Résumé de l’histoire : Rain est une jeune femme qui traîne sa culpabilité, ses regrets et sa souffrance, elle désirait quitter ce monde jusqu’à ce qu’elle découvre un endroit caché, un endroit sombre et dangereux, elle va rencontrer des personnes aussi brisées qu’elle.
TW : les pages abonderont de scène à caractère sexuel, de violences physiques, psychologiques ainsi que d’éléments relatant d’une tentative de suicide.
1ère partie
Illusion
CHAPITRE I
Rain :
Il pleut aujourd’hui. Depuis enfant j’aime cette météo, quand il pleut c’est la pluie qui domine tous les sens, le son de l’eau qui frappe notre sol cache les bruits assourdissants de notre vie, l’odeur de la pluie remplace la puanteur de notre pollution, le gris du ciel camoufle la laideur de notre monde. Quand il pleut tout le monde reste chez soi, personne n’affronte ce temps, elle provoque des crises d’arthroses à ceux qui en ont, elle déclenche des rhumes et des grippes chez les plus faibles. Les entreprises du bâtiment se mettent en intempérie pour rester au chaud chez eux. Personne ne l’affronte, personne ne peut en réalité. Parfois elle nous fouette le visage et le corps avec violence comme pour nous rappeler que nous sommes tous inférieurs et faibles. C’est pour cela que je l’aime. Elle est puissante. Tout ce que je ne suis pas…
Je protège mon sac sous mon manteau et me mets en route, j’ai rendez-vous chez l’imprimeur, je suis déjà en retard, corriger et re-travailler des manuscrits me prends un temps monstre. Je travaille depuis deux ans en tant qu’assistante-éditrice dans une maison d’édition indépendante de ma ville et j’ai l’impression de passer tout mon temps à courir de gauche à droite. Moi qui pensais que mon métier ne serait que des livres à lire et juger avec des étoiles comme sur les réseaux sociaux…. Je me plains mais j’aime mon boulot, je vis de ma passion et ce n’est pas rien, j’aspire à être éditrice dans quelques années. Enfin… si je suis encore en vie d’ici la.
Je traverse le centre-ville en évitant de glisser sur le trottoir, par temps de pluie ces trottoirs sont de vrais dangers ! Je devrais écrire au maire de la ville afin de l’accuser d’homicide volontaire sur les citoyens de cette charmante ville. Je soupire. M’éclater la tête contre ce trottoir et mourir d’une commotion cérébrale ne me dérangerait pas à vrai dire. Ma vie n’est plus qu’un enchaînement d’habitude, je vis dans une routine permanente, il ne se passe jamais rien. Je pourrai me contenter d’une vie simple, d’une vie ou je me sens en sécurité, mais non.
Je pousse la porte de l’imprimeur :
– Te voilà enfin ! Tu as vingt minutes de retard ! Tu crois que je bosse qu’avec toi ? Beugle Roger, l’imprimeur avec qui la maison d’édition indépendante travaille.
– Et toi tu crois que ma vie ne se résume qu’à t’apporter des manuscrits ?
– Je me contrefous de ta vie, arrive à l’heure.
Je lui dépose les manuscrits dans des pochettes, j’inscris le nombre d’exemplaire dont j’ai besoin pour chacun. Je lui tourne le dos et me dirige vers la porte, je ne lui adresse même pas un regard, ni même un au revoir.
L’air frais me fouette le visage, je ferme les yeux et j’inspire, j’expire. Je ne bouge plus. 15H40. J’ai rendez-vous dans vingt minutes chez ma psychologue. Je suis une thérapie depuis que j’ai tenté de me suicider il y a quelques mois, je ne m’en rappelle plus trop à vrai dire, je me suis réveillée aux urgences, des médecins couraient dans tous les sens, moi je flottais, pour la première fois depuis longtemps je me sentais bien. Malheureusement Madame la Faucheuse n’est pas venue me chercher, quelle garce… En suite on m’a envoyé dans une clinique psychiatrique ou l’on m’a fait avaler des centaines de fois des médocs dans l’espoir de me « réparer ». La seule condition pour que je sorte de cette prison était des séances chez le psy régulières, donc, allons-y. Allons discuter avec cette femme qui passe l’heure de la séance à vous dire que ma dépression est passagère, que je retrouverai goût à la vie, que mes traumas familiaux appartiennent désormais au passé… bla bla bla…
Je reprends ma route, sans me presser bien sûre, j’observe les gens courir pour se mettre à l’abris, les parapluies colorés, les enseignes lumineuses des magasins ou bar alentours quand soudain je suis heurtée par un homme. Je titube de quelques pas puis lève les yeux pour savoir qui est l’heureux élu qui va se prendre ma mauvaise humeur du jour dans la gueule.
L’homme me regarde bizarrement, il a l’air intéressé, il me détaille de haut en bas.
– Un « pardon » ne serait pas de trop connard ! M’exclamai-je.
Il ricane. Me regarde une dernière fois et se remets en route vers je-ne-sais ou. Je suis atterrée par le manque de politesse de ce gros merdeux, et d’ailleurs d’où il sortait ? Je tourne la tête, il n’y a rien, c’est une ruelle en cul-de-sac avec une sac poubelle qui traine. Y a vraiment des gens bizarres dans ce monde hein ?
Chapitre II
Inconnu :
Intéressante.
Chapitre III
Rain : quelques jours plus tard…
Mes écouteurs hurlent dans mes oreilles « Ici-bas » de Les Cowboys Fringrants, je me dirige vers mon appartement. Je vis seule depuis quelques semaines maintenant et ça me fait un bien fou, j’aime ma mère mais le fait qu’elle me demande cinquante fois par jour « ça va ? » me renvoie à la figure ce que j’ai fait et ce qu’elle a endurée.
Je reçois un message de ma patronne :
Bossbitch : Coincée en réunion, tu peux aller chez l’imprimeur chercher les nouveaux marque-pages ? Ps : ne vous entretuez pas stp.
Moi : Pas de soucis. Ps : je vais essayer.
C’est l’avantage d’habiter près du centre-ville, je suis à côté de tout : de mes différents lieux de travail, du Starbucks, des fast-foods… Je crois qu’il y a une salle de sport pas loin mais ça, ce n’est pas trop mon domaine.
Je fais demi-tour et rejoins l’imprimerie en deux trois foulées. Je range mes écouteurs dans ma poche quand je me rends compte que je viens de passer devant cette ruelle en cul-de-sac d’où le type m’est rentré dedans. Je marche en direction de celle-ci. Mais pourquoi il était dans cette ruelle ? Il n’y a rien ! Je regarde un peu plus attentivement. Ah.. si, il y a quelque chose qui traîne contre le mur, je m’approche. Qu’est-ce que ??? UNE CAPOTE USAGÉE ????
Je sors en trombe de la ruelle, je ne veux pas qu’on pense que c’est moi l’individu douteux qui laisse traîner une capote qui plus est usagée ! Est-ce que c’est lui ? Mais il était tout seul à en sortir. Ça ne m’étonnerait pas, il avait l’air bizarre. Je pousse la porte de l’imprimerie et laisse cette histoire derrière moi.
– C’est Rain, je viens chercher les marque-pages.
Roger sort de son bureau, me regarde bien évidemment de travers. Il me dépose les manuscrits sans un mot. Connard.
– La boss viendra chercher les manuscrits et leurs copies plus tard.
Aucune réponse. Je prends violemment le sachet de marque-pages et ne perds pas une seconde de plus face à lui. Je claque sans ménagement la porte et me dirige vers mon appartement. Quel con..
**
Avachie sur mon canapé devant Oggie et les cafards, je déguste des nouilles instantanées ce qui représente en moyenne 99% de mes repas. Plus jeune, j’adorais cuisiner des pâtisseries, repas salés, apéros dînatoires… Maintenant c’est une corvée, sûrement parce que j’ai perdu le goût des choses. Le truc c’est que plus rien ne m’intéresse, donc je m’ennuie quand je ne suis pas au travail. Et ce qui est encore plus déconcertant c’est que je pense sans arrêt à cet homme croisé devant cette ruelle. À quoi ressemblait-il déjà ? Hum… Il était grand, 1m85 peut-être, des cheveux châtains ébouriffés mais ça, c’était peut-être à cause de la pluie et il portait une paire de lunettes. Il était seul dans cette ruelle, j’en mets ma main au feu.
… … … … …. (Réflexion)
À moins… Qu’il sortait de quelque part !
Je balance mon bol sur la table, j’envoie voler mon plaid, j’éteins ma télé et me dirige vers mes baskets. Je dois aller vérifier ! Je ne sais pas pourquoi mais si je ne le fais pas je n’en dormirai pas. Je ferme ma porte et presse le pas.
La ruelle est vide et sombre. Je m’avance lentement tout en regardant dans mon dos. Je regarde à droite, à gauche… IL N’Y A RIEN ! Aucune porte, rien ! Mais que faisait ce type dans cette ruelle ? Oh… La capote n’y est plus. Les éboueurs de cette ville sont forts efficaces. Les mains sur les hanches je réfléchis.
Au bout de quelques secondes je remarque une plaque d’égout. Non… impossible. Je m’approche et me baisse, je tends l’oreille et entends quelque chose, ce n’est pas de l’eau qui s’évacue en tout cas, il n’y a pas d’odeur nauséabonde non plus. Je regarde une nouvelle fois autour de moi, je n’ai pas envie qu’on m’arrête pour vandalisme ou sabotage d’égout. J’ouvre la plaque et… Ce ne sont pas des égouts !! Bordel, c’est un tunnel propre sans aucune trace de saleté ni d’eaux usées et une échelle. Je me sens tout à coup nerveuse, est-ce que j’y vais ? Qu’est-ce que je vais trouver ? Une secte ?? Je vis dans cette ville depuis vingt longues et interminables années et je n’ai jamais entendue parler d’endroits secrets.
Je m’arme de courage et commence la descente. À ma droite il y a un mur mais le tunnel continue sur ma gauche. Par contre il n’y a aucune lumière, le ou la propriétaire de cet endroit ne connaît pas EDF ? J’allume la lampe torche sur mon téléphone et commence mon expédition.
Le tunnel est long, j’ai l’impression de marcher depuis des heures mais je sais que j’approche de quelque chose, au fur et à mesure le bruit s’intensifie, c’est de la musique, on dirait que c’est « Cannibal Song » de Ministry. C’est une porte noire, elle m’a l’air assez épaisse, j’essaie de l’ouvrir, rien. Elle est fermée. Je toque. Ça m’étonnerait que quelqu’un se… La porte s’ouvre !
Chapitre IV
Rain :
Le volume de la musique éclate littéralement mes tympans. Un type sort de ce qui ressemble à une soirée privée. Il a tout d’un vigile, il doit mesurer au moins deux mètres, il est baraqué comme une armoire, crâne rasé, tatouage sur toutes les parties visibles de son corps.
– T’es nouvelle ? Carte d’identité et carte Vitale.
Pardon ? Carte Vitale ? Depuis quand on demande une carte Vitale avant d’entrer dans une boîte de nuit ? Le type doit voir que je suis sidérée, il reprend :
– Alors ? Tes papiers.
Machinalement je sors mon portefeuille de mon manteau et lui tends mes cartes, toujours aussi sidérée. Il sort une machine de sa poche, sûrement pour vérifier la légalité de mes papiers. Après quelques manip’ il me les rend.
– Bienvenue en enfer Rain.
Hein ?
– Pourquoi demandez-vous la carte Vitale ? J’ai jamais vu ça avant.
– T’es déjà aller en enfer ?
– Non.
– Voilà. On doit s’assurer que la personne pourra se faire soigner si elle est blessée.
« Si elle est blessée » ? Je ne comprends rien. Mais j’avoue que cet endroit à l’air.. différent, attirant, enivrant. Le vigile se pousse de mon passage et j’entre. L’intérieur est sombre, seules les lumières du DJ éclairent la salle. Des centaines de personnes dansent, se frottent… s’embrassent.. et baisent ? Il y a un bar sur ma droite avec pas mal de serveurs, le bar est décoré de néons bleus. Je lève la tête, il y a des escaliers qui mènent à des sortes de carrés VIP, certains sont ouverts d’autres sont fermés. Je remarque aussi des gouffres noirs, ça doit être des couloirs menant à d’autres salles. Il y a des hommes et des femmes accoudés aux rampes qui regardent le spectacle du bas. Le code vestimentaire doit être « Nue ou presque ». Personne n’est totalement vêtu. Je fais tâche avec mon jogging noir, ma doudoune noire et mes baskets blanche.
Cet endroit à quelque chose d’hypnotique. Je veux y rester, je veux observer et découvrir. Pour la première fois depuis longtemps je me sens… vivante. Je sens mon cœur battre à toute allure, je sens l’adrénaline électriser tout mon corps, j’ai chaud, terriblement chaud face à ces gens qui baisent sans retenue devant tout le monde. Je suis excitée en réalité. Suis-je une voyeuse ? Je ne m’étais jamais posée la question avant. Ce qui est sûr c’est que je ne détourne pas le regard. Je m’avance vers le bar et découvre la carte des boissons, chaque boisson ou cocktail porte le nom d’une position sexuelle ou un nom en rapport avec du sex.
– Oula ma belle, t’a pas captée le dress code ? M’accoste un serveur.
Je ricane.
– Je l’ai compris trop tard visiblement.
– La prochaine fois, fait en sorte de nous en montrer un peu plus. Me dit-il avec un clin d’oeil.
Oh oui.. Il y aura une prochaine fois ça c’est sûr.
– Je te sers quoi ?
– Une bouteille d’eau merci.
Il me regarde surpris. Ouais c’est clair je vais faire vraiment tâche mais on sait jamais, je ne sais pas quel sorte d’individus traînent dans cet endroit, je ne veux pas finir droguée et violée. Il me tend une bouteille d’eau, je vérifie qu’elle soit bien fermée avant de l’ouvrir et la vide d’un trait. Je continue d’inspecter l’endroit depuis mon tabouret. Je pourrai demander au serveur ce qu’est cet endroit mais je préfère le découvrir moi-même.
Je descends du tabouret et m’engouffre dans la foule, personne ne se soucie de moi ou de quoi que ce soit, tout le monde danse, ils ont l’air heureux. J’atteins les escaliers et commence mon ascension vers les salles. J’attire forcément les regards des autres, mais ils n’ont pas l’air de me juger, ils ont l’air… ravis de voir une nouvelle tête. Certains me disent bonjour, d’autres me font des clins d’œil. Je regarde autour de moi et emprunte un couloir sombre, seuls les néons rouges au-dessus de nos têtes nous donnent de la visibilité.
Chapitre V
Inconnu :
Elle est là. Elle est vraiment la. Elle se pavane naïvement dans cet endroit. Que fait-elle ici ? Non pas que ça me déplaise de la voir dans l’antre du mal ou je pourrai la corrompre, la soumettre, lui faire… On se calme. Mais elle est tellement… Ses longs cheveux bouclés châtains, ses yeux marron en amande et sa bouche… Avec sa si jolie bouche je pourrai en faire des choses sales… Elle est vêtue d’un jogging et d’une doudoune, à mon avis elle ne savait pas que cet endroit existait, mais elle n’a pas l’air effrayée, non, elle a l’air avide de toute cette atmosphère. Elle n’a pas l’air de comprendre pour autant ou elle est tombée. Quand je lui ai rentré dedans il y a quelques jours j’ai vu immédiatement le feu dans ses yeux. Mais elle avait l’air tellement vide, tellement triste, seule. Je suis dans le carré qui est en face des escaliers qu’elle emprunte, à l’autre bout de la pièce.
Elle ne passe pas inaperçu, comment le pourrait-elle ? Tous les hommes ici chassent les petites proies comme elle. Elle s’aventure dans un des couloirs qui mènent à de délicieux espaces de débauche, je jubile, vas-y petite naïve… Continue ton chemin. Je serai là au tournant.
Chapitre VI
Rain :
Il fait tellement chaud dans cet endroit. Je n’ai jamais aimé la chaleur, le soleil, l’été… Je n’ai jamais trouvé cette période de l’année chaleureuse, tout le monde a chaud, tout le monde transpire, l’air n’est pas agréable mais suffocante. Tandis que la saison hivernale est conviviale, on se retrouve autour d’un bon feu avec un chocolat chaud brûlant, autour d’une bonne raclette familiale. Et puis il y a Noël, ma fête préférée. Toute la famille se réunie autour d’une table bien garnie, le sapin trône dans la pièce avec sa belle étoile lumineuse sur la cime. Mais la chaleur ici est différente, elle est ardente, électrique, je le ressens dans tout mon corps.
Je ne sais pas ou je vais mais j’y vais hein, j’arrive au bout du couloir et me dirige vers la première porte que je vois. Elle est entrouverte, je m’approche lentement, à pas de loup. J’entends des gémissements d’hommes, des claquements et des bruits étouffés. Je jette un œil à travers l’ouverture. Je me fige, une femme est à quatre pattes sur un lit, les mains attachées dans le dos. Un homme est sur les genoux en face d’elle, il lui baise la bouche sans ménagement, ses coups de reins sont brutaux. Il lui tient fermement la tête droite, il se mord la lèvre inférieure. Un autre homme est derrière elle, il est en train de la pilonner. Ses mains agrippent fermement les fesses de la femme. Il pousse des râles de plaisir, sa tête est penchée en arrière, ses yeux sont fermés et sa bouche est grande ouverte. Quand à elle, elle tremble de tout son corps, ses mains sont crispées, elle remue du bassin d’un mouvement aguicheur. Mais ce n’est pas tout, j’aperçois des gens assis au fond de la pièce sur des sièges comme s’ils étaient au cinéma ! Cet endroit n’est pas croyable et ce qui encore plus déconcertant c’est que rien ne me choque, rien ne m’effraie au contraire, c’est assez perturbant d’ailleurs, je me sens comme à ma place, je me sens bien ici. Cette remarque me fait l’effet d’un coup de poing en pleine figure, cela fait des mois que je ne me sens plus à ma place nulle part.
Une main agrippe fermement ma nuque et m’entraîne en arrière, je perds équilibre et me cogne le dos contre le mur. Aie ! Qu’est-ce que ? Je n’ai pas le temps de finir ma pensée que la main vient m’agripper brutalement la gorge, je lève les yeux pour…
– Bonsoir jeune chienne égarée… Me susurre l’homme de la ruelle.
Il est là. Il est vraiment là. Et donc ça veut dire qu’il traîne dans cet endroit.
Ses yeux sont aguicheurs, ses lèvres sont remontées en sourire coquin. J’enrage, j’essaie de me débattre, de le frapper au visage. Je m’agite dans tous les sens. Il ricane.
– Oh… Ma petite chienne n’est pas docile. Ce n’est pas grave, je vais t’éduquer.
– Allez-vous faire foutre !
