Et puis il est arrivé…

Et si tout ça n’était pas réel ? Ce sentiment constant depuis quelques semaines, que tout ça n’est qu’artifices, confettis et illusions. Ma tête me crie « tout est faux » quand mon cœur me supplie d’y croire. Mais lequel des deux a raison ? Ce doute plane en moi et je ne sais pas comment m’en débarrasser. Ça devrait être facile pourtant parce que c’est lui qui me donne le sourire. Lui qui me fait découvrir une multitude de sensations encore inconnue à ma vie, à mon corps, à mon cœur. Lui qui rythme mes pensées du matin au soir et jusqu’à mes rêves aussi. Lui qui rythme mes humeurs. Lui que j’ai hâte de retrouver chaque jour. Lui qui m’a fait découvrir le manque innommable d’une personne. C’est lui dont mon cœur a besoin et pourtant je doute. Je ne doute pas de lui, de ses intentions ou de sa sincérité non. Qui pourrait en douter alors qu’il me le prouve chaque jour ? Non, ce dont je doute, c’est de moi. Ou plutôt de ma tête. Ce besoin irrépressible depuis toujours de tout gâcher parce que je choisis d’écouter mes peurs, mes angoisses, mes doutes au détriment de mon cœur qui, lui, détient la vérité. Ils disent que le passé est passé et que s’y accrocher n’est bon pour personne et nous empêche d’avancer… Mais le passé laisse à chacun des traces qui nous demandent bien du temps pour accepter de les laisser partir. Et ce sont ces traces qui, avec les années, ont formé un bouclier autour de moi. J’ai longtemps pensé qu’il était là pour me protéger, mais à part pour me desservir, il n’a pas vraiment rempli sa mission. Il est vrai que jusqu’à aujourd’hui grâce à lui j’ai évité bien des pièges de la vie, mais il m’a fait passer à côté de tellement de choses aussi. Sauf qu’aujourd’hui, je ne veux plus perdre d’occasions. Je ne veux pas le perdre lui. Je pense pouvoir dire que dans le livre qu’est ma vie, il est un de ces chapitres importants, de ce dont on ne rate aucune ligne car on ne peut s’en décrocher qu’à sa fin.

En écrivant ces lignes, ça renforce cette idée en moi… cette idée que tout n’est que du plastique. J’ai beau être convaincue des mots que je pose sur cette feuille, seulement cette petite voix en moi ne cesse de répéter toujours plus fort que rien est vrai. Je ne cesse de me battre contre elle pour moi, pour lui, pour nous, mais plus les jours passent et plus je commence à me dire qu’elle prendra définitivement le dessus sur moi.

Ce qui est étrange (et paradoxal il faut le reconnaître) c’est que je suis de ces personnes qui ressentent trop, trop fort, trop vite. Ma vie se résume à ces montagnes russes qui vous rendent malades parce qu’elles vont dans tous les sens. Pour imager mes émotions, j’aime utiliser cette métaphore que j’ai découverte il y a quelques années : imaginez prendre une photo (cette photo correspond à l’émotion qu’une personne dite « lambda » ressentira), puis zoomez, zoomez, zoomez jusqu’à voir chaque pixel qui la forme, et là vous pourrez commencer à imaginer ce que je ressens. Dites-vous plus simplement que lorsque vous êtes touché.e de voir un couple s’aimer sincèrement, moi j’ai les larmes aux yeux voire je pleure une quantité de larmes insoupçonnée. Oui, je suis de ces gens sur lesquels on met l’étiquette « d’hypersensible » et « d’empathe». Depuis petite, j’ai conscience de cette sensibilité surdéveloppée mais lorsque mes années se comptaient sur les doigts de deux mains environ, c’était loin d’être ma priorité. Sauf qu’en grandissant, elle s’est imposée à moi, alors pendant longtemps, je l’ai reniée, quitte à ne plus rien ressentir. Mais quand l’absence d’émotions a créé un vide en moi, et que j’en ai pris conscience, comment vous l’expliquer ? Je me suis prise une sorte de claque. J’ai fait face consciemment à une sorte d’absence d’humanité et croyez-moi, ne rien ressentir c’est bien pire que de ressentir. Alors quand j’ai accepté que je ressentais différemment des gens qui m’entouraient, j’ai appris à m’écouter, à essayer de me comprendre et dans ce processus, j’y aie découvert des émotions, même une intensité d’émotions surprenante et j’y ai pris goût. J’ai laissé couler mes larmes quand j’étais heureuse, quand je voyais un petit chat sur une vidéo, quand j’étais blessée ou triste voire même en colère. Et jusqu’il y a quelques semaines, j’avais trouvé un équilibre de ce côté-là de ma vie.

Et puis il est arrivé. Il a réussi par sa simple présence dans ma vie à apaiser une grande quantité de mes inquiétudes. Mais alors pourquoi ce doute est-il toujours là ? Pourquoi malgré tous mes efforts, j’ai cette sensation d’irréel à chaque mot ou chaque pensée pour lui ? Parfois, je me demande si ce n’est juste pas cette sensation de nouveauté qui perturbe cet équilibre que j’ai trouvé récemment. Parce que oui, à l’heure où j’écris ces mots, dans 85 jours (bon d’accord dans environ 2 mois et demi) j’ai 17 ans et je n’ai jamais ressenti quoique soit pour personne. A chaque fois je le croyais mais pour le coup je me berçais volontairement d’illusions dans le seul but de « vivre la même chose que les autres ». Je dis que je n’ai jamais ressenti ça, mais je devrais plutôt dire que je n’avais jamais ressenti ça jusqu’à aujourd’hui. Vous savez, cette envie qui vous tord le ventre et le cœur d’être près de celui ou celle qui met des paillettes dans votre cœur. Plus qu’une envie, ce besoin d’être dans ses bras sans raison aucune. Cette sensation de légèreté quand il n’existe plus que vous deux. Ce bonheur qui envahit tout votre être à la seule idée que l’autre soit heureux. Ce lâcher-prise naturel qui vient bercer votre tête. Vous voyez tout ça ? Toutes ces émotions rythment mes journées et malgré tout, par moment, quand pendant de simples petites secondes je fais le vide en moi, cette voix me chante à tue-tête sa chanson favorite « tout est faux ».

Avoir posé des mots sur ce doute ne l’a pas fait disparaître mais a au moins eu le mérite d’apaiser mon cœur. Je suppose que c’est un bon début 🙂