Un rai de lumière blanche électrique en sortait, comme s’il fuyait ce qu’il se passait dans la salle. Bon dieu. Hinata, j’espère que tu vivais. Demain, petite soeur, on doit aller ensemble manger des okonomiyaki au restaurant de l’oncle Tang.
Tu vivras, j’en suis sûre, tu vivras.
Je suis à présent derrière la porte. A l’intérieur, j’entends des coups, et des petits gémissements. Paf ! Ah ! Paf ! Ah !
Je glisse un coup d’œil. L’entrepôt est à peine éclairé par la lampe murale, et dans un coin sombre de la salle qui s’étend devant moi, je vois ma sœur et son ami.

Ma sœur est allongée, couverte de sang et de saleté. Elle regarde dans le vague, avec des yeux qui semblent déjà ne plus être là.
Sa jambe est tordue dans un angle qui n’est pas naturel, et ses vêtements semblent avoir été arrachés avec violence, sans considération pour elle. Sa jupe déchirée, avec un couteau vu les ruptures. Son t-shirt brutalisé.
Mais ce qui me choque le plus, ce n’est pas cette jambe, ces habits, ces yeux morts. Le plus horrible, c’est que l’autre enflure semble apprécier la scène. Il est à moitié nu, le pénis en érection, et il utilise celle qui le voyait comme son meilleur ami à la manière d’un anneau pénien.

Il avance, il recule. Ma sœur est en larmes, et moi aussi, je le suis.
Ma soeur est en sang, ma soeur pleure, ma soeur semble avoir perdu son âme, ma soeur est maintenant aussi bonne que morte. Et lui, ce fumier, cette ordure, ce psychopathe, ce voleur, ce criminel, il s’amuse. Il rigole doucement, tout en prenant du plaisir avec une personne qui n’en a pas.
Il lui arrache des gémissements douloureux, et à chaque entrée, puis sortie, c’est un morceau de l’âme d’Hinata qu’il brise, c’est un morceau de ma stabilité mentale qui part pour la sauver.
Il ne m’a pas vu. Moi, si.

Pourtant, je n’arrive pas à marcher. Je suis figée sur place, condamnée à le regarder tuer ma sœur à petit feu. Je ne peux pas bouger, je ne peux rien faire. Je suis condamnée à assister à cette scène, encore, encore, encore, et encore. Pendant une heure, j’observe la scène en tremblant de tous mes membres. Je ne peux pas rentrer chez moi, j’ai un coeur. J’aime ma soeur, plus que tout. Mais j’ai pourtant si peur ! Si peur de me faire violer à mon tour, de ne pas pouvoir me défendre. Le fumier a un pistolet. S’il tire, je meurs. Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas. Ou le puis-je ?
La vérité, c’est que je ne veux pas prendre de risque. Malgré toutes mes émotions, tout mon amour, j’observe la scène avec une curiosité morbide, je ne cherche pas vraiment à la sauver.

Mon cœur s’effondre, ma raison s’effondre, mes émotions s’effondre. Bon dieu ! Pourquoi ? Je suis une femme forte. Je suis capable de me défendre, de tout faire. Mais pourtant, je regarde ma sœur mourir, je ne suis même pas foutue de la défendre, elle !

Dieu, je me hais. Je me hais tant, mais je m’aime. J’ai tort, non ? Je sais que j’ai tort. Si seulement j’avais réellement un cœur. Si seulement j’avais du courage. Je serais capable de la protéger, si ça avait été le cas. Mais je suis si faible, je suis si mauvaise, je suis si lâche. Je ne peux pas m’aimer, en vérité. Je suis en train de la tuer, en même temps que ce bachi-bouzouk.
Mes larmes coulent, mais ma tête n’a aucune expression. Je le sais, je le sens. Mes yeux doivent être comme les siens, vides de toute émotion. Je veux tuer cet homme. Et je veux tuer tout ceux qui feront du mal à ma famille. Je n’en ai plus rien à faire, je n’ai plus envie d’être gentille, je n’ai plus envie d’être la grande sœur agréable. Je veux devenir une personne forte, capable de mettre n’importe qui au tapis d’un mouvement, d’une façon qui fasse qu’ils ne puissent plus jamais marcher.

