Dix iado environ avant le début de l’ère impériale, notre maître Eruty Banamer fonda l’ordre sacré de la lame ardente pour protéger les terres civilisées du mal absolu que représentent les démons. Avec ses frères d’armes, il se lança à l’assaut de la horde démoniaque ravageant les terres de Kadeny et il revint de son offensive avec la tête du démon Glolost, grand seigneur démon de la gloutonnerie et des excès en tout genre. Il broya sa tête sur la place centrale de Kadeny, là où chacun de nos aspirants reçoit sa première approbation au sein de l’ordre.
-Extrait de Saints récits de la lame ardente
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Matist Loshun était un preux chevalier de l’ordre sacré de la lame ardente né dans le confort d’une agréable demeure d’un marchand de tissu à succès du Nord de Plenovny. Enfant, il n’eut jamais à se plaindre d’un quelconque manque dans son assiette ou dans son éducation malgré ses huit frères et sœurs. Sa mère bien que sévère, s’échina à leur offrir de quoi s’intégrer dans la bonne société. En tant qu’ainé de la fratrie, il jouit de certains plaisirs et devoirs auxquels lui seul pouvait prétendre.
En grandissant, Matist devint un jeune homme fort et vigoureux certes mais bien plus enclin à passer ses journées le nez dans les livres de la bibliothèque de son père. Son esprit était débordant d’énergie et pouvait absorber d’immenses connaissances.
Avec les iado, il remarqua également que c’était le deuxième garçon de la fratrie que son père prit sous son aile pour lui succéder dans ses affaires mais cela ne gêna pas l’aîné, bien au contraire. Matist devint rapidement un érudit sous l’œil bienveillant de sa mère et le regard empli d’indifférence de son père pendant que ses frères et sœurs préparaient l’avenir de la famille.
Un dan, il annonça à sa mère qu’il allait partir sur les routes comme son père avant lui et qu’il comptait s’instruire de ses voyages. Son projet ne rencontra aucune résistance et il partit un matin, un simple sac sur l’épaule avec de quoi survivre quelques temps.
Il marcha au hasard, au gré de ses envies et de ses inspirations découvrant la vie au dehors et à quel point elle pouvait se montrer plus rude que dans le doux cocon familial dans lequel il avait grandit. Il se découvrit rapidement une passion pour la dissection, ouvrant les petites proies qu’il avait capturé avant de s’en nourrir. Plus tard, il se découvrit un nouveau passe-temps plus distrayant à son goût, la vivisection.
Désormais, il prenait ses proies vivantes et il ressentait une certaine satisfaction à les entendre gémir de peur, que ce soit des souris des champs, des lièvres ou des corneilles. Il éprouvait du plaisir à les entendre souffrir lorsqu’il les ouvrait en deux pour voir leurs organes fonctionner. Néanmoins, la vue du sang l’indisposait, surtout lorsque celui-ci tâchait ses doigts d’ordinaire si propres et doux.
Par la suite, ses études l’amenèrent à s’intéresser à la magie bien qu’il ne reçut aucune éducation en la matière. Ensuite, il commença à s’intéresser aux différents groupes et sectes dépendant quasi exclusivement de cette discipline au potentiel presque illimité. Rapidement, ses pas l’amenèrent dans le duché de Kadeny réputé uniquement pour la puissance que possède l’ordre sacré de la lame ardente.
Chaque ville et village qu’il traversa était régi par la loi inflexible de l’ordre sacré. Matist fut impressionné par la discipline qui y régnait, chaque individu vivant pour assurer la prospérité de l’ordre et respectant ses enseignements à la lettre. En échange, celui-ci leur garantissait la sécurité avec une poigne de fer bienveillante.
Lorsque Matist parvint à Kadeny, la capitale du duché éponyme, il fut subjugué par la dévotion des quatre-vingt mille âmes de la cité envers l’ordre en assistant à l’une des processions religieuses. Il décida alors de connaître davantage les us et coutumes de cette région et après avoir prouvé ne pas être un démon, il fit la rencontre de Mestor Postun. Celui-ci était un membre haut placé de l’ordre et un proche d’Eruty Banamer, le grand maître de l’ordre sacré de la lame ardente, l’un des fondateurs et surtout le membre le plus zélé qui ait existé.