Il se colle à moi, je sens une bosse dure au niveau de son pantalon. Ce type est complètement ravagé. Je ne peux pas bouger, sa main est toujours sur ma gorge. Je plante mon regard dans le sien. Il sent le sex-appeal, je ne savais même pas que ça avait une odeur.
Il est beau… Il est très beau. Il a bien les cheveux ébouriffés châtains, ses yeux sont verts, il a un visage fin et doux et une paire de lunette. Mon Dieu, je lui donnerais le bon Dieu sans confession si je n’étais pas dans cet endroit avec lui. Mon regard dévie vers sa bouche, si sensuel. Mon cœur bat de plus en plus vite, ma bouche est sèche mais je ne suis pas sèche à un endroit de mon corps, non, je suis littéralement entrain de mouiller pour cet homme énigmatique. Je passe ma langue sur mes lèvres ce qui a l’air de lui plaire.
– Sage… Chuchote-t-il.
Il enlève lentement la main de ma gorge, je prends une grande inspiration. Depuis quand je suis contente de respirer ? Je me lèche une nouvelle fois les lèvres pour attirer son attention. Il sourit, j’ouvre la bouche comme pour dire quelque chose, je prends appuie sur mon pied droit et m’élance sur la gauche à toute allure. Je ne regarde même pas s’il me poursuit. Je ne sais pas ou je vais, je bifurque à droite, à gauche, tout autour de moi les autres me regardent. Après quelques secondes de course je me retrouve sur les balcon en haut de la piste de danse, je m’élance dans les escaliers, m’enfonce dans la foule, je pousse les danseurs pour me frayer un passage jusqu’a la porte, certains râles. Je m’arrête devant le vigile, complètement essoufflée.
– Pourquoi tu cours ? Me demande le vigile.
– Je suis poursuivie !
Le vigile lève les sourcils et regarde derrière moi. Il se met à rire.
– Par qui ? Casper ?
Hein ?
Je me retourne. En effet il n’y a personne derrière moi, la fête bat son plein sur le morceau Enter the Demons de Trevor Something. Je regarde autour de moi, il n’est plus là. Je lève les yeux et le vois accoudé aux rampes, il me fixe. Il ne bouge pas, il se contente simplement de me donner la chair de poule avec son regard de prédateur. Je le fixe à mon tour, fait mon plus beau sourire insolent et lui fait un doigt d’honneur. Je peux sentir de là où je suis qu’il est énervé, à mon avis cet homme ne doit pas avoir l’habitude qu’une femme s’oppose à lui. Dommage pour lui, je ne suis pas docile. J’indique au vigile d’ouvrir la porte.
Il faut que je sorte, que je retourne en haut, dans la réalité.
Chapitre VII
Rain :
Après avoir fui cet endroit, qui je ne suis pas sûre soit bien réel, je me suis mise à déambuler dans la ville, je ne sais pas où je vais mais je ne veux pas rentrer chez moi, je ne tiens pas en place. Trop de choses se bousculent dans ma tête, trop d’images obscènes, trop de questions, depuis quand cet endroit existe ? À qui appartient ce club ? Tous ces gens, que ce soit les danseurs, les voyeurs, ceux qui se donnaient du plaisir, ils semblaient tellement… Libre.
Et puis il y a lui.
Qu’est-ce qu’il croyait au juste en m’attrapant comme ça ? Que j’allais me laisser faire et le supplier de me baiser ? Pendant un cours instant je n’ai plus voulu bouger, je voulais me noyer dans ses beaux yeux verts, je voulais m’abandonner à son contact et en toute honnêteté pendant ce cours instant je voulais plus que ce simple contact, je crois que je n’ai jamais autant mouillée. Je n’ai connu qu’un homme dans ma vie et je n’ai jamais mouillée pour lui comme je viens de le faire pour cet étranger, cette réalité me rend soudainement triste, ce n’est pas juste, cet homme était gentil, doux et attentionné, il ne m’a jamais manqué de respect et a toujours essayé d’être là pour moi dans la mesure du possible. C’est un sentiment bizarre de se rendre compte qu’une personne que l’on ne connaît pas peut avoir cet effet sur vous. Je pensais que c’était à cause de la dépression que je ne ressentais aucune excitation, aucune envie sexuelle, que je n’avais aucune libido, je pensais que c’était à cause de mon état psychologique que je ne produisais plus ce nectar hormonal. Je me trompais, visiblement je le peux. Et puis je suis revenue à la raison, je me suis rappelée que je ne le connaissais pas, que ses manières sont grotesques, son langage est humiliant et rabaissant. Je ne permettrai jamais à un homme de me parler comme ça. Bien sûr que je me suis déjà demandée si j’aimais être dominée sexuellement et je pense que oui, je trouve ça très excitant qu’un homme impose ses envies, impose la cadence, fasse des démonstrations de force. Je trouve ça excitant dans la mesure où c’est consenti or ce type n’a pas demandé et je crois qu’il en avait rien à foutre de mon consentement.
Je me suis tellement perdue dans mes pensées que je n’ai pas fait attention où j’allais. Je me retrouve devant le gymnase de basket où j’ai pratiqué juste avant de me blesser, arrachement osseux, très douloureux croyez-moi. S’en est suivie deux mois d’immobilisation et sept mois de rééducation, je n’ai, depuis cette blessure, plus touchée de ballon. J’ai passé deux belles années dans ce gymnase, c’était une époque ou j’étais heureuse, pleine de vie et d’ambition, je voulais relever tous les défis. J’avais plein d’amis, un petit copain aimant. Malheureusement, le sport d’équipe ce n’est pas mon truc, je suis assez égoïste, je cherchais à imposer ma manière de jouer, mes techniques, je voulais diriger l’équipe, ce qui m’a valu beaucoup d’engueulades avec mes coéquipières et ma coach. C’est pareil pour le travail, au lycée je détestais les travaux de groupes, c’est simple je faisais tout le travail, ce qui arrangeait la plupart de mes camarades, je suis assez exigeante et perfectionniste. Je voulais que le travail soit fait selon mes idées, à ma manière. Heureusement que dans mon travail actuel je peux la jouer solo.
Je me dirige vers les portes d’entrées rouges, dans mes souvenirs elles n’étaient jamais fermées, il y avait toujours quelqu’un qui y trainait, même la nuit. J’aimais venir jouer au ballon avec mes écouteurs, seule la nuit. Je pousse la porte, elle n’est pas fermée, je me retrouve dans l’entrée, immédiatement je sens cette odeur singulière, l’odeur des ballons, l’odeur des vestiaires propre, l’odeur de la nostalgie. Je m’avance vers le terrain, il est jaune avec tous les marquages colorés au sol. Les paniers de basket sont toujours en plexiglass avec l’anneau rouge, ils sont situés à 3m05 du sol. Il y a le tableau numérique de score et de faute accroché au mur. Je faisais beaucoup de fautes pendant les matchs, la plupart du temps c’était parce que j’étais trop agressive comme joueuse, disons que j’avais les coups d’épaules faciles. Les gradins marron sont en place, la où nos familles, amis, supporters venaient s’asseoir pendant nos matchs. Il y a aussi les bancs des joueurs et la table d’arbitrage. Rien a changé depuis mon départ. Aujourd’hui je n’ai plus aucun contact avec mes anciennes coéquipières ni même avec les coachs. Je me suis éloignée de tout et tout le monde peu après ma blessure et puis je me suis laissée dévorer par la dépression. Un ballon traîne sur le terrain. Je me tripote les mains, cela fait tellement longtemps que je n’ai pas fait joujou. J’en ai envie, je veux ressentir le ballon rebondir sur le sol et venir épouser ma main, je veux ressentir les vibrassions du ballon qui frappe le sol, je veux à nouveau ressentir cette adrénaline. Je me connecte en Bluetooth aux enceintes du gymnase et lance Till i collapse d’Eminem. Je ramasse le ballon et commence à dribbler. Je ferme les yeux, je ne peux pas m’empêcher de sourire, ça fait du bien. Je dribble devant moi, derrière moi, fait passer le ballon entre mes jambes. Je trottine jusqu’à la zone de lancer franc, m’arrête et lance, le ballon heurte la planche et passe dans l’anneau. Je me retrouve propulsée trois ans en arrière, je suis sur le terrain en sueur, la foule est en folie, tous les joueurs sont en mouvement, notre coach hurle de prendre le rebond. Je ferme les yeux et savoure ce souvenir, je les ouvre à nouveau, je suis seule. Je m’effondre. Des sanglots incontrôlables secoue violemment mon corps.
Chapitre VIII
Inconnu :
En seulement une heure j’ai appris que cette gamine est naïve, frustrée sexuellement, intelligente et sournoise. Quand j’ai vu qu’elle ouvrait la bouche je voulais l’entendre me supplier de la baiser, j’étais tellement focalisé sur mes pensées salaces que je n’ai pas vu venir sa petite feinte. Très bien. Maintenant je sais à qui j’ai à faire. La soumettre ne sera pas facile mais j’y arriverai, elle n’a pas encore conscience de son potentiel.
Chapitre IX
Rain : trois jours plus tard.
– Vous avez dépassé votre deadline depuis une semaine ! Comment je suis censée faire mon travail si vous ne faites pas le votre ? M’exclamai-je.
– Je sais bien Rain, mais j’ai été pas mal occupé ces derniers jours. Me répond l’auteur avec qui je travaille
– J’espère que vos « occupations » en valent la peine. Ne comptez pas sur moi pour faire en sorte que votre livre sorte rapidement. Je privilégie les auteurs acharnés dans leur travail.
L’auteur ne me répond rien, il me connaît, je ne supporte pas le travail bâclé, le retard et l’irrespect. Jetez-moi la pièce si ça vous déplaît. J’ai à ma charge six auteurs, ma boss en a douze. On n’a pas que ça à faire de courir après leurs écrits !
Nous ne sommes pas seules dans cette maison d’édition, je travaille avec un deuxième correcteur, il s’occupe de la dernière relecture des manuscrits. Je travaille aussi avec Leila, une fille de mon âge, elle est chargée de communication et de publicité. Il y a aussi le très cher Roger qui s’occupe de l’imprimerie.
J’essaie de me calmer, parler agressivement n’arrangera rien, je le sais, mon impulsivité m’a porté préjudice un bon nombre de fois. L’auteur qui est en face de moi a toujours fait du bon travail, ses travaux ont généralement beaucoup de succès. Ses écrits portent généralement sur une comparaison entre la société avant 2000 et celle d’aujourd’hui. Il aborde un peu tout, l’économie, l’écologie, l’éducation, le social, les relations humaines etc…
– As-tu le syndrome de la page blanche ? As-tu besoin de prendre des vacances, histoire de te requinquer et de retrouver de l’inspiration ? Demandai-je gentiment.
– Merci pour ton inquiétude Clara. Je pense tout simplement que je n’ai plus rien à dire, j’ai fait le tour, je ne veux pas radoter.
– Je comprends. Pourquoi ne pas essayer d’écrire autre chose ? Ton lectorat aime ton écriture, ta franchise et ta sensibilité. Dans chaque écrit, tu donnes une partie de toi. Tu n’écris pas juste pour écrire des mots sur une page.
L’auteur réfléchit. Il regarde le tas de manuscrit qui traîne sur mon bureau. Je l’avoue je suis une personne qui travaille mieux sous pression, je procrastine jusqu’à la fin mais mon travail est toujours rendu en temps et en heure.
– Écoute, pour le moment je veux prendre une pause. J’écris depuis 15 ans, j’ai envie d’essayer autre chose, de découvrir une autre version de moi. Finit-il par dire.
– Je comprends, recontacte-nous si tu veux continuer à écrire.
Nous nous saluons.
« J’ai envie d’essayer autre chose, de découvrir une autre version de moi », ce que l’auteur a dit me fait étrangement écho.
Moi aussi je veux bousculer ma vie, je veux sortir de ma zone de confort et de mon cocon. Je me rassieds, tape un mail à ma boss pour l’informer de la situation et me remets au travail. Tous les autres auteurs m’ont envoyé leur travail en même temps, j’ai donc 5 manuscrits à corriger, relire et mettre en forme. Ensuite je dois programmer leur impression, à ce moment-là je dois discuter avec Leila pour étudier le marché afin d’évaluer le nombre d’exemplaire à imprimer. Et pour finir je suis en charge de la distribution de ces exemplaires, je contacte les libraires ainsi que les grandes distributions avec qui nous travaillons afin de les prévenir des futurs arrivés. C’est énormément de boulot et je manque parfois d’expérience, heureusement que ma boss est top, elle m’écoute, me conseille et me dirige.
Je me sens bien dans ce rôle de « assistante-éditrice » même si je suis plus éditrice qu’assistante. Il faut que je finisse ma licence professionnelle avant de pouvoir être considérée comme une « vraie » éditrice, alors qu’un diplôme ne veut rien dire. Je ne me forme pas derrière un bureau d’école, ça ne m’intéresse pas, moi j’apprends sur le terrain.
Depuis enfant je lis des livres, j’écris, je gribouille des phrases. Je suis une littéraire et certainement pas une scientifique. Je me sens bien dans cet univers, les livres m’apaisent, ils ne parlent pas, ne font pas bruit, ils ne me contrarient pas. J’ai adoré la filière littéraire du lycée, j’ai découvert des auteurs ayant de réelles choses à dire, Voltaire, Zola, Etienne de la Boétie, Shakespeare et j’en passe… J’ai cultivé ma culture générale, j’ai appris l’esprit critique, l’analyse des textes, des mentalités et des idées. C’était une bonne filière, malheureusement l’éducation nationale à coller au cul des futures générations une réforme.
* Bip bip *
La sonnerie du téléphone de mon bureau me sort de mes pensées.
– Allô ?
– Rain, je te passe un auteur qui aimerait travailler avec toi apparemment. M’annonce Leila. Je te transfère l’appel.
Après quelques sonneries d’attentes :
– Bonjour, Rain à l’appareil, que puis-je faire pour vous ?
– Bonjour Rain… Commence par ramener ton cul ce soir histoire de te punir pour l’affront d’il y a deux jours. Si tu ne viens pas à moi c’est moi qui viendrai à toi.
Le téléphone émet un signal, la communication est coupée.
C’était lui. Sa voix était glaciale, tranchante et menaçante. Et puis il a prononcé mon nom avec une intonation dégoûtante. Comment sait-il où je travaille ? Je peux porter plainte pour intimidation sur mon lieu de travail ? Puis, je vais dire quoi aux flics ?« Salut, il y a un type bizarre qui vient de m’appeler sur mon lieu de travail et m’a menacé de me punir parce qu’enfaite on s’est croisé dans une boîte de nuit privée qui se situe dans un tunnel secret, j’ai découvert ce tunnel en soulevant une plaque d’égout parce que ce type m’a percuté devant une ruelle ».
Je rigole seule à mon bureau. Bon… Il ne me reste plus qu’à combattre le feu par le feu !
Et puis… Je comptais y retourner de toute manière.
Chapitre X
Musique : « Blood » – Owl Vision
Rain :
L’ambiance est dingue, il y a encore plus de personnes sur la piste de danse qu’il y a trois jours. L’ambiance est encore plus électrique, plus excitante. Cette fois-ci j’ai pris soin de ne pas venir en jogging, je porte un jean skinny simili cuir, un débardeur noir et des airs force blanche. Je me dirige vers la piste de danse, je m’enfonce dans le tas et commence à danser, je me déhanche timidement, je passe mes mains sur mon corps, dans mes cheveux. Je bouge en rythme avec la musique. Je ressens toutes les vibrations, dans mon cœur, dans mon ventre. Je ferme les yeux et me mets à sauter, à tourner, je me déhanche de manière obscène, la musique prends possession de mon corps. Je me mords la lèvre, c’est tellement bon de se lâcher, de perdre pied. Mes lèvres s’étirent, je souris, je me sens bien. Je lève les yeux un instant pour observer ce qui se passe en haut, quand je l’aperçois accoudé aux rampes entrain de me fixer. Depuis quand m’observe-t-il ?
Il est terriblement sexy avec ses cheveux ébouriffés, ses yeux perçants et ses lunettes qui lui donnent un air intellectuel. Il porte un ensemble de costume sans le blazer. Allez on arrête de fantasmer, à la base je suis venu le confronter. Je prends mon air le plus insolant et le pointe du doigt, je me mets en marche vers l’escalier, le vois marcher vers moi d’un pas rapide. Arrivée au sommet de l’escalier je me tourne vers lui :
– Alors..
Il n’arrête pas sa course, il plaque violemment une main sur ma gorge et m’entraîne en arrière, je manque de trébucher plusieurs fois, il n’y va pas de main morte c’est le cas de le dire. J’essaie de me dégager, je manque d’air et je commence à avoir peur. Très vite on se retrouve dans le même couloir que la dernière fois, je ne sais pas où il va mais je ne veux pas y aller. D’un mouvement brusque je lui envoie un coup de pied à l’arrière du genou, il manque de trébucher et perds son équilibre, sa main libère ma gorge, je ne perds pas une seconde pour prendre une grande inspiration, à tout moment il reprends l’avantage. Il se redresse, me regarde et se met à ricaner, son air suffisant me met hors de moi, il est en train de m’agresser et ça l’amuse ; je lui saute dessus. Je projette tout mon poids sur lui, il flanche et m’entraine avec lui.
Nous nous retrouvons à terre, tous les deux sur le cotés, je ne prends pas une seconde pour me ruer au dessus de lui, je lui assène un violent coup de poings au visage et dans l’estomac. Il serre les dents et rugit, il écrase mes épaules de ses mains et me renverse, je commence à fatiguer, le sens, mon corps devient plus lent, plus lourds. Je n’ai pas le temps de réagir que je vois sa main prendre de l’élan pour venir s’écraser sur ma joue.
Je ne sais pas ce qui vient de se passer, je me sens étourdie, je n’arrive plus à bouger, tout mon corps tremble. Il me regarde, fier de lui, il se penche et me susurre à l’oreille :
– C’est la première fois que je me bat contre une fille, je dois dire que c’était très excitant.
Il passe sa langue sur mon lobe d’oreille, je tressaille à son contact. Il déplace sa langue sur mon cou, je ferme les yeux et gémis. Je sens son sourire contre ma peau, je me déteste pour ce que je viens de faire. Il baisse les bretelles de mon débardeur en découvrant une partie de ma poitrine, s’arrêtant au dessus de mes tétons, il passe sa langue sur ses lèvres, je peux sentir son érection à travers son pantalon. Il caresse ma poitrine.
– Rain… Murmure-t-il. Il faut que tu sois sage avec moi.
Un sursaut me ramène à la réalité. Qu’est-ce qu’il croit faire de moi ? Je me dégage précipitamment, roule sur le coté et me redresse, il est surpris et reprends son allure méfiante.
-N’appelez plus jamais à mon travail et ne porter plus jamais la main sur moi.
Il ricane une nouvelle fois, ses yeux sont moqueurs. Je reprends :
– Sinon je vous assure que je vous immole.
