”Ah ! Cela change tout ! Dors encore, alors, mon enfant, tu dois être fatigué d’avoir autant dormi. Et le public est très important, c’est vrai qu’il y a plein de monde dans cette pièce, wow. Je vous expliquerais tout, à vous tous, la prochaine fois.”
… Oui, il y a du monde, monsieur. Il y a actuellement vingt personnes, moi y compris, qui vous écoutent.
“Mais où vois-tu donc 19 autres personnes ???”
C’est vrai que tu ne risques pas de les voir, hahaha…Ils ne sont pas dans cette pièce actuellement.
Il me regarda avec des yeux en soucoupe, son sourire figé métamorphosé en une sorte de moitié distordue et grotesque. Tout va bien mec ? Tu m’inquiètes, sur ce coup-là.
“Tiens, aurais-tu dis quelque chose ? J’ai crû percevoir un chuchotis”
“Non non, ne vous en faites pas. A quand les explications ? ” Non, il l’a vraiment pas entendu ?!
“Bon, tu es prêt ?” Il se pencha vers moi, avec sa grosse carrure écrasante. Je sentais son ombre me couvrir, et aussi la petite goutte de sueur routinière de tout récit.
“Oui oui, je suis prêt…” dis-je en regardant le sol avec un intéressement non feint. Très joli dallage, dis donc, je me demande combien il a coûté…
“Te.”
Oh, le carrelage, vraiment, il a dû coûter si cher…Est-ce que ce vieux serait riche ? Attends. Je crois qu’il a dis quelque chose d’important, l’autre… Il a dit ”Teuh”. Mais pourquoi ”Te” ?
“Eh bien , Prêt-te. Aurais-tu (sans surprise vu ton pois chiche de cerveau, tous des décadents ces jeunes) tout oublié ?”
De quoi ? Que j’étais un homme dans sa fin de vingtaine, célibataire, vivant d’animes douteux piochés sur des sites tout aussi douteux ? Que je fréquentais des forums où le mot ”porn” apparaissait plus que ”bonjour”, et de loin ? Que j’avais une dysphorie cachée depuis mes dix-huit ans, parce que je vivais dans la société ultra-conservatrice du Japon ?
“Non. Je ne t’ai pas parlé de tout ça, on s’en fiche totalement de ta misérable vie de puceau. Aurais-tu vraiment tout perdu ?”
“Je n’ai rien perdu en 28 ans de vie sur Terre, même pas mon portefeuille, je suis et j’ai toujours été Haru…Ru… Rui ?!” Il y a quelque chose qui ne va pas. Rui-chan est la plus jolie fille de Domestic Girlfriend. J’aurais été une waifu dans une vie antérieure ?!
“Bien, tu commences à te souvenir. Avant cette vie, il y en eut d’innombrables autres. Mais j’ai raté des choses dans ton avant-dernière vie. Celle de Rui Ruruna.”
“D’accord, et pourquoi je suis là, du coup ?!”
“Simplissime: Tu es mort en tant qu’Haruto Nakanuchi, 28 ans. Et ça aurait été la dernière mort normale d’un humain. Parce que j’ai foiré pour Rui. ”
Wowowowow… Rembobines mec, tu vas un peu trop loin pour moi là. Je m’étais arrêté au fait que j’étais morte, je te signale.
“Après toi, ç’aurait été la fin de l’homme, et l’arrivée de la Quatrième Révolution Technologique. Et ç’aurait été le début du cyborg et du Grand Génocide. J’ai pourtant tenté de vous prévenir en le faisant dire par d’autres. Mais ils ont fait n’importe quoi, ces crétins. ”
Bon, je crois qu’il a un peu trop fumé le vieux. Laissez-moi enfin reposer en paix, bon sang ! J’ai pas quitté un monde qui sombrait dans l’extrême-droite pour y retourner une fois morte, avec des histoires de quatrième révolution industrielle ! Je dis non !
Il reprend la parole…Vous ne l’entendez pas, mais ça promet d’être vraiment très long comme discussion. Et chiant.
”Eh, oh, ça va oui ? Ecoutes-moi au lieu de parler avec tes amis imaginaires, petit insolente.”
Bon…allez…souhaitez-moi bonne chance, soldats.