Je vais persévérer dans mon sport de combat. Je battrais tout le monde, je les éclaterais au sol, je détruirais tout ceux qui cherchent à me détruire.
J’étais envahie d’une rage plus qu’intense, par le fleuve de ma colère. Jamais, je ne pardonnerais à cet homme. Je le retrouverais, et je le tuerais dans la plus grande souffrance et la plus grande violence. Il me le payera. Un jour, il ressentira ce qu’il a fait à ma soeur. J’en faisais le serment sur ma vie entière.
Ma sœur continuait à agoniser. Bientôt, le garçon s’est relevé, et il a commencé, je suppose, à réfléchir.
C’est ça, fumier. J’attends ton prochain mouvement avec impatience.
Il a commencé à fouiller dans un sac de sport posé à ses côtés.

Qu’allait-il sortir ? Un couteau, une arbalète, une corde ? Que vas-tu sortir, sombre déchet humain ?
Que voulais-tu commettre comme insanités sur ma sœur, ordure ? Pars. Laisses-la. Un seul affront, et ton sort est scellé.
Il sort une bombe de peinture violette. Il la secoue trois fois, projette un coup de peinture en l’air. Puis, il s’accroupit, prend un air concentré, et commence à écrire sur le ventre de ma sœur.
Après quelques mouvements adroits, il se relève, prend son sac, et sort par une autre porte que celle où je suis dissimulée. Je rentre en silence, et me cache derrière une caisse rouillée. Une fois au-dessus de ma sœur, aucune réaction à mon arrivée. Elle regarde un point dans le vide, perdue au plus profond d’elle-même.
J’observe son corps. Il l’a anéanti. Mais, surtout, il l’a humilié. Et tandis que je cherche où il a bien pu écrire, je le vois.
Sur mon ventre, entre sa poitrine et son bassin, par-dessus les caillots de sang et les traces de coups, il était écrit en anglais, en violet:
“J’étais ici. Licht.”

Je relisais cette phrase une dizaine de fois. Puis, j’imprimais ce nom au fond de mon crâne. Tu vas voir, toi, je vais te retrouver…Et je jure que je te tuerais, espèce de minable, quand je serais assez forte.

Je suis tellement en colère. Je suis mais, pire qu’enragée, en fait. J’aimerais m’en arracher les cheveux, j’aimerais tuer quelqu’un, tellement mes sentiments m’écrasent, et j’ai besoin de libérer la tension. Dans ma tête, je me vois avec un couteau, planter cet individu dix fois, vingt fois, cinquante fois. Jusqu’à ce qu’une mare de sang s’étale à mes pieds, tandis que je rirais, le sourire montant depuis la lèvre inférieure jusqu’aux oreilles. Un peu comme ces monstres dans les films d’horreurs, ou Kuchisakeonna-san, qui les a inspirés.
Je me lève, titube, et m’appuie contre un mur. Puis, mes jambes me lâchèrent, et je vomissais. L’odeur de sang, le viol, le message, la trahison, la rage, la peur, ma lâcheté, ma sœur morte psychiquement, ce connard, mes visions de meurtres qui me dégoûtent plus qu’elles me soulagent, tous mes sentiments, ma rage, tellement de rage, de frustration, de colère, de haine, d’abhorration même. Je le tuerais, je le tuerais, je le tuerais même plus qu’on peut tuer quelqu’un. Je l’écorcherais vif, je lui ferais subir le supplice du rat, je l’égorgerais comme le porc qu’il est.

Mes sentiments débordaient. Impossible de m’arrêter. Je prenais un couteau, et l’appuyais contre mon ventre. Une goutte de sang perla sur la lame de l’arme blanche, en même temps qu’une larme de mon âme.
Pour arrêter la douleur, il suffisait de faire seppuku et tout serait fini. Je n’aurais plus à souffrir, je pourrais goûter au plaisir de la mort. Si seulement…
Mais j’en étais incapable. Complètement incapable. Je ne suis même pas en mesure de protéger ma sœur, et vous voulez que je tente de me suicider ? Impossible.
Je laissais le couteau tomber par terre, et je m’appuyais, dos au mur.

Aaaah…
Les gens ont tendance à croire que c’est très simple de se suicider, mais il n’en est rien.
Pour bien vous le faire comprendre, je vais prendre l’exemple du couteau, parce que c’est ce que je connais de mieux.
Quand vous vous retrouvez avec votre couteau, bien affuté pour une efficacité parfaite, normalement, vous vous asseyez à une table, l’arme devant vous, et vous réfléchissez.
”Où est-ce que j’enfonce et comment je vais enfoncer ce couteau ?”. Eh oui, il faut bien réfléchir avant même de tenter !

