Je la regarde intensément. Ses bigoudis ornent sa chevelure grisonnante. Elle se hâte à la cuisine, versant à l’aveugle le sucre dans le saladier et découpant les quantités de beurre à l’œil nu. Automatismes. Elle connaît sa recette par cœur. Les douces exhalaisons de la cuisine arrivent jusqu’à moi. Je salive déjà. Derrière elle, le soleil flavescent transperce les délicates dentelles des rideaux vieillissants, faisant ressortir ses rides apparentes et la maigreur de ses joues, marquées par l’âge et la maladie. Mes yeux ne discernent pour autant que la bonne humeur qui illumine son visage, le bonheur qu’elle éprouve d’avoir à ses côtés les deux prunelles de ses yeux. Elle enfourne sa préparation devant nos regards salivants. Nos voix et nos rires résonnent dans la pièce, à l’unisson. Elle nous enlace de toutes ses forces. Les yeux fermés, je sers sa main rugueuse et hume son odeur particulière d’eau de Cologne et de crème Nivea. Mais notre étreinte finit par se relâcher. Jusqu’à ne plus rien toucher. Rien. Plus rien. Une lueur coruscante éblouit un instant mes yeux à peine rouverts. Puis le noir.
Noir. Intense. Vibrant. Effrayant. Violent. Pénétrant.
Le vide. Les ténèbres. La nuit.
Elle n’était pas vraiment là. Elle n’est plus là. Ce n’était qu’un rêve.
Infrangible souvenir.
Douceur éphémère
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Bonjour Lily,
Le Pen est ajouté au concours, bonne chance !