Il ris à gorge déployée, quel enflure. Quelques secondes plus tard il reprends son air impassible et fait un pas vers moi, je ne recule pas bien évidemment, je pourrai mourir pour ma fierté.
– Et que va t-il se passer maintenant d’après toi ? Me demande-t-il.
– Rien. Vous me foutez la paix espèce de psychopathe.
Je tourne les talons mais je reste sur mes gardes, à tout moment il m’attrape les cheveux.Je me précipite vers les balcons, j’imagine que si je me fais agresser quelqu’un viendra m’aider non ? Je regarde derrière moi, il est la.
– Tu sais que l’on se reverra hein ? Très prochainement même. Raille-t-il.
– Si vous voulez garder vos couilles intact vaut mieux pas. Crachai-je.
Je descends les escaliers et me dirige vers le bar, le barman de la dernière fois est la. Je m’installe sur un tabouret, il viens vers moi.
– Hey ! Ah bah voila, t’es dans le thème la ! Je te sers quoi ? Pitié me demande pas de l’eau.
Je ris. Il est marrant.
– Un Monaco c’est mieux ?
Il lève les yeux au ciel et me sers mon verre. J’en profite pour observer tout ce qui se passe autour de moi. J’aime cet endroit, je ne sais pas encore pourquoi mais je pourrai vite devenir accro. Je me tourne vers le barman :
– Depuis quand cet endroit est la ?
– Depuis 30 ans peu près.
– Qui est le propriétaire de ce lieu ?
– Personne ne sait, on passe par une sorte de secrétaire à chaque fois, des gens disent que c’est un homme d’affaire ultra connu, il veut pas compromettre son image.
J’hoche la tête et continue :
– Les balcons en haut, ce sont des carrés VIP ?
– Ouais, faut être un habitué de longue date pour en acheter un. En suite les propriétaires des carrés invitent leurs amis etc..
– Quelles sont les horaires d’ouvertures ?
– Tous les jours, 24/24.
– Wow.. y a du monde H24 ici ?
– Bien sûr. Fait attention, tu vas vite finir accro. Nous les humains nous avons besoin de sensations fortes, la banalité et la routine nous ennuie vite.
Il a raison, et je le ressens déjà. Il cogne sa main sur le bar et s’écrit :
– Eh mais au faite ? Tu t’appelles comment ?
– Rain, enchantée.
– Charles.
Nous nous serrons la main, je paie mon verre et le salut. Je descends de mon tabouret et me dirige vers la sortie, avant de passer la porte je regarde une dernière fois aux balcons, en effet, il me fixe toujours, je prends mon air le plus dédaigneux et lui fait un doigts. Mon geste l’énerve, il serre les dents quand à moi je souris et passe la porte.
Chapitre XI
Rain :
Mon réveil sonne, 7h25, en rentrant du club je me suis tout de suite mise au lit. Je saute sous la douche et laisse couler l’eau sur mon corps. Je n’arrête pas de penser à ce que j’ai vécu. Cet homme m’a frappé et en suite à commencé à m’embrasser sur toutes mes zones érogènes. Je ne sais même pas comment il s’appelle, ni ce qu’il fait dans la vie et ça m’agace parce que lui sait ces renseignements sur moi. Ce type me rend folle, il me fait ressentir des émotions tellement forte, colère, excitation, curiosité… J’aurai dû demander Charles s’il le connaissait, j’ai besoin d’infos surtout s’il met sa menace à exécution « Tu sais que l’on se reverra hein ? Très prochainement même ».
***
Je m’installe à mon bureau, sac et Starbuck en main. Ma boss débarque quelques minutes plus tard :
– Salut, quoi de neuf ? Lançai-je.
– Eh bah.. j’en connais une qui a fait la fête hier soir. Me dit-elle avec un clin d’oeil.
Si elle savait…
– Non pas vraiment. Tu voulais quelque chose ?
– Oui, un auteur m’a contacté hier, il aimerait un rendez-vous au plus vite, il a pas mal d’écrit de fini. Mais je ne suis pas là aujourd’hui, je vais à la réunion de préparation du festival du livre. Tu peux le recevoir ?
– Pas de soucis. À quelle heure ?
– Dans 1h30. Merci beaucoup, j’ai eu le temps de jeter un œil à son travail, il est vraiment sérieux et ses écrits sont intéressants. Tu t’entendras bien avec lui.
– Tant qu’il ne s’appelle pas Roger moi ça me va.
Elle se met à pouffer.
– Non, il s’appelle Camsten.
Elle me laisse vaquer à mes occupations.
Un nouvel auteur c’est toujours du travail en plus mais c’est un coup de pouce pour la maison d’édition. En attendant le potentiel client je passe deux, trois coups de file concernant les différentes sorties livresques du mois dernier. Je n’ai pratiquement que de bonnes nouvelles, les livres se vendent bien, les lecteurs sont ravis donc je le suis aussi.
J’entends des pas dans le couloir et la voix de Leila :
– Son bureau est là, vous allez voir, elle est super sympa !
Toc toc toc
La porte s’ouvre, Leila apparaît :
– Ton rendez-vous est là, je l’ai croisée à l’entrée.
Elle sort et laisse la porte ouverte, je me lève de ma chaise pour..
– Bonjour Rain…
BORDEL DE MERDE !
Il ferme la porte derrière lui, je saute de ma chaise et me retrouve devant lui en une seconde :
– Dégagez ! Crachai-je.
– Allons.. C’est comme ça que tu accueilles un potentiel client ? Ironise-t-il.
Il ricane et se dirige de manière désinvolte vers une chaise. Je vais le tuer, je vais lui fracasser le crâne avec mon imprimante. Il faut que je me calme, le meurtre est puni par la loi il me semble. Je m’installe dans mon fauteuil et croise les bras.
– On prend plus de nouveaux clients, au revoir.
Il se met à rire. Bouffon va.
– Ta cheffe avait plutôt l’air intéressée au téléphone.
– Peut-être, mais moi je ne le suis pas. Reprenez rendez-vous avec elle.
Il ne répond rien. Il se contente de me fixer, comme d’habitude.
– Comment savez-vous que je travaille ici ?
– Je t’ai croisé devant l’imprimerie « Roger’print » je n’ai pas eu à le supplier pour qu’il lâche des infos sur toi, je crois qu’il ne t’aime pas beaucoup.
Je vais commencer une liste de personne à tuer. Roger se trouve officiellement en deuxième position.
– Rien à foutre, j’aime personne non plus. Fichez le camp de mon bureau.
Ses lèvres s’étirent en un sourire narquois, il penche la tête sur le côté et baisse ses yeux au niveau de ma poitrine.
– J’ai une meilleure idée, tu peux sagement ouvrir ce chemisier, venir te placer entre mes cuisses et me sucer en me remerciant de t’offrir ma queue.
Je cogne violemment mes mains contre mon bureau :
– C’est du harcèlement sexuel ce que vous êtes en train de faire ! J’ai de multiples raisons de porter plainte contre vous !
– Tu as des preuves ? Ce sera ta parole contre la mienne. Affaire classée sans suite.
J’enrage.
– Tu es la personne la plus impulsive que je connaisse.
– Me racontez pas votre vie, je ne suis pas votre psy. Dehors.
A ces mots il s’installe encore plus confortablement dans le fauteuil et soupire. Après d’interminables secondes de silence il pose sur le bureau un trieur, je suppose que ce sont ses fameux manuscrits finis.
– Voici mes manuscrits, j’en suis satisfait donc j’aimerais les faire publier, j’ai eu un désaccord avec mon ancien éditeur, j’en cherchais justement un ou une nouvelle, et paf, tu es apparue.
– Je transmettrai ces torchons à ma cheffe, elle vous recontactera. Sur ce, je ne vous souhaite pas de passer une bonne journée.
Je prends son trieur et le balance dans une caisse à côté de mon bureau. L’enrager, c’est ce que je veux. D’après ma psy je suis une personne conflictuelle, je n’arrive pas à m’exprimer dans le calme alors je sème le chaos avant pour me sentir mieux, plus en confiance. Je devrais essayer d’entamer une discussion calme et respectueuse, peut-être que ça se passerait mieux entre nous. J’inspire et prends une voix calme et douce :
– Que voulez-vous ?
– Que tu viennes te mettre entre mes cuisses et que tu me suces avec reconnaissance.
JE LE DÉTESTE ! Je me lève de mon siège en furie, me dirige vers la porte et l’ouvre. Je ne le regarde même pas, je ne peux même pas me le voir en peinture. Il hésite un instant puis fini par se lever, marche lentement, sûrement pour se persuader qu’il contrôle la situation. Il me passe devant en me frôlant.
– À bientôt Rain. Susurre t-il.
– Au revoir Camsten. Raillai-je.
Je referme la porte avec fracas.
Chapitre XII
Rain :
– Alors cet entretien avec Camsten ? Me demande ma cheffe.
Connard, trou du cul, pervers, misogyne, potentiel violeur.
– Le feeling ne passe pas entre nous. Je te donne les textes qui m’a laissé et décide de ce que tu veux faire avec lui.
– Comment ça le feeling ne passe pas ? Il m’avait l’air très gentil au téléphone !
– Trop arrogant.
Ma cheffe a l’air contrariée, je ramasse le trieur et lui donne.
– Je dois y aller…
– Rendez-vous au psy?
Je soupire. Je n’aime pas y aller mais j’y suis obligée , un retour en clinique est impensable, surtout que je reprends ma vie en main.
***
– Alors Rain, comment allez-vous depuis notre dernier rendez-vous ?
– Bien.
Elle soupire. Elle devrait le savoir que je ne répondrai jamais à ses questions avec enthousiasme.
– Rain… Ne pouvez-vous pas faire en sorte que nos entretiens soient agréables ?
– Non.
Elle remet le nez dans son calepin :
– Des idées ou envies suicidaires en ce moment ?
– Non.
Et c’est vrai. Depuis ma sortie de clinique je n’ai plus eu envie de mettre fin à mes jours.
– Des envies de violence ?
– Envers moi ? Non.
Elle lève les yeux et me regarde prudemment.
– Et envers autrui ?
Je ne réponds rien.
– Répondez à ma question ou je serai dans l’obligation de vous rappeler les faits passés.
Je détourne le regard, selon eux, personnels de santé, rabâcher sans cesse aux patients leurs erreurs est efficace ? Si je suis ici c’est justement pour passer à autre chose, guérir, je ne pense pas que m’accabler est la solution.
– Bien. Vous avez été envoyée en clinique après votre tentative de suicide et pour votre comportement auto-destructeur. À votre arrivée vous avez refusé tout traitement, vous avez saccagé votre chambre et pour finir, vous avez agressé un patient. Vous lui avez violemment éclaté le crâne contre une vitre et vous l’avez roué de coups jusqu’à ce que les infirmiers vous enferment dans votre chambre. Et qu’est-ce qui a motivé vos actions ?
Je ferme les yeux, je me retrouve à nouveau dans ce couloir, enragée, les mains pleines de sang. Je n’étais plus moi-même, je devenais folle et insensée. Mon mal-être était nocif pour moi et mon entourage. J’ouvre les yeux et finis par répondre :
– La colère.
– Depuis que vous êtes enfant Rain vous montrez des signes d’impulsivités. En grandissant vous avez commencé à démontrer des signes d’incapacité à gérer votre colère. Je suis ici pour vous aider. Pour vous permettre un certain contrôle sur votre colère. Alors je réitère ma question : Avez-vous eu des envies ou idées de violence envers autrui ? Avez-vous été violente ces derniers jours ?
J’inspire, j’expire. Je me revois sauter sur Camsten, lui assener deux coups de poings et me prendre une gifle intergalactique ensuite.
– Non.
Elle lève un sourcil et inscrit quelque chose dans son carnet.
– Avez-vous changé votre routine métro, boulot, dodo ?
Je peux entendre la musique assourdissante du club dans ma tête. Je ressens à nouveau les vibrations des enceintes, l’odeur du sex flotte à nouveau dans l’air.
– Non. La routine habituelle.
– Prenez-vous votre traitement tous les jours ?
Elle parle des boites avec des pilules vertes qui trainent au fond de mon tiroir poussiéreux ?
– Oui, un matin, un soir.
Elle referme son carnet, retire ses lunettes et me regarde.
– Je sais que vous mentez Rain, mais je n’ai aucune preuve donc je ne peux rien faire. J’espère qu’un jour vous comprendrez que je suis la pour vous aider.
– Je peux y aller ?
Je commence à manquer d’air, j’ai besoin de quitter cet endroit.
– A dans 10 jours Rain.
Je prends mon sac et quitte la pièce.
Chapitre XIII
Musique : Club devil – Lichwood
Rain :
Je me sens assez en confiance dans cet endroit pour me lâcher. Après ma séance chez la psy je ne tenais pas en place, je me sens trop agitée, trop instable. J’ai besoin d’évacuer toutes ces émotions. Je monte les escaliers quatre à quatre et me dirige vers la pièce où la femme se faisait baiser par deux gars. La porte est ouverte, je me faufile à l’intérieur, il n’y a personne sur le lit, la plupart sont sur les fauteuils en train de discuter.
J’entre, ils se retournent pratiquement tous pour me regarder. Autant d’attention me retourne l’estomac, je commence à manquer d’assurance, j’ai la gorge sèche, je peine à articuler :
– Bonsoir.
Personne ne me répond. La politesse c’est pas leur truc visiblement.
– T’es pas un peu jeune pour ce genre d’endroit ?
Je regarde sur ma gauche, un homme grand, blond, habillé en jean et polo blanc me dévisage. Je me tourne vers lui, lève mes deux mains et lui fais deux doigts. Les autres se mettent à rire, certains sifflent. Un homme se lève, cheveux noirs, pantalon de costume et torse nu, il s’approche de moi, un air salace traverse son regard. Lui c’est carrément mon style. Sa peau est claire, des muscles visibles sur tout le corps, juste ce qu’il faut. Il n’est pas poilu non plus.
– Mais non enfin, vient t’amuser avec nous.
Sa voix est rauque. Il passe sa langue sur ses lèvres et regarde tout autour de nous.
– Sais-tu à quoi sert cette pièce ?
J’hoche la tête. Je me sens toute petite face à lui, sa démarche est lente, féline, il essaie de me mettre mal à l’aise. Il se colle à moi, son torse touche ma poitrine, sa respiration est lente, il a confiance en lui. Ses mains viennent caresser mes cuisses, je tressaille.
– Tu veux jouer avec moi ? Me susurre-t-il proche de mes lèvres.
Ses mains continues, de mes genoux jusqu’à mes hanches, mon souffle se fait plus rapide, je pose mes mains sur ses épaules et commence à caresser ses bras.
– Oui.
Il écrase sa bouche sur la mienne, ses mains agrippent fermement mes fesses mais son baiser est long et langoureux, sa langue vient caresser la mienne, mes lèvres. Il prend le temps de me découvrir. J’enfonce mes doigts dans ses bras. C’est tellement bon… J’en veux plus, j’ai besoin de plus. Je presse mon corps au sien, je sens son érection contre mon ventre, je passe mes mains dans son dos et en profite pour le griffer, il recule sa bouche et gémit. Il m’attire vers le lit et me pousse dessus, il grimpe sur moi, pose ses mains autour de ma tête, il vient nicher son corps entre mes cuisses. Les personnes autour de nous prennent place, certains gémissent même.
– Ouais Erik… Baise-la… Minaude une femme plus loin.
Erik est donc son prénom, j’aime beaucoup, il le porte bien. Je tourne sa tête sur le côté et embrasse le lobe de son oreille, je passe ma langue et le suce. Il serre les dents, tout son corps se tend. Je sais que chez beaucoup d’hommes l’oreille est un endroit érogène. Je passe ma langue dans son cou et appuie ses fesses contre moi. Il relève sa tête, me regarde dans les yeux puis ma poitrine, il hésite un moment et regarde à nouveau mes yeux. C’est une demande, il me demande mon consentement, quel homme, sexy, dominant et respectueux. Je passe ma langue sur les lèvres. Un sourire espiègle illumine son visage. Il enlève mon débardeur, et se jette sur ma poitrine nue, il aspire mes tétons, les lèches, j’arque mon dos et gémis, il malaxe mes seins avec ses mains. Il se relève, se met sur ses genoux, encercle ma gorge avec une main :
– Maintenant je vais te baiser.
Il enlève mes chaussures, se débarrasse de mon pantalon. Il penche sa tête vers ma culotte et de ses dents vient me la retirer. Je me retrouve nue devant cet homme que je ne connais pas et devant d’autres personnes que je ne connais pas non plus, mais je m’en fiche, je me sens bien, légère, désirée. Il baisse à son tour son pantalon. Il n’a pas de poils pubiens non plus. Sa queue doit mesurer autour des 16 cm avec une largeur séduisante.
– Erik.. Gémis la même femme.
Il se caresse quelques secondes, histoire de se soulager, il promène son regard partout sur mon corps nu et ça me plait. Il finit par descendre du lit, il me prend les cuisses et me tire vers le bord du lit, il s’agenouille et sans attendre il commence à dévorer ma chatte, il me lèche de bas en haut, de haut en bas, lentement et langoureusement, je me tortille sous ses caresses. Il ne me lâche pas du regard, il observe ma respiration, mon visage crispé par le plaisir, mon corps bougeant dans tous les sens. De ses doigts il vient écarter mes deux lèvres et exerce de légères succions sur mon clitoris, je ne retiens aucun gémissement, c’est un délicieux supplice, j’essaie de fermer les cuisses mais il m’en empêche.
– Erik… Chuchotai-je.
Il gémit et ferme les yeux un instant, comme pour savourer son nom dans ma bouche. Il recommence, il me lèche sur toute ma fente, lentement, je sens chaque millimètre de sa langue. Je le sens, je vais jouir, mon corps se tend, mes orteils et mes mains se crispent, un tremblement s’empare de mon corps.
– Oui… Putain…
Il se relève, sort un préservatif de sa poche, l’enfile sur sa queue et revient se placer entre mes cuisses. Il se mord la lèvre inférieure.
– Un dernier truc, je ne suis jamais doux quand je baise.
A peine il finit sa phrase qu’il s’enfonce d’un seul coup en moi, je gémis bruyamment, je sens une légère brûlure mais c’est délicieux. Ses coups de reins sont brutaux, sans répit. Mon corps est secoué, je caresse son torse de mes mains, je lui caresse le V et les adducteurs, des endroits sensibles chez certains hommes. D’une main il vient m’agripper la taille, d’une autre main il vient exercer une pression au niveau de ma gorge. Il se sert de ses deux points d’encrage pour ramener mon corps à la rencontre de sa queue.
Mes mains viennent se cramponner aux draps au-dessus de ma tête. Mes seins bougent dans tous les sens à cause des assauts d’Erik. Je tourne la tête en direction des fauteuils, certains hommes se branlent, femmes et hommes se caressent entre eux, s’embrassent et d’autres regardent avec attention mais leur corps est tendu.
