La nuit est tombée mais dans ses yeux ce sont les lumières rougeoyantes des flammes qui dansent. Il s’est assis là, sur le parvis, à même le sol, pour la regarder. Ses genoux sont repliés contre sa poitrine. Il les enveloppe de ses bras. C’est la seule étreinte physique qui peut lui être réconfortante. Il ne pleure pas, pas encore, plus encore.
Et si Madame brûle devant ses yeux, son cœur se parsème de froid. Il est descendu, averti par les premières fumées grisâtres, à tire-d’aile. Les rôles sont inversés, les gargouilles fument comme des pompiers et, les pompiers se chargent de l’eau. Il les a observés dans leur travail, impuissant.
Une unique larme a glissé le long de sa joue quand la flèche est tombée. Maintenant, devant la cathédrale à moitié nue, il écoute les chants. Il espère encore entendre le Bourdon résonner, encore voir les touristes la photographier, encore observer les pratiquants y prier, encore… écouter le grand orgue chanter.
Les ondes, ce sont elles qui le maintiennent encore debout. Ces énergies qui flottent dans l’air et qui s’échappent des Hommes. Ces ondes qui convergent vers elle, vers ce patrimoine, cette histoire, et l’implore de résister, de ne pas succomber, à l’ardeur des flammes qui la ravagent.
Personne ne peut le voir. Il aurait aimé consoler cette jeune femme, assise sur les quais, dont les larmes inondent les joues. Lui dire : « ne pleure plus Marianne, Notre-Dame brûle, mais ils font leur possible pour la sauver ». Il s’agenouille tout de même en face d’elle et, du pouce, essuie une larme qui roulait sur sa joue. Ce contact paraît un peu la consoler. Il ne pourra pas tous les consoler. Croyants, pratiquants ou non, athées, Madame brûle et ses amoureux, impuissants, lui confessent encore une fois leur attachement.
Magnifique, j’étais en train de faire de même tellement mon cœur se sert de douleur. Quelle tristesse..
Merci beaucoup pour ce texte.
Juste une toute petite coquille 😉 vers le ce patrimoine.
Quelle horreur et quelle tristesse …
J’ai peur de voir la suite de l’événement demain matin.
Merci beaucoup ! C’est corrigé 🙂
Absolument magnifique,
Il n’est pourtant jamais facile de poser des mots sur de telles tragédies ?