Bien que Matist ait prouvé qu’il n’était pas un être démoniaque, on lui refusait toujours l’accès à la bibliothèque de l’ordre car il était considéré comme trop étrange. Mestor Postun, de son côté, n’y vit qu’un être désireux de prouver sa loyauté à l’ordre et potentiellement une recrue de valeur. Il décida d’intercéder en sa faveur auprès de différentes instances et quelques temps plus tard, Matist devint aspirant de l’ordre.
Il connut une ascension éclair grâce à sa propre volonté et une loyauté sans faille à l’ordre. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, il ne chercha pas à s’orienter sur la voie de la prêtrise comme son savoir le faisait supposer, bien au contraire, il avait décidé de rejoindre les paladins.
Ses différents mentors remarquèrent bien vite ses affinités pour la magie, les méthodes cruelles qu’il appliquait avec zèle et la brutalité dont il pouvait faire preuve au combat. Ce n’était pas un croyant fanatique comme la plupart des autres aspirants au grand dam de ses supérieurs. Mestor Postun n’y vit aucun inconvénient par contre, en réalité il vit un excellent futur proche collaborateur et responsable d’une unité qu’il souhaitait mettre sur pied.
Au bout de quelques monaso d’entraînement, de mise à l’épreuve et de persévérance, Matist Loshun devint chevalier de l’ordre sacré de la lame ardente et en un temps record avec ça. Il reçut cet honneur des mains de Mestor Postun en personne montrant ainsi à chacun qu’il faisait désormais partie de ses protégés, qu’il allait devenir quelqu’un de grand. Malgré cette recommandation, ce jeune chevalier devait désormais prouver qu’il était digne de recevoir l’enseignement d’un paladin alors il partit de nouveau en voyage. Cette fois, il chasserait l’impie où qu’il se cache afin de montrer qu’il était digne de ses ambitions.
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Iad 40 de l’ère impériale, quatrième dan d’Arntayo
Après un long voyage, de nombreuses aventures et encore plus de gens sauvés du mal, Matist arriva devant les portes de Fasner, capitale du duché éponyme, durant une des rares nuit d’orage du mona d’Arntayo. Le garde à l’entrée ne fut pas bien enclin à laisser entrer après le coucher de Sonse le premier malandrin venu mais la vue de l’emblème de l’ordre sacré de la lame ardente sur le tabard du chevalier le rendit bien plus coopératif.
Une fois entré dans la ville, Matist se dirigea vers l’auberge que le garde lui avait indiqué pour se reposer après sa longue route. Bien qu’habitué aux longs trajets à présent, il appréciait toujours avec délectation la perspective d’une bonne nuit dans un bon lit. Il traversa les rues sombres et désertes sous une pluie battante lorsqu’il passa devant une ruelle d’où il entendit des gémissements paniqués étouffés et des sanglots. Il y jeta un œil mais ne parvint pas à y distinguer quoi que ce soit.
-Qui est là ? Je sais que vous êtes là crapule !
Il n’eut aucune réponse mais les bruits s’étaient tus alors il lança une boule de feu au travers de la ruelle. Celle-ci traversa l’air en crépitant au contact de la pluie battante et elle révéla deux silhouettes, l’une tenant à la gorge de l’autre.
-Tu es là, maraud ! Montre-toi et je pourrai me montrer magnanime !
Il sortit son épée de son fourreau et se tint prêt à employer davantage de magie avec sa main libre. Dès qu’il entendit des bruis de pas sur le sol mouillé, il lança une nouvelle boule de feu presque au hasard. Elle finit par atteindre le dos de quelqu’un. Ce dernier tentait de fuir et maintenant, il devrait le faire en se retenant d’hurler sous l’effet de la douleur due à sa chair calcinée et en partie fondue au contact d’une eau froide tombant avec force et régularité. Pour Matist, ce fut un aveu de culpabilité et il partit à sa poursuite au pas de course.
-Je t’aurai, vermine !
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Le chevalier préféra se montrer économe sur la magie et ne s’en servit que pour illuminer son passage lorsque les ténèbres se firent trop épaisses. Son adversaire était rapide malgré la blessure mais il finit acculé contre un muret en pierre au fond d’une arrière-cour quelconque.
-Tu es fait, pourceau !
La proie se retourna paniquée. Elle regardait de tous les côtés, cherchant une issue de secours mais elle n’en trouva point face à Matist qui s’approchait de lui un sourire sardonique aux lèvres. Ses yeux trahissaient le plaisir qu’il prenait dans cette situation.