– Regarde-moi. M’ordonne Erik de sa voix rauque.
Je le regarde droit dans les yeux, il n’y a que lui pendant un instant, son corps suant. Je le sens, son corps se crispe, il gémit bruyamment et jouit.
– Oh ouais putain..
Il donne encore deux, trois coups de reins pour finir et s’écroule à côté de moi. Il s’appuie sur son coude et me regarde. Je reste sur le dos et ferme les yeux, je savoure le plaisir qui berce mon corps, j’ai l’impression de flotter. Je me sens tellement bien.
– Comment tu t’appelles ? Me demande Erik.
Je rouvre les yeux et me tourne vers lui.
– Enchantée Erik, je m’appelle Rain.
Il sourit.
– Il y a une salle de bain pour te nettoyer si tu veux.
Il m’indique une porte au fond de la chambre. Je ramasse mes affaires et me dirige vers celle-ci. Je suis toujours nue mais bizarrement je m’en fous, je passe plus inaperçu nue qu’habiller. J’entre, la salle de bain est agréable, tout en violet marbré, il y a des placards, je sors une serviette propre et me dirige vers le lavabo, je me lave partiellement tout le corps, j’ai l’impression de laver tous mes pêchés avec. Je me rhabille et sors. Erik est toujours la, seul et assis sur le lit, tout le monde est partis.
– Qu’est-ce que tu cherches ici Rain ?
Sa question me prend de court, en effet, qu’est-ce que je cherche ici ? Pourquoi je reviens ici, dans cet endroit glauque ? Pourquoi je me sens bien ici ? Au bout de quelques secondes je finis par répondre :
– Je pense qu’on est tous la pour la même raison.
– Laquelle ?
– On s’est tous perdus.
Il lève un sourcil et sourit timidement. Il se lève et se dirige vers la porte, il se retourne et me regarde :
– Tu penses retrouver ton chemin un jour ?
Sa voix était un mélange de mélancolie et d’espoir. Je soupire :
– Et toi ?
Il rit tout bas.
– Ravie de t’avoir rencontré Rain, au plaisir.
Je le salue de la main, il s’en va, me laissant seule dans cette chambre qui pue le sexe ; me laissant seule face à moi-même.
Chapitre XIV
Musique : Weekend – Jordan Burns
Rain :
Après quelques minutes de réflexion je décide de ne pas quitter la boite tout de suite, tout d’abord je vais aller boire et en suite je finirai la visite des lieux. Je sais qu’il y a encore à découvrir, il y a deux autres escaliers que je n’ai pas encore empruntés. Il me semble que toutes les pièces de ce couloir sont des pièces dédiées au voyeurisme et à l’exhibitionnisme. Je me demande quelles sortes de pratiques sont pratiquées ici. La première fois que je suis arrivée on m’a demandé ma carte vitale au cas où je serai blessée, il doit y avoir des espaces dangereux ici.
J’arrive au niveau du bar et retrouve Charles.
– Tu bosses tous les jours ?
Il me sourit.
– Ouais pratiquement, parfois je pose un jour de repos par-ci par-la. J’aime travailler ici. Qu’est-ce que je te sers ?
Il me regarde et fronce les sourcils.
– Ok, sers-moi une vodka pomme.
Il lève les deux bras en signe de victoire et s’active.
– Dit, je te vois toujours entré par la même porte.
Ne me dites pas qu’il existe une deuxième entrée. Ne me dites pas qu’il existe une entrée moins glauque que cette fausse plaque d’égout. Charles se met à rire devant ma mine dépitée.
– Et oui ma belle, il existe une deuxième entrée. Imagine si toutes ces personnes rentreraient par la petite ruelle, pas très discret.
Je souffle. Effectivement ça me paraît logique dit comme ça. Il me tend ma boisson. Il m’explique qu’il faut que je me mette dos au mur qui sert de pose bouteille pour le bar, en suite je continue tout droit, je vais apercevoir la porte des toilettes sur ma droite mais en me tournant vers la gauche j’apercevrai un petit renfoncement, il y a aura une porte. Une fois cette sortie empruntée je vais devoir marcher pendant quelques minutes, le chemin ressemble au tunnel que j’emprunte. Puis il y aura pas mal d’escaliers à monter et je me retrouverai dans l’ancienne banque de notre ville.
– Je me suis toujours demandé pourquoi cette ancienne banque n’a jamais été détruite. Je comprends mieux, elle sert de portail.
– Exactement. Qu’es-tu venu faire cette fois-ci ici ? Tu viens toujours en coup de vent. Tu sais, les gens parlent ici, ils t’ont bien remarqué. Certains pensent même que t’es une flic.
Je ris et je sirote mon verre.
– Ce soir je suis venue me faire baiser et non je ne suis pas flic. J’ai la même endurance qu’un paresseux.
Il hausse un sourcil.
– Qui t’a baisé ?
– Erik.
Il a l’air rassuré.
– Pourquoi ce soulagement ?
Il me regarde droit dans les yeux et prend un air sérieux, pas du tout son genre.
– Fait attention avec qui tu traine ici. Erik est ultra cool, pas vraiment dangereux, il aime juste la baise hard. Mais beaucoup d’hommes et de femmes sont… mal intentionnés ici. Je ne t’ai jamais vu empruntée les deux autres escaliers derrière moi et c’est une bonne chose. Le couloir du voyeurisme et de l’exhib c’est cool, tranquille, les gens aiment simplement le plaisir du sexe. Mais les deux autres escaliers mènent à des pratiques plus sombres on va dire. Tu m’as l’air d’être une chouette fille.
C’est bien ce que je pensais, malheureusement pour moi ma curiosité malsaine me pousse déjà à aller visiter ces endroits. Charles a arrêté de parler, il nettoie des verres.
– Connais-tu Camsten ?
Il lève brusquement la tête. Ah… visiblement oui.
– Qui est-il ? Demandai-je. J’ai l’impression que ce type est louche.
– Rain, ce type est un psychopathe. Il traque, il chasse ses proies.
– Ouais c’est ce que j’ai cru comprendre. Il s’est pointé à mon travail et avant ça on s’est un peu battu dans le couloir là-haut.
Il écarquille les yeux.
– A ton travail ?
– Ouais je suis éditrice et lui c’est un écrivain.
Il se décompose, c’est marrant.
– Je ne savais pas qu’il était écrivain ! De ce que je pensais avoir compris c’est qu’il était un riche héritier, son grand-père et son père sont décédés. Et d’ailleurs son père traînait aussi ici.
Intéressant. Je continue.
– Qu’est-ce que tu sais d’autres sur lui ?
– Il traîne dans les pièces dédiées au BDSM et à la violence.
J’hausse un sourcil.
– En soit le BDSM ne me fait pas peur, j’ai lu pleins de livre dessus mais comment ça « violence » ?
– Si tu prends l’escalier qui se trouve derrière moi sur ma droite, juste avant les toilettes, tu découvriras des pièces dédiées à la violence, c’est-à-dire, que si tu te mets sur le tapis blanc qui se trouve au milieu de la pièce tu es consentante à ce que les hommes et femmes fassent ce qu’ils veulent de ton corps, viol, mutilation, marques permanentes, enfermement… La liste est longue.
Je ne sais pas ce que je ressens, du dégoût ? De l’effroi ? De la peur ? De la curiosité morbide ? Charles me regarde, il attend certainement une réponse, un commentaire. J’explique à Charles comment j’ai rencontré Camsten.
– Dés que je l’ai rencontré j’ai senti quelque chose en lui. Quelque chose d’énigmatique.
Mon téléphone se met à vibrer dans ma poche. C’est ma mère, je ne vais pas lui répondre maintenant, je lui envoie donc un message.
Moi : Je ne peux pas répondre. Je t’appelle plus tard.
Elle : Tu dis toujours ça mais tu ne le fais jamais.
Je me promets de l’appeler plus tard. Il faut que j’arrête de la fuir, elle est la seule personne que j’ai, qui s’occupe de moi. Charles sert d’autres clients et revient vers moi.
– Il y a une femme qui l’accompagne souvent mais je ne sais pas qui c’est ni ce qu’elle représente pour lui.
– Un bon vide-couilles sûrement. Dis-je avec un clin d’oeil.
Il pouffe.
– Du coup tu vas bosser avec lui ?
– Non. J’ai passé ses manuscrits à ma supérieure.
Il hoche la tête.
– Au faite, est-ce qu’Erik a une copine ou une femme ? Tout à l’heure, pendant qu’il me baisait il y avait cette femme pas loin qui n’arrêtait pas de gémir et de lui parler.
Il rit et se passe les mains sur le visage.
– Prépare-toi bien.
Il tape des mains sur le bar pour faire un effet roulement de tambour.
– C’est sa petite sœur.
Je manque de m’étouffer avec mon verre.
– Tu déconnes mec ?
– Non, elle est folle de lui, depuis petite.
– Et lui ?
– Carrément pas. Il ne l’a jamais touché et il ne le fera jamais. Mais il la trimballe de partout où il va.
Je soupire. Quel genre de relation ont-ils ?
Mon téléphone bip de nouveau.
Maman : J’ai eu ta psy au téléphone aujourd’hui, elle a de moins en moins confiance en toi. Je te rappel que ces gens savent quand leur patient ment. Et tu mens très mal !
– Je vais dehors 30 secondes, j’ai un appel à passer.
Charles me fait un signe de tête. Je demande au vigile de m’ouvrir la porte. Je me retrouve seule dans le tunnel.
– Allô ? Rain ! Je ne m’attendais vraiment pas à ton appel.
– Maman, je n’ai jamais voulu voir de psy, je subis ces séances, alors n’attendez pas de moi une quelconque sincérité.
Elle souffle.
– Tu es pénible Rain. C’est pour ton bien ce suivi !
– On ne va pas reparler de ça. Laisse-moi tranquille.
Après quelques secondes de silence elle finit par s’exclamer :
– C’est de la musique que j’entends derrière toi ?
Merde. Elle va encore plus poser de question.
– Oui maman. Je suis… en soirée.
– Oh mais c’est super ! Tu t’es fait des amis ? Ou se passe la fête ? Ne bois pas trop hein, c’est mauvais avec tes cachets.
– Je te rappelle plus tard, je t’expliquerai tout.
– D’accord, d’accord, va t’amuser tu as raison ! Je suis fière de toi ma caille.
« Ma caille ». Le surnom qu’elle me donne depuis que je suis née. De l’entendre à nouveau me rend triste et nostalgique, cela fait tellement longtemps qu’elle ne m’a pas appelé comme ça. Je l’embrasse et raccroche.
Il fait frais dans ce tunnel, ça me fait du bien. Je décide de m’asseoir par terre, contre le mur, un instant.
Chapitre XV
Musique : Take me to hell – SWARM
Rain :
Je ne sais pas combien de temps je suis restée assise par terre mais je commence à avoir mal aux fesses. Je décide donc de me lever puis j’hésite sur quelle direction choisir : rentré chez moi ou retourner à l’intérieur. Je regarde mon téléphone, il est 22h48, il me semble être arrivée sur les coups de 20h. J’ai encore trop de choses à découvrir, ma curiosité me pousse à retourner dans la boîte.
Je me dirige vers le bar, j’ai besoin d’eau. Charles n’y est plus, une serveuse me passe une bouteille, je m’apprête à l’ouvrir quand je suis bousculée par quelqu’un. Je me retourne :
– Oh pardon ! S’excuse une femme.
Elle est brune, elle porte robe courte assez transparente et des hauts talons, elle a l’air plus vieille que moi, je dirai dans la trentaine.
– Je suis vraiment désolée, il y a beaucoup de monde et pas assez de visibilité. Bredouille-t-elle.
– C’est rien. Je crois même que le but de cet endroit est de se coller entre nous.
Elle rit et finit par regarder autour d’elle l’air gêné.
– Je suis désolée de te demander ça mais tu viens souvent ici ? C’est la première fois que je viens et j’ai perdu mon amie, je ne me sens pas très à l’aise toute seule.
– Tu sais où elle est partie ? Je peux t’accompagner si tu veux.
Son regard s’illumine, elle a l’air satisfaite.
– C’est dingue vous les jeunes femmes d’aujourd’hui vous n’avez peur de rien. Mon amie a emprunté cet escalier.
Elle m’indique l’escalier droit derrière le bar. Je soupire et ouvre la marche, je me faufile entre les gens. Au plus je me rapproche de cet escalier, au plus mon coeur bat de plus en plus vite.
Nous arrivons dans le couloir, il est sombre, je n’entends rien, aucun bruit sordide, aucun gémissement ou hurlement de douleur, la musique étouffe le moindre bruit pour autant je sens une odeur, et je ne sens pas l’odeur du sexe, c’est autre chose, je peux sentir mes poils se hérissaient, j’ai un mauvais pressentiment. La femme me double et avance lentement vers une porte entrouverte, elle se faufile à l’intérieur quand soudain je me rappelle qu’il ne faut surtout pas se mettre sur le tapis blanc, je me précipite à l’intérieur pour mettre en garde la femme. Il n’y a personne, la pièce est vide. Hein ? J’avance encore de deux, trois pas quand brusquement la porte se referme, je me retourne et bondi dessus, j’essaie de l’ouvrir mais elle est verrouillée. Je me mets à paniquer, je sens une bouffée de chaleur me saisir, je manque d’air et la pièce tourne autour de moi. Je frappe la porte et hurle. Un bruit derrière moi attire mon attention, je me retourne et vois une silhouette se détacher du fond de la pièce. Elle s’avance lentement vers moi, j’ai peur, je le sens, tout mon corps est en alerte, une petite voix intérieur me hurle de quitter les lieux mais je suis tétanisée. J’entends un rire sadique et la silhouette se transforme en Camsten. Un sourire triomphant trône sur son horrible visage de psychopathe.
– Bonsoir Rain. Chantonne-t-il.
Je ne réponds rien, je ne comprends pas ce qui se passe. Qu’est-ce qu’il me veut encore ?
– Je vois que tu as fait la connaissance de ma charmante épouse.
Mon coeur loupe un battement. Devant mon visage choqué il se moque.
– Et oui, ma femme est douée pour mentir et tromper les gens. Surtout les jeunes filles naïves dans ton genre.
Un frisson me secoue le corps. Je suis déçue de moi-même, Charles m’a pourtant prévenue qu’hommes et femmes ici pouvaient être mal intentionnés.
– Vous allez dire à votre salope de femme d’ouvrir la porte immédiatement.
Il se met à rire, ou se moquer, je ne sais pas trop.
– Non. Voilà ce qui va se passer Rain : tu as couché avec Erik ce soir, je prends ça pour une trahison alors tu vas te faire gentiment pardonner, tu vas venir te mettre à mes pieds, me sucer avidement la queue et je baiserai ta bouche. En suite, je me servirai de la bave laissée pour te pilonner le cul autant de fois que j’en aurai envie et bien sûr, je ferai déborder ton cul de mon foutre et tu me remercieras pour ça.
Ses mots me font l’effet d’une bombe dans mon cerveau, je ne réfléchis plus, tout ce que je vois dans ma tête c’est lui, par terre, ensanglanté. Je m’élance sur lui en serrant les poings mais je suis brusquement étranglé par quelque chose. Il tire un coup sec sur ce qui ressemble à une laisse et je tombe à terre, je n’arrive plus à respirer, je suffoque, j’essaie d’enlever le collier mais rien ne bouge, des larmes de détresse me montent aux yeux. Le temps me paraît s’être arrêté. Il s’agenouille face à moi.
– Tu es tellement prévisible. Soupire-t-il.
Je griffe mon cou, je me tortille dans tous les sens mais je sens mon corps s’affaiblir. Je le supplie du regard, une seconde plus tard je peux à nouveau respirer. Des larmes de soulagement coulent, je m’écroule au sol totalement épuisée, mes yeux se ferment sans que je puisse lutter.
Chapitre XVI
Camsten :
C’est précisément ce que j’attends d’elle, de la vulnérabilité dans son regard et son corps à mes pieds. Bon, à genoux ce serait mieux mais je vais me contenter de ça pour le moment. La méthode douce ne suffit pas, elle ne se soumettra jamais d’elle-même, je dois donc la forcer. Dans la pièce ou nous nous trouvons il fait froid, comme dans une morgue, ce n’est pas rare que certaines personnes perdent des membres ou saignent abondamment. La fraicheur de la pièce empêche donc les membres de se décomposer rapidement et évite la prolifération d’odeurs nauséabondes. Je vais me servir de cette froideur pour l’apprivoiser. En lui enlevant ses chaussures, ses chaussettes et son pantalon elle attrapera rapidement froid et se soumettra pour récupérer une source de chaleur. J’attrape ses affaires et les enferme dans une cage.
Elle remue et revient à elle.
– Tu sais Rain, ça aurait pu se passer autrement entre nous.
– Va te faire foutre.
Elle arrive à peine à articuler. Je me demande jusqu’ou ira-t-elle avant de se soumettre. Je note aussi que c’est la première fois qu’elle me tutoie, je n’aime pas ça, le vouvoiement est une forme de respect. Elle s’assoit en tailleur et remarque ce qui lui manque.
– Rendez-moi mes affaires.
– Ce n’est pas comme ça qu’on demande.
Elle essaie de se relever mais un vertige doit la saisir car elle trébuche, elle se retrouve dos à la porte. Je la regarde faire, je suis fasciné par son entêtement.
– Je réitère mon ordre ou tu te décides à obéir ?
Je m’assois sur un fauteuil non loin d’elle à sa droite et écarte les jambes. Elle me regarde fixement, aucune émotion visible sur le visage. De la voir dans cette pièce me donne envie de lui poser une question :
– Sans parler de tout ce qui vient de se passer, serais-tu venu de toi-même dans ces chambres ?
Je suis sûre que oui, c’est le genre de fille qui pourrait mourir à cause de sa curiosité. Elle se masse le cou et regarde le tapis blanc à sa gauche.
– Oui. Chuchote-t-elle.
– Pour faire quoi ? Observer ? Participer ou subir ?
Elle regarde devant elle, c’est-à-dire un mur sur lequel est accroché des objets, des ustensiles, des armes. Elle se perd dans ses pensées, son regard est vide, comme ci elle n’était plus là. Je la regarde attentivement, elle ne tremble même pas, elle a l’air à la fois brisée mais à la fois indestructible. Après un long silence elle chuchote :
– Je n’ai besoin de personne pour subir une quelconque violence physique ou psychologique.
– Pourquoi ça ?
Elle rit tout bas.
– Parce que je suis déjà celle qui m’inflige tout ça.
Je me redresse et croise les bras, qu’est-ce qu’elle raconte ?
– Et ne croyait pas que je vais te supplier de me redonner mes vêtements.
– Tu n’as pas froid ?
Elle ricane mais ne réponds pas.
– Donc tu n’as pas peur que je te violente ?
