« Il faut toujours garder tes tickets de caisse, » me disait ma mère depuis mon plus jeune âge. « Comme ça tu sais ce que tu dépenses et tu sais ce qu’il te reste à la fin du mois. » La pauvre s’était fait beaucoup d’illusions concernant mes fins de mois. Cependant, intrigué par ces bouts de papiers je me mis à les garder. Ainsi, comme un entomologiste débutant commence par conserver les spécimens d’insectes qu’il trouve dans sa chambre, je conserve mes tickets de caisse dans la mienne. Aussi je ne les enferme pas dans un livre de compte ou sous une cloche. Je n’ai pas la sécheresse d’un comptable ni celle d’un scientifique. Je suis un sentimental, un romantique, et à la différence des insectes desséchés mes tickets de caisse sont vivants ! Je veux les voir s’épanouir, s’ébattre, gonfler leur poitrine d’air et virevolter malicieusement à chaque courant d’air. C’est pourquoi je les laisse en liberté dans ma chambre et vous les trouverez partout où vos yeux se poseront et même ailleurs : sur le bureau, sous le bureau, parterre, sous le lit, dans le lit, sur la commode, dans les tiroirs de la commode, dans ceux de la cuisine ou de la salle de bain, sur la bibliothèque, dans les livres…
Tickets de caisse jonchant le sol de ma chambre
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Toutes ces micro-nouvelles sont inspirantes, j’aimerais tant pouvoir me lancer …