HISTOIRE D’UNE AMITIE

  Quand on est jeune, et parfois même adulte, on présente toujours notre ami le plus proche comme notre meilleur ami, mais sait-on seulement ce que c’est, un meilleur ami? Moi, je le sais, et je sais également ce que ça fait de le perdre…

Je m’appelle Agathe, j’ai 16 ans. Je suis au lycée, un monde cruel et sans pitié dirigé par les gens dit «populaires», les gens qui savent s’habiller de façon «cool», avec de la marque, les gens qui connaissent le langage si grossier utilisé par tous les adolescents. Je ne fais pas partie de ces gens là, avant je faisais tout pour me fondre dans la masse, et ce depuis toute petite. Mais au début, je ne le faisais pas seule, j’avais une meilleure amie, une vraie, elle s’appelait Sara. Nous étions des âmes-sœurs, nous n’avions pas besoin de parler pour nous comprendre, il suffisait d’un regard, d’une pensée. Je vais donc vous raconter comment j’ai perdu cette personne qui était si chère à mes yeux.

      Commençons par le commencement, notre rencontre, en maternelle. Je me souviendrais toujours de notre façon de nous habiller, c’était cette époque bénie où nos parents choisissaient nos vêtements et où personne ne se moquer de vous s’il n’aimait pas votre joli t-shirt hello kitty. Mais évidemment, comme pour toutes règles, il y a des exceptions. Parfois quand je repenses à ce moment, je me dis que c’est peut-être le destin qui a poussé Alex, la terreur de la maternelle, à m’humilier devant toutes les personnes qui avaient peur de lui. Ce jour là, j’étais arrivée à l’école en portant une très belle petite jupe rose, des collants à paillettes, accompagnés d’un petit pull avec de jolis cœurs rouges, tout cela avait été soigneusement choisi par ma maman. Cependant, Alex, trouvait que ma jupe et mon pull n’allait pas ensemble, lui et toute sa bande de copains avaient décidé de me le faire comprendre à la récréation. Ils m’ont donc encerclé et baissé mon adorable petite jupe rose, ils ont rigolé jusqu’à ce qu’une petite fille intervienne, tous le monde la craignait, même Alex . Elle se mit entre moi et Alex, je profitai de cette occasion pour remonter ma jupe, elle lui dit qu’elle n’était pas du tout d’accord avec lui et qu’elle adorait ma tenue. Une fois qu’Alex et sa bande fut parti, elle se retourna vers moi et me demanda si j’allais bien. Quand nos regards se sont croisés, nous fûmes pris d’un fou rire, c’est à ce moment précis que nous devînmes meilleures amies. À partir de ce jour, nous faisions tout ensemble, elle me défendait chaque fois que quelqu’un s’en prenait à moi. Pour mes anniversaires, la première personne que j’invitais était systématiquement Sara, le plus beau cadeau que je recevais lors de cet événement était toujours le sien, elle me connaissait si bien et je la connaissais si bien aussi. 

     Vous ne pouvez pas imaginer à quel point nous étions proches, c’était comme si, quand nous étions toutes les deux, le monde s’arrêtait de tourner et que le temps se figeait juste pour que nous puissions profiter de ces instants si précieux. Et quand j’étais loin d’elle, c’était comme si je perdais mon oxygène. Et malheureusement, du jour au lendemain, j’ai arrêté de respirer, c’était la fin de notre si belle amitié, j’ai tout perdue, c’était elle tout mon monde, mon univers, ma force… Je vais maintenant vous expliquer ce qui est à l’origine de la fin de notre histoire pourtant si forte. Et c’est à notre arrivée au collège que tout à commencer. 

      À notre inscription en sixième, nos mères avaient rédigées des lettres pour être sûr que nous soyons dans la même classe, ce qui fût le cas. À la rentrée, je rencontrai Marine, elle était dans notre classe. Un peu plus tard dans l’année, était venu le temps des élections des délégués, en tant que bonne élève qui s’intéresse toujours aux problèmes de tous le monde, je m’étais évidemment présenter. J’ai été élue avec comme «collègue» ma nouvelle amie, Marine. Nous étions folles de joie. Suite à cette grande nouvelle, je pris la décision de la présenter à Sara, le courant est tout de suite passé entre elles. Sara quant à elle, s’était également fait un nouvelle amie qu’elle me présenta, elle s’appelait Lucie. Durant notre primaire, nous avions accumulé un certain nombre d’amis, ce qui fait que nous avions déjà une petite bande, pendant les premiers mois au collège, nous sommes tous resté très soudés. Au bout de quelques jours, Marine nous présenta Clémentine, sa meilleure amie. Je dois avoué qu’elles étaient très proches, mais elles n’avaient pas la connexion que j’avais avec Sara. Au fur et à mesure, nous sommes devenues un petit groupe de quatre, Sara, Marine, Clémentine et moi. C’était toute mes amies, mais Sara restait la plus spéciale à mes yeux, et les filles le savaient, si un jour il fallait faire un choix, le mien serait forcément Sara. 