-Je te juge pour tes crimes. Je te juge coupable. Et je juge qu’il faille te mettre à mort pour ça. Quels sont tes derniers mots ?
Il n’eut aucune réponse verbale, seulement les cris paniqués d’une bête prise au piège face à la mort.
-Très bien.
Matist posa sa main gauche sur le visage de sa proie et il incanta un torrent de flammes. Il eut du mal à retenir un fou rire lorsqu’il entendit les cris de souffrance de sa victime qui ne parvenait pas à se défaire de son emprise, ses forces l’ayant abandonné au moment où son visage avait commencé à fondre. L’exécution dura moins d’une minut et il ne restait plus de la tête que le crâne noirci rattaché au reste du corps par la colonne vertébrale.
-J’y suis allé un peu fort durant la poursuite. J’aurai dû davantage m’économiser, je sens la fatigue poindre. Bah… Ça n’a plus d’importance maintenant.
Il rit de nouveau en repensant à cette petite distraction dont il avait pu profiter en arrivant en ville.
-Qu’avons-nous là ? Un tueur qui tue d’autres tueurs ?
Matist fut tout d’abord surpris, la colère se lut ensuite sur son visage puis il se retourna en affichant enfin une expression menaçante, son épée à la main prête à frapper.
-Qui es-tu ?
Il avait en face de lui un elfe qui semblait avoir à peu près le même age que lui, physiquement tout du moins. il portait une armure de demi-plaque arborant l’emblème de l’ordre sacré de la Mona d’argent. Son sourire narquois énervait au plus haut point le chevalier.
-Je suis Slae Giesh d’Avomia, paladin de la Mona d’argent. Et toi ? Le chevalier ?
Il avait bien insisté sur son statut comme pour lui rappeler lequel était au-dessus duquel. Dans le cas général tout du moins car étant d’ordres différents il n’existait pas de lien hiérarchique entre eux deux précisément. Néanmoins, son interlocuteur qui sut garder son sang-froid prit cela comme une provocation et une insulte.
-Matist Loshun.
-Tu ferais mieux de ranger ta lame, Matist. Elle ne te sera d’aucune utilité pour le moment.
-Pourquoi ça, pisse-froid ? Vous vous montrez toujours trop complaisant face à vos ennemis vous autres les oreilles pointues de la Mona d’argent.
-Parce que nous avons justement un ennemi commun à traquer. Ce dan nous sommes alliés, chevalier.
-C’est à dire, l’elfe ?
-Tu devrais sentir qu’il y a quelque chose de pourri ici. Et je ne parle pas seulement de la réputation de cette ville ou de ta grillade improvisée qui s’est faite dessus.
Matist se laissa convaincre par Slae et il rangea son épée dans son fourreau.
-Et je pense que tu as attrapé le début d’une piste.
-Comment peux-tu en être si certain ?
-Disons que j’ai un… Bon flair pour ce genre de chose.
-C’est ça l’oreilles pointues, c’est ça.
Le chevalier était méfiant mais il ne pouvait exposer ses doutes tant qu’il n’aurait rien pour les étayer d’autant plus qu’il pouvait gravement se tromper. Il sentait néanmoins qu’il y avait quelque chose d’étrange mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.
-Voyons ce qu’on a là…
Le paladin profita du manque de réaction de Matist pour s’approcher du cadavre en partie décharné et il lui fit les poches.
-Tiens, tiens, tiens…
-Quoi donc, l’elfe ?
-De un, sois plus respectueux avec tes ainés même si tu ne les aimes pas et de deux, j’ai trouvé un morceau de parchemin bien usé.
-Et que dit-il, ton morceau ?
-De se rendre dans un endroit appelé la “Flumokstpinoy” .
-C’est précis au moins. Qu’est-ce donc que ce lieu ?
-Un début de piste bien que je ne sache pas où il nous mènera.
-Ça ou ça peut être le trou à rats qu’il utilisait pour dormir.
Matist affichait un air dubitatif. Il ne voyait pas en quoi ils avaient avancé dans quoi que ce soit ni même ce qu’ils traquaient mais au fond ça ne l’intéressait pas vraiment.
-Plus qu’à procéder à quelques interrogatoires.
-Tout à fait, chevalier. Vous avez bien retenu vos leçons.