Elle tourne sa tête vers moi.
– Non. Mais je ne te laisserai pas faire. Et croit moi, vaut mieux pas que je prenne l’avantage sur toi.
Je la crois, je ne doute pas du fait que cette jeune fille puisse être extrêmement violente. Mais je ne pense pas que c’est ce qui l’a définie.
– Qui es-tu Camsten ?
Sa voix est dénuée de colère, d’insolence.
– Je suis un homme compliqué. Je suis un homme qui est habitué depuis toujours à avoir ce que je veux.
– Et qu’est-ce que tu veux ?
– Tout. Je veux l’intellect, je veux les femmes et leur adoration à mon égard, je veux continuer à publier des livres parce que j’ai des choses à dire, je ne veux pas que mon existence sur cette terre soit vaine et insipide.
– Tu es vaniteux et orgueilleux voire même narcissique.
– Non. Je ne cherche pas la reconnaissance auprès des autres, je la recherche auprès de moi même. En effet, j’ai de l’orgueil et je suis un poil narcissique.
Elle se contente de fixer le mur face à elle.
– Et ce que je veux, la tout de suite, c’est toi en train de t’étouffer avec ma queue.
Elle soupire.
– Tu as une femme apparemment, demande-lui.
– En effet j’ai une femme, mais je ne désire pas sa bouche pour le moment.
– Est-elle vraiment d’accord avec ce mode de vie ou le subit-elle par amour ?
– Peu importe, elle savait à quoi s’attendre avant de m’épouser.
– Et je suppose qu’elle n’a aucun droit, elle n’a pas le droit d’avoir d’amant.
– Cela va sans dire, c’est ma femme mais c’est aussi ma soumise. Elle vit pour moi et dépend de moi. Elle m’appartient.
En parlant de ma femme je sens mon téléphone vibrer sans cesse dans ma poche.
Elle se lève, roule des épaules et se craque les doigts. Soit elle prépare ses doigts pour me branler soit elle va à nouveau tenter de me frapper. Elle tourne à nouveau la tête vers moi, une bonne dizaine de pas nous sépare.
– Voilà comment je vois les choses, soit tu essayes de me violenter, de me violer et tu prends le risque de mourir, soit tu ouvres la porte et on en reste la. Il n’y aura jamais rien entre nous.
– Je ne viole pas les femmes. Je les brise et les soumets à ma volonté, je veux qu’elle me suce comme si ma queue était la chose la plus précieuse qu’elles ont.
– Question de point de vue, me tabasser pour que je me soumette est un viol hein. La peur guidera mes actes, pas ma volonté.
– Question de point de vue, tu finiras par adorer ça.
Elle est intelligente, je n’aime pas ça. Au lieu d’utiliser sa bouche pour faire l’insolente elle devrait l’utiliser pour mon plaisir. Je me lève de mon siège, je n’ai pas confiance en elle, elle est trop impulsive. J’ai assez discuté, je ne suis pas là pour prendre le thé. Je m’approche d’elle.
– Je n’ai pas précisé qu’elle est mon approche concernant le viol.
Elle fronce les sourcils et campe sur ses jambes.
– T’attacher et te baiser la bouche n’est pas un viol selon moi.
– Ose… Crache-t-elle.
Je savais que ce moment arriverait, j’ai déjà tout prévu. Elle ne gagnera pas. Je m’apprête à avancer mais quelque chose attire mon regard et me stop dans mon élan. La porte est en train de s’ouvrir, lentement. Non, elle n’a pas osé.
– Camsten ?
Ma femme apparaît, toute timide, tout apeurée, le genre d’attitude qui me fait bander, mais à ce moment la j’ai envie de lui hurler dessus.
Rain saute sur ma femme comme une furie, lui attrape une moitié du visage et lui éclate la tête contre la porte. Je vois ma femme s’effondrer au sol, Rain attrape ses cheveux et les tires.
-Mes vêtements. De suite.
Ma femme est dans les vapes, je ne vois pas de sang couler. Le visage de Rain est déformé par la colère, elle tire d’un coup sec, ma femme geint de douleur et me supplie du regard.
– Si tu ne me donnes pas mes affaires je lui éclate le crâne contre le sol, et croit moi, je sais faire.
Je tremble de rage, je suis en colère contre ma femme et en colère contre moi, qu’est-ce qui m’a pris de taper la causette avec elle, j’aurai dû lui enfoncer ma queue dans sa bouche quand elle était inerte par terre. Je me dirige vers la cage et jette ses vêtements a ses pieds. Elle lâche ma femme et se rhabille en deux secondes. Elle me regarde droit dans les yeux et se tourne vers ma femme.
– Je déteste l’injustice. Je vais te faire payer pour m’avoir menti et pour m’avoir laissé aux mains de ton violeur de mari.
Elle lui écrase la gorge avec son pied, ma femme suffoque et se débat. Rain me regarde droit dans les yeux :
– Quand à toi, je vais te faire passer l’envie de t’approcher de moi. On va se revoir, et plus vite que ce que tu crois.
Elle dégage son pied de ma femme et quitte la chambre.
Ma femme tousse et essaie de se redresser.
– Je suis désolée, tu ne me donnes aucunes nouvelles, tu m’as dit qu’elle était violente, je voulais seulement m’assurer qu’elle ne t’avait fait aucun mal.
Je m’approche d’elle et la gifle.
– Ta gueule.
Je l’attrape par le bras et sort de la chambre, le couloir est vide, aucune trace de Rain.
Chapitre XVII
Rain :
J’ai besoin d’air. Je dévale les escaliers quatre à quatre, je dois quitter cet endroit. Je traverse le rez de chaussé au pas de course, je bouscule les autres au passage.
– Rain ? Hurle quelqu’un.
Je ne m’arrête pas. Je traverse le tunnel et remonte à la surface. Le bruit des bars alentour, des voitures et l’odeur de la ville veulent dire que je suis sortie. J’essaie de reprendre mon souffle, mes mains sont posées sur mes cuisses, j’essaie de m’apaiser, je sens la crise d’angoisse s’installer. J’inspire, je bloque cinq secondes et expire lentement, j’essaie de faire le vide dans ma tête comme on m’a appris en clinique. Une main attrape mon épaule, je sursaute et cris. J’attrape le bras de Camsten et élance ma main pour le frapper, je me débats.
– Rain ! C’est moi !
Je réalise que ce n’est pas Camsten, c’est Charles, je le lâche, je recule de quelques pas, j’ai l’impression de suffoquer, j’ai besoin d’air.
– Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je te croyais partie.
Je ne réponds rien, je regarde tout autour de moi, je ne me sens pas bien. Je crois que Charles est en train de me parler mais je n’entends pas ce qu’il me dit, la terre commence à tourner autour de moi, où suis-je ? Mon visage est mouillé, je crois que je suis en train de pleurer, mes yeux sont embués.
Je titube, le sol vacille sous mes pieds.
Chapitre XVIII
Rain :
Je frissonne, j’ai froid. Je reprends peu à peu mes esprits, j’ai l’impression de flotter, d’être détachée de mon corps, ce qui veut dire que j’ai perdu connaissance dans la ruelle, qu’est-ce qu’il s’est passé déjà ? Je sens quelque chose de doux contre ma tête, j’essaie de bouger et j’ouvre les yeux, Charles me regarde et pousse un soupir de soulagement, merde, j’ai dû lui faire sacrément peur.
– Salut toi… Chuchote Charles avec un sourire. Comment tu te sens ?
Je me mets en tailleurs et me couvre avec son plaid. Je regarde tout autour de nous, c’est joli, les murs sont blancs ou beige, la déco est cosy.
– Où sommes-nous ?
– Je suis désolée, j’ai paniqué, je ne savais pas quoi faire de ton pseudo-cadavre, je t’ai emmené chez moi. T’es rester dans les vapes deux bonnes heures.
Il est assis sur la table basse en face de moi, il m’a l’air inquiet. Il me tend une bouteille d’eau, je le remercie et la vide d’un trait. Je me sens mieux, je respire correctement, le monde ne tourne plus autour de moi, je suis simplement épuisée.
– La femme qu’il trimballe, c’est son épouse. C’est une belle paire de psychopathe.
Il fronce les sourcils.
– Je le savais que c’était à cause de lui, quelques secondes après que t’es passé la porte il descendait les escaliers à toute allure, la femme en question le suivait.
Je lui raconte en détail tout ce qui s’est passé.
– Qu’est-ce que tu vas faire ? Finit-il par me demander.
– Me venger.
Il passe sa main dans ses cheveux, je ne sais pas à quoi il pense.
– Merci Charles, d’avoir pris soin de moi ce soir.
Il se contente de me sourire et de me tapoter la cuisse.
Cela fait tellement de temps que je n’ai pas eu d’ami, depuis le début il est gentil et prévenant avec moi et cette nuit il a pris soin de moi, je lui rendrais la pareille. J’ai envie de prendre un nouveau risque, un risque amical, j’ai envie d’apprendre à le connaître.
– Je ne sais rien de toi Charles.
Il sourit de toutes ses dents et hausse un sourcil.
– Je ne sais rien de toi non plus.
Je pouffe, il a raison.
– Je m’appelle Charles, j’ai 28 ans.
– Nickel, je suis en possession de tous les éléments nécessaires pour écrire ta biographie, merci.
Il me fait un clin d’oeil.
– Depuis quand bosses-tu là-bas ?
– Depuis mes 20 ans. Avant ça j’ai passé deux ans à la fac mais c’était pas pour moi les amphi, les partiels etc.
– Comment as-tu connu cet endroit ?
Il soupire.
– Mon père n’est pas quelqu’un de responsable. Il gère une entreprise qui soit disant sert à importer et exporter du matériel ferroviaire, mais en réalité il se sert de son entreprise pour blanchiment d’argent et trafic de cocaïne. J’ai grandi dans une maison froide et sombre, puant l’alcool et la débauche, des prostitués se pavanaient nues dans ma maison. Les amis de mon père baisaient, fumer, picoler tous les jours. Avant que tu poses la question, ma mère est décédée quand j’avais 3 ans d’une overdose. Très classe hein ? Mon père n’a jamais pleuré la mort de ma mère, il n’est même pas aller à son enterrement. La plupart du temps c’était une nounou qui s’occupait de moi, elle m’emmenait à l’école, me faisait les repas, m’emmener chez le médecin etc…
Son timbre de voix est froid, distant. Il souffre. Je ne l’interromps pas.
– Durant l’année de mes 3 ans, j’ai failli moi aussi mourir d’une overdose, mon père avait laissé traîner sa came sur la table, je n’avais pas conscience du danger. J’ai été hospitalisé pendant deux semaines. A mes 6 ans mon père m’a forcé à boire cinq shots de vodka pour « m’endurcir » disait-il. J’ai osé refusé, mon père m’a battu devant tous ses amis. Chaque shot que je buvais je le vomissais, ma gorge me bruler, je sanglotais mais il n’en avait rien à faire.
Je ne respire même plus, je sens mon sang bouillir dans mes veines, je sens mon coeur accéléré. Tellement facile de faire des enfants, en revanche être un bon parent ça l’est moins. Mais je ne le prends pas en pitié, mon visage reste inexpressif, je l’écoute.
– À mes 13 ans, mon père a décidé qu’il était temps pour moi de devenir « un homme », il a alors demandé à une de ses putes de me baiser et de ne pas prendre en compte mes pleurnicheries, parce qu’après tout je finirai par bander et éjaculer, donc ce n’est pas considéré comme un viol d’après lui. Donc la prostituée m’a violé, aucune trace de honte ou de regret n’était visible sur son visage, c’est ça qui m’écoeurait le plus.
Il fait une pause, il reprend son souffle. Durant son monologue il ne me regarde pas, pas une seule fois et je sais pourquoi, se confier est difficile mais ça l’est encore plus quand la personne en face de vous prend des yeux de biches et vous caresse le bras, quand la personne en face de vous prétend vous comprendre et s’arme de prétention en pensant qu’elle peut soulager votre douleur.
– Après ça, j’ai enchaîné les soirées, les femmes et hommes, ce n’était plus du sang dans mes veines, seulement des litres d’alcool et d’amertume. Cependant je n’ai jamais touché à la drogue. A 18 ans j’ai quitté la maison et je me suis persuadé que je pouvais faire comme tous les enfants normaux, aller à la fac, vivre normalement. Je n’ai plus jamais revu mon père depuis mon départ et c’est mieux comme ça. Cependant, un soir après les cours je me suis à déambuler dans le centre-ville, sans but, sans envie et j’ai reçu un texto, il n’y avait pas de numéro de téléphone, ni de mots, seulement une position map. Je me suis mis à marcher et j’ai atterri dans la vieille banque, je me suis mis à fouiller, observer les lieux et j’ai fini par découvrir l’endroit. Je me sentais bien, à ma place, de nouveau chez moi au milieu de tous ces gens détruits et insatisfaits par la vie. J’ai postulé, j’ai été pris et je ne suis jamais reparti. Le mal appelle le mal, la débauche appelle la débauche, le vide appelle le vide, tous les gens qui fréquente cet endroit..
– Se sont perdus et la plupart n’ont jamais retrouvé leur chemin.
Je finis sa phrase, il lève les yeux vers moi et me sourit, son visage est paisible, toute trace d’animosité à disparu. Il est fort, il a su se relever, il a su avancer et évoluer, cet homme a tout mon respect. Il me regarde hésitant et finit par me dire :
– J’aimerais te demander quelle est ton histoire mais… J’ai bien vu les traces à tes poignets. Une trace blanche, droit et net, sur chaque poignet.
Je lui souris et inspecte les traces encore visibles sur mes poignets.
– Je ne suis pas aussi forte que toi visiblement.
– Tu veux en parler ?
Je soupire et fixe mon regard au sien.
J’inspire.
Chapitre XIX
Musique : Sacrifice – Steve Jablonsky
Rain :
– Il y a quatre ans, j’étais encore au lycée, mes parents se sont séparés, jusqu’ici tout va bien. Et à partir de ce moment-là, toute ma vie a volé en éclat. Mon père en a tellement voulu à ma mère, qu’il lui a fait la guerre, il est rentré par effraction, une nuit, chez nous, il a commencé à tout casser. Le bruit nous a alertés, mes parents ont commencé à se disputer, j’ai essayé d’intervenir, je me suis interposé entre eux mais mon père l’a pris comme une trahison. Quelques jours après j’ai commencé à recevoir des messages de mon père, il me menaçait, il m’en voulait de prendre parti, qu’à cause de mon comportement il se sentait doublement abandonner. Mais, si ma mère est partie, ce n’est pas pour rien. La guerre a duré des semaines, entre temps ma mère est tombée malade, un cancer.
Je fais une pause dans mon récit. Charles ne bouge pas, il attend le moment fatidique de l’histoire.
– Ma mère a déposé une main courante pour agression, harcèlement, tentative d’intimidation et chantage, mais, la justice française n’intervient jamais quand il s’agit de femmes en danger. J’ai refusé de voir mon père durant cette période, il était en train de nous détruire, il se détruisait lui-même, ce qui n’a fait encore plus accentuer son sentiment de trahison. Pendant ce temps ma mère s’affaiblissait de jour en jour, le cancer l’a dévoré. Mon père a coupé la pension alimentaire pour se venger, donc comment te dire qu’avec une mère malade et en arrêt maladie, la pension alimentaire était importante. Financièrement on a commencé à couler. C’était tellement dur. Quelques jours plus tard, ma tante a débarqué chez nous pour nous annoncer son cancer triple fois agressif, chance de survie ? 10 %. Le mois qui s’en est suivie a été terrible, mon père nous harcelait, il venait devant chez nous, hurlait a pas d’heure, casser des carreaux de vitre, ma tante et ma mère fatiguaient de plus en plus. Un midi, je devais aller chercher ma petite sœur à l’école maternelle sauf que quand je suis arrivée à l’école, j’ai appris que mon père avait été plus rapide, il l’avait. Ma mère et moi n’arrêtons pas d’appeler, on le supplié de nous rendre ma petite sœur, qu’elle subissait assez la situation. Quelques heures plus tard…
Les sanglots prennent possession de mon corps.
– Quelques heures plus tard, deux policiers ont sonné à la maison pour nous annoncer la mort de notre petite sœur et de mon père, tous les deux décédés dans un accident de la route. Ma petite sœur n’avait que 4 ans, morte sous la folie d’un père bipolaire et dépressif. Une enquête nous a révélé que le volant avait subi un coup bien trop brusque pour que ce soit anodin, mon père a donné un coup de volant pour les tuer tous les deux.
Charles ferme les yeux, deux larmes s’écoulent de ses yeux.
– Les policiers s’étaient déjà rendus chez mon père, ils ont trouvé deux lettres, une pour ma mère et une pour moi : « J’ai perdu ma première fille de mon vivant, au moins je mourais avec ma dernière. Tout est de ta faute »
Charles plaque une main sur sa bouche et garde les yeux fermés.
– La perte de ma petite sœur, la culpabilité, le regret, la souffrance émotionnelle me rongeaient. Ma mère ne se nourrissait plus, elle se laissait mourir. Mais je ne pouvais pas l’abandonner, je devais au moins sauver quelqu’un. Trois mois plus tard ma tante est décédée de son cancer, laissant derrière elle deux enfants. Et pour finir, à cette époque j’avais une meilleure amie, que je connaissais depuis des années, elle est tombée folle amoureuse d’un type du lycée, dans le genre gros connard… Pour lui plaire, elle lui a envoyé quelques photos coquines, elle pensait qu’il les garderait pour lui, chose qu’il n’a pas faite, il les a envoyés à tout le lycée et bien plus. Elle s’est suicidée trois jours plus tard à cause du harcèlement qu’elle subissait.
Le corps de Charles est secoué de tremblement, son visage est toujours caché, quant à moi, mon visage est trempé, mon coeur saigne le martyr.
– En l’espace de quelques mois j’ai enterré quatre personnes qui m’étaient chères.
Je marque une pause de quelques secondes.
– Je ne m’en rendais pas compte mais, je me laissais moi aussi mourir, pourquoi vivre alors que ma petite sœur est morte à cause de moi, que mon père s’est tué en partie à cause de moi ? La dépression s’est installée, elle a fini par me ronger, j’étais épuisée d’ouvrir les yeux tous les matins.
Je m’arrête de parler et masse mes poignets.
