À la gare Saint-Lazare,
15h45.
J‘attends sur le quai l’arrivée imminente du train de Laure avec mon bouquet de lys blanc. Contre toute attente la gare est moins bondée à cette heure que ce que j’imaginais et à première vue, je suis le seul qui a un présent en main. Je me sens serein, tout en étant stressé et observé par divers attroupements féminins. J’ai beau être habitué à être le centre d’intérêt et d’attention des femmes, aujourd’hui, cela m’agace au plus haut point. Je n’ai pas envie que Laure assiste à des tentatives de séduction vaines pour les plus avenantes d’entre elles ni qu’elle prenne la fuite. Elle est la seule avec laquelle j’ai envie de passer du temps.La seule à qui, je veux offrir des fleurs et mon attention. La seule que je souhaite faire rêver éventuellement.
J’ai rencontré de nombreuses femmes avec qui j’ai passé une nuit, mais aucune d’elles n’a su me toucher, me guérir et me faire ressentir des émotions que j’ai oubliées depuis Cécilia. Laure est unique en son genre. Sa beauté intérieure, son cœur d’or, son naturel et son authenticité sont sa plus belle arme voire sa plus belle flèche et elle me l’a envoyé en plein cœur. Elle l’a fait renaître, elle l’a réchauffé. Le feu qui y brûle est le sien. Celui qu’elle a allumé sans prévenir et le vouloir et qui ne semble pas vouloir s’éteindre. En m’entendant penser de telles choses à son sujet, je réalise que je suis bien plus amoureux d’elle que ce que je pensais.
Est-ce que cet imbécile heureux de Valentin à raison ? Est-ce la pilophobie * que j’ai développée après le décès de Cécilia, qui est responsable de cet aveuglement sur mes sentiments à son égard ? Probablement.
Je prends mon portable dans ma poche et regarde l’heure. Il est presque seize heures et le train de Laure n’est toujours pas arrivé. Serait-il possible qu’il soit en retard ? Non. Il n’y a pas eu d’annonce dans les haut-parleurs pour le signaler. Ou est-il possible que je ne l’aie pas vu arrivé parce que j’étais perdu dans mes pensées ? Je ne pense pas. L’entrée en gare d’un train n’est pas des plus silencieux. Alors, si ce n’est ni l’une ni l’autre de ses suggestions, est-ce que Laure aurait décidé de ne pas venir à la dernière minute ? Angoissé par cette idée, je me rends dans ma messagerie pour vérifier.
— Aaron ?, m’interpelle-t-on d’une voix timide et hésitante.
Interloqué, par cette voix que je ne connais pas, je lève la tête de mon écran et je suis happé par des yeux bleu clair. Les mêmes que ceux de l’inconnue du Starbuck et dans lequel je me suis noyé à corps perdu. Je ne pensais pas les revoir un jour. Comment cela est-il possible ? Serait-ce un signe du destin ? Ou un mauvais tour de sa part ? Je pencherais pour la deuxième puisque aujourd’hui, c’est censé être le jour de mon rendez-vous IRL avec Laure. À moins que…
— Laure ?, je tente.
Elle acquiesce d’un léger signe de tête, le regard fuyant et les joues rosies.
Pincez-moi, je rêve ! Ce n’est pas possible, je me suis trompé de personne.
— Tu… Tu es tout seul ?, m’interroge-t-elle avec sous-entendu et peu rassuré.
— Oui. Et toi ?
— Aussi. Je… Je ne m’attendais pas à ce que… l’inconnu du Starbuck ce soit toi.
— Tu n’est pas la seule.
À cause de la gêne, un blanc s’installe entre nous. Nous nous dévisageons, déconcertés, perdus et dépassés par la situation. Je n’aurais jamais pu imaginer une telle chose et elle, aussi de toute évidence. Honnêtement, je ne sais pas quoi dire. Autant que j’ai des milliers de questions qui fusent dans mon esprit à l’instant. Telle que, qui était cet homme, jeudi ? Quelle est leur relation ? Que s’est-il passé entre eux après leur départ ?