En sixième, si c’est encore vos parents qui choisissent vos vêtements, c’est que vous n’êtes pas à votre place et qu’il faut retourner quelques classes en arrière. Mon style vestimentaire était un peu particulier, je ne m’intéressais absolument pas aux différentes marques, ça m’étais égal d’être populaire ou non. Mais les sujets de conversations que j’avais avec mes copines tournaient souvent autour de la mode et des marques, malgré cela, je réussissais parfaitement à m’intégrer. Et le soir, je me retrouvais souvent seule avec Sara, c’était mon moment préféré de la journée, c’était là que je retrouvais ma meilleure amie, mon âme-soeur. Et oui, car j’avais remarqué, qu’elle s’habillait différemment, qu’elle parlait bizarrement, mais quand nous n’étions que toute les deux, elle redevenait la Sara que je connaissait. 

    Pour notre cinquième, nous n’avions pas fait de lettre, et nous avons était séparées. Je me retrouvais seule, tandis que Sara, Marine et Clémentine étaient dans la même classe. Cette année là, je me suis un peu éloignée de Sara, nos emplois du temps étaient complètement différents,ce qui rendait nos petites réunions du soir impossibles. Ça m’a beaucoup attristée. 

     Cette année passa vite, se qui me ravissait, je priais pour que l’année suivante, nous soyons toute les quatre dans la même classe. Ce qui fût presque le cas, il n’y avais que Clémentine qui n’étais pas dans notre classe. Mais nous la retrouvions à chaque récréations. Et c’est cette année là que je perdis la personne la plus importante de ma vie… 

     Depuis la sixième, beaucoup de choses avaient changé, Sara était devenue une personne complètement différente, tout avait changé chez elle, sa façon de s’habiller, sa façon de parler, son comportement quand les filles étaient là, et même ses notes en classe. Elle avait toujours eu des difficultés, mais depuis qu’on connaissait les filles, c’était devenu pire, et elle s’en fichait complètement. Quand elle avait une mauvaise note,en riant elle disait «c’est pas grave, de toute façon on est qu’au collège, ça va rien changé à ma vie». Moi, je n’avais absolument pas changé, j’étais resté cette même fille, un peu timide, bonne élève et qui ne s’habille pas avec de la grande marque, cette fille qui ne veut pas trop qu’on la remarque. J’étais vraiment heureuse avec mes amies, du moins je le croyais… Quand ma maman m’autorisa à installer l’application Tik Tok, j’étais vraiment contente, j’ai immédiatement trouvé le compte de Marine, c’était la seule de mes amies a en avoir un. Un samedi, alors que je m’ennuyais un peu, je vis qu’elle venait de poster une vidéo, je m’empressais d’ouvrir l’application pour regarder cette fameuse vidéo, et là, je vis mes trois copines à la plage, entrain de danser et de rigoler. Je fût profondément blessée, j’étais la seule de notre groupe à ne pas y être, elles ne m’avaient pas invité. Je pris la décision de prendre sur moi et de ne pas leur en parler, mais le lundi, Clémentine vint me voir et me dit en souriant «Tu te souviens la plage samedi, c’était vraiment génial! Ô pardon, c’est vrai, t’étais pas là!». Je n’en revenais pas, elle avait osé mentionner la plage devant moi pour bien me faire comprendre que je n’avais pas été invitée et qu’elles s’étaient beaucoup amusées sans moi… Mais, comme c’était mes seules amies, j’oubliai ce petit incident. Environ un mois plus tard, pendant les vacances, je me retrouvai à l’hôpital, on me soupçonnait une pyélonéphrite, une infection rénale. Je prévins de suite mes copines pour leur dire que j’avais peur, mais aucune ne me répondit. Une autre amie qui ne faisait pas partie de mon petit cercle, m’avait envoyé beaucoup de messages pour savoir si j’allais bien. Une fois sortie de l’hôpital, je dis à mes copines que j’allais bien, mais encore une fois, pas de réponses. Je me dis que c’était sûrement parce que elles étaient parties ou alors qu’elles étaient très occupées. Une fois de plus, je ne pris pas compte de cet incident. Mais je voulais quand même leur faire comprendre que j’allais mal et que je me sentais délaissée, alors je fis une vidéo notée pov, je voulais voir si elles allaient comprendre que ce n’étais pas pour de faux, j’étais en pleurs sur cette vidéo, mais aucune d’entres elles ne me répondit, elles avaient seulement aimé ma vidéo. Je me contentai de ces trois pauvres j’aimes, et je laissai tomber. J’ai ouvert les yeux quand elles commencèrent à me dire que «je ne servais à rien», à partir de là, je pris officiellement mes distances, bien sûr un peu avant cela, il y eut une grosse dispute. Et quand je dis à Marine et Clémentine que je me fichais de leur avis et que Sara était ma meilleure amie, que seul son avis comptait pour moi, Marine me dit «Mais tu penses qu’elle te considères comme sa meilleure amie? Tu le crois vraiment? Dit lui Sara!», Sara me regardait, je la regardais, et elle me dit toute gênée «Et bien, maintenant tu es plus une bonne pote pour moi…Désolé». C’est à cet instant précis que je pris conscience de ce qu’elle m’avait fait subir, et que je n’étais rien pour elles… Mais c’est aussi là que je perdis ma meilleure amie, mon âme-soeur, mon oxygène, mon monde. 

   Il m’a fallut du temps pour m’en remettre, mais jamais je ne changerai pour quelqu’un, j’ai peut-être perdu ma meilleure amie, mais je ne me suis pas perdue moi-même, et ça c’est le plus important. Maintenant, j’ai de nouveaux amis, qui me comprennent et m’acceptent comme je suis, je suis heureuse et épanouie, et pour de vrai cette fois.