– Je suis une personne qui est incapable de gérer ses émotions, parfois même je ne sais pas les identifier. Chaque émotion qui est plus intense : la colère, l’angoisse, la culpabilité me ronge, me submerge entièrement, généralement ces émotions s’accompagnent de crises d’angoisses. Je me souviens être dans mon lit, les pensées se bousculant dans ma tête et puis tous les reproches que je me faisais à moi-même, j’avais l’impression de suffoquer, j’avais mal à la tête et je n’arrivais plus à bouger,j’avais cette impression de me noyer. J’ai attrapé ma boite de Xanax et j’ai avalé ce qui restait dans ma boite, 8 comprimés il me semble. Je voulais que tout s’arrête, je voulais trouver la paix. Très vite les effets des anxiolytiques se sont fait ressentir, vertiges, fatigue, trouble de la parole. Rester chez moi dans cet état m’était insupportable, il fallait que je sorte. J’ai commencé à déambuler dans les rues m’aidant des murs pour marcher, la fatigue me forçait à fermer les yeux. Je me suis donc assise par terre, j’ai sorti mon téléphone et composais le 15. Je me souviens ne pas arriver à leur expliquer ce qu’il m’arrivait, je m’endormais la, assise par terre dans une ruelle proche de chez moi. Je me souviens avoir pensé « je vais mourir seule ». Et puis je me suis réveillée dans une ambulance, roulant à toute vitesse avec les gyrophares allumés, le pompier me secouait, me demandait de ne pas m’endormir « Rester avec nous ! Ne vous endormez pas ! ». Mais mes paupières étaient lourdes, je me suis alors endormie pour la seconde fois. Je me suis à nouveau réveillée à l’hôpital, je portais déjà la blouse blanche, j’avais un cathéter à ma main droite. Une infirmière était en train de chercher je ne sais quoi dans les placards, quand elle m’a remarquée elle parût soulagée. C’est alors qu’elle a commencé à me poser les questions lambda, prénom, nom, âge, adresse etc… « Nous vous avons fait une prise de sang pour comprendre votre état, vous allez passer la nuit dans notre unité psychiatrique et demain vous verrez un psychiatre et psychologue. Je vais passer les détails de ma nuit et de ma journée du lendemain, le plus important est que je ne suis pas morte ce jour-là et qu’a peine rentrée chez moi deux jours plus tard, je me suis mutilée les poignets, je croyais que j’allais enfin en finir, mais non, je me suis réveillée trois jours plus tard en clinique psychiatrique.
Je me lève et ouvre les fenêtres du salon en grand, j’ai besoin d’air. Plus personne ne parle, je reste le regard rivé dehors, je connais bien le quartier où vit Charles, c’est bien réputé ici, on n’habite pas si loin finalement.
– Mets tes chaussures.
Je me retourne, mon visage doit exprimé l’incompréhension, Charles est en train de mettre son blouson et sort deux casques de moto de son armoire.
Chapitre XX
Musique : Harley in hawaii – katy Perry
Rain :
Charles et moi roulons à toute vitesse, le vent me fouette le visage, me glace le corps mais tout ce que je ressens c’est l’adrénaline qui s’empare de moi, une moto chacun, se suivant dans toute la ville. Il fait encore nuit, les lampadaires éclairent les routes. Charles fait des zigzags avec sa moto devant moi. Nous traversons le centre-ville, aucun respect des limites de vitesses bien sûr, nous traversons le reste de la ville et nous atteignons rapidement, très rapidement même, la colline qui surplombes notre ville, réputée pour ses statuts d’époques, ses parcs de jeu, pour ces endroits romantiques et parce que tous les riches y vivent. La colline est submergée de végétation, les routes ont été refaites à neuf avant ma naissance. Ça monte, ça descend, beaucoup de virages, le top pour une balade à moto. Je vis dans une chouette ville, un arc de triomphe, un théâtre antique, une belle colline et plus loin un grand étang d’eau, des canards et des cygnes y vivent, plus jeune je mangeais souvent des pique-niques avec ma famille.
Je n’avais jamais conduit de moto avant ce soir, j’ai eu quelques accros au début mais rapidement j’ai pris le coup de main. Ce que je ressens est jouissif, j’ai le contrôle sur ma conduite, j’ai le contrôle de l’engin, ma sécurité ne tient qu’à moi, un coup de volant et je dérape, et en même temps il suffit qu’une voiture roule un peu trop vite, me percute et hop, adieu Rain. Ce mélange entre contrôle et incertain est exaltant. Je souris derrière mon casque et finis par rigoler toute seule, je me sens bien, je me sens vivante.
Il est bientôt 4h du matin, toute la population de la colline doit nous maudire, mais j’accélère encore plus dans les montées, j’atteins les 90 KM sur des routes étroites et sans aucune visibilité, nos moteurs grondent, puis nous arrivons enfin au sommet. Je suis hors d’haleine, c’était incroyable.
Le sommet de la colline nous permet de regarder la ville entière, c’est un beau spectacle, les lumières de la ville sont comme de petites étoiles ici-bas, le théâtre antique est allumé, nous pouvons apercevoir les petites lumières bleues tout autour de l’arc de triomphe. Nous nous asseyons et profitons de cet instant, il n’y a aucun bruit, la ville sommeille encore.
Ces derniers jours ont été fous en émotions, de l’extérieur on pourrait se dire que ma vie n’a aucun sens, que tout ce que je fais est ridicule et peut être que c’est vrai, mais, je ressens à nouveau des choses, je prends à nouveau des risques, je sors, je confronte autre chose qu’une dépression. Ma vie a plus de sens maintenant que quand je restais seule chez moi tous les soirs à regarder des dessins animés, que quand je ne voyais plus personne et ne ressentait qu’un immense vide.
– Tu n’es pas responsable des actes d’un homme malade et dangereux.
Charles chuchote, son regard est rivé vers l’horizon.
– Nous ne sommes pas responsables de la folie de nos parents, nous sommes les victimes.
Comment pourrai-je le contredire avec tout ce qu’il a vécu. J’entends ce genre de discours depuis des mois, par ma mère, les psy, en clinique, tout le monde me répétait sans cesse « Ce n’est pas de ta faute » mais je ne les croyais pas. Mais, le fait que Charles me le dise, j’ai envie d’y croire, car il a sincèrement l’air d’y croire lui. Peut-être que si j’arrive à m’en convaincre je pourrai avancer. Je ne pourrai pas faire mon deuil mais je peux essayer de le rendre plus supportable.
– Elle me manque tellement. Dis-je au bord des larmes.
– Tu ne l’as pas tué, ton père l’a fait. Ce n’est pas toi qui étais dans la voiture, ce n’est pas toi qui a donné ce coup de volant, c’est lui et seulement lui.
Il finit par tourner la tête vers moi et me sourit.
Nous laissons le silence nous bercer après ça, les lumières de la ville s’éteignent les unes après les autres puis le soleil s’est levé. C’est la première fois que je vois un lever de soleil avec cette vue, c’est très agréable, inspirant.
– Heureusement que nous sommes samedi aujourd’hui, j’ai vraiment pas la tête à bosser. Dis-je.
– Qu’est-ce que tu vas faire de ton week-end ?
– Je vais aller rendre visite à ma mère.
Il acquiesce.
– Et toi ?
Il hausse les épaules.
– J’ai bien envie d’appeler et de dire que je suis malade.
– Viens avec moi, je te jure les lasagnes de ma mère c’est une tuerie.
Il rit puis paraît réfléchir un moment.
– Allons-y.
Je suis contente et j’ai hâte de voir la tête de ma mère quand elle va me voir arrivé et en plus accompagnée.
Chapitre XXI
Rain :
Après la mort de nos êtres aimés ma mère a vendu la maison familiale, il était hors de question de rester vivre là-bas. Avec l’argent de la vente ma mère s’est exilée, elle a acheté une petite maison, assez pour nous deux, et des terres à côté. Ma mère est jardinière et bricoleuse, elle sait tout faire de ses mains, elle a son potager, sa serre, ses poules pour les œufs, une chèvre pour le lait et le fromage ainsi que nos trois chats. Elle est très autonome, elle n’est pas une anti-société mais elle préfère vivre de son côté. La mort de son enfant l’a anéantie, la culpabilité et le chagrin ont failli la tuer, mais j’étais toujours là, je pense que c’est pour ça qu’elle ne s’est pas laissée aller, elle avait encore quelqu’un, et depuis cette tragédie elle est très envahissante, collante et angoissée, c’est difficile à vivre mais je ne lui en veux pas, chacun gère son deuil à sa manière. Moi c’est le contraire, je me suis éloignée, évitant tout contact.
Après 35 minutes de route nous arrivons enfin chez elle, son portail est ouvert, je lui ai envoyé un message avant notre départ. La porte s’ouvre et ma mère apparaît, petite, cheveux bouclés caramel, yeux verts, ses yeux débordent d’amour quand elle me voit arriver, elle me fait un grand sourire, puis, elle aperçoit les motos, elle se précipite sur moi :
– Oh mon dieu Rain, ne me dit pas que tu t’es achetée une moto ! C’est tellement dangereux ! Sais-tu combien de personne meurt à cause de ces engins ? Tu n’as même pas ton permis moto ! Tu vois c’est exactement un comportement autodestructeur que tu adoptes encore ! Je le savais, tu n’aurais pas dû quitter la maison ! Maintenant qui sait ce que tu fais !
Je laisse ma mère débitée son sermon.
– Maman je te présente Charles, un ami et le propriétaire de ces deux motos.
Ma mère se tait et écarquille les yeux, elle n’a pas du faire attention à lui. Elle le détaille de haut en bas, cheveux blond vénitien en bataille, yeux verts, nez aquilin, traits du visage fin, aucun tatouage, aucun piercing, une barbe de trois jours, c’est un beau garçon. Après quelques secondes d’analyse elle finit par s’exclamer :
– Bienvenue Charles, oh je suis si contente que Rain ait de nouveau un ami ! Mais j’espère que ce nouvel ami n’est pas une tête brûlée comme ma fille !
– Pas du tout ! Je suis sage comme une image madame ! Et votre fille également, elle n’est pas du genre à se mettre dans des histoires sordides.
Je pouffe.
– Mouais. Réponds ma mère.
Elle n’a pas l’air convaincu. Elle ouvre la marche jusqu’à la maison, Charles me fait un clin d’oeil et hausse les épaules. J’apprécie l’ambiance, c’est décontracté.
Ma mère nous installe dans le salon, elle a l’air d’aller bien, son visage est lumineux, elle a l’air bien alimentée.
– Alors ma caille, comment se passe le travail en ce moment ?
J’explique à ma mère les dernières sorties, les rentes et les futurs festivals qu’on organise. Elle me pose des questions sur Roger, sûrement pour s’assurer que sa fille n’est pas une meurtrière.
– Et toi Charles ? Que fais-tu dans la vie ?
Charles fait soudainement les gros yeux en buvant sa tasse de café.
– Je suis barman.
– Tiens donc ? Où ça ?
– Dans un bar en centre-ville, c’est assez tranquille.
Il me jette un coup d’oeil furtif. Ma mère fronce les sourcils et je sais pourquoi.
– Le monde de la nuit n’est pas sain je trouve, les gens sont différents, comme ci leur côté sombre prenait le contrôle. J’ai toujours interdit Rain de fréquenter des clubs de nuit, encore moins y travailler.
Charles me regarde en haussant les sourcils puis sourit de toutes ces dents.
– Oh mais en parlant de ça, où étais-tu cette nuit ? Me demande ma mère.
– Une petite soirée dans le bar de Charles, c’était pour l’anniversaire de son patron.
Je ne vais certainement pas dire la vérité à ma mère, si elle savait où je passe mes nuits en ce moment elle ferait une attaque, laissons son petit coeur en paix.
Charles et ma mère s’entendent bien, ils apprennent à se connaître, le courant passe bien. Ma maman est une personne gentille, elle est agréable avec les autres, elle peut discuter de pleins de choses et s’intéresse à tout. Ma mère se lève et revient quelques instants plus tard, elle me paraît hésitante, elle va sûrement me parler de mes rendez-vous chez la psy, ou alors, de médicaments, je souffle et mets mes mains sur mon visage.
– Coco m’a appelée il y a quelques jours.
Je relève brusquement la tête. Coco ? Mon ancienne coach de basket ?
– Elle m’a dit qu’elle avait vu sur les vidéos de surveillance que tu es allée jouer toute seule au ballon il y a quelques jours.
Merde.. Je détourne le regard.
– Elle était très fière de toi. Elle sait que tu ne retourneras pas dans l’équipe mais elle aimerait que tu passes au gymnase dire bonjour.
– C’est pas dans mes projets pour le moment.
Ma mère n’insiste pas.
Le reste de la journée est calme, paisible voire même amusant, Charles est vraiment marrant, toujours le mot pour faire rire, toujours quelque chose à dire. Les lasagnes de ma mère l’ont conquis. Une fois la nuit tombée nous décidons de reprendre la route, il y a moins de flic en patrouille, donc moins de chance de me prendre une amende.
J’embrasse ma mère et retourne affronter ma vie.
Chapitre XXII
Rain :
Lundi.
Charles et moi avons passé le reste du week-end à glander sur mon canapé devant netflix. Il a squatté mon canapé, un peu de compagnie nous a fait du bien à tous les deux, lui non plus n’a pas d’amis, les relations amicales sont compliquées pour lui et les relations amoureuses c’est un vrai calvaire, en même temps il n’a pas eu de schéma heureux, il ne doit même pas savoir comment faire. Nous avons décidé de nous retrouver ce soir à la boîte, lui pour travailler, moi pour m’amuser un peu. Il persiste un problème pourtant, et ce problème se nomme Camsten, je n’ai pas oublié ma petite vengeance, j’ai même quelques idées, et pour ça j’ai besoin de Leïla Miss informatique.
Arrivant au bureau je me dirige vers son bureau.
– Coucou bichette, quoi de neuf ?
– Salut Leïla, pour tout te dire j’ai besoin d’un service.
Elle hausse les sourcils.
– Je n’aurai jamais pensé que tu ferais appel à moi en cas de besoin, tu es tellement solitaire et renfermée.
Je souris, elle n’a pas tort.
– Camsten, ça te parle ?
– Oui ! Il est tellement canon !
Je soupire.
– Tu te le tapes ? S’exclame-t-elle.
– Je préfère m’arracher tous mes ongles un par un.
Elle grimace et tire la langue.
– J’ai besoin que tu te serves de tes réseaux pour me trouver des infos sur lui, il est louche, je ne veux pas qu’il nous cause des ennuis.
Leïla me promet de trouver tout ce qu’elle peut. Quant à moi je vais dire bonjour à ma cheffe.
– Yo.
– Tu tombes bien toi ! J’ai passé le week-end à lire les écrits de Camsten, je ne comprends pas ce que tu lui reproches.
– Sur ce coup tu dois me faire confiance. Ce type est louche et mal intentionné en plus.
Elle croise les bras.
– Tu m’as l’air bien trop sûre de toi, tu le connais donc de l’extérieur.
Je pousse un râle.
– Donne-moi quelques jours pour trouver des preuves. Il m’est impossible de travailler avec lui.
– Il est brillant Rain, c’est tout ce qui m’importe.
Je n’ose même pas la contredire parce que j’en suis sûre qu’il l’est. Mais travailler avec lui m’est impossible. Soudain, quelque chose me revient.
– Tu sais avec qui il bossait avant ?
– Avec la maison d’édition Smart and Co, il bossait avec Edouard.
Nickel, des gros prétentieux, narcissiques et imbus de leur travail, ça ne m’étonne pas.
– Je ne comprends même pas pourquoi il travaillait là-bas, cette maison d’édition ne ressemble pas du tout à son image et ses écrits. Renchéris ma cheffe.
Je boue de l’intérieur, ce type berne tout le monde avec sa gueule d’ange, il manipule les autres en quelques instants, c’est frustrant de passer pour la gamine incompétente.
– Donne-moi un peu de temps, s’il te plaît.
Elle me regarde longuement, elle commence à me connaître maintenant, je fais rarement de fautes, rarement d’erreur de jugement.
– Tu as deux jours. Si au bout de lapse de temps tu n’as rien, je le convoque en tant que nouvel auteur dans notre maison d’édition.
– Je prends ma journée, mais mon travail sera fait, je dois aller quelque part.
Ma cheffe acquiesce.
Charles m’a laissé une de ses motos, elles sont en règle et assurées. Conduire sans moto est dangereux et irresponsable mais je n’ai pas de voiture, je n’ai pas eu le temps de m’occuper d’un permis de conduire en vérité, puis je n’en ai jamais éprouvé le besoin. Je passe chez moi récupérée la moto, mets mon casque et roule jusqu’à la maison d’édition des gros melons, environs 2h de route.
***
– Vous n’avez pas de rendez-vous, Edouard ne vous recevra pas. S’entête la secrétaire.
– J’en ai rien à foutre. Appelez-le moi ! Je plaque mes mains sur son bureau.
– Je vais surtout appeler la police si vous continuez !
Je change de tactique, je révèle de quelle maison d’édition je viens, immédiatement elle l’appelle. Nous sommes leurs concurrents. En attendant Edouard je m’intéresse aux tableaux d’art de l’entrée, très riche, pas de style, pas de réel intérêt sauf pour l’argent.
– A qui ai-je l’honneur ?
Une voix grave m’interpelle, je me retourne. Un homme ayant la cinquantaine se tient debout devant moi, en costume, cheveux tirés en arrière, allure droite et sévère, tout ce qu’on n’est pas et qu’on déteste.
– Rain.
– La gamine qui est en train de faire ses preuves. Vos statistiques sont bonnes, d’excellentes ventes.
Je fais un signe de tête puis il m’invite à le suivre dans son bureau.
– Vous venez chercher une meilleure maison d’édition.
Son ton est insolent et hautain.
– Non. Je viens parler de Camsten.
Il plisse les yeux et m’invite à m’asseoir en face de lui.
– Vous étiez son éditeur, pourquoi ne l’êtes-vous plus ?
– Tant de questions indiscrètes.
– Il me pose problème et cherche à bosser avec nous, je veux savoir qui il est, même si je commence à savoir quel genre d’homme il est.
Il ricane.
– Tu es bien nouvelle dans le milieu, tu ne crois pas que de le voir couler ta maison d’édition m’arrangerait gamine ?
– Appelez-moi encore une fois « gamine » et je deviendrai un problème pour vous.
Je n’aime pas ces hommes qui se prennent pour des anciens et qui prennent de haut les jeunes dans le milieu. Ils pensent avoir tous le savoir et les droits, mais le monde évolue et le monde du livre aussi, les jeunes apportent de nouvelles idées, de la fraicheur, et c’est ce qui plait aux lecteurs. Et puis nous sommes plus proches d’eux grâce aux réseaux.
– Que puis-je avoir en échange ?
Je le fusille du regard, je le sais, le monde du travail est un monde de requin, chacun veut sa place, veut son butin. Moi je veux juste des infos.
– Que voulez-vous ?
Il penche la tête sur le côté et se frotte le menton. Si lui aussi me fait du harcèlement sexuel je le tue. Marre de ses hommes qui pensent que les femmes ne sont bonnes qu’à écarter les cuisses et recevoir leur sperme dégueulasse.
– Que dirais-tu de venir faire une période d’essai ici ? Les femmes caractérielles dans ton genre sont très appréciées dans ce milieu.
