Le champ de bataille rugissait autour d’Oscar Belmort, templier intrépide, engagé dans un combat épique. L’acier contre l’acier, le tumulte des guerriers, la fureur des chevaux résonnaient dans l’air. Soudain, une lame ennemie frappa mortellement. En un éclair, le monde bascula. Oscar, agonisant sur le champ de bataille, sentit sa vie s’échapper. La transition de la mort fut rapide, vertigineuse. Il passa d’une existence humaine à une forme squelettique. Et puis, dans un battement de cœur, il se tint debout au seuil de la Grande Bibliothèque. La bataille n’était plus qu’un écho lointain. Les murs invisibles s’étendaient à l’infini, et Parès, le gardien, se tenait devant lui. C’était un viel homme à la peau noir et aux cheveux blanc. Bien habillé, il souriait au squelette en ajustant ses lunettes ovals.
Parès : Bienvenue, Oscar Belmort. Ce combat est terminé, et tu es ici pour en débuter un nouveau.
Oscar, désorienté, toucha son visage devenu osseux. La réalité tourbillonnait.
Oscar : Qu’est-ce que tout cela signifie ? Où suis-je ?
Parès : Tu es à la Grande Bibliothèque, le sanctuaire des récits. Ton sacrifice sur le champ de bataille t’a conduit ici. Il n’y a pas de paradis pour les morts, Oscar. Le paradis est forgé par l’espoir des vivants, non par les morts eux-mêmes.
Oscar, déconcerté, balbutia.
Oscar : J’ai donné ma vie pour servir Dieu, pour atteindre le paradis promis. Tout cela n’était qu’un mensonge ?
Parès : Les réponses que tu cherches sont entre ces étagères infinies. Chaque récit, chaque page, forme le tissu de l’existence. Trouve la vérité qui résonne en toi.
Oscar, refusant de s’incliner devant la réalité qui venait de lui être révélée, se releva avec une détermination farouche. Ignorant la défaite apparente, il se dirigea vers son épée, désormais rouillée par le poids des années. Ses mains squelettiques la saisirent fermement, et il entreprit de l’aiguiser, geste symbolique de son refus de renoncer. Les échos métalliques résonnaient dans la Grande Bibliothèque alors qu’Oscar s’acharnait sur la lame, essayant peut-être de forger une réalité nouvelle à travers la volonté acharnée de son esprit rebelle. Les étincelles lumineuses jaillissaient de l’épée rouillée, reflétant la flamme intérieure qui brûlait toujours en lui.
Parès observait silencieusement, laissant à Oscar le temps de traverser cette phase de déni. Les tuteurs avaient leur propre manière de faire face à la vérité, et chaque réaction était une étape nécessaire dans le processus de compréhension. Soudain, au cœur de la Grande Bibliothèque, des flammes émergèrent du foyer central de la pièce, dansant avec une énergie éclatante. De cette incandescence surgit un squelette portant une armure de samouraï, émergeant des brumes de la Lande Grise. Les flammes rugissantes l’accompagnaient, formant une aura spectaculaire autour d’elle.
Les yeux éteints de Mélodie semblaient capter la lumière des flammes, lui donnant une présence qui transcendantait la simple apparence squelettique. Elle se tint là, au foyer central de la bibliothèque millénaire. Parès, le gardien immortel des connaissances infinies, observait l’apparition de Mélodie avec une sagesse vieille comme le temps. Une tension silencieuse emplit la pièce, une harmonie étrange entre les flammes et les ombres, entre le passé et le présent, entre les tuteurs et la Grande Bibliothèque.
Oscar continuait d’aiguiser son épée rouillée avec une détermination palpable. Évitant de regarder la samouraï ou le viel homme, il semblait plongé dans le rituel familier de redonner du tranchant à l’outil usé par le temps. Parès et Mélodie s’engagèrent dans une discussion animée au sujet de la dernière traversée de Mélodie dans la Lande Grise à la recherche d’enfants perdus.
Parès, assis avec une aura d’autorité, parlait d’une voix grave et calme.
Parès : Mélodie, as-tu trouvé l’enfant perdu lors de ta dernière mission dans la Lande Grise ?
Mélodie, se tenant avec une dignité silencieuse, répondit d’une voix mélodieuse mais empreinte de tristesse.
Mélodie : Oui, Parès. J’ai réussi à le retrouver et à l’escorter aux portes de Haut-Jardin. Les soupires ont tenté de nous tromper, mais j’ai pu percer leur illusion.
Parès : (soulagé) C’est une bonne nouvelle, Mélodie. Tu as accompli ta mission avec succès. Nous devons rester vigilants face aux ruses des soupires.
Mélodie : (avec un regard déterminé) Nous devons également comprendre comment ils ont évolué dans leurs tactiques. C’est une menace persistante, et chaque enfant perdu est une âme que nous devons protéger.
Pendant que la conversation se déroulait, Oscar, bien qu’occupé à aiguiser son épée, semblait captiver la tension qui régnait dans la pièce. La bibliothèque millénaire continuait d’être le témoin silencieux des défis auxquels étaient confrontés les Tuteurs dans leur mission éternelle.
A suivre