Je reste silencieux un moment avant de me rappeler que j’ai un bouquet de fleurs dans les mains.
— Tiens, c’est pour toi, je lui annonce en lui tendant le bouquet, le tout de façon un peu brutale malgré moi.
— Je… Merci.
Nos regards se croisent et à nouveau, la profondeur du sien me happe. Mon cœur emballe, mes mains deviennent moites et j’ai des papillons dans le ventre. Je perds mon centre de gravité. Ce n’est plus lui qui me maintien au sol, c’est elle et ses yeux bleus. Je ne vois qu’elle, la gare et les inconnu autour de nous n’existe plus. Elle m’attire comme une aimant. Je n’ai envie que d’une chose, me lier à elle et ne jamais la laisser repartir. J’ignore combien de minutes se sont écoulés avant qu’un rire nerveux et mal à l’aise me sorte de ma torpeur.
Je secoue un peu la tête pour revenir totalement à moi et je découvre Laure écarlate, qui s’agite avec nervosité et ris à ne plus pouvoir s’arrêter, les larmes aux yeux. C’est alors que je réalise que nous sommes dans un lieu public et que tout le monde nous regarde à cause de son rire cristallin et incessant. Ce qui ne doit pas l’aider à être à l’aise ni à se détendre. Je l’invite donc à quitter la gare avec un geste de la main. Elle accepte, le nez dans son bouquet de fleur pour se cacher et fuir le regard des autres.
Une fois à l’extérieur, je l’emmène à ma voiture et lui ouvre la portière de droite. Elle me remercie et s’installe. Puis je me mets derrière le volant et démarre pour prendre la route. J’ai prévu de lui faire visiter le Parc des Buttes-Chaumont à vingt-minutes de la gare. Et comme je sais qu’elle adore la nature, elle sera sans doute plus à l’aise et heureuse que dans d’autres lieux publics parisiens. Il y a un long silence de plusieurs minutes avant qu’elle décide de le briser.
— Dis-moi, est-ce que je peux te poser une question ? Tu n’es pas obligé de répondre, si tu n’en as pas envie.
— Oui.
— La femme avec qui tu étais jeudi après-midi, qui était-ce ?
— Elle s’appelle Charly et c’est la sœur de Valentin, un ami de ma faculté.
— Valentin ? C’est un blond svelte, mais assez carré des épaules et qui est l’archétype de l’imbécile heureux ?
— Oui, c’est cela. Mais comment tu…
— Je l’ai rencontré, jeudi midi. Il accompagnait Ethan, le collègue de ma meilleure amie, Caroline. Méfiante, j’ai préféré couper court au déjeuner et j’ai rejoint Cyril avec que j’avais rendez-vous.
— Cyril ? L’homme avec qui tu étais au Starbuck ?
— Oui. C’est un vieil ami et un ancien coup de cœur aussi. Mais il ne s’est jamais rien passé entre nous. Jeudi, j’ai appris qu’il est marié depuis un an.
Savoir qu’il ne s’est jamais rien passé entre eux me rassure, tout comme le fait de savoir que cet homme est marié. Laure est définitivement célibataire et cette idée me plaît. Et ce, autant que sa plume et sa personnalité. La seule chose qui va me paraître difficile aujourd’hui, c’est de résister à l’attirance que j’ai pour elle et au désir qu’elle a réveillé en moi.
* Philophopie : Phobie de l’amour.
Salut ! Questions purement techniques :
Comment as tu réussis ici a mettre une note en bas de pages et comment as tu fais aussi pour le retrait de la première ligne ?
Merci d’avance
@Magdala Hathor
Pour la note en bas de page, je l’ai ajouté tout simplement ^^ Après pour le retrait du premier paragraphe, j’ai appuyé 4x sur la touche espace ^^
Au plaisir de t’aider ^^
Tu as rajouté la note ici sur wikipen ? C’est possible ça ? On fait comment stp ?
@Magdala Hathor
J’ai mis un astérisque derrière philophobie et je l’ai remis en bas du pen pour le rappel et j’ai écris la définition, tout simplement ^^
Ok, merci