Je me réveille. Encore une journée au travail, encore onze heures devant le bureau à aligner des chiffres sur Excel. Alors que je hais les maths. Mais c’est une entreprise connue, les gens sont gentils, j’ai mes congés mensuels. Je ne devrais pas me plaindre. Je ne vis pas une vie d’enfant ouvrier au Bangladesh, quand même.
Ce matin, je me suis réveillé au son d’une chanson d’Anri, comme chaque matin. C’est un des seuls trucs que j’aime dans la vie, le réveil. Si je ne fais rien, j’ai l’air zombifié pendant trente minutes (au moins !), mais j’ai développé une routine qui me permet de me réveiller très vite: la douche froide. Cinq minutes à seize degrés, c’est le top. Après ça, hop là, petit thé vert. Je me brosse les dents, m’habille de mon uniforme coutumier, coiffe ma grosse tignasse noire, lave mes lunettes. Puis, je m’en vais prendre le métro, la ligne qui va vers Akihabara. Là je descends, et je vais travailler.
Tout ça, ça va faire six ans que je le vis. Et rien ne change jamais. Tout est fixe, tout me déprime. J’ai déjà failli tomber en burn-out cinq ou six fois. La dépression me guette quotidiennement. Si seulement je n’étais pas un homme…
Oui, si seulement je n’étais pas un homme, que je ne vivais pas au Japon, que je vivais dans un monde d’anime, avec des jeunes filles mignonnes, des belles elfes, des chevalières, des filles-chat, et Mumei, Lucy, Suisei et Miko. Mes quatre Hololive préférées. Mais hélas ! Je suis désespérément accroché à ma vie de Japonais salarié, je refuse de la quitter. Sinon, plus moyen de vivre le plaisir masculinement ! Plus de bâton entre les jambes ! Vous imaginez ?! Ah, l’horreur !
Je suis un vrai indécis. Toujours le même choix, la même idée, et jamais rien de concret qui s’établit. Et chaque soir, je rentre chez moi aussi indécis que la veille, à attendre un miracle qui m’offrirait l’opportunité de changer de vie.
Le lendemain, je ne me suis pas réveillé.
Pas chez moi, en tout cas. Personne, ou presque. Presque rien comme mobilier, comme indication de là où j’étais. La salle était entièrement blanche, il y avait deux chaises face à une table, j’étais dans l’une, et un mec chelou était dans celle en face. Merde. Donc, j’étais mort ?
“Oui, tu es mort. Complètement, bêtement, tragiquement, mais tu es mort. ” Le gars hocha la tête tout en souriant.
“Est-ce que c’est…c’est le scénario cliché avec tout ce que je pense ?” Ma voix sonnait beaucoup plus aigüe que dans mon souvenir. Et je paraissais un peu moins grand. C’était…bizarre.
Je me tenais déjà la tête entre les mains. Qu’est-ce qu’il m’arrivait encore, comme dinguerie ? J’avais été capturé par un asile pour fous ? Ou alors, c’était encore une de ces histoires d’isekai ?!!!
“Ravi de te décevoir, mais pas tout à fait. Tu verras en arrivant. Je voulais juste t’expliquer quelques trucs. Tu as le temps ?” Il me jugea d’un regard que je pressentais comme sévère. L’était-il vraiment ?
Ma chaise avait des roulettes. Je faisais des boucles avec mes petites mèches blondes, regardais le ciel en pensant que ma vie n’avait vraiment aucun foutu sens. Je soufflais un grand coup.
En même temps, je laissais échapper un:
”Moi oui, hein, sans rigoler, mais…mes lecteurs, non. Ils sont encore vivants, eux.”
Il me fit un sourire narquois, les yeux fermés et les lèvres souriant abusivement. Quel enfoiré. je le sentais mal.
”Ah ! Cela change tout ! Dors encore, alors, mon enfant, tu dois être fatigué d’avoir autant dormi. Et le public est très important, c’est vrai qu’il y a plein de monde dans cette pièce, wow. Je vous expliquerais tout, à vous tous, la prochaine fois.”
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Voilààààà. Fin du premier chapitre. J’en rédigerais d’autres si je sens que ça plaît, sinon ça va finir comme le roman collaboratif, dans un tiroir à moisir en attendant que quelqu’un prenne la suite ou me propose de continuer.
Normalement mes textes font huit minutes, là c’est plus court. Je vais tenter de conserver cette forme. Bref. Bonne soirée.