Vous aurez beau vous triturer les méninges, c’est très compliqué, surtout que je vous parle d’une époque où G**gle n’existait pas. Et, il n’y avait même pas de vidéo éducatives sur la meilleure manière de le faire, pas comme aujourd’hui.
Donc, après avoir bien réfléchi, vous décidez, par exemple, de vous tailler les veines. Méthode très effective, beaucoup de gens l’utilisent. Mais saviez-vous que le suicide demandait énormément de courage ? Commettre cet acte, c’est aller à l’encontre de ce que notre instinct veut, de votre besoin de vivre. Si vous n’y arrivez pas, si vous êtes trop lâche pour abandonner la vie, laissez-vous le temps et gardez l’espoir. Si vous êtes assez désespéré(e), alors faites.
Paf ! Le sang gicle de partout, trop bien ouais !!! Mais est-ce que vous pensez que c’est fini ? Non, loin de là. Maintenant, il faut REUSSIR votre suicide. Et ce n’est pas forcément gagné. Saviez-vous que, selon un certain site, seulement 1,2 à 6 % des tentatives comme vous souhaitez le faire connaissent le succès ? Donc, dans minimum 94% des cas, les tentatives foirent.

Là, il y a deux routes:
-soit vous voulez vivre, finalement, et là, il faut vraiment vite faire du bruit, histoire qu’on vienne vous chercher en urgence. Ensuite, vous irez à l’hôpital plus ou moins longtemps, et vous aurez des cicatrices. Des fois, ça peut être bien plus grave. Pendant longtemps, vous aurez honte de vos cicatrices, je vous le promets.

-soit vous êtes complètement déglingué de la tête, vous n’avez vraiment aucun espoir, et vous attendez la mort avec patience. Normalement, ça prend environ deux longues heures de mourir d’une exsanguination normale. Par la gorge, c’est un peu plus rapide, parce que vous vous étoufferez avec votre sang, mais c’est aussi beaucoup plus abominable comme souffrance. Vous allez vous étouffer avec votre propre sang, est-ce que vous pensez vraiment que ça vaut le coup ?

Dans tous les cas, ça fait très mal, et c’est vraiment horrible. J’espère sincèrement que vous aurez eu la force de réfléchir et hurler au secours tant que c’est possible.
Donc, le suicide est contre-productif. Moi-même, j’ai tenté quatre fois, à plusieurs endroits, et ça ne marche jamais. C’est juste de la douleur pour rien. En plus, après, il faut aller voir un psy. Vous imaginez la honte, quand vous revenez une quatrième fois chez le même petit vieux, et qu’il vous regarde comme si vous étiez complètement frappadingue, alors qu’il a dû connaître les T-rex quand il était jeune, et qu’il est plus à même de parler de démence que n’importe qui ?

Ce jour-là, en tout cas, je ne fis pas seppuku, ni rien. J’étais bien trop secouée pour le faire. Je vomissais pendant une dizaine de minutes, puis je me levais en titubant, allait vers ma sœur, la mettait sur mon dos, et je l’amenais à la maison.
Elle pesait cinquante kilos, et je n’étais pas forcément habituée à porter des légumes humains. Je lui soufflais de tenir bon, mais au fond, je crois que je disais surtout cela pour moi. J’étais responsable de sa mort psychique, qu’on soit bien d’accord. J’étais la pire des grandes sœurs, le genre qui méritait de mourir. Mais à ce moment là, le plus important, c’était de la ramener à la maison.

Enfin…On y est presque, Hinata, tiens bon…
Quand je suis arrivée à la maison, toute couverte de sang, ma sœur sur le dos, mes parents ont vraiment eu très peur. Comment le dire… Je crois que je minimise leur frayeur.
Ma mère a fait une crise d’épilepsie, et mon père est resté figé sur place pendant dix minutes. Je crois qu’il s’est évanoui debout.
Quand ma maman est tombée par terre, et qu’elle a commencé à trembler de manière épouvantable, comme si Akuma la possédait, j’ai eu très très peur. Heureusement que j’ai une amie épileptique…
Je suis partie chercher un coussin, et je l’ai placé sous la tête de ma mère. Puis, je l’ai posée en position latérale de sécurité, et j’ai attendu que la crise se finisse.