Slae Giesh d’Avomia s’était tout d’un coup montré bien moqueur au grand déplaisir de Matist. Malgré cela, ils firent équipe et ils interrogèrent gardes, mendiants et palefreniers pour tout savoir de ce mystérieux établissement mais ils n’apprirent au final que le strict minimum sur cette maison de tolérance aux tarifs exorbitants. Slae se mit alors en tête de poursuivre d’autres individus suspects comme celui que son équipier avait poursuivi en arrivant en ville.
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La plupart ne purent offrir aucune réponse verbale et se contentèrent d’émettre divers cris presque animal. Ils terminèrent leur existence le cou tranché par le sabre du paladin ou brûlé vif par la magie du chevalier. Ce dernier impressionna son équipier par l’aisance avec laquelle il maniait les sorts. De son côté, c’est l’aisance avec laquelle le paladin traquait ses cibles qui l’impressionna. Il les chassait comme un animal prédateur, les suivant à la trace comme si c’était à l’odeur. Le chevalier ne comprenait rien à sa méthode mais elle fonctionnait et cela l’intriguait grandement.
Après quelques prises infructueuses supplémentaires, ils finirent par en débusquer un capable de leur apporter quelques réponses. Ils découvrirent que ces dégénérés écumaient les rues pour se nourrir en s’attaquant au premier venu et que parfois ils étaient convoqués à la “Flumokstpinoy” . Quand c’est le cas, ils doivent s’y rendre à l’unia convenue pour rencontrer le tenancier mais c’était rarement une bonne nouvelle généralement.
Le paladin remercia le pauvre hère en le laissant vivre mais le chevalier ne fut pas aussi magnanime et de nouveaux hurlements de souffrance s’élevèrent durant cette nuit d’orage où la pluie ne cessait de tomber.
-Ça sent le piège ton histoire, l’elfe.
-Je ne pense pas, ils ne savent pas que nous les traquons, chevalier. Mais y aller serait clairement se jeter dans la gueule du loup.
-Oui.
-Alors que proposez-vous, chevalier ?
-On s’y précipite.
L’elfe n’aimait pas trop la fougue de son équipier, il le trouvait à la fois trop paranoïaque et trop inconscient mais il ne s’en formalisa guère. Ils prirent la route de cet établissement fort recommandable d’après ce qu’ils avaient entendu malgré la présence de quelques éléments qu’ils jugeaient indésirables.
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À l’intérieur, Matist fut accueilli par une jeune et séduisante demi-elfe qui se montra très charmante mais peu encline à le laisser approcher celui qui dirigeait l’établissement jusqu’à ce qu’il présente l’invitation récupérée plus tôt. Slae, de son côté, attendait à l’extérieur préférant intervenir seulement si cela s’avérait nécessaire. Et puis, deux représentant d’ordres sacrés en même temps auraient pu être perçu comme une menace et non une requête.
Matist se rendit jusqu’au bureau indiqué à l’étage et il y entra sans même frapper comme un bourreau venant chercher sa victime. Le tenancier se leva de sa chaise d’un bond et, malgré sa surprise, il dominait physiquement le chevalier avec son imposante stature digne d’une brute aimant recourir à la violence sous le moindre prétexte.
-Qui êtes-vous et que faites-vous là ? Messire ?
-Matist Loshun, chevalier de l’ordre sacré de la lame ardente. Je recherche des individus impies et ma piste m’a mené jusqu’à vous.
-Oh je vois ! Et quel genre d’individus, messire Matist ?
-Le genre à perturber la vie d’honnêtes gens.
Le tenancier ris aux éclats en entendant une description aussi courte et vague pour justifier une telle intrusion.
-Vous ne vous êtes pas présentés d’ailleurs.
-Je pensais que vous le saviez déjà, jeune chevalier.
-J’aime être sûr.
-Alors c’est inutile.
Matist s’approcha du géant, la main sur la poignée de son épée, prête à dégainer au moindre signe d’hostilité.
-Je ne pense pas et je vous somme de répondre ou je vous passerai par le fil de mon épée.
Le tenancier fit le tour de son bureau le plus tranquillement du monde et il se planta devant le chevalier, le dominant de deux têtes au moins et les poings sur les hanches.
-Vous êtes bien loin de chez vous, jeune chevalier. À votre place, j’éviterais de fourrer mon nez dans les affaires des autres, lame ardente ou non.