Au moins il ne me demande pas de coucher avec lui. Je me lève et me dirige vers la porte.
– Merci pour votre accueil. Au revoir.
Je ne prends même pas le temps de regarder son expression faciale, étonné ? Dubitatif ? Satisfait ?
J’ouvre la porte et m’apprête à rejoindre le couloir :
– Ne lui faites pas confiance.
Je me retourne, il confirme en partit mes doutes.
– Jamais.
Chapitre XXIII
Musique : Dominance – Noisecream
Rain :
– Pourquoi ce connard t’a pas donné plus d’infos ? Demande Charles en train de préparer un cocktail.
– C’est le monde du travail, et la vie en général, on ne peut pas tout avoir.
– Et donc ta collègue est en train d’enquêter ?
– Exact. J’espère qu’elle va trouver des trucs intéressants. À première vue c’est une fille superficielle, mais c’est un génie de l’informatique, elle a piratée un bon nombre de fois son lycée pour ses notes etc.. Elle a même essayé de pirater un poste de police mais elle n’était pas assez douée, elle a failli se faire choper. Elle est douée, elle saura dénicher même des infos supprimées ou censurées.
– Balèze la meuf. Il siffle.
– Il traîne avec qui ici ?
Charles pose son verre et son torchon vivement.
– T’a l’air tout aussi obsédée par lui qu’il l’est pour toi.
– Oui mais moi c’est pas pour la même raison que lui.
– Peu importe. Une obsession, quelle que soit la raison, c’est malsain et dangereux.
Il a pas tort, depuis que Camsten m’a bousculé devant la ruelle j’ai l’impression que toute ma vie tourne autour de lui. Que se serait-il passé s’il ne m’avait pas agressé ? Si il était simplement venu me séduire, danser avec moi ? Aurai-je couché avec lui ? Je ne vois même pas pourquoi je me pose toutes ces questions puisqu’il m’a agressé et que c’est un fou. C’est dommage, cet homme a du potentiel.
Je sors de mes pensées quand Erik vient s’asseoir à côté de moi.
– Salut Rain, quoi de neuf ? Charles tu peux me servir un whisky s’il te plait ?
Je le salue, j’apprécie Erik, charismatique, imposant mais respectueux.
– Ta petite sœur ne va pas me sauter dessus si tu restes avec moi ?
Il soupire et secoue la tête en souriant.
– Les nouvelles vont vite ici, je me demande qui fait la commère…
Erik plisse les yeux en regardant Charles, celui-ci, se met à regarder le plafond en sifflant.
– Elle n’est pas ici ce soir, tu ne risques rien.
– Je ne risque rien dans tous les cas. Pouffai-je.
Il sourit de toutes ses dents et boit d’un trait son verre, je l’imite.
– J’étais venu te proposer de venir avec moi en haut, j’ai un carré, mes amis m’attendent.
Je n’ai jamais pris le temps de visiter ces fameux balcons, alors j’accepte avec plaisir.
– Yo Charles, rejoins-nous quand t’a fini. Crie Erik.
Charles lève le pouce.
Erik me passe devant, nous traversons la foule, il en profite pour laisser aller son corps au rythme de la musique, son dos et ses jambes bougent sensuellement. Cette fois-ci il porte un ensemble assorti, un pantalon noir transparent avec des motifs d’étoiles argentés, pareil pour la chemise, sauf qu’il la laisse ouverte, ça ne me dérange absolument pas, quel homme.. Je peux à nouveau sentir ses coups de reins et sa langue sur mes seins.
Nous arrivons en haut de l’escalier, face à nous, le couloir qui mène aux salles où nous avons baisé autrefois. Nous tournons à gauche, la plupart des carrés sont ouverts, beaucoup de gens traîne en haut, les balcons font le tour de la pièce.
Arrivant dans le carré d’Erik je reconnais quelques visages, ils étaient présents dans la salle. Les femmes sont vêtues de robe moulante et courte, les hommes sont pratiquement tous en pantalon de costume et torse nu. Je salue tout le monde. Je m’assois à côté d’Érik.
– De ce que j’ai compris, pour être propriétaire d’un carré il faut être un habitué de longue date.
– Exact, je traîne dans cet endroit depuis mes 23 ans.
– Et tu as quel âge ?
– 34 ans, il y a des gens qui sont la depuis bien plus longtemps que moi, seulement j’ai rendu un petit service à l’assistante du propriétaire un jour, il m’a remercié en m’en louant un.
Je hausse les sourcils.
– Je suis responsable juridique et fiscal.
– Je vois, un service du type magouille ?
Il ricane et fait non de la tête mais n’en dit pas plus et je ne veux pas savoir non plus, certains disent que le savoir est un pouvoir, mais quand vous savez certaines choses cela vous mets en danger, si un jour leur affaire venait à se savoir, je pourrai être accusée de complicité, tout ce dont je n’ai pas besoin.
– Et tes amis, tu les as rencontré ici ?
– Certains oui, d’autres sont des amis de lycée ou de fac.
Il me présente ses amis, avocat, professeur d’école, dentiste, web designer, tant de variété professionnel, ça me rassure, ils ne forment pas une secte élitiste. Ils sont tous célibataires de ce que je comprends, je vais commencer à croire que tous les gens qui traine ici sont voués à rester seul, ou alors marié à des psychopathes sexuels.
– Elle a quel âge ta sœur ?
– 23 ans.
Je ris.
– Tu l’as emmené dans cet endroit pour perpétuer une sorte de tradition ?
– Non, elle m’a suivie une nuit et comme tout le monde ici elle est tombée amoureuse de l’endroit.
– Ça lui donne surtout une nouvelle opportunité de te coller. Interviens un des amis.
Vincent si je me souviens bien. Ils se sont rencontrés à la fac de droit, il est avocat en droit immobilier. Grand, crâne rasé, yeux verts, barbe blonde.
– De ce que j’ai pu apercevoir elle m’a l’air…
Je cherche mes mots.
– Amoureuse, folle amoureuse, éperdument amoureuse. Ricane Vincent.
Erik soupire et me regarde.
– Ouais ma sœur se comporte comme ça depuis toute petite, elle est obsédée par moi, sauf que je suis son grand frère et que l’inceste c’est pas trop mon truc.
– Si je me souviens bien, l’inceste est interdit par le Code civil mais pas par le Code pénal, ce n’est pas considéré comme une infraction.
Vincent et Erik haussent les sourcils.
– J’ai fait du droit à la fac, mais seulement deux ans, en suite ça m’a soulée.
– Intéressant. Tu fais quoi maintenant ? Demande Vincent.
– Je suis éditrice en maison d’édition.
Il siffle d’admiration.
– Tu sais d’où vient son amour pour toi ? Demandai-je à Erik.
Il hausse les épaules. Il s’apprête à dire quelque chose, mais quelque chose attire son regard.
– Je l’aime pas lui. Crache une amie d’Erik.
– Bonsoir Rain.
Je tourne subitement la tête vers les portes du carré, Camsten se tient droit, fier et arbore son éternel sourire sadique.
– Vous vous connaissez ? S’étonne Erik.
– Connaître est un bien grand mot. Disons que nous avons des petits différents à régler. Ricane Camsten.
Je viens d’apprendre une nouvelle chose, Erik et ses amis n’ont pas l’air de l’apprécier, leur poser des questions sur lui sera sans doute bénéfique.
– Je ne suis pas d’humeur à éduquer les chiens errants.
– Je ne vais pas relever ce que tu viens de dire, en revanche, je voulais simplement te dire que peu importe ce que tu manigances contre moi tu échoueras.
Je me mets à rire aux éclats.
– Tu me fascines Camsten. Et je peux savoir ce qui te fait penser que je manigance quelque chose contre toi ? Où c’est ton narcissisme et ta folie qui te murmure des choses à l’oreille ?
– Demande-toi seulement une chose quand tu rencontres une femme : est-ce que Camsten l’a baisé ?
Sur ce il sourit et s’en va.
Ça ne sent pas bon. Il ne serait pas venu me dire ça pour rien.
Chapitre XXIV
Rain :
Moi : Dit-moi que tu as des infos.
Leïla : Diplôme, diplôme, diplôme… C’est juste un putain d’intello Rain.
Je range mon téléphone dans ma poche et me retourne vers les autres.
– Qu’est-ce que vous pouvez me dire sur Camsten ?
Mia, une amie d’Erik me réponds :
– Trop rien en vrai, sa simple présence mets les gens mal à l’aise, il traîne dans les pièces BDSM et…
– Ouais, il est friand de violence, je sais. La coupai-je.
– Il a une femme aussi, elle traîne avec lui ici. Renchéris Vincent. Elle est plutôt pas mal en plus..
Ça aussi je le sais.. Pas mal, mais sacrée garce.
– Ils ont un groupe d’ami, ils se sont rencontrés à la fac, philosophe, femmes et hommes de lettres. Ils ont un carré, il est tout le temps fermé. Regarde le carré juste en face de nous, à l’autre bout de la pièce. Poursuis un autre. Il a une meilleure amie, elle est rousse, elle est giga folle cette femme, c’est une domina, mais… vraiment sadique.
Je crois que celui-ci s’appelle Zach et si je ne m’abuse c’est lui, le web designer. Ses cheveux sont acajou, en bataille. En effet, en face de nous il y a un carré fermé.
– Pourquoi le carré est toujours fermé ?
– Ils se prennent pour une élite de suprématie intellectuelle, ils ne se mélangent pas aux autres. Dit-il en agitant ses mains au-dessus de sa tête.
Je ris, ils sont marrants ces gens, sans prise de tête, je me sens bien.
– Moi j’ai entendu un truc un jour. Interviens Vincent.
Tout le monde se tourne vers lui.
– Dans une des pièces dédiées à la violence, il aurait failli tuer une meuf, c’était y’a trois ans il me semble. Apparemment elle l’aurait supplié d’arrêter mais il aurait prétexté qu’elle n’avait plus aucun droit sur ce tapis blanc. Il a continué à la torturer et la violer.
Je ne suis pas la seule à faire les gros yeux.
– C’était qui cette meuf ? S’écrie Mia.
Charles débarque à ce moment-là.
– Une jeune de 20 ans, elle est seulement venue deux, trois fois avant de se lancer dans la gueule du loup. Elle était super naïve et inconsciente. A peine elle est arrivée ici, elle a demandé où se trouvaient les pièces pour ces choses. Je m’en rappelle comme ci c’était hier, à peine sa question posée que Camsten a surgit derrière elle et l’a emmené en haut. Je ne l’ai plus jamais revu après ça.
– Et tu n’as rien fait ? Demandai-je.
– Rain, t’es dans un endroit dédié à la débauche. Ici, tous tes fantasmes, même les plus sombres peuvent-être réalisés. Les gens qui traînent ici sont soit paumé comme toi, ou alors fou comme Camsten et ses amis. Ce sont des gens irrationnels, obsédés et vicieux. Venir ici c’est affronter la réalité, la monstruosité des humains, c’est faire face à leur côté sombre.
Il n’a pas tort. J’ai lu des tas de livres, de pages internet sur les expériences atroces que certains ont vécu, viol, kidnapping, torture, séquestration et pire encore. Ça se passe chaque jour dans le monde. La différence c’est qu’une fois en haut, de retour dans le monde, les gens nient ces choses, s’en cachent tandis qu’ici, en bas, tout le monde assume et en jouit. Je me sens soudainement mal à l’aise ici, j’ai besoin d’air.
– Quoi qu’il en soit, fait attention Rain.
Je me tourne vers Mia.
– Bien sûr. Mais comment on fait pour éloigner un psychopathe ?
– Ne reviens plus ici. Propose Erik.
– Il sait où sont mes différents lieux de travail, il a le numéro de téléphone de mon bureau.
Il fait la moue.
– Moi je pense, le mieux à faire, c’est le tuer. Conclus-je.
Tous se mettent à rire, puis voyant mon visage sévère ils se taisent et se regardent tous. Charles se plaque une main sur le visage.
– Et le pire dans tout ça, c’est que t’en serait capable pauvre folle.
– J’ai plein de contact Rain, je peux te trouver de bons avocats, on peut la jouer réglo et faire ça discrètement. Faut juste, jamais aller voir la police, s’ils découvrent cet endroit on est tous bons pour un aller simple en psychiatrie.
Je me raidis, la psychiatrie, plus jamais. En plus, avec mon dossier, je suis sûre que je n’en sortirai pas avant des mois et des mois, je sens mes mains moites tout à coup. Charles me regarde, il sait ce à quoi je pense.
– Si ça peut te rassurer, tu n’es pas la seule femme dans ce monde à être poursuivie, traquée et harcelée par un homme. Me dit Vincent.
Je ris mauvais.
– Ouais, super-rassurant vu comment la justice aide ces pauvres femmes…
Il me fait un signe de tête, il me le concède.
– Je vais me débrouiller. Je suis déjà sur le coup.
Charles retourne en bas avec Erik chercher des boissons pour tout le monde, moi, je fixe le carré fermé en face de moi.
Chapitre XXV
Musique : Bangarang – Skrillex
Rain :
2 heures du matin.
Nous sommes tous descendu, mélangés aux autres. L’ambiance est puissante, électrique, hypnotique. Certains sautent en rythme avec la musique tandis que d’autres préfèrent se frotter. Autour de moi Mia, Zach, Vincent, Charles, Erik et Elena, une fille de leur groupe, dansent aussi. Vincent danse avec Mia, ils sont tous les deux collés, leurs corps bouge en rythme. Vincent appuie ses mains sur les hanches de sa partenaire pour la maintenir contre lui. Charles et Elena s’amusent à sauter bras au-dessus de l’autre, à se faire tourner. Quant à moi j’accompagne le rythme de la musique, je balance mon corps sensuellement, mes yeux sont fermés, je respire la musique, je ressens la musique, les vibrations, la chaleur des autres autour de moi. J’ondule mon corps, mes mains suivent le mouvement, mes cheveux suent mais suivent le mouvement, je sens leur frottement sur mes épaules et mon dos.
Je sens un corps se coller derrière moi, les mains de l’individu caressent mon ventre et mes hanches, il dépose sa tête dans le creux de mon cou. Je sens son érection contre mes fesses, ses mains viennent agripper mes hanches et me maintiennent collées à lui, il impose son rythme. J’ouvre les yeux, c’est Erik. Puis, Zach vient se placer devant moi, je sens son érection contre le bas de mon ventre, ses mains agrippent mes fesses et sa tête vient se nicher de l’autre côté de mon cou. Pour la première fois, je suis collé, entre deux hommes, deux hommes très sexy qui plus est. Ce que je remarque assez vite c’est que leur corps ne bouge pas aussi vite que le mien. Ils écrasent leur corps contre le mien en me permettant tout de même de danser, bouger, les frotter.
Je sens leur souffle contre ma peau, ils halètent. Le fait de les exciter m’excite aussi. Je n’ai jamais fait ça avant, gérer deux hommes à la fois. Erik passe sa langue dans mon cou, mon corps se tend instantanément, un frisson me parcourt, Zach, vient prendre mon lobe d’oreille dans sa bouche. Je passe un bras autour du cou d’Erik, mon deuxième autour de celui de Zach et colle leur visage contre moi, je leur intime de continuer. Ils ont l’air d’apprécier mon geste, ils appuient encore plus leur érection sur mes parties sexuelles. Zach malaxe mes fesses pendant qu’Erik pétrit mes seins. Être touchée à ces deux endroits est grisant, je mords ma lèvre inférieure. Je commence à faire des vagues avec mon bassin, de l’avant vers l’arrière, mon bassin vient se frotter langoureusement contre la queue de Zach pour ensuite venir frotter celle d’Erik, ce mouvement me donne l’impression de les baiser chacun leur tour. Erik me tire les cheveux de sorte que ma tête bascule en arrière, il me lèche le cou, remonte le long de ma joue et enfonce sa langue dans ma bouche. Sa deuxième main vient encercler ma gorge, ce sentiment d’impuissance face à ces deux hommes est délicieux, ils peuvent faire ce qu’ils veulent de moi et ce qui me plaît encore plus, c’est que je les laisserais faire. Erik m’embrasse lentement mais avidement, sa langue goute chaque parcelle de ma bouche, il lèche ma langue au passage. Quant à lui, Zach, descend les bretelles de mon débardeur sur mes bras et embrasse le haut de ma poitrine, par-dessus le tissu il mordille mes tétons, il mord juste assez pour que mon corps tressaute. Je passe mes deux mains dans ses cheveux et maintiens sa tête contre ma poitrine, il répond, il vient me claquer les fesses de ses deux mains ; je sursaute.
Je me retourne et provoque Erik en lui tirant la langue, je recule jusqu’à ce que mes fesses percutent Zach, une fois que je sens sa bosse je me cambre. Je jurerai l’entendre rire, il attrape fermement mes hanches et me donne un coup de reins. Zach est sauvage, j’aime ça. Je commence à me déhancher salement contre lui. Il vient placer deux doigts dans ma bouche, je viens les lécher avec ma langue et les suces avec mes lèvres, je ferme les yeux et savoure ces doigts d’homme.
J’ai tellement chaud certes je transpire mais je ne parle pas que d’une chaleur corporelle, une chaleur torride m’anime, elle prend possession de mon corps. Je suis tellement excitée que je peux sentir ma chatte dégouliner, ma culotte trempée. Mes seins n’attendent qu’une chose, se faire dévorer tandis que ma chatte, elle, désire se faire pilonner. C’est pour ça que je suis ici, pour me sentir vivante, pour apprendre à me connaître, physiquement, personnellement, découvrir mes fantasmes même les plus sombres.
Je penche ma tête en arrière et continue de danser, les garçons continuent de me dévorer, de m’utiliser pour leur plaisir, je ne veux pas que ça s’arrête. En regardant vers le haut j’aperçois le carré de Camsten ouvert et celui-ci est en train de me dévisager, à ses côtés se trouve sa femme, une femme rousse et deux hommes. Les voir tous ensembles, les uns à côtés des autres m’excite, ils ont l’air tellement puissants, confiants.
Je plonge mon regard dans celui de Camsten et vient lécher et sucer le lobe d’oreille d’Erik, je veux le provoquer, l’enrager voire même le rendre jaloux, je ne sais pas pourquoi mais j’aime ça. Je continue de me déhancher comme un serpent.
Vincent s’approche d’Erik et lui crie quelque chose dans les oreilles, ils sourient vicieusement. Erik fait un signe de tête à Zach, celui-ci m’attrape et m’entraîne à la suite des autres. Je pense savoir où nous allons puisque nous nous dirigeons vers les escaliers.
Chapitre XXVI
Musique : Satisfy – NERO
Rain :
– Alors, qu’est-ce qu’on va faire ? Minaude Mia en entrant dans l’une des chambres.
Zach se moque et mime une auréole au-dessus de sa tête.
– Tu vas t’empaler sans répit sur ma queue. Lui susurre Vincent à l’oreille, mais tout le monde l’a entendu.