J’ai attendu en regardant son corps se trémousser comme une danseuse de pole-dance pendant une bonne dizaine de minutes. Dans le silence le plus total, avec ma sœur qui respirait bruyamment et moi absorbée dans mes pensées déprimantes.
Au bout de ce délai, mon père a repris conscience subitement, et ma mère en même temps. Ils sont vraiment synchronisés, ces deux-là. C’est drôle à voir. Je pense qu’en vous racontant ma vie, ça reviendra sûrement souvent.
Grand-mère dort, selon eux. En vérité, elle doit être en train de se ronger le moral, et elle doit avoir beaucoup de mal à rester dans sa chambre avec l’agitation à l’étage en-dessous.

Ma sœur était allongée sur le canapé, pâle comme la Mort. Mon père a contemplé la scène, puis il a sorti son téléphone à clapet dans la précipitation. Il a appelé le 119 et je l’ai entendu hurler au combiné. C’était urgent, sa fille avait été mise minable par un homme, vraisemblablement, et elle allait vraiment pas bien. Il leur a ordonné de se bouger le fessier, sinon il allait l’emmener, lui, ils allaient voir. Jamais je ne l’avais vu aussi anxieux et furieux.
Une ambulance est venue fissa, cinq minutes après l’appel. En sortant du véhicule, ils étaient surtout lassés. J’imagine qu’ils s’attendaient à un cas typique, c’est-à-dire un papa surprotecteur qui exagère les choses. Mais une fois entré en contact avec Hinata, ils sont tous devenus livides en même temps, et leur chef a hurlé qu’il lui fallait un brancard dans la minute à suivre.
Un commando d’infirmiers est entré dans la maison, et tous se sont précipités dans l’ambulance avec ma petite sœur.

Mon père m’a dit d’aller avec eux, histoire de savoir où sera le futur lieu de résidence de sa fille, histoire qu’il puisse au moins savoir où aller pour la visiter. J’ai accepté sans broncher: ils n’allaient pas du tout bien, je ne voulais pas les forcer à passer à travers ça.
Juste avant, je suis montée voir ma grand-mère, histoire de la rassurer. Je ne voulais pas la laisser démunie, avec juste mes parents complètement effondrés. Quand je suis rentrée, j’ai eu un choc. Encore une fois.
Dans la pièce éclairée par la lune, il y a une silhouette qui se balance au bout d’une corde. Droite, gauche, droite, gauche. Le vent rentre par la fenêtre ouverte. Les rideaux se balancent au rythme des mouvements d’air.
Une lettre est posée sur le kotatsu , scintillant d’un air lugubre et presque vivant.
Mamie…Pas toi…

Mamie se promenait au bout d’une corde. Vu la couleur de sa peau, elle devait avoir agonisé il y a moins de dix minutes.
Je me dirigeais lentement vers le kotatsu. Sur la lettre, il était écrit ”Pour Minami et ses parents”.
Je l’ouvrais sans trop faire attention, puis je sortais la feuille et commençais à lire.

” Bonjour, mes petits. Je vous ai quittés à présent. Mais avant de le faire, je tenais à vous laisser des explications.
Vous n’êtes pas responsables, pas la moindre mesure.
C’est juste… Il y a quelques années, quand je suis allée chez le médecin, il m’a révélé que j’étais atteinte de démence. J’ai longuement réfléchi, tandis que j’étais certaine d’avoir toute ma tête. Mais ces derniers temps, j’ai commencé à chuter de plus en plus dans l’abysse de ma maladie.
J’ai donc pris une mesure drastique: plutôt que d’être un fardeau, plutôt que vous faire du mal pendant de nombreuses années, j’ai préféré m’en aller. Si tout va bien, vous ne parviendrez pas à me sauver, et c’est tant mieux.
A qui me trouve, ne me secourez pas. Laissez-moi mourir. Je vous en prie, c’est mon seul souhait.
Laissez-moi partir tant que je le peux encore.
Souvenez-vous de qui je fus.
Merci de votre lecture.
Okiko Manami”

Après avoir fini la lecture, je m’effondrais à genoux, et je me recroquevillais comme une larve. Non. Non. Impossible. Il ne s’est rien passé. Demain, je verrais Mamie au petit-déjeuner. Ma petite sœur ira mieux, c’est pas si grave.
Evidemment que tout ira mieux. La médecine moderne est compétente. On peut aujourd’hui soigner ce qui hier, arrachait la vie à des millions de personnes. Ma sœur s’en sortira. ‘Licht’ sera coffré. Tout ira bien, non ?
Je respire lentement. Aaah… Pfiooou. La personne qui se balade au bout de cette corde n’est pas ma grand-mère.