-Que…
Matist reçut une bonne tarte à la phalange en plein visage et comme il ne s’y attendait pas, il fut sonné quelques instants durant lesquels il servit de poids de lancer. Il atterrit contre une commode et par réflexe, il lâcha une boule de feu droit devant lui. Il rata certes sa cible mais il gagna suffisamment de temps en la forçant à esquiver pour se remettre du choc et il dégaina son épée. Les deux adversaires s’observaient désormais en chien de faïence, guettant le moindre mouvement de la part de l’autre avant de tenter quoi que ce soit.
-Rendez-vous, vil servant impie !
Le tenancier ne perdit pas de temps à lui répondre, il ouvrit un tiroir qu’il connaissait bien et en sortit quelques couteaux de lancer. Il en projeta un sur son opposant et il se planta peu profondément juste au-dessus du mollet. La lame tomba au sol sous l’effet de son propre poids en laissant une petite entaille comme seule marque de son passage.
Matist s’élança sur le tenancier l’épée en avant mais celui-ci fit un pas de côté pour esquiver et s’en sortit avec une grande entaille sur le visage néanmoins. Il empoigna le chevalier par le col d’une main et il lui planta un autre couteau de lancer dans le flanc. Ensuite, il le prit avec force et le jeta contre un mur au hasard. Celui-ci comportait une fenêtre et Matist bascula contre le rebord avant de traverser le verre tout en arrachant les rideaux par accident.
Il tomba sur le dos dans ce qui semblait être une arrière-cour de la “Flumokstpinoy” . Le sol était boueux et la pluie continuait de tomber avec force. Le chevalier sentait la douleur du choc le long de sa colonne vertébrale. Ses plaies le faisaient souffrir mais elles avaient au moins l’avantage de le tenir éveillé car ses paupières étaient devenues lourdes.
Matist se releva comme il put avec difficulté car ses muscles s’engourdissaient. Il parvint à se tenir debout mais il avait une allure pathétique jusqu’à ce que la surprise de recevoir un nouveau couteau de lancer dans le corps le fasse chuter à quatre pattes. Il était au bout de ses forces qu’il rassembla pour lancer un dernier regard féroce au tenancier qui avait profité de sa faiblesse pour le rejoindre et l’attaquer par surprise. Matist s’effondra finalement et sombra tout d’abord dans une forme de demi-sommeil.
-Ça fait enfin effet. Il était temps…
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Slae Giesh d’Avomia finit par s’inquiéter de ne pas voir son équipier revenir alors il partit à sa recherche. Évidemment, il commença par remonter sa piste depuis leur séparation mais on lui affirma à la “Flumokstpinoy” qu’il n’était jamais venu. C’était faux et il le savait, il comprit alors que l’entrevu avec le tenancier s’était mal passée.
Sonse allait bientôt se lever et Slae devait trouver des indices avant que la piste ne soit brouillée par la populace s’afférant à ses tâches quotidiennes. Il fit aussi discrètement que possible le tour du bâtiment à la recherche d’un autre moyen d’entrer et il finit par entrer dans l’arrière-cour de l’établissement. Il y décela l’odeur d’un poison narcoleptique qu’il trouva fort odorant ainsi que celle, moins forte, de son équipier. Slae avait trouvé la piste qu’il recherchait.
Le paladin avait suivi l’odeur du poison au travers des rues de la ville jusqu’au cimetière de la ville. La piste le mena jusqu’à un mausolée fort bien entretenu appartenant à une famille riche d’après la qualité des bas-reliefs. L’entrée n’était pas fermée à clé et donnait sur un lugubre escalier qui ne se prêtait guère à une opération de sauvetage. Slae en descendit les marches une à une, le sabre à la main. Il entendait respirations, paroles et bruits de pas mais tout cela se mélangeait dans une série d’échos empêchant de savoir précisément où se situaient les potentiels ennemis. L’escalier se terminait sur un angle empêchant de voir ce qui attendait l’elfe mais il continua d’avancer avec vaillance.
Slae Giesh d’Avomia découvrit une pièce de taille moyenne avec une vingtaine de prisonniers bâillonnés et attachés aux murs par des chaînes. Il reconnut immédiatement le chevalier avec son tabard et entreprit de le délivrer. Il ne parvint pas à le réveiller, son esprit étant encore bien trop embrumé par le poison. Peu importe son état, il ne l’abandonnerait pas car c’était son honneur de paladin qui était à présent en jeu.
Il commença à crocheter les menottes lorsqu’il sentit un coup sur l’arrière de son crâne et il n’eut le temps de comprendre quoi que ce soit avant de sombrer dans les ténèbres de l’inconscience.