Il se place derrière elle, continue de lui caresser les hanches. Il lui embrasse le coup sensuellement, puis la nuque. Elle se laisse totalement faire, se laisse mouvoir contre son torse, les bras ballants, les yeux clos.
Charles et Elena sont plus affamés, Charles n’est vêtu que de son caleçon tandis qu’Elena est en sous-vêtements, leurs habits jonchent le sol. Elle est allongée sur un matelas, sa tête est renversée en arrière et sa bouche est grande ouverte pour laisser échapper ses gémissements. Charles est entre ses jambes, il lui dévore avidement le ventre, la poitrine et son cou. Il parcourt son corps de ses grandes mains.
Je regarde une dernière fois les deux couples puis me retourne, Erik est assis sur le bord du lit pendant que Zach est allongé, un bras en-dessous de sa tête. Il me pointe du doigt :
– Tu ne crois quand même pas qu’avec ce que tu nous as fait sur la piste de danse, tu vas t’en tirer sans queue dans tes trous.
Erik s’esclaffe et me sourit comme la première fois qu’on s’est rencontré, un sourire qui promet de délicieux coups de reins.
Je marche de manière nonchalante jusqu’au lit. Je passe proche d’Erik puis me dirige vers Zach, il ne se gêne pas pour se lécher ses lèvres. J’ôte mes chaussures et monte sur lui, je prends soin de déposer mes fesses sur son érection puis me débarrasse de mon haut.
D’un mouvement rapide, il plonge sa tête entre mes seins, me retourne sur le dos et m’écarte les jambes. Erik ne tarde pas à nous rejoindre, il prend place à mes côtés. Les deux hommes me caressent, me lapent les seins. Une main s’aventure dans mon jean et commence à me caresser de manière abusivement lentement le clitoris.
J’observe de nouveau les couples, Vincent est installé confortablement dans un fauteuil face à nous tandis que Mia est bel et bien en train s’empaler sur sa queue, elle. De ma position, je peux voir la queue pénétrer sa fente et ressortir. Ses fesses rebondissent. Je tourne la tête à gauche, Charles martèle sa partenaire, ses coups de reins sont rapides et imposants, d’ailleurs Elena ne retient aucun gémissement, je peux voir ses seins bouger dans tous les sens sous les assauts.
La porte s’ouvre sur un groupe d’amis, une femme est en train d’embrasser un homme pendant que les autres regardent quelque chose sur un téléphone, quand ils nous remarquent, ils explosent de rire et s’excusent, ils se dirigent vers la porte. La femme se détache de la bouche de son amant et nous regarde, quand son regard se pose sur moi elle paraît un court instant étonné puis s’en va.
Je me redresse, je connais cette femme, j’en suis certaine, son air hautain et sa tignasse relevée sur sa tête lui donnent un air familier. Sûrement l’ai-je déjà croisée ici. Pour autant, cette conclusion sonne faux dans ma tête. Je ne l’ai pas vu assez longtemps pour remettre un contexte sur son visage.
– Qu’est-ce que tu lui as fait à celle-là ? Plaisante Erik.
Je ris, pourtant je suis mal à l’aise, comme un pressentiment qui ne me lâche pas. Mes deux partenaires continuent leurs caresses, je sens une langue sur mon sein et une bouche sur le bas de mon ventre. Ça ne m’empêche pas de continuer à cogiter, c’est d’ailleurs un problème chez-moi, je pourrai me faire une entorse aux neurones à force de réfléchir toute la journée pour tout et rien. Chaque détail se transforme chez moi en obsession. J’essaie de me remémorer tous les visages que j’ai croisés ces derniers jours, tous les lieux que j’ai fréquentés.
Putain je me souviens ! La secrétaire de Smart and Co ! La putain de garce !
Je me relève de but en blanc, repousse Zach et Erik. Voilà pourquoi il est venu me dire ça tout à l’heure, il parlait d’elle ! Je saute du lit et enfile maladroitement mes pompes et mon haut.
– Tu vas où ? S’inquiète Zach.
– Rain ! Crie Charles.
Je ne me retourne pas, je me précipite aux balcons, je dois aller le voir, je dois aller me disputer avec lui, j’en ai terriblement besoin. Je sors du couloir et me dirige sur ma gauche, je longe les balcons en évitant les couples qui baisent, les gens qui dansent ou boivent. L’espace entre les carrés et les rampes est réduit sur les côtés. Je traverse le côté gauche de la boite et arrive de l’autre côté. Le carré de Camsten est toujours fermé, peu importe.
J’ouvre les portes de son carré sans crier gare. Ils sont assis sur les canapés, habillés et tournent la tête dans ma direction. Camsten hausse les sourcils et sourit malicieusement, sa femme se raidit et porte sa main à son cou. J’observe la rousse et deux autres hommes présents pour revenir fusillé du regard le principal concerné.
– Vous nous laissez une minute ? Demande Camsten.
Tous se lèvent et déguerpissent. Quand sa femme me passe à côté je ne manque pas de lui donner un coup d’épaule, j’aime le faire savoir quand je déteste la personne.
– C’est bon, je viens de comprendre ton petit message, tu t’es tapé la secrétaire et elle t’a donc informée que je suis passé voir ton ancien éditeur.
Il applaudit des mains et me sourit.
– Rain, qu’est-ce que tu essaies de faire ? Tu cherches à me nuire ? Saccager ma carrière ?
– Je n’aurai pas toutes ces envies si tu me laissais tranquille.
– Même si je te laisse tranquille tu finiras par revenir vers moi et c’est ça qui te pousse à me nuire. Tu m’as seulement croisé dans une ruelle et tu as fouillé jusqu’à ce que tu découvres cet endroit. Je t’ai appelé à ton bureau, tu as débarqué quelques heures plus tard pour me confronter. Et même quand tu séduis deux hommes, tu prends le temps de me séduire en même temps, de me titiller, de me rendre jaloux. Si je suis toujours là Rain, c’est parce que tu le veux. Je te fais ressentir des choses, tu éprouves des sentiments à nouveau, tu te sens vivante et désirée à mes côtés. Même si je n’étais pas un génie j’aurais compris que tu es dépressive. Mais ce n’est pas tout, tu élabores des plans pour me nuire, tu fais deux heures de routes juste pour découvrir des infos sur moi et je suis certain que je ne sais pas tout. Tu es le genre de femme capable d’engager des détectives privés pour me faire suivre ou chercher dans mon passé.
Un vertige me saisit, je ne m’en étais jamais rendu compte, mais il a raison, il est devenu une obsession, il est la seule chose dans ma vie qui me permet de ne plus penser à moi, à mon passé. Il est une échappatoire. Je plonge mon regard dans le sien, il n’y a aucune animosité, aucune trace de sadisme, juste deux yeux verts me regardant intensément. Merde… est-ce que je suis en train de replonger ? Est-ce que la dépression est en train de me noyer encore une fois ? Les larmes me montent aux yeux, qu’est-ce que je dois faire ? Qui peut m’aider ?
– Je dois aussi me confesser Rain. Renchérit Camsten. Je n’ai pas bien agi avec toi, je suis tellement habitué à avoir ce que je veux, qui je veux, où et quand je veux que je ne sais pas séduire et attendre une femme. Je ne supporte pas d’être rejeté. Je ne me donne aucune excuse, je suis qui je suis, je ne changerai pas, pas pour quelqu’un en tout cas. Tout ce que je veux, c’est que tu lâches prise, que tu t’abandonnes. Soit simplement un réceptacle de mon plaisir.
Je ricane mauvais et le fusille du regard.
– Et je finirai comme cette jeune fille d’il y a trois ans ? D’ailleurs où est-elle ? Morte ?
– Ça t’arrangerait hein. Comme ça tu aurais une nouvelle excuse pour ne pas me faire confiance et pour continuer à t’accrocher à ta fierté. Mais navré Rain, cette jeune fille n’est pas morte, effectivement, la soirée a mal tourné, mais pas pour elle, pour moi. Elle m’a poussée dans mes retranchements, elle était ensanglantée mais elle me suppliait de continuer alors oui, j’ai continué, je ne pouvais pas m’arrêter, j’étais fasciné par cette femme, elle n’avait aucune limite. Mais elle a finie par perdre connaissance, alors nous l’avons emmené aux urgences prétextant l’avoir trouvé comme ça dans la rue, nous sommes restés avec elle pendant des heures, son pronostic vitale n’était pas engagé, mais je n’ai pas quitté son chevet, je devais connaître sa psychologie à son réveil.
Il se ressert un verre et le boit cul sec.
– Elle a fini par se réveiller et quand ses yeux se sont posés sur moi, elle a souri. Elle m’a longuement regardé, son regard exprimait l’amour, la tendresse et une dévotion sans égale puis elle m’a demandé « Soyez mon Maitre, je vous en supplie ». Seulement, je ne recherche pas ce genre de soumise, il me faut plus qu’un corps à souiller, il me faut aussi une connexion intellectuelle forte, avec elle je n’aurai pas pu discuter. Je l’ai donc dirigé vers un ami, le Maitre parfait pour elle. Cela fait ainsi trois ans qu’elle vit pleinement sa condition de soumise, qu’elle s’épanouit aux côtés de son Maitre.
Et merde…
Chapitre XXVII
Rain :
Après les révélations que vient de me faire Camsten, je me sens affreusement idiote, ce n’est pas dans mes habitudes de croire une seule version des faits ou de me fier à une réputation. J’ai toujours été le genre de fille, du moins je l’espère, à connaître la version des deux ou plusieurs parties. Seulement, j’ai cru ce qu’il m’arrangeait envers Camsten. Soyons clair, ce n’est pas parce qu’il n’a pas tué cette fille que j’oublie son comportement avec moi et la personne qu’il est. Je ne réponds rien à son monologue, déjà parce que je ne sais pas quoi dire et puis parce que ça ne changerait rien, je me contente de fixer mon verre vide en attendant que quelque chose se passe. Quant à lui, je mettrai ma main au feu qu’il est en train de me fixer, comme à son habitude.
– Je ne suis pas un monstre. Nous sommes seulement deux personnes différentes. Finit-il par dire.
– Tu ne peux pas dire que nous sommes différents. Déjà parce que je traîne aussi dans cet endroit et parce que je ne sais même pas qui je suis encore.
– Pour apprendre à se connaître il faut vivre des expériences Rain, il faut se confronter au monde et aux autres.
Je ris, est-ce une manière de me faire passer un message du type : couche avec moi. Mais je pense que pour me découvrir, vivre des expériences saines, je dois d’abord me soigner. Je dois d’abord être saine d’esprit.
– Laisse-moi une chance ou plutôt, laisse-toi une chance de lâcher prise. Laisse-moi t’enseigner une manière de vivre qui te permettra de t’abandonner une bonne fois pour toutes. J’ai été amener à rencontrer des femmes comme toi, qui ne savait plus où elles en étaient dans leur vie, perdues. Quand elles ont enfin offert leur vie à un Maître, elles ont fini par vivre une vie exaltante, saine. Elles étaient enfin en sécurité, dans les bras d’hommes capable de porter le poids de leur mal-être sur leurs épaules.
Je relève la tête.
– En clair, ce que je te propose Rain, c’est de devenir ma soumise. Si tu acceptes tu n’auras plus l’angoisse de devoir maintenir ta vie, je le ferai pour toi. Je m’explique : je serai une figure d’autorité mais aussi la personne qui prend soin de toi, tu vivras pour moi. Je m’assurerai que tu te lèves tous les matins, que tu te douches tous les jours, que tu prennes ton ou tes traitements. Je choisirai tes tenues, ton emploi du temps, ne t’inquiète pas, tu pourras sortir et vivre ta vie sauf si je juge que ce n’est pas bon pour toi. Je prendrai tes rendez-vous chez le ou les médecins que tu vois et je t’y accompagnerai. Tout ce que tu as à faire c’est simple, c’est m’obéir. Tu n’auras aucun poids sur tes épaules, tu feras simplement ce que ton Maitre te dit et tu seras récompensée en plus de ça. Bien évidemment que ton rôle principal sera d’écarter les cuisses et ouvrir la bouche chaque fois que j’en aurai envie même si ça dure des heures ou que tu aies quelque chose de prévu. Le plus entre toi et moi, c’est que l’on passera des heures à discuter de littérature, je tiens énormément à partager ma passion voire même ma raison de vivre avec les personnes qui m’entourent. Nous pourrons lire les mêmes livres, en discuter, débattre. Je t’emmènerai avec moi lors de mes conférences, parce que je ne suis pas qu’auteur, je suis aussi philosophe et professeur. Je peux te faire découvrir le monde du livre, ce sera exaltant pour toi comme pour moi.
Mon cerveau à cesser de fonctionner à « devenir ma soumise », le reste ce n’est que du vent. Pourtant, la solution qu’il considère comme la meilleure est tentante. Je comprends les femmes qui se laissent séduire par l’idée d’appartenir à quelqu’un, de se sentir en sécurité, finalement, cette relation est comme un but, une raison de vivre, sauf qu’elles ne vivent pas pour elles, mais pour un homme. Je suis certaine que ça convient à beaucoup de femmes et d’hommes. Quelque part, c’est aussi se débarrasser de ses responsabilités d’adulte, c’est rester une personne à charge, quelqu’un dont on doit s’occuper. Encore une fois, je peux comprendre, quand on est au plus bas, quand nous n’avons plus la force ni l’envie de vivre, cette solution peut être perçue comme un Saint Graal. Je ne suis même pas énervée par ce qu’il vient de me proposer, c’est un choix de vie comme un autre quand c’est consenti.
– Je ne suis pas ce genre de personne. Premièrement, je ne suis pas le genre de personne qui me soumet face à une autre personne, ce n’est pas dans ma personnalité, je n’en tirerai aucune fierté. Deuxièmement, je ne veux pas de cette vie, je vie pour moi, je suis la seule personne qui maintient ma vie et je continuerai à le faire. La mort n’a pas voulu de moi, je vais donc continuer à marcher. Je refuse de m’abandonner encore une fois. Je comprends les femmes et hommes qui cèdent à cette tentation, mais je ne le ferai pas.
– Au nom de ta fierté et de ton égo tu refuses ? C’est frustrant. D’autant plus qu’il m’a semblé comprendre que tu es soumise sexuellement.
– En effet, mais être soumise au lit et dans la vie de tous les jours c’est différent.
– Dans ta vision des choses peut-être, dans la mienne, je vois simplement que tu lâches prise seulement au lit, il n’y a que dans ce court laps de temps que tu es toi-même.
– Peut-être que tu as raison, mais ça me convient.
Le silence s’abat une nouvelle fois entre nous. Il fronce les sourcils, soit il est en train de réfléchir, soit il est contrarié par mon refus. Dans tous les cas, je m’en fous, je suis fière de moi, je me choisis moi, en cet instant, je crois en moi. Je réalise que la discussion que nous venons d’avoir me fait du bien, je prends conscience de certaines choses et je crois que je viens de prendre une décision.
– Merci pour cette discussion. Mes remerciements sont sincères.
– Pour quelle raison me remercies-tu au juste ?
– Pour m’avoir fait prendre conscience que je suis toujours en vie.
Chapitre XXVIII
Rain :
Je ne lui laisse pas le temps de me répondre, je quitte le carré précipitamment puis dévale les escaliers. Je me rue vers la sortie, j’ai besoin d’air, besoin de respirer. Je traverse le tunnel en ce qu’il me paraît un instant, je grimpe l’escalier et pousse la plaque d’égout.
Une bourrasque de pluie m’accueille, elle ne tarde pas à me tremper jusqu’aux os mais je peux enfin respirer, je sens l’air s’infiltrer dans mes poumons, je sens l’oxygène dans mon sang, tout mon corps se détend.
Je pensais que j’allais mieux, du moins je faisais en sorte, il a fallu que Camsten me demande de m’abandonner pour que je me rende compte que je suis toujours vivante et que c’est de ma vie dont il est question. Personne ne peut la vivre à ma place, personne ne peut la contrôler à part moi. Il a fallu qu’il débarque dans ma vie pour que je ressente à nouveau des choses, des sentiments, des émotions. Une seule personne, il suffit qu’une personne déboule dans votre vie pour changer les choses. Et puis, il n’y a pas que Camsten, il y a aussi Charles, après tant de temps, je viens de me rappeler ce que c’était d’avoir un ami ; une personne sur qui on peut compter, qui nous écoute et nous conseille. C’est bizarre de me demander ça, mais, est-ce que la vie est en train de me donner un coup de pouce ? Est-ce qu’elle met ces personnes sur mon passage pour me permettre d’avancer ?
Des rires et des cris me sortent de mes pensées, je me retourne, Charles court vers moi tandis que le groupe d’Erik émergent du tunnel.
– Rain ? Tout va bien ?
Je lui souris et tapote son bras.
– Tu ne devineras jamais ce que je viens de réaliser.
– Tu viens de te rendre compte que je suis l’homme le plus irrésistible et le plus sexy de l’univers ?
Il ouvre les bras tels Jésus et commence à se déhancher, je ne peux pas me retenir d’éclater de rire puis reprends un air sérieux et récite :
– « Tu dois faire la paix avec le passé pour avoir un espoir en l’avenir ».
Il abaisse les bras et prend un air sérieux. Il comprend de quoi je parle et prends donc le temps de m’analyser quelques secondes.
– Intéressant, c’est de qui cette citation ?
– C’est une réplique dans fast and furious 9.
Il explose de rire et passe son bras sur mes épaules.
– Espèce de connasse, tu nous as lâché pour Camsten. Lâche Zach.
Je fais la moue et lui envoie un bisou.
– C’est vrai, c’est pas sympa de ma part, je me rattraperai.
– C’est pas tombé dans les oreilles de sourds. Renchérit Erik.
Vincent propose à tout le monde de venir camper chez lui ce soir, bières, chips et pizzas seront au rendez-vous, ce qui est plutôt une bonne idée, je n’ai pas envie de me retrouver seule avec mes pensées. Vincent ouvre donc la marche et tout le monde commence à le suivre.
– Vas-y, je vous rejoins. Dis-je à Charles.
Celui-ci hausse les sourcils mais ne pose aucune question, il s’éloigne, très lentement d’ailleurs, mais il me laisse de l’espace.
Je sors mon téléphone de ma poche en espérant avoir une réponse à cet appel, même si, vu l’heure qu’il est, la personne doit être en train de dormir.
Première sonnerie.
Deuxième sonnerie.
– Rain ? Est-ce que tout va bien ? Vous vous êtes sûrement trompée de numéro.
Je ris.
– Non, j’appelle pour prendre rendez-vous, j’ai décidé de me soigner.
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE
N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette première partie, des personnages, du déroulement de l’histoire.
J’aimerai beaucoup savoir ce que vous attendez pour la seconde partie 🙂
À BIENTÔT <3
– TOUS DROITS RÉSERVÉS –
J’ai adoré ton histoire, vivement la suite.