Que faire avec ce corps, donc ? Comme je n’avais pas envie de m’en charger, et que tout de façon, ce n’était pas Mamie, je pouvais bien me débarrasser de la salle entière, non ? Je sortais un briquet, et jouais un instant avec la flamme. Si je foutais le feu dans cette chambre, il y avait des chances que la maison entière brûle. Mais après tout, qu’est-ce que j’en avais à faire ? J’avais trop de mal à penser à cette maison comme la mienne. C’était l’Enfer, ici. Et l’enfer ne mérite que de brûler dans ses propres flammes.

Je démarrais l’opération par un coin du kotatsu, qui portait une vieille nappe en soie de l’époque Meiji.
Les flammes se levaient, droite, courbées, des fois affaiblies, et se répandirent dans la pièce. Je fermais la porte, disait au revoir à mes parents, et montait dans l’ambulance.
Aaah… je m’ennuyais tellement.
Tiens, Hinata, et si je te racontais une histoire ?
Je posais mes yeux sur elle, puis je lui marmonnais cette question. Il me sembla constater un léger sourire sur la commissure de ses lèvres. Ce que j’interprétais comme un oui, logiquement.
.
Une fois, dans notre beau pays, il y avait une magnifique femme, mariée à un samouraï, détenteur de nombreux exploits militaires. Il était beau, il était riche, mais il était vieillissant, et elle était encore si jeune… même pas quinze ans. La fille était magnifiquement belle, plus que n’importe quelle autre. Quand elle marchait dans la rue, pratiquement tous les hommes étaient pris de saignements de nez intempestifs. Elle devait avoir causé au moins une centaine de morts, depuis le début de sa vie.

Il faut dire qu’elle représentait l’idéal de la jolie petite fille, avec des formes majestueuses, un caractère enjoué et agréable, et une culture raffinée. Et elle en tirait un grand orgueil. Sa beauté dépassait celle de toutes les autres, et personne ne pouvait le contredire.
Simplement lui parler cinq minutes valait tout l’argent d’une vie.

Cependant, cette femme était jalouse. Ô combien jalouse, d’autant plus que c’était justifié: son mari la trompait avec une femme plus riche monétairement et socialement qu’elle. Voyant ça, la femme décida que puisqu’il le faisait, elle avait le droit de le faire aussi. Elle rencontra un homme, pauvrement beau mais sublime d’esprit, et accepta ses timides avances après l’avoir courtisé une seule journée.

Leur aventure se passait bien, la femme était satisfaite et l’homme aussi.
Cependant, un jour, ce fut au tour du samouraï d’apprendre l’aventure entre sa femme et un roturier. Il fut pris d’une rage terrible, d’autant plus qu’il venait d’être remplacée avec un homme, moins connu mais plus capable en chambre, par son amie du lit.

Il se dirigea à grand pas vers la maison de son concurrent, ouvrit la chambre, et surprit les lapins en pleines galipettes.
Il sortit son sabre, le leva en l’air, et hurla à la trahison. Puis l’abattit sur son adversaire.
Tchac ! La tête du paysan roula par terre, sanguinolente, les yeux toujours écarquillés.

Le samouraï attrapa sa femme par les cheveux, et la traîna à terre dans la maison, puis dans la rue, dans des escaliers, avant d’arriver dans leur loge. Là, il frappa sa femme jusqu’au soir, et puis il lui posa cette question:
” Femme, sais-tu ton crime ?”
” Et toi, sais-tu le tien ?”
” Je t’ai posé une question, tu vas me répondre.”
“Et toi de même.”
” Je te préviens. Si tu me contredis à nouveau, je te rendrais laide. Encore une fois, et je te couperais la gorge.”
” C’est ça, je te crois… vile animal.”
L’homme fut pris de fort tremblements, et… Tchac ! Tchac ! Il lui trancha les joues jusqu’aux oreilles.
La dame, dépourvue de ce qui faisait d’elle une femme jusqu’à l’instant précédent, hurla d’une terreur innommable. Le conjoint semblait apprécier le spectacle.
“Hurles encore, et je te tranche la gorge.”
Elle hurla de toutes ses forces. Vas-y, tues-moi, espèce de malade. Plutôt mourir que vivre ce déshonneur.

Le mari la décapita sur le champ, puis il s’amusa joyeusement dans sa suite avec sa dépouille, avant de la jeter dans une étable de porcs, où son cadavre devint poussière en peu de temps.

Le corps excusa le tueur, mais pas l’esprit. Rongée de colère et brûlante de vengeance, la Dame aux lèvres fendues rôde à travers le Japon. Ceux qui la rencontrent, toujours des hommes meurent, très souvent. Les survivants racontent qu’elle pose tout d’abord cette question à ceux qui la croise:
“Dis, suis-je belle ?” Evidemment, elle ne l’est, hélas, plus trop.
Si l’interlocuteur répond oui, elle le traite de menteur, et lui arrache la tête avec la main.
S’il dit non, il meurt aussi.
S’il répond ”je ne sais pas”, il est réduit en charpie, parce que la dame hait les indécis.
Si on l’ignore, elle se téléporte de nouveau devant vous, et CRAAACK… Votre corps est déchiqueté en deux. On n’ignore pas une dame en détresse, c’est moi qui vous le dit.

La seule façon de lui survivre, c’est de lui retourner la question. Là, elle vous répondra clairement ce qu’elle pense de vous, puis vous donnera six chiffres: ceux-ci désignent la date d’un élément très malheureux de votre vie. Aussi bien en amour que dans votre famille, au ou travail.
Après avoir fini cette histoire, je réfléchissais à Kuchisakeonna-san. Son nom n’avait pas survécu à sa mort. Pour avoir voulu vivre comme elle le voulait, elle a été punie d’un sort impitoyable. Son orgueil, son besoin d’affection auront causé sa perte. Si jeune… exactement comme ma sœur. Et son esprit était tout autant damné que celui de ma sœur. Et elles étaient tombées toutes deux sur un fou furieux. C’est peut-être pour cela que je lui avais raconté cette histoire, plutôt qu’une autre.

Nous arrivâmes devant l’hôpital. C’était une bâtisse moderne, composée de divers blocs à plusieurs étages. Nous nous dirigeâmes dans le secteur urgences. Je m’asseyais dans le couloir, et je restais là, sans bouger, à attendre que le temps passe.
Aaaah… quand est-ce que tu sors ?
J’attendis deux heures, que je sentis passer comme une trentaine de minutes. J’étais focalisée sur l’histoire de la Dame aux Lèvres Fendues. J’essayais d’imaginer à quoi elle pouvait ressembler, quelle genre d’enfance elle avait eu, si elle avait eu une petite sœur de quatre ans de moins qui s’était faite violée par un pervers sociopathe. Si elle avait beaucoup d’amies, ou si elle est constamment toute seule.

Bientôt, une infirmière sortit de la chambre et demanda la famille Akade.
Je me levais, et me dirigeais vers elle.
” Vous êtes de la famille Akade ?”
“Je suis la grande sœur. C’est moi qui l’ai trouvée…”
“Ah… D’accord. Bon, c’est délicat, mais je n’aime pas tourner autour du pot. Votre sœur ne se réveillera plus jamais. Ses yeux sont ouverts, son corps fonctionne mais… c’est comme si sa conscience avait quittée son corps.” fit-elle, hésitante.
“A quel point ?” soufflais-je, choquée.
“Elle est actuellement dans un état végétatif. Nous avons réussi à recoudre toutes ses blessures, qui sont pour la plupart bénignes. Mais son esprit a durement été affecté. On a essayé de lui passer une cuiller devant les yeux, mais aucune réaction. Quand on a testé ses réflexes, ça a donné la même chose. Elle… Il vaudrait mieux qu’elle ne vive plus, si je dois être franche.”
” Bien évidemment qu’elle aurait mieux fait de mourir…” marmonnais-je d’un air préoccupé.
” Vous avez dit quelque chose ?”
“Non, non… rien.”
Elle me fit signe d’attendre à ma place, et retourna dans la salle d’opération.
Je la regardais partir, et je me posais cette question:
“Maintenant, qu’est-ce que je fais ?”

No account yet? Register

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Lire

Plonge dans un océan de mots, explore des mondes imaginaires et découvre des histoires captivantes qui éveilleront ton esprit. Laisse la magie des pages t’emporter vers des horizons infinis de connaissances et d’émotions.

Écrire

Libère ta créativité, exprime tes pensées les plus profondes et donne vie à tes idées. Avec WikiPen, ta plume devient une baguette magique, te permettant de créer des univers uniques et de partager ta voix avec le monde.

Intéragir

Connecte-toi avec une communauté de passionnés, échange des idées, reçois des commentaires constructifs et partage tes impressions.

0
Exprimez-vous